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Nicolas Richard (Traducteur)
EAN : 9791037106704
48 pages
La Table ronde (08/10/2020)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Il fit bouillir notre certificat de mariage dans la bouilloire en disant qu'il ne travaillerait pas dans un cimetière le restant de sa vie uniquement pour nourrir les enfants de Mars et, finalement, il partit pendant que j'étais descendue faire des courses, lui acheter de la salade et du café.

Dans un modeste appartement poussiéreux rempli de livres et de babioles vit un couple de latinistes légèrement hors du temps.
Quand la femme tombe encei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une petite nouvelle surréaliste mélangeant le fantastique et le burlesque, l'humour noir et le gothique, sur le thème de la maternité. Quarante-huit pages savoureuses ressemblant à un conte pour une métamorphose…celle de devenir mère…ou pas.

A priori rien de bien original : un jeune couple de latinistes un peu perchés vit dans un appartement poussiéreux encombré de bric et de broc. La femme tombe enceinte, une grossesse gémellaire qui fait fuir Peter. La femme se retrouve seule à élever ses deux garçons dans le plus grand dénuement. Banal…oui sauf que avant la fuite de Peter déjà certains indices nous ont fait tiquer, des détails grâce auxquels (ou à cause desquels) on se demande bien ce que nous lisons…La plume de la canadienne Camilla Grudova dérape, parfois légèrement, parfois étonnamment. Quelques petits exemples : lui sent la pierre froide et les fleurs pourries ; elle, devenue enceinte, ne peut plus exercer son petit boulot dans une boutique de maison de poupées car elle avait elle-même « l'impression d'être une maison de poupées, avec une personne miniature à l'intérieur, et je m'imaginais avalant de minuscules chaises et casseroles pour qu'elle soit plus à l'aise ». Et des choses encore plus étonnantes qu'il ne faut surtout pas dévoiler. Des bribes surréalistes distillées ici et là, nous arrachant un sourire ou nous faisant froncer les sourcils.

Ce burlesque, soit touchant soit étonnant, va se transformer peu à peu en gothique pour exprimer les difficultés de devenir mère, de se métamorphoser en mère, le mythe de Romulus et Rémus revisité à la sauce kafkaïenne.

« Aucun de nous deux n'avaient de jumeaux dans la famille. C'était le latin qui avait fait ça, décréta Peter, des cygnes ou des dieux barbus me rendaient-ils visite dans mes rêves ? Il se comporta comme si je l'avais trahi de manière mythologique ».

L'écriture sera la voie de rédemption pour notre narratrice.

J'ai aimé cette nouvelle, parue dans la collection La nonpareille des éditions La Table Ronde (dédiée spécifiquement aux nouvelles comme expliqué en préambule), mais prise isolément je reste quelque peu sur ma faim quant au style de cette auteure qui, après ce récit m'interpelle grandement et m'attire irrésistiblement…Très envie de lire le recueil duquel cette nouvelle est tirée, c'est certain, afin de pouvoir apprécier un ensemble dans lequel les nouvelles ont certainement des liens entre elles et forment un tout.
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La reine des souris est une nouvelle très originale et bizarre ; un petit bijou d'humour noir. Je me suis vraiment régalée à la lire ! Mais « régalée » n'est sans doute pas ici le terme approprié – vous verrez pourquoi quand vous la lirez ; haha.

Camilla Grudova nous livre dans ces quarante-huit pages une histoire sombrement grinçante et fantastiquement drôle. La reine des souris commence assez banalement. Peter et la narratrice se rencontrent en cours de latin à l'université. Ils se fréquentent, se marient, emménagent, trouvent un boulot… Oui, mais. Par petites touches, infimes au départ puis de moins en moins anodines, voire de plus en plus prégnantes à mesure que l'on tourne les pages, la plume de Camilla Grudova dérape. L'autre côté du miroir s'invite dans l'histoire. Nos pires cauchemars ? Comme si le centre de gravité de la nouvelle basculait à mesure que les individus se retrouvent happés par la vie de tous les jours et son lot de contraintes, de frustrations et de conditionnement social.

La reine des souris, c'est le rêve un peu flippant dont tu es heureux de te réveiller… Mais si c'était celui d'un autre ? Et si, en fait, ce n'était pas un rêve ? Une nouvelle franchement brillante, parue hier dans la collection La nonpareille – dédiée aux nouvelles – des Éditions La Table Ronde. A déguster sans modération ! Oups, je recommence.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Une petite nouvelle surréaliste, une fable noire sur la maternité, que j'ai beaucoup aimée. Son charme réside dans les détails et les descriptions. Dans le mariage du merveilleux et du macabre, créant une ambiance étrange, kafkaïenne. Dans les symboles qui s'y cachent et dans les nombreuses références aux contes et aux mythes, dont le texte est truffé.

Le style, les thèmes et les images évoquées m'ont rappelé les nouvelles de Heather O'Neill et d'Angela Carter, deux autrices que j'aime beaucoup. C'est une histoire singulière qui rappelle que les mythes anciens demeurent toujours d'actualité et que le Grand Méchant Loup ne se cache pas toujours où l'on croit! Bref, j'ai adoré et j'ai tout de suite commandé le recueil duquel le texte est tiré!
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Quoi de plus classique qu'un couple d'étudiants se mariant, en dépit des différences sociales (il est fils d'un couple d'avocats, elle est issue d'un milieu bien plus modeste ) ? Évidemment, le jeune homme ne supporte pas  l'annonce d'une naissance gémellaire et laisse sa belle et son énorme ventre en plan.
Partant de cette situation qui défie les époques, Camilla Grudova y injecte, par petites doses, des touches de cruauté  liées à la dévoration jusqu'à un final parsemé de quelques poils et gouttes de sang et marqué par un silence complice de deux femmes.
Avec un humour très noir, l'autrice écrit ici un texte à la fois contemporain et atemporel sur les relations hommes/femmes ,  convoquant les figures classiques des textes horrifiques, un texte qui pousse jusqu'au paroxysme, mais sans tomber dans le voyeurisme.
Du grand art !
J 'attends de lire avec impatience la totalité du recueil.
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La reine des souris est une nouvelle étrange, originale et surprenante, avec un basculement dans le fantastique et l'horreur auquel je ne m'attendais pas puisque l'histoire débute de façon classique par la rencontre de deux jeunes étudiants.
Moi qui ne suis pas trop adepte des nouvelles, je serai curieuse de découvrir le recueil complet.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pour aller au travail, je traversais un pont, et je m'imaginais souvent suspendre les enfants à des cordes, gigotant avec leurs petites jambes et les sauvant au tout dernier moment - je me disais qu'un tel acte me les ferait aimer encore plus. L'image me perturbait tant que qu'elle me venait chaque fois que je passais sur le pont, si bien que je le franchissais bientôt en courant et j'arrivais au travail en sueur, pleine de pitié pour mes enfants.
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Une fille déguisée en pleine lune n'arrêtait pas d'essayer d'embrasser Peter. Elle sentait le talc et les bas pas lavés ; j'imaginais que ce devait être l'odeur de la lune.
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Aucun de nous deux n'avaient de jumeaux dans la famille. C'était le latin qui avait fait ça, décréta Peter, des cygnes ou des dieux barbus me rendaient-ils visite dans mes rêves ? Il se comporta comme si je l'avais trahi de manière mythologique.
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Peter dégageait quelque chose de sombre et de fort, si bien que tout le monde considérait que c'était l'homme idéal, et sa connaissance du latin s'avérait utile. Il passait la plupart de son temps en plein air. Il en vint à être constamment un peu enrhumé, et il sentait les fleurs pourries et la pierre froide. (page 15)
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Quand cela commença à se voir, je fus virée; la propriétaire de la boutique de maisons de poupées estima que je risquais de me cogner dans toutes les petites choses précieuses et de les casser, maintenant que je m'arrondissais. J'avais moi-même l'impression d'être une maison de poupées, avec une personne miniature à l'intérieur, et je m'imaginais avalant de minuscules chaises et casseroles pour qu'elle soit plus à l'aise.
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