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EAN : 9782246690313
360 pages
Grasset (17/10/2018)
3.27/5   11 notes
Résumé :
Giandomenico Tiepolo (1727-1804) fut le Goldoni en peinture de la Venise des Doges. Homme de son temps, frotté sur le tard aux Lumières venues de France, il brossa au naturel cette société de plaisir, ses fêtes galantes, ses langueurs nostalgiques, avant que le rideau ne retombe sur la Sérénissime et que Bonaparte, à la tête des armées d‘Italie, n’en soit le brutal fossoyeur. Cet homme entre deux mondes avait, trente ans durant, été le fidèle assistant de son père,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Comment exister fin dix-huitième siècle, à Venise, alors que les fils épousent la profession des pères, comment exister dans l'ombre d'un grand ?
Giandomenico n'a pas pu s'émanciper de Giambattista Tiepolo, peintre de génie de style rococo, dont l'ombre immense a obscurci sa vie. Ce sont les mémoires apocryphes du fils que reconstitue Gilles Hertzog, réalisés à partir de feuillets manuscrits épars trouvés chez un antiquaire, tellement heureux de donner sens à ce fatras qu'il l'offrit à l'auteur.

Comment le destin s'est-il acharné à effacer la notoriété de celui qui eût pu être aussi grand que son père mais qui restera méconnu et oublié. Il signait ses oeuvres de Dom. T. fils de Tiepolo ; d'autres oeuvres, qui n'avaient pas été signées, étaient datées de 1757 mais avec le temps le 5 finit par se déliter en un 3 ; or, Giandomenico avait 10 ans en 1737 et les oeuvres furent attribuées à son père !

Le style est alambiqué, avec de longues phrases et un vocabulaire choisi. Ce roman illustre bien le rapport entre la peinture et son époque, mêlant politique et art dans le cadre de la Sérénissime.
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C'est un cri!
De révolte, de frustration, de rancoeur mais aussi d'amour filial inconditionnel.

Celui d'un homme qui a passé sa vie dans l'ombre d'un grand nom, fils «de », ouvrier tâcheron de la fabrique Tiepolo, quand on n'attribue pas carrément ses propres oeuvres picturales au père, artiste très illustre, Giambattista Tiepolo.

Vieil homme au seuil de la mort, Giandomenico Tiepolo écrit une confession en autobiograpie, comme une dernière tentative d'exister. Il crie justice des hommes et des Arts.

L'écriture m'a ravie autant qu'étouffée, très surannée, travaillée, ampoulée. Une plume enveloppante au phrasé long qui fait faire un saut arrière temporel. Sur le fond, c'est un voyage dans la Venise du 18è siècle , dans les derniers fastes de la Sérénissime, avant que Napoléon ne vienne mettre un terme à une période de fêtes et créations artistiques flamboyantes.

Par une approche érudite de l'époque, peuplée de contemporains fameux, l'auteur nous offre un récit vivant de connaissances picturales dans les techniques et symbolismes, de coutumes populaires, de réflexions critiques sur l'histoire politique, sur la religion et la société.

Une lecture qui donne des codes pour comprendre les oeuvres et le contexte de leur création, accompagnée du regret de ne pas les avoir eus au cours de certaines visites touristiques entre Italie, Espagne et Allemagne.

J'ai dégusté cette leçon de peinture et la destinée d'un homme partagé entre chance d'avoir appris dans l'ombre d'un maître et calamité de n'avoir pu saisir sa propre renommée.
Au delà de se réapproprier le talent du père, c'est une belle façon de découvrir l'oeuvre du fils discret, aimant et fidèle, artiste inspiré par la vie de ses contemporains dans la décadente Venise à qui il voue un amour inconditionnel.

#netgalley#lederniervenitien
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Rentrer dans l'intimité d'un peintre vénitien lorsque l'on est un simple spectateur à s'émerveiller devant les nombreuses oeuvres que l'on peut découvrir en visitant Venise : quelle promesse alléchante nous est offerte avec ce roman de Gilles Hertzog narrant la vie de Tiepolo, non pas le grand Tiepolo, Giambattista de son prénom , mais l'un de ses fils, Giandomenico , et c'est de là que vient mon désappointement.

L'auteur présente la vie de ce peintre de la fin du XVIII eme siècle à un tournant de l'histoire de la Sérénissime précipité par l'arrivée de Bonaparte sous forme d'une longue confession écrite au crépuscule de sa vie , par cet homme qui , comme fils de peintre n'a pas eu le choix de sa carrière puisque très jeune, de même que son frère cadet, il sera apprenti dans l'atelier de son père et subira toute sa vie de n'être que le fils du Grand Tiepolo , n'arrivant que ponctuellement à avoir son propre style et une reconnaissance personnelle pour quelques unes de ses oeuvres.

On arrive déjà avec Giambattista Tiepolo , premier peintre du nom, à la fin de l'époque des peintres vénitiens , il sera qualifié de peintre rococo , ce qui dans notre vision actuelle n'est pas forcément des plus flatteurs. Vivant dans une Europe au siècle des Lumières, il est appelé dans les différentes cours européennes pour réaliser des fresques généralement de sujets mythologiques ou religieux , suivi et aidé de ses fils . Difficile pour les plus jeunes de s'affranchir d'une préférence d'époque et d'imposer un style nouveau , Mais quand on regarde certaines oeuvres de Giandomenico , on sent une évolution moderne et plus originale .

Le personnage n'est pas sympathique, assez imbu de lui-même, complexé et même désabusé comme ce qu'il nous décrit de la société de la Sérénissime, vieillissante et décadente ne vivant que d'apparences , de futilités et de fêtes , balayée par les troupes napoléoniennes dont la représentation post-révolutionnaire était effrayante pour ce monde privilégié .

Une lecture ,donc , au plaisir très mitigé vu le peu d'empathie du personnage et d'une écriture souvent alambiquée .

J'ai apprécié les représentations de quelques tableaux en fin d'ouvrage .

Je remercie NetGalley et les Editions Grasset de leur confiance.

#LeDernierVénitien #NetGalleyFrance
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Découverte d'un peintre (Giandomenco Tiepolo) méconnu, voire totalement inconnu car ayant toujours vécu dans l'ombre de son père, Gianbattista Tiepolo, y compris après la mort de ce dernier.

Il s'agit plus d'un récit écrit à la première personne - que l'on peut également qualifié de mémoire - dans lequel Tiepolo fils évoque la Venise du XVIIIe siècle au point de vue politique, social, artistique ainsi qu'une réflexion sur l'art en général.

Une large part est également donnée aux rapports difficiles de Giandomenico Tiepolo avec son père. Au fil des mots, Tiepolo fils laisse transparaître une certaine rancoeur,, une certaine "jalousie" envers celui-ci, tout en avouant, à mots couverts, que son père l'aurait écrasé, empêchant ainsi que son talent n'éclose, et soit reconnu par ses pairs, et, ses concitoyens.
Mais n'est il pas responsable de cet état de fait indirectement ?

Bien qu'ayant trouvé Tiepolo fils antipathique au possible, imbu de sa personne, dédaigneux envers les autres, voire quelque peu "mollasson" car incapable de réagir devant le talent, la personnalité de son père, et ,surtout faire en sorte d'exister par lui même en tant qu'individu et surtout de peintre, ce récit / roman est un magnifique portrait de la Venise du XVIIIe siècle, dite décadente, et, prête à tout pour s'amuser, vivant ainsi sur son "glorieux" passé jusqu'à sa chute lors du traité de Campoformio, signé le 18 octobre 1797, par le général Bonaparte, livrant ainsi Venise aux autrichiens.

Malgré tout, j'avoue une petite préférence pour le Séjour des Dieux du même auteur évoquant la la rivalité entre le Titien et Michel Ange. Pour la petite histoire, Tiepolo fils est le neveu du peintre Guardi.
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Ce roman invite le lecteur à se translater auXVIIIe dans la vie de la Sérénissime, Venise.
C'est en 18O1, que Giandomenico Tiepolo décide de transcrire sa vie; il a75 ans, voit arriver sa fin ainsi que celle de sa ville tant aimée. L'arrivée des troupes de Bonaparte signe l'arrêt de mort de la République de Venise, de ses frasques et de ses excès.
Le livre commence par un long prologue où Giandomenico, peintre comme son père le grand Tiepolo se lamente de n'avoir éte considéré que comme « le fils de ».
Vient ensuite le récit de sa vie , de sa carrière faite de hauts et de bas, souvent, voire toujours entravée par celle de son père qu'il aime et admire profondément et avec qui il a tout appris, mais il y a là un complexe et une frustation définitifs.
C'est à Würzburg en Bavière que se trouvent certaines de ses plus belles oeuvres, il a beaucoup voyagé, on y rencontre Molière, Goldoni, en Espagne il rencontre un gredin, Goya, ils deviendrons amis.
Cette lecture est un beau voyage à une époque révolue, la Sérénissime n'est plus, mais les peintres heureuseusement l'ont immortalisée.
Merci aux Edts Grasset et à @Netgalley pour cette lecture
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C'était Carnaval



extrait 3

     Le défilé commençait. Depuis le quartier de San Zeno, saint patron de la ville, jusqu'à la Seigneurie, précédés d'un gonfalonier et d'un sergent, quarante-huit angelots à cheval vêtus de toile candide piquetée de rubans rouges en soie, béret de même couleur en tête, ouvraient la marche. Suivait un char de l'Abondance orné de couronnes de lauriers et escorté de cent jeunes gens en chemises à manches courtes. À leur tour, trente-six hommes, suivis à nouveau de quarante-huit jeunes gens, brandissaient des fourchettes pour les futurs gnocchis ainsi que des oriflammes, et déclamaient, cornemuses en bouche, des vers composés pour l'occasion. La troupe endiablée arrivait au palais du Podestat. Le Pape des Gnocchis monté sur un âne, escortant en triomphe le char de l'Abondance, invitait le Podestat à descendre sur la place déguster un plat de gnocchis agrémenté d'un verre de vin. Chose faite, le maître des cérémonies déclamait d'une voix pulchinellesque ses compliments macaroniques aux nobilités de la ville :


      « Pardonnez, Excellence, mon audace,
     Je suis hélas sans pain,
     Et me suis tant battu pour parvenir jusqu'à vous.
     Parlez, Excellence.
     Mais tais-toi, mon âne, tais-toi donc !
     Ma tâche est de prier Votre Excellence
     De venir avec nous à San Zeno.
     Parce qu'il est un homme bon,
     Il viendra en ce jour de cocagne pour Vérone. »
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C'était Carnaval



extrait 4

     Le cortège des autorités s'ébranlait en carrosse derrière le char de l'Abondance, d'où l'on lançait à la foule, durant trois tours de la place, des pains à foison, « pour consoler l'estomac du peuple ». Puis l'on gagnait San Zeno, le chef des angelots à cheval et les cent jeunes gens en chemises à manches courtes précédant les autorités. Parvenu à bon port au milieu de la cohue populaire d'où fusaient les lazzis, tout ce beau monde montait sur une estrade où des Polichinelles offraient avec un cérémonial outré un gnocchi à chacun, puis passaient à la distribution générale. D'une grande bouche en plâtre sortaient les pains, d'une fontaine le vin. Il y avait des statues, des arcs de triomphe. autour de l'effigie de Tommaso da Vico étaient disposées de vastes tables où les pauvres de San Zeno engloutiraient d'énormes quantités de macaronis et des plâtrées de gnocchis. Les angelots à cheval raccompagnaient les autorités, et, délivrée des puissants, la fête durerait jusqu'à l'aube, ponctuée des frasques des Polichinelles.
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La Foresteria
extrait 1



… / ...

      Revenons à ces dames. Assuré de ma personne, je jugeais que je pourrais plaire, et ma jeunesse plaidait pour moi. Avec la comtesse A.S., experte en œillades et en galanterie - ce que les Français nomment marivaudage, d'après ce monsieur de Marivaux dont j'avais lu avec délectation Le Jeu de l'amour et du hasard , la partie, pour peu que la coquette s'y prêtât, se jouerait à fleuret moucheté. En revanche, vis-à-vis de sa suave enfant, je devrais composer avec l'innocence de son âge, user du registre des sentiments, inspirer de l'amour en lui faisant des contes, sans jamais alarmer sa pudeur.
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Cette atmosphère de fêtes et de plaisirs, avec ses parades, ses langueurs et ses désillusions, telle serait la toile de fond de mes scènes de genre. Moments pittoresques de l’existence en société, impromptus de villégiatures, spectacles de rue, dans un mélange de maintien aristocratique et de liesse populaire à la fois : ma vraie raison de peindre serait cette douceur de vivre, cette commedia dell’arte en vrai. Avant qu’elle ne s’enfuie et disparaisse dans les tourments de l’histoire.
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Le monde nouveau ! Ainsi s’appelaient ces spectacles d’illusion que les baraques de foire, place Saint-Marc, dispensaient aux badauds à Carnaval. Une lanterne magique dévoilait un monde à venir, plein de pays rêvés, d’empereurs et de rois se livrant forces batailles. Ses gestes et mouvements, savamment décomposés se reflétant sur des miroirs optiques, chaque protagoniste semblait véritablement animé de vie, au grand ébahissement des spectateurs. Je représenterai ceux-ci tous agglutinés de dos face à la mer immobile, toutes conditions mêlées, l’œil vissé aux fentes de la tente où se succèdent les saynètes magiques.
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