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Gildas Guyot (Autre)
EAN : 9782362241079
256 pages
Atelier In8 (19/03/2020)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Seth, un jeune homme d'une vingtaine d'années, se retrouve coincé à jouer les chauffeurs pour son grand-père, Ati, un vieux bonhomme ronchon, qui entend traverser les États-Unis pour se rendre à Vegas. Durant cette folle équipée, de fast-food en motel, de ville moyenne en station-service miteuse, c'est aussi une civilisation qu'ils explorent - la leur, celle des Inuits, perdue pour jamais dans un grand nord devenu légende, et celle des conquérants américains, la soc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
S'il y avait bien une chose que j'avais cru comprendre, c'est qu'avec Gildas Guyot, on ne peut jamais être sûrs de savoir où il va nous emmener. Son premier livre, le goût de la viande, dégage une force, une puissance expressive incroyable, dans une grande noirceur. C'est, en fait, un livre dans lequel la mort est présente à toutes les pages.

Avec Maktaaq, a priori, on est dans quelque chose de totalement différent. Et, au contraire, en refermant ce livre, on a envie de dire que, dans ce deuxième opus, c'est la vie qui est présente à toutes les pages. Mais peut-être n'est-ce pas aussi simple que cela…

En tout cas, on a quitté le Vieux continent pour le Nouveau Monde (je n'ai pas dit celui d'après…). On est dans un quartier populaire de Los Angeles, habité majoritairement par des hispaniques. Là, on découvre une famille d'origine inuite, mais qui a adopté le mode de vie « à l'américaine » : chacun mange quand il le veut, les traditions ne sont plus qu'un lointain souvenir.

Lorsque commence ce road-trip à la sauce inuite, Seth a tout du jeune branleur qui ne fait pas grand-chose de sa vie. le moyen le plus sûr de le reconnaître est que chacune de ses phrases commence par « putain ». Ati lui fait à la fois un petit peu peur, il ne sait pas comment l'aborder, et pourtant, il y a entre eux une forme de connivence, un fil ténu mais solide…

Ce voyage vers Las Vegas, nous dit la quatrième de couverture, c'est « à la fois un roman d'aventures, un western, un roman d'apprentissage, un conte philosophique, un précis d'ethnologie sur la culture inuite, un almanach de baseball ». Quand je lis ce genre de description, en général, je doute. Mais tout cela est vrai – sauf, peut-être, ce n'est pas aussi précis qu'un almanach de baseball.

Ce grand-père, un vrai taiseux, dont on ne sait jamais s'il dort ou s'il est éveillé, s'il plaisante ou s'il est sérieux, s'il ment ou s'il dit la vérité, c'est exactement LE grand-père, dans toute sa splendeur. D'ailleurs, je peux l'avouer ici, il n'est pas sans me rappeler le mien, avec qui je n'ai pas eu la chance de partager un tel road-trip, mais dont l'humour, la vitalité, le regard malicieux m'a accompagné tout au long de ma lecture.

Connivence, donc, et, sans que Seth s'en rende compte véritablement, transmission. Ce vieil homme, on le découvre en même temps que Seth, a appris de la vie, des blessures, des cassures. Parti d'Alaska pour trouver une vie meilleure, il expie encore cet abandon des siens et de la culture traditionnelle dont il est issu. Et il transmet cela à son petit-fils.

Les scènes s'enchaînent, mêlant un humour parfois tendre, parfois grinçant, et, surtout, une grande sagesse de vie. Je pense, par exemple, à la scène de la climatisation. La voiture est équipée d'une clim', et Seth, lorsque la température augmente alors qu'ils entrent dans le désert des Mojaves, veut la mettre en marche. Mais son grand-père refuse catégoriquement : il ne « l'aime pas ». Incompréhension totale de Seth, qui ne voit que sa dimension utilitaire, le fait qu'il s'agit d'un objet prévu pour améliorer le confort. Mais Ati, lui, vit cette climatisation comme une façon d'expier : il a abandonné le peuple inuit, il peut bien souffrir de la chaleur !

Connivence, transmission. Il y a également deux autres mots, présents dans le livre, qui pour moi restent et résonnent après que l'on ait refermé l'ouvrage. Ubuesque… mais je ne veux pas trop spoiler, alors je vous laisse découvrir. Et incandescent. Incandescent comme le soleil qui frappe fort dans ce désert des Mojaves. Incandescent comme la vie d'Ati et de Koko. Incandescent comme l'amour qui, peut-être, va permettre réellement à la vie de Seth de commencer. Incandescent, enfin, comme la brûlure de cette vie d'Ati, qui laisse une trace dans celle de Seth.

Et puis… on est d'abord marqué par la différence qui semble exister entre ce livre et le précédent. La dureté du premier, la douceur – qui n'est pas exempte de brutalité – de celui-ci. Mais, en réalité, après quelques heures de décantation, j'ai en fait l'impression que ces deux « premiers romans » (encore un bout de la présentation qui figure en 4e de couv, que je reprends volontairement) parlent du même sujet. Dans le premier, c'était la mort, quasiment personnage principal, et sa danse avec un personnage pas réellement vivant. Et, ici, c'est la vie, mais dans laquelle la mort est toujours présente. Chez les inuits ou dans les tranchées, à Las Vegas ou à Verdun, la vie et la mort se mêlent, s'apprivoisent, se tournent autour…

En plus, on ne sait pas d'où Gildas Guyot tire sa connaissance des traditions inuites… mais il semble soit avoir vu de nombreux documentaires sur le sujet, soit y avoir passé quelques années. Dans une vie antérieure, peut-être ?

Un très beau livre, mais, surtout, je le crois de plus en plus, un très bel auteur !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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Deuxième roman de Gildas Guyot après le goût de la viande. Très différent. Plus classique. Roman initiatique et de transmission d'une culture oubliée, phagocytée par la vie à l'américaine, d'un grand-père à son petit-fils.

C'est très bien écrit, l'auteur usant de différents niveaux de langage dans une même phrase : des mots peu usités parfois désuets accolés à des tournures familières ou courantes. Si certains passages peuvent paraître longuets, les suivants font regretter d'avoir douté tant ils sont beaux. Il en est ainsi d'un monologue d'Ati expliquant à son petit-fils l'arrivée de l'homme blanc dans son village inuit, et comment encore une fois cet homme blanc a perverti les locaux, les a soudoyés à coup d'alcool et de cigarettes, leur faisant miroiter les bienfaits de sa civilisation "... Vois-tu gamin, quand j'étais jeune, mon père m'apprit tout ce que je devais savoir pour mériter ma place, pour pouvoir survivre et faire survivre ma famille sur ces terres gelées. Il m'apprit à pêcher, à chasser, à monter une tente. A pêcher et à chasser et à construire un feu. Ah ça oui. Mais il m'apprit aussi que je devais me méfier de l'homme blanc, de celui qui débarquait avec sa croyance, son fusil... sa croyance, son fusil et ses alcools..." (p.136)

Deux héros attachants, qui, lorsqu'on se demande où l'auteur veut nous emmener, nous accompagnant doucement mais sûrement dans leur voyage sur la route 66.

Certains romans vous font de l'effet en les lisant, effet qui s'estompe plus ou moins rapidement après lecture. D'autres vous font de l'effet en les lisant, effet qui perdure longtemps, voire très longtemps. Ce roman de Gildas Guyot ne m'a pas fait un effet foudroyant pendant ma lecture, même si certaines pages ainsi que je l'exprimais plus haut m'ont touché, mais à peine fini et posé, il continuait à vivre en moi et je pense qu'il est de ces romans qui ne s'effaceront pas de sitôt. Seth et Ati comptent. Quant à la signification du titre, je laisse le soin à l'auteur de l'expliquer, à sa manière, dans les dernières pages.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Parfois on est séduit par une couverture, attiré par le nom d'un auteur ou encore interpelé par un résumé. On peut aussi faire confiance à une maison d'édition.
Mais il y a des fois où le plus grand des hasards vous amène un roman. Ce fut le cas avec Maktaaq.
Alors que je me moquais gentiment (si, si) des bandeaux dont sont affublés certains romans, Gildas Guyot a mis une photo de son roman sur un réseau (as)social.
Ça m'a beaucoup fait rire, j'ai aimé l'auto-dérision, l'humour et en même temps l'humilité de cette « blague ».
Dans tous les cas, ça m'a amenée à m'y intéresser et j'ai bien fait parce que ce roman est plutôt sympathique.
Seth est un jeune américain, descendant des Inuits d'Alaska. Un jour, son grand-père Adi lui offre sa voiture, une Chevrolet Impala des années 60 à une seule condition : qu'ils partent tous les deux, seuls, avec la Chevrolet, à Vegas.
Si Seth n'y voit pas une occasion de se rapprocher de ce grand-père au caractère très particulier, Adi a bien l'intention de profiter de ce voyage pour faire un homme de son petit-fils et l'amener à s'intéresser à leurs ancêtres.
Avec un style tout en légèreté et malgré quelques longueurs, Gildas Guyot nous apprend beaucoup de choses sur la manière de vivre des Inuits d'Alaska et nous offre un attendrissant road-trip de Los Angeles à Vegas avec ce gamin et surtout ce grand-père facétieux qui ne perdra aucune occasion pour se moquer de son petit-fils.
Finalement, ce bandeau est parfait pour ce roman qui ne se prend pas au sérieux et qui fait rire ceux qui le découvrent.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Après la grosse claque du premier roman, le goût de la viande (paru en poche, et dont parlait krol récemment -en bien) qu'allait bien proposer le deuxième roman de Gildas Guyot? Un goût de la viande, deux, le retour, avec une escalade dans l'humour noir? Ma came, je l'avoue, mais il avait fallu l'écriture remarquable pour faire passer certains épisodes.

Le danger était justement de continuer sur la même voie. Or là, non, grosse surprise, personnages sympathiques et à part l'âne, rien à signaler. Même un peu de tendresse. Mais quand même de la dérision et des coups de patte sur l'homme blanc et le mode de vie américain. Ouf!

Aux yeux de son grand père Ati, Seth n'est qu'un gamin. Avant, il rêvait d'une jolie carrière dans le base ball, mais actuellement, à 23 ans, il est plombier, et plutôt bon. Une copine, Suzanne, sans passion, beaucoup de télé et de pizza, et les membres de la famille se croisent sans plus.

Le grand père n'est pas en bonne santé, mais il a toute sa tête. Tout ce que sait Seth, c'est qu'il est originaire d'Alaska, c'est donc le chef de famille, l'angajuqqaaq (langue : inuktitut). Un soir il impose à la famille de regarder une cassette vidéo (on est en 1989), seul Seth la regarde, c'est un vieux document sur la vie des Inuits, avec commentaires d'un Danois. Pour Seth, c'est une totale découverte!

Par ailleurs, quelques mois plus tard, Ari impose à Seth un voyage à Las Vegas, avec comme récompense à la clé la possession de sa Chevrolet Impala vingt ans d'âge qui fait saliver Seth depuis des années. Et c'est parti pour un voyage à deux qui bousculera aussi pas mal le jeune Seth. L'art de la chasse dans le grand nord appliqué aux bandits manchots, à découvrir, en passant.

Un roman centré sur deux personnages principaux, avec un trajet Los Angeles - Las Vegas sous le cagnard, et un aperçu de culture inuit, pour se rafraîchir, voilà le menu. Parfaitement digeste, cette fois (clin d'oeil au premier roman). A découvrir, la patte de l'auteur est toujours bien là.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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J'avais lu le premier roman de Gildas Guyot. J'attendais le second avec impatience. J'attends déjà le troisième...
Pourquoi 5 étoiles ?
La première pour ce décor américain... On croit le contraire par coeur et pourtant l'oeil et la plume de Gildas Guyot nous fait découvrir le rêve avec toutes ses contradictions.
La seconde pour cette transmission entre deux personnages semble-t-il si opposés.
La troisième pour l'humour caractéristique de l'auteur. Il ne prend pas les lecteurs avec le dos de la cuillère.
La quatrième, pour la découverte du monde Inuit.
Et la dernière étoile pour cette magnifique plongée dans notre condition d'homme moderne. L'air n'est pas le seul conditionné.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Seth est un jeune homme de 23 ans, né dans une famille d’origine inuite. Après avoir, un temps, espéré percer dans le baseball, il traîne sa vie et sa carcasse entre petits boulots et aventures sans lendemain.

Ati, son grand-père, est venu s’installer dans la maison familiale à la mort de sa femme, Koko. Et il n’est pas venu seul : il est arrivé avec sa vieille Chevrolet Impala Super Sport 427 de 1967. Et, justement, un beau jour, il offre la voiture à Seth. À une seule condition : que celui-ci l’emmène à Las Vegas, jouer au casino.

Et c’est ainsi que Seth se retrouve embarqué dans une aventure qui va changer sa vie…
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Trois ânes paisibles… si paisibles. Deux sont debout et veillent le troisième. Celui-ci est couché sur le flanc, en charpie. Il brille sous les rayons du soleil. Il n’en peut plus de déborder. Les ânes ne sont pas comme les tartines, ils ne tombent jamais côté confiture. De la croupe jusqu’à l’encolure tout est rouge et gluant, arraché. Dans la panique, il a traîné ses tripes sur trois pattes jusqu’à ce qu’il n’en ait plus la force.
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