Quelle claque ! Coup de coeur !
Tripalium Paradis est un voyage onirique, surréaliste, dans l'esprit fou du protagoniste. Valérien Béton, un musicien qui rêve de reconquérir sa douce Kléa et de s'acheter un phare, est un marginal. Incapable de garder un travail, il obtient un job de détective privé pour deux missions : une plongée dans le monde de l'entreprise et obtenir des preuves de l'infidélité du mari pour son épouse. Valérien accepte pour s'offrir son phare, continuer sa musique et reconquérir son amoureuse.
Ce livre est un véritable OLNI littéraire ! Ecrit avec une plume magnifique, il nous embarque dans un trip, un vrai, où l'on se demande si le protagoniste est sous l'effet d'hallucinogènes, si l'on voit la réalité à travers son prisme d'artiste incompris, si on voit un rêve ou si tout simplement cette folie était la réalité ? Valérien est un loser attachant, loufoque, agressif pour deux sous, lâche, egocentrique avec ses rêves de grandeur musicale. Ou plutôt, s'agit-il d'un génie incompris ? Un homme qui a préféré se réfugier dans la musique, dans la philosophie et le yoga pour échapper à la réalité : une mère castratrice et un père impuissant, absent ? En rédigeant ce retour, je me suis demandé si l'on retrouvait ses parents dans les boulots de détective privé ? Une entreprise où les employés sont broyés par l'incompétence du management, par la mauvaise foi entretenue entre les collègues, par le manque de reconnaissance malgré les années de travail. Tout ce qui conduit inévitablement à une ambiance pourrie et au suicide. L'autre mission concerne une femme trompée qui veut prouver l'infidélité de son mari et se venger. Est-ce que cela reflète les traumatismes d'enfance qui nourrissent la psychose du protagoniste ? Lorsque Val obtient de quoi s'acheter son phare, il s'embarque cette fois-ci dans une nouvelle quête : retrouver Kléa et poursuivre sa création musicale. Les deux font accoucher à leur façon de quelque chose.
Bref, vers la fin, on sent un bout de la réalité poindre, on comprend d'où viennent les hallucinations du héros, et on assiste à nouveau à un rappel de ses traumatismes d'enfance avec le radiologue et sa mère castratrice. Peut-être que je m'égare trop dans mon analyse, mais qu'importe ! Cela prolonge mon plaisir après l'avoir lu !
J'ai beaucoup aimé ce livre pour plusieurs raisons : le style est tout simplement délicieux ! J'avais envie de surligner toutes les phrases ! Les situations absurdes et comiques ont quelque chose de Kafkaïen aussi. Les scènes dans l'entreprise m'ont fait tordre de rire, tellement elles sont criantes de vérité. Bien sûr, avec réalité un peu exagérée (mais juste un peu). Mention spéciale à la cheffe qui "yeuyeute" quand elle parle (j'en ai connue une personne comme ça, ça devait être un TOC )
Si vous aimez les romans originaux, si vous aimez Kafka, la peinture de Magritte (ne me demandez pas pourquoi, ça m'a fait penser à Magritte !) Je vous recommande cette pépite !
Je remercie Babelio et Bozon2x pour cette magnifique lecture dans le cadre de Masse Critique.