AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020319737
225 pages
Seuil (07/11/1997)
4/5   6 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Seuil, Essais - 11/1997)


Imaginez qu'un beau matin, au réveil, vous découvriez une France totalement différente de ce qu'elle est et de ce qu'elle a toujours été. Le président de la République ? Une femme. Le président de l'Assemblée nationale? Une femme. Au Sénat, une présidente. Au gouvernement, un Premier ministre "Première" ministre... Et entourée de 90% de ministres... femmes ! La Cour des compt... >Voir plus
Que lire après La nouvelle cause des femmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne lis pas beaucoup de livres politiques. Quand je le fais, je me penche toujours vers des hommes ou des femmes que j'ai un certain potentiel à admirer, car j'ai l'impression de passer ainsi un temps en leur compagnie et de pouvoir m'inspirer de leur engagement.

Gisèle Halimi est décédée en juillet 2020, en pleine période de la pandémie, et n'a sans doute pas eu tous les hommages qu'elle aurait mérité. Née en Tunisie, ayant fait ses études de droit en France, elle revient s'établir à Paris comme avocate en 1956. Elle est alors de tous les combats du féminisme naissant (dépénalisation puis droit à l'avortement, criminalisation du viol), ce qui lui donne une aura médiatique certaine. Elle se lance alors en politique aux côtés de François Mitterand et est élue à l'assemblée en 1981. C'est cette confrontation à la politique qui est la source de cette nouvelle cause des femmes, après la lutte pour le droit à l'avortement qui était le sujet central du premier livre sur la cause des femmes.

En effet, Gisèle Halimi, voit débarquer lors de la première séance, dans l'hémicycle qu'elle vient d'intégrer, le flot des hommes ultra majoritaires dans cette assemblée. Elle prend conscience que les femmes n'y représentent finalement que 5 %, elles qui constituent tout de même 50 % de l'humanité. Son nouveau combat est tout trouvé, la parité.

Elle nous fait partager cet engagement, de la première idée des quotas aux municipales qui lui sera retoqué par un Conseil Constitutionnel qui décrit les femmes comme une simple « catégorie » de citoyen. La majeure partie du livre évoque ensuite l'Observatoire de la parité auquel elle participe sous le gouvernement Juppé. Au sein de cette organisme, elle nous convie avec elle aux auditions des différents spécialistes (historiens, juristes, philosophes, hommes et femmes politiques, journalistes, constitutionnalistes) afin d'évaluer l'intérêt et la faisabilité de cette parité. Gisèle Halimi est une passionnée, une femme convaincue de la justesse de ses combats. Elle passe de fait plus de temps à détailler la pensée de ceux qui vont dans le sens de cette évolution de l'histoire, mais elle n'élude pas complètement les réticences de certains, plus particulièrement les constitutionnalistes et… certaines femmes politiques ou journalistes elles-mêmes, sans doute surprises et déçues qu'il faille en passer par une modification de la constitution pour permettre à des femmes de s'imposer face aux hommes. Par les différentes interventions, le livre démontre la force de ce patriarcat, renforcé par une Révolution Française qui aura surtout servi à placer de nouveaux hommes aux manettes, et aura finalement enlevé du pouvoir aux femmes qui étaient beaucoup plus influentes dans la noblesse qu'elles ne le furent dans les débuts de la République (rappelons que le vote des femmes n'a été autorisé qu'en 1945…).

Remarque tout de même, on se dit qu'en moins de 30 ans le propos de Gisèle Halimi a beaucoup vieilli… sur la question du genre. Elle énonce l'évidence que les genres sont deux, que l'humanité ne se conçoit qu'à travers les deux sexes qui constituent la condition de sa perpétuation. Elle serait systématiquement contredite aujourd'hui par les militants LGBTQ+ qui pointeraient son binarisme face à cette question. Il est assez intéressant de voir que c'est cette affirmation du binarisme qui est l'arme principale pour justifier le combat de la parité, et que sans lui ce combat féministe n'aurait sans doute pas abouti. Les militants d'aujourd'hui reprochent parfois à certaines féministes de refuser l'ouverture des droits à toutes les minorités sexuelles, mais ils semblent oublier que ces mêmes droits ont été conquis très récemment, et que l'argument que les femmes constituent la moitié de l'humanité a finalement été le plus pertinent pour faire reconnaitre l'évidence que cette moitié ne pouvait être plus longtemps totalement écartée des lieux du pouvoir.

Finalement, on se félicite de voir aujourd'hui que le combat de Gisèle Halimi aura porté des fruits productifs. En effet, alors que 10% à peine des femmes constituaient le Parlement élu au moment de la parution du livre, elles sont aujourd'hui 40 %. Les différentes évolutions constitutionnelles (1999) ou législatives (2000 puis 2013) ont permis que le chemin vers la parité soit clairement amorcé, même s'il n'est pas totalement gagné. Et les militantes d'aujourd'hui, plutôt que de critiquer un manque d'ouverture des féministes les plus anciennes, devraient s'inspirer de leur force de caractère, elles qui n'avaient presque rien comme droits quand elles commencèrent leur lutte et qui parvinrent à renverser l'ordre établi.
Commenter  J’apprécie          709
Gisèle Halimi, tellement puissante, tellement intelligente, tétue, forte, en colère; tellement brillante qu'elle en devient brûlante.
J'ai aimé découvrir sa vie politique, ses échanges avec les femmes et hommes politiques, leur vécu, notre histoire. Comment, avec d'autres, mais beaucoup trop seule, elle a mené le combat de la parité et les défis légaux et sociaux qu'il soulevait.
Le livre évoque plusieurs années mais surtout l'année 1997 à la fin de laquelle il a été publié. Il faut parfois des efforts de mémoire pour retrouver le contexte de l'époque.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Vous vous entêtez, vous vous révoltez ? Autre réponse, plus commune, plus simpliste : "Si vous n'êtes pas élues, c'est de votre faute. Les femmes n'aiment pas la politique, elles sont de mauvaises candidates [qui perdent les circonscriptions-pour-hommes], elles ne votent que pour les hommes, etc." On connaît.
Commenter  J’apprécie          170
Déjà, en 1795, les clubs féminins ont été fermés par décision de la Convention. Les femmes sont interdites de parole, de manifestation dans les rues, renvoyées dans leur foyer. Elles ne peuvent plus assister aux assemblées politiques (et sont obligées de se déguiser en hommes pour y entrer), ni même porter la cocarde masculine, qui doit rester "une institution respectable".
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Gisèle Halimi (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gisèle Halimi
C à vous https://bit.ly/CaVousReplay C à vous la suite https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite
— Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa —
Et retrouvez-nous sur : | Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/ | Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/ | Twitter : https://twitter.com/CavousF5 | Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/
Au programme :
• Femmes puissantes : Anne Roumanoff nous confie qu'elle se sent de plus en plus féministe, Florence Foresti qui compare la cinquantaine à l'adolescence « mais avec une carte bleue », la championne Estelle Mossely qui veut mettre KO les clichés de la boxe féminine, l'hommage de Géraldine Nakache à Gisèle Halimi ou encore le combat d'Andréa Bescond contre les violences faites aux enfants. • Histoires de famille : Les parents sont souvent ceux que les artistes n'oublient jamais de remercier, ce fut le cas de Rachida Brakni en 2002 lorsqu'elle a été sacrée meilleur espoir féminin aux César. Dans son premier roman intitulé « Kaddour », elle s'adresse à son père disparu en 2020 et elle dresse son portrait, celui d'un déraciné.
+ Lire la suite
autres livres classés : féminismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
565 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}