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EAN : 9782747515733
288 pages
Editions L'Harmattan (01/11/2003)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Dossier

Jacqueline Heinen : Introduction

Sylvie Cadolle : Charges éducatives et rôle central des femmes dans les familles recomposées

Marie-Dominique de Suremain : Crise de la paternité et violences urbaines en Colombie

Bui Thi Thanh Thao : Familles et soins en milieu hospitalier vietnamien

Isabelle Rigoni : Migration et mutation des rapports familiaux. Le cas des femmes originaires de Turqui... >Voir plus
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Nouvelles configurations familiales et maintien de l'assignation des femmes au travail domestique

En introduction, Jacqueline Heinen aborde, entre autres, les nouvelles configurations familiales, la dissociation des termes de la parenté et de la filiation, le « principe de la primauté, voir de l'exclusivité des liens avec le père et la mère ». Elle rappelle que la paternité a « toujours été un acte social ».

L'éclatement de la cellule familiale étroite donne une importance plus grande « au désir d'enfant » et « à la dimension élective des rapports adultes-enfants » et souligne les contradictions imprégnant le droit de la famille dans la plupart des pays occidentaux.

Si de nombreuses recherches sont effectuées autour de la « pluriparentalité », il n'en est pas de même sur « les déplacements induits par les nouvelles configurations familiales en termes de rapport sociaux de sexe ». Et c'est donc cette dimension qui est traité dans ce Cahiers du Genre, à travers diverses configurations familiales dans quelques régions du monde.

Contrairement aux réactionnaires (dont les participant-e-s, religieux ou non, à la mal-nommée Manif pour tous, revendiquant ouvertement l'inégalité des droits entre couples et individu-e-s) qui fonde en « nature » et en « éternité » la construction sociale qu'est la famille, niant de fait ses modalités historiques, la famille a été et est une « réalité mouvante ». La référence à une famille nucléaire comme cellule sociale de base universelle et atemporelle est une vision fantasmatique ou mythique. Il convient donc de sortir des cadres de pensées ethnocentrés et prendre en compte combien la « tradition » varie en fonction du contexte historique, géographique, socio-politique…

Il faut donc d'étudier les relations, nécessairement variables, les conflits, les tensions, entre individu-e-s inclu-e-s dans ces organisations nommées « famille ».

Jacqueline Heinen analyse les bouleversements intervenus dans les rapports familiaux depuis les années 70, l'histoire et le geste d'adopter, les liens sociaux tissés entre adulte(s) et enfant(s). Elle parle du poids des rapports sociaux de sexe, de la « sphère domestique », de la division du travail, de l'assignation des femmes aux tâches dites domestiques (tâches répétitives, fastidieuses et sans fin), de cette « répartition » des « activités ménagères » restant « traditionnelle », des statuts distincts de « père » et de « mère », de l'« asymétrie » des places des unes et des autres, des renégociations des statuts et des rôles des femmes au sein des familles dans certains contextes et… dans les recompositions familiales de l'alourdissement de la charge éducative et domestiques pour les femmes…

Je n'aborde que quelques éléments analysés dans certains textes.

Sylvie Cadolle analyse les charges éducatives qui pèsent sur les femmes dans les familles recomposées, la faible expérimentation de « parentalité novatrice », les attributions (très majoritairement négociées) de la résidence des enfants… aux femmes, la dégradation économique de la grande majorité des mères après le divorce, la recherche des hommes pour maintenir un pouvoir sur la mère (voir par exemple, Pierre-Guillaume Prigent : Les mécanismes de la violence masculine contre les mères séparées et leurs enfants). Elle instiste sur le divorce comme « une étape dans leur autonomie vis-à-vis des hommes ».

Familles recomposées, pères séparés n'assurant « ni suivi, ni surveillance », hommes « permissifs et indulgents », voulant « d'abord se faire plaisir », pères agissant « comme des enfants », « beau-père» en abstention et « à la belle-mère un rôle impossible de mère idéale »… le tout entrainant une « gestion ménagère alourdie » pour les femmes. Sans oublier que les uns et les autres trouvent normales « la patience et la disponibilité » déployées par ces femmes.

Colombie, explosion urbaine et violences, près d'un « chef de ménage sur deux est une femme » entrainant « une expansion du rôle social des femmes ». Marie-Dominique de Suremain souligne l'absence de l'Etat, le report des tâches sur les femmes, « les faisant passer progressivement de l'invisibilité à la surcharge chronique ». Elle analyse les « besoins pratiques sexués », le déplacement de « l'effort social » des hommes vers les femmes, et ce que les hommes, dans leurs rapports aux enfants, « considèrent comme un manque ». Elle revient sur les mythes et réalité de la paternité, le peu de préparation des garçons à « se montrer responsable », les tensions et les ruptures familiales, la résistance masculine aux changements et les réactions des femmes aux formes de violence « découlant de l'incapacité des hommes à s'adapter à de nouveaux rôles ». L'auteure insiste sur les effets de la socialisation masculine, l'enrôlement dans les bandes, la « fascination de la mort et du pouvoir armé » (dimension, qui pourrait être reprise je pense, pour expliquer des choix de djihadistes), les conséquences des processus d'exclusion, ou la banalisation de la mort…

J'ai été notamment intéressé par l'article de Bui Thi Thanh Thao sur les soins et la place de la « famille », la division du travail particulière, « le travail habituellement effectué par les aides soignantes en France est donc assuré en grande partie ici par la famille, avec ponctuellement l'aide des femmes ou hommes de ménage qui assurent l'hygiène et le nettoyage des locaux, les tâches « ménagères ». »

Réduction des budgets des hôpitaux publics, pénurie de personnel dont des infirmières, salariat et division sexuelle du travail, disponibilité de l'« entourage », rapports socialement construits des corps et de l'intimité.

Je souligne aussi l'article sur l'impact des migrations, les mutations des rapports familiaux, cas des femmes originaires de Turquie, « le fait de gagner leur vie bouleverse les normes traditionnelles selon lesquelles la femme, à la campagne, était considérée surtout, comme une aide à disposition du mari ou de la famille. En tant qu'immigrées, les femmes prennent conscience de leur capacité à travailler et à vivre de façon autonome », les effets différenciés sur les mères et sur leurs filles, les conséquences de l'accès « égalitaire au système de soins », la « renégociation des rôles »…

Heini Martiskainen de Koenigswarter analyse l'impact de la personnalisation des prestations (sans oublier l'imposition personnelle des conjoint-e-s) et des congés parentaux en Finlande, la construction sociale des rôles maternel et paternel, les effets des modes de garde des enfants en âge préscolaire, les congés de naissance, les modèles familiaux et les « mères fatiguées »…

Les autres articles, non abordés ici, permettent d'élargir le champ de réflexion, de réfléchir sur le « coeur dur » des rapports sociaux de sexe, du système de genre, (encore ?) peu « affecté » par les modifications de configuration de l'association « conjugale » de personnes.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le fait de gagner leur vie bouleverse les normes traditionnelles selon lesquelles la femme, à la campagne, était considérée surtout, comme une aide à disposition du mari ou de la famille. En tant qu’immigrées, les femmes prennent conscience de leur capacité à travailler et à vivre de façon autonome
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Le travail habituellement effectué par les aides soignantes en France est donc assuré en grande partie ici par la famille, avec ponctuellement l’aide des femmes ou hommes de ménage qui assurent l’hygiène et le nettoyage des locaux, les tâches « ménagères
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