Tout commence par la description du vol circulaire d'un vautour qui guette sa proie. Puis notre regard de lecteur, est progressivement invité à se poser sur le corps nu d'un homme, abandonné dans le désert. Une introduction très cinématographique pour débuter la nouvelle «
Une vengeance...» - celle qui introduit le recueil de trois nouvelles intitulé «
Légendes d'automne » de
Jim Harrison.
Comme son nom l'indique tout débute par un récit de vengeance. Cochran est laissé pour mort en plein désert, pour avoir noué une liaison avec la femme de Tibey, baron de la drogue mexicain. Une fois sauvé et remis de ses blessures, il partira en quête du mari bafoué et tentera de retrouver son amante, qui fut défigurée sous ses yeux. Un récit assez linéaire digne d'un revenge movie, ou pointe une lueur de rédemption.
«
L'homme qui abandonna son nom » ou l'histoire de Nordstrom, un homme que la vie a comblé, maritalement et professionnellement, mais lorsque sa femme demande le divorce, il va vivre une crise existentielle au point de remettre en question tous les aspects de sa vie. L'amenant, notamment, à flirter avec la violence.
Des trois nouvelles il s'agit de celle qui est la plus emprunte du style de
Jim Harrison. Une thématique qui rappelle «
Nord-Michigan » pour son côté « crise de la quarantaine », ainsi que pour son style fait d'ellipses. L'auteur s'en amuse d'ailleurs en brisant le quatrième mur : « Nous revenons maintenant à notre point de départ et le récit devient chronologique, une illusion bien rassurante pour ces gens qui demeurent encore soumis aux notions du passé, du présent et du lendemain. »
J'avais sans doute encore trop en tête les éléments qui composent l'adaptation cinématographique de «
Légendes d'automne » - la nouvelle qui donne son nom au recueil-, pour l'apprécier pleinement. On en vient vite à jouer au jeu des comparaisons. Ce qui peut devenir lassant, et nous faire sentir spectateur plutôt qu'impliqué émotionnellement dans l'histoire. On retrouve la fratrie Ludlow qui part sur le front en 1914. Quand survient la mort du cadet, Samuel. Un drame qui va hanter Tristan, le plus impétueux des frères, pourtant promis à une vie sans histoire avec sa fiancée Susannah. Il va déchaîner durant son existence tout un cycle autodestructeur et les membres de sa famille en seront les victimes collatérales.
Il n'y a pas de doute, au fil des pages, nous rencontrons la quintessence du style et des thèmes chers à
Jim Harrison : un peu de nature writing, des individus qui questionnent leur place et les choix de vie qui s'offrent à eux. Et n'hésitant pas à jouir des plaisirs de la vie même si cela doit les mener à flirter avec la mort.
Un classique intemporel et indémodable. Probablement une des meilleures portes d'entrée pour le découvrir.