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EAN : 9782070723201
136 pages
Gallimard (20/11/1991)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Une mélancolie d'arrière-saison imprègne ce livre mais s'y mêle à une ferveur encore plus profonde, engendrant avec elle une sorte de vibrante sérénité.
Elle agit sur nous comme fait en automne l'odeur des pommes, auxquelles Jean Grosjean consacre ici des pages à la saveur inépuisable d'Eden.
Les poèmes se promènent sans canne et sans chapeau dans la campagne, d'un pas mesuré qui s'accommode souplement des racines, des mottes, des ornières où le soir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
S'émerveiller de tout, d'un rien, d'une plume ou de la forme étrange d'un nuage. Celui qui voit la beauté en toute chose est un homme riche qui prolonge indéfiniment les joies de l'enfance. Mais que faut-il pour que ce miracle advienne? Que nous faut-il pour ne pas perdre en cours de vie ce fabuleux trésor donné au départ?
Les années passent et l'on se demande ce qu'est devenu ce tout petit enfant qui riait en soufflant sur des fleurs de pissenlits. Est-il parti? Est-il mort? Non. Il est là. Il s'est simplement replié à l'abri du monde.
Et pour le retrouver, il suffit peut-être d'ouvrir un recueil de Jean Grosjean et de laisser sa lumineuse poésie se répandre en nous. Car d'un feuillage, d'une brise, le poète nous fait un monde accueillant et doux. Dans "La lueur des jours", tout est comme au commencement, simple et pur. Ici, chaque poème enchante, nous menant peu à peu vers un apaisement, presque une consolation. Et si le poète est évidemment chrétien, sa poésie s'adresse à tous, croyants ou non croyants. Après tout, beauté et fragilité de l'instant ne sont-elles pas l'affaire de tous?

FRAGILITÉS

L'heure immobile comme un talus,
assise par terre avec les herbes mortes.
Tâches de soleil par terre entre les ombres.
Le remuement des feuilles en haut des arbres.
Pureté d'un ciel posé sur nous.
L'ongle de lune à peine visible en l'air.
Fragile la paix comme la beauté.
On n'entend plus vivre que l'âme.
Mais fragile l'âme, le peu qu'elle sait,
le peu qu'elle peut.

Poésie de la sagesse et de la maturité, Jean Grosjean aborde aussi la fin de vie qui approche et le grand questionnement auquel chacun doit faire face. Qu'avons-nous fait? Que laisserons-nous? Quelles traces?

"Je me retire en admirant
le sommeil sans fin des coteaux,
le tour quotidien du soleil
et l'air qui rôde sous les feuilles.

Je ne serai pas plus regretté
que je n'ai été attendu
excepté des buis de la tombe
où pleure la bise en hiver."

Nous ne sommes que grains de poussière au gré des vents, sous un ciel infiniment bleu, infiniment grand. Et si la conscience de notre finitude fait le poids et le prix de chaque instant, la poésie, quant à elle, lui donne son bel éclat furtif. Alors lire et relire, aux heures où notre ciel s'assombrit, " La lueur des jours" de Jean Grosjean, y boire, y puiser de la force.

"Encore un jour, mon âme, encore un jour
la vie n'est qu'un matin de plus."




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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
J'arrive au bord de la falaise,
c'est la terminaison du temps.
Mes derniers pas sur la planète
ne font pas retourner l'oiseau.

Jamais le jour ne fut si beau
avec ses arbres que mordorent
les automnes et les crépuscules.

Nous déjeunons sous un reste d'ombrage
parmi les brises au langage inaudible
en qui se perd le peu que nous disons.

Le ciel n'est plus voilé que dans nos yeux.
Laissons voguer l'abeille encore
quand déjà ce n'est plus pour nous.

( Extrait de "Attention au départ" )
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Adieu le cornouiller sanguin,
le muflier rouge sur la pente,
l’éventail du mirobolant,
les degrés de l’escalier courbe
et l’art du chemin transversal.

Les sueurs, les travaux et les pluies
n’ont donc fait ce jardin tranquille
avec son balustre à sédum
entre la rose et les fraisiers
que pour le quitter comme un rêve.

Le vent caressait les feuillages
ici moins tristement qu’ailleurs.

Quitter ce lieu me fend le cœur
et c’est de mourir que je meurs.
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RÉPITS

Feuillages, feuillages mobiles dans l'air,
errants sous les cimes des nuages,
envols d'oiseaux, errance des graines,
taches mouvantes du soleil par terre.
Mais les soudains repos des souffles,
tout le ciel qui retient son souffle,
les mains apaisées des feuillages,
l'immobilité des nuages,
l'odeur stagnante d'une fleur surprise,
le cri bref d'un oiseau très loin,
l'ombre d'une pierre.


(extrait de "Heures") - p. 99
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S’est-on figuré sous l’ombrage…


S’est-on figuré sous l’ombrage
d’un frais matin d’été
quelle inhumaine et déchirante
voix de violon monte des villes le soir ?

Depuis longtemps j’entends s’éteindre au loin
le bruit que font les gens pour vivre
mais leur folie me colle aux semelles
comme une patrie mal quittée.

J’ai balancé comme la branche aux brises
sans trop bouger mon pied de place
mais je savais n’être que l’ombre
du dieu qui s’en prend à soi-même.

Soudain vieilli je regarde trembler
une herbe entre mes doigts.
Qu’attendre encore quand je connais
les silences d la guerre, ceux de l’enfance
et l’ombre du dieu sur mon âme ?
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TIMIDITÉ

La longue ombre des lisières
sur la rosée qui s'irise.
Le soleil se hausse à peine
jusqu'à la hauteur des chênes.
Le soleil hésite à voir
les blés du coteau d'en face.
Le matin est immobile
comme l'enfance et les falaises.
Seules des ombres d'oiseaux passent.
L'heure où les oiseaux se taisent.
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Videos de Jean Grosjean (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Grosjean
Jean GROSJEAN – Dans l’univers de la Parole (Chaîne Nationale, 1956) L’émission « Le poème et son image », par Pierre Emmanuel, diffusée le 12 avril 1956 sur la Chaîne Nationale.
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