L'opinion d'après laquelle un individu, une fois qu'il a brutalement été disséqué en sexe, aspire à une nouvelle unification, a beaucoup qui parle en sa faveur . La pulsion des deux sexes l'un vers l'autre s'y trouve éclairée; l'aspiration à la réunification de deux segments, femme et enfant, d'un monde individuel rendrait les importants souhaits d'inceste entre fils et mère indépendants des évènements après la naissance et leur donnerait le caractère d'une inéluctable nécessité humaine ; et lespassions homosexuelles seraient ramenées, elles aussi, à une sorte de fond originel . On se trouverait devant la possibilité de concevoir la vie comme dépendante de la pulsion d'unification d'une trinité disséquée . Le concept individu, dans on action, s'étendrait ainsi à toutes les relations de l'homme avec l'homme et même, à toutes les relations de l'homme avec le monde dans son ensemble . Nous n'aurions jamais un homme et un non-homme, mais toujours et seulement, un homme-dieu, un homme-table, unhomme-jour,un homme-monde, nous n'aurions pas un sujet et un objet, mais un être nouveau :un sujet-objet . De mon point de vue de médecin, je souligne que cette nouvelle formation d'un nouvel individu médecin-malade est l'axeautour duquel tourne le traitement . Je laisse au lecteur le soin d'en faire l'application au problème du libre arbitre et de la néccessité ; mais je voudrais relever que les rapports entre individu et sexe deviennent plus clairs aussitôt qu'on y fait intervenir la question du libre arbitre . En fait, je ne connais pas d'autre voie pour s'attaquer au phénomène du tout dans la partie et de la partie dans le tout .
Chapitre:Du vivre et du mourir (Von Leben und Sterben )
Chapitre extrait du dernier ouvrage "post-analytique de Groddeck, "L'être humain comme symbole" (Der Mensch als Symbol ) Internationaler Psychoanalytischer Verlag, Vienne 1933, pages 142-162 .
Je ne me sens ni la compétence ni l'envie de débattre de l'excellence ou de la médiocrité éthique de l'égoïsme, mais comme médecin, je dois dire qu'il est effarant de constater combien peu les gens s'occupent d'eux-mêmes; et je ne fais pas exception des prétendus égoïstes et égocentriques ; ceux-là, précisément, s'occupent le moins d’eux-mêmes. Leur vie a coutume d'être une fuite constante devant eux-mêmes. On a peut-être raison de supposer qu'ils servent leur moi - ce qu'ils estiment être leur moi - , mais en vérité, le soin du moi résulte de la crainte qu'ils ont de leur "soi", car ils se détournent de leur "soi", de leur âme intime.
Nous ne parvenons plus à distinguer clairement la signification des mots, ils glissent les uns dans les autres, ils n'ont plus ni sève ni énergie. (..) Nous exagérons nos désignations. Parce que les mots sont creux et n'ont plus de résonance, c'est la phrase qui doit résonner. Notez donc combien notre parole use de superlatifs. (...) On voit où cela nous mène. Tout d'abord, à réfléchir faussement, puis de plus en plus, à voir et à entendre faussement.
Ensuite, je voudrais souligner que je n'ai nullement l'ambition d'analyser "jusqu'au bout" le malade. Et si quelqu'un prétend que les analyses doivent être "finies", je crois qu'il ne sait pas ce qu'il dit, ou plutôt, qu'il dit une grande sottise. Une analyse finie, cela n'existe pas.
Je ne suis pas, comme la plupart des élèves de Freud, venu à la psychanalyse par le traitement des malades nerveux; mais c'est par mon activité thérapeutique physique auprès des malades corporels chroniques que j'ai été contraint au traitement psychique, puis au traitement psychanalytique.