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Citations sur Léviathan (116)

Le premier espoir du matin s'évanouissait : après avoir souhaité l'apparition de cette lumière qui grandissait par-dessus les têtes des tilleuls, elle n'avait de cesse à présent que la nuit ne vînt l'engloutir de nouveau. Quel supplice n''était-ce pas d'être astreinte à suivre les heures dans leur interminable voyage, alors que tout en elle bondissait et voulait courir !

Deuxième partie
Chapitre V
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Lorsqu'elle frappait son fils, elle jouissait des larmes qu'elle voyait trembler dans ses yeux et souhaitait qu'une nouvelle étourderie vint fournir un prétexte à de nouvelles rigueurs. Elle détestait cet enfant qui lui rappelait son mari; il était le signe vivant de son esclavage, parce qu'elle se sentait incapable de l'abandonner, de le fuir, et qu'il faisait partie de cet ordre de choses qui lui avait été imposé sans qu'elle y eût consenti. Chaque fois que l'enfant tombait malade, elle le soignait avec exactitude, mais une joie terrible la ravageait; elle ne savait pas ce qu'elle espérait.

Deuxième partie
Chapitre II
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Il s'arrêta et s'appuya au mur d'une maison. Puisque le passé lui donnait de telles garanties d'infortune pour plus tard, quel bien espérait-il de l'avenir ? Pourquoi se dire que dans un an, dans deux ans, il serait peut-être heureux ? N'était-il pas tout aussi niais que jadis, lorsqu'il attendait qu'un généreux destin lui prodiguât la joie ? et dans dix ans, quinze ans, vieux et déçu, ne gémirait-il pas comme aujourd'hui de sa naiveté d'autrefois ?

Première partie
Chapitre IV
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Un jour, il passerait le seuil de cette porte et ne reviendrait plus dans cette chambre où il avait déjà tant souffert. Serait-il mort ou vivant ? Et s'il était vivant, où irait-il ? Que lui arriverait-il de meilleur ou de pire que ce qu'il avait connu jusqu'alors ? N'était-il pas affreux d'être confiné ainsi à la connaissance du présent, de ne pas savoir si l'avenir allait aggraver ou soulager vos peines ?
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Au milieu du chantier, se dressaient trois tas de charbon, de taille égale, séparés les uns des autres, malgré les éboulements qui brisaient la pointe de leurs sommets et tentaient de rapprocher leurs bases en les élargissant. Tous trois renvoyaient avec force la lumière qui les inondait; une muraille de plâtre n'eût pas paru plus blanche que le versant qu'ils exposaient à la lune, mais alors que le plâtre est terne, les facettes diamantées du minerai brillaient comme une eau qui s'agite et chatoie. Cette espèce de ruissellement immobile donnait aux masses de houille et d'anthracite un caractère étrange ; elles semblaient palpiter ainsi que des êtres à qui l'astre magique accordait pour quelques heures une vie mystérieuse et terrifiante. L'une d'elles portait au flanc une longue déchirure horizontale qui formait un sillon où la lumière ne parvenait pas, et cette ligne noire faisait songer à un rire silencieux dans une face de métal. Derrière elles, leurs ombres se rejoignaient presque, creusant des abîmes triangulaires d'où elles paraissaient être montées jusqu'à la surface du sol comme d'un enfer. La manière fortuites dont elles étaient posées, telles trois personnes qui s'assemblent pour délibérer, les revêtait d'une grandeur sinistre.
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C'est toute sa liberté qu'on abandonne à jamais lorsqu'on s'éprend d'un être ; le désir peut s'éteindre, la passion peut mourir tout à fait, mais il reste au fond du coeur quelque chose d'inaliénable que l'on peut donner mais non reprendre. L'homme qui aime a vendu son âme et c'est en vain que la haine vient disputer la place à l'amour ; jusqu'à la mort on appartient à ceux qu'on a aimés.
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Demain, s’il la revoyait, il aurait peine à la reconnaître, au premier instant, et, peu à peu, elle reprendrait à ses yeux son aspect véritable, et c’était à ces caprices du souvenir, à ce jeu d’un visage se montrant et disparaissant tour à tour que, par une longue habitude de son coeur, il jugeait de la profondeur de son désir
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Après des années et des années d'aventures, de désillusions, de dégoûts, il arrive un moment où l'âme n'en peut plus et refuse d'obéir au corps, de le suivre dans sa honte. Sans doute, cette fille lui avait écrit, lui avait donné rendez-vous à cet endroit, mais s'il était venu ce n'était que par lâcheté, par mollesse, et pour s'épargner à lui-même les regrets d'avoir négligé une occasion qui lui était offerte ; car il savait bien qu'elle ne voulait pas de lui, et il se méprisait d'être là, assis sur le banc qu'elle lui avait indiqué. Il eût été pourtant bien incapable de s'en aller à présent ; cela aussi, il le savait.
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Il importait peu qu'il fît noir ou clair dans cette chambre, et que le coeur de l'homme fût dur ou charitable. Le monde s'évanouissait comme un mauvais rêve : il ne restait plus de cette vie que la douleur dont sa chair était affligée encore, et cette douleur elle-même devenait plus sourde, les derniers liens se rompaient. Dans l'extrême confusion où étaient, pour cette femme, toutes les choses de la terre, à peine le son des paroles humaines parvenait-il à elle, mais elle n'en comprenait plus le sens. Déjà ses yeux se fixaient sur la vision que les morts contemplent à jamais.

Excipit
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Laissez-moi vous donner un bon conseil : n'espérez rien, n'espérez jamais. J'étais aussi naïve que vous, il y a peu de temps. A présent, je suis guérie.
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