"Sommes-nous tous capables du pire?"
Voilà une des questions fondamentales que pose le génocide des Tutsis. Les témoignages recueillis par Hatzfeld nous montrent toute une population qui part massacrer ses voisins. On peut discuter des conditions et des causes (peut-être la misère, la surpopulation, la guerre?), mais quelles qu'elles soient, cette quasi unanimité reste terrifiante pour nous-mêmes. Sommes-nous certains qu'il ne peut pas exister des conditions qui nous feraient chuter tout autant que la foule hutue? Sommes-nous vraiment différent d'elle? Certes, on est en Afrique, dans un tout petit pays, un des plus pauvres du monde, déchiré par les haines ancestrales. Certes... Mais l'autre génocide du 20e siècle, qui a fait bien plus de victimes, celui des Juifs, a eu lieu au coeur de l'Europe, en Allemagne, au sommet de la "civilisation"...
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Ce livre évoque les massacres et le génocide au Rwanda des Tutsi. Sa grande particularité et force c'est que l'auteur est allé rencontrer les tueurs (qui étaient de simples personnes du peuple) dans une prison et a écouté leurs témoignages.
C'est très particulier et franchement on est dans le dur quand on lit cet ouvrage, on est au coeur de ce qu'il se passait, sans filtres !!! L'organisation, la haine qui monte depuis des années, le déroulement des journées, le quotidien, la première fois, l'esprit de bandes et la pression groupale, les massacres à la machette, bébés coupés, lancés sur les murs, viols, vols, pillages tout y passe. Et il s'agissait de leurs voisins !!
Un livre important dans son évocation de ce qu'il s'est passé. Il y a plusieurs chapitres avec des parties d'analyse et d'autres de témoignages.
Un livre qui m'aura à coup sur marqué.
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Comme moi peut-être …
Comme moi peut-être vous regarderez de loin ce livre avec répulsion, appréhension.
Comme moi peut-être vous estimerez que vous saviez, que vous savez et qu'il n'y a nulle délectation, nulle compassion à en tirer.
Comme moi peut-être, dix fois vous interromprez sa lecture, pensant abandonner interrogations et investigations.
Si j'ai passé outre c'est dabord sur la foi du nom de l'auteur et de lectures précédentes. Et si j'ai persisté c'est que par le partage de son propre cheminement, de ses propres sentiments, l'auteur m'a permis de passer, comme lui de « l'hostilité à la curiosité ».
Pourtant ce livre, et c'est une prouesse dans le genre, ne génère que très peu de curiosité morbide, toujours un peu présente, il faut bien nous l'avouer (il suffit de troquer morbide pour … autre chose, et on est plongé dans le marais).
Pourtant l'effroi est bien là, de peu de descriptifs « consorts », introduit par quelques seuls mots et quelques chiffres. Et c'est d'autant plus « risquant » qu'ainsi on ne peut s'habituer ».
Non la curiosité est celle de l'humanité. A laquelle il ne faut pas nécessairement coller universalité. Ce qui n'interdit pas de comparer. Sur ce chemin de la curiosité, Jean Hatsfeld , nous accompagne vers la complexité, vers la sensibilité ou derrière la réponse à une question on trouve une autre question sur la sincérité , sur la possibilité de cette histoire, sur les possibilités des suites à cette histoire.
Alors oui, ce travail est essentiel pour notre travail à comprendre l'homme. Et sans certitudes et généralités, c'est mieux d'y penser que de l'ignorer.
Ce livre est essentiellement un recueil de témoignages édités. Et il est excellent à nous montrer ce qu'est le travail d'édition. Mais pas seulement : quelques chapitres, plus nombreux à la fin, sont les interrogations de l'auteur. Et ce partage nous élève, nous guide sur le chemin de nos propres interrogations, qui il faut bien l'avouer sont dabord « brouhaha » et sur lesquels les brumes des marais finissent un peu par s'estomper.
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Jean Haltzfeld fait parler les acteurs hutus du génocide du Rwanda en 1994. Durant 33 jours, 50 000 tutsis , sur une population d.environ 59 000, ont été massacres à la machette, tout les jours de la semaine, par de miliciens et voisins hutus.
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