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Stéphane Perger (Illustrateur)
EAN : 9781091146006
Dystopia (01/11/2012)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Sommaire :

Septième exode
Il y vient aussi des ombres, que la nuit dissipera
Si ce n'est pas Byzance...
Nous détruirons votre monde morbide
Confessions
Analyse de cas psychogéographique : origines hypothétiques du fantôme de la Caverne de Phil - Missoula, MT.
Au sud de la frontière
De la cécité
Matamua : il y eut une fois
Le Dit du doigt second
Une vie ordinaire - Etats intermédiair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Yirminadingrad.
Cité post-industrielle perdue entre ailleurs et nulle part. Une guerre est passée par là, nous dit-on. Parmi les décombres errent des fantômes, des épaves, les rêves brisés de ceux qui restent. Ici on deale des cauchemars comme ailleurs de la dope. On y élève même des enfants.
Aux manettes de Yirminadingrad, les auteurs Léo Henry et Jacques Mucchielli revisitent le mythe de la révolution. Flanqués de l'illustrateur Stéphane Perger, ils bombent le monde en noir glauque et rouge lacrymo, fouaillent la langue, affûtent les mots et nous délivrent, dans un grand matraquage de l'oeil et de l'esprit, la mémoire de la ville déchue.
Voilà plus de trois ans maintenant qu'ils sillonnent la ville et sa périphérie à la rencontre des survivants et recueillent leurs histoires, leurs pensés, leurs délires, leurs révoltes…
A l'occasion de la parution de Tadjélé, troisième tome des chroniques Yirminites, Léo nous parle de Yirminadingrad et de ses innombrables vies, réelles ou imaginées.

L'interview de Léo Henry, c'est par ici : http://moshituc.wordpress.com/2013/11/17/tadjele-intw-de-leo-henry-parue-dans-le-elegy-n-75/
Lien : http://moshituc.wordpress.co..
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Tadjélé, Récits d'exil


Après Yama Loka Terminus (Dystopia 2008) et Bara Yogoï (Dystopia 2010) Jacques Mucchielli et Léo Henry revenaient en 2012 à Yrminadingrad et invitaient pour l'occasion Laurent Kloetzer.

Dans cette ville industriel post-soviétique,( un mélange entre Sarajevo et Istanbul ) rongée par les conflits et la pollution, se débattent fantômes et survivants. Les deux premiers recueils s'intéressaient au coeur de la ville, à ses entrailles, puis à ses ramifications. Tadjélé, nous conte les récits des exilés qui ont dû quitter la ville. Des réfugiés déracinés de la diaspora Yrminnite qui désormais peuplent le monde. Les 19 nouvelles sont d'une densités littéraires incroyables, et il serait vain de toutes les résumer. En revanche, lire Tadjélé a été une véritable expérience.
La suite de la chronique sur le blog
Lien : https://diasporagalactique.w..
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Dans l'exil, Yirminadingrad brille davantage encore, étoile secrète d'un monde tardif et agité.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/03/01/note-de-lecture-tadjele-recits-dexil-leo-henry-jacques-mucchielli-laurent-kloetzer-stephane-perger/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ils sont venus me chercher au bout de dix-neuf jours. Le deuil des Malaikas se déroule en privé, on pleure chez soi, sans témoin. Mais l’appel à la vengeance se fait toujours en public. Les hommes de Maalik ont pris possession d’un bar à touristes en centre-ville et en ont délogé la clientèle. Dehors, un escadron de police veille à ce que la cérémonie ne soit pas interrompue, à ce qu’elle ne déborde pas dans la rue. Des dizaines de Yirmizenès sont massés devant le débit de boissons, tendus, en colère.
À l’intérieur, Maalik, couvert de crasse, les cheveux poisseux, les yeux rougis, se tient torse nu au centre de la salle, buvant à grandes goulées. Ses lieutenants et deux phalanges de sept hommes l’entourent, déjà ivres, à chanter pour le mort : pleurs sur sa vie perdue et clameurs de revanche. Dehors, on joue de l’épaule pour apercevoir ce qui se passe à travers la vitrine.
La première chose qu’ils brisent, c’est le grand miroir derrière le zinc ; Mehmet balance un tabouret en travers et le reflet des Malaikas éclate ; une clameur monte de la rue. La foule hurle le nom du défunt pendant que les hommes de Maalik détruisent méthodiquement bouteilles et verres, tables et chaises, arrachent les éclairages des plafonds, lacèrent les murs tendus de toile à coups de tessons. Je suis sur le chemin et on me déplace, on me jette dans un coin comme si j’étais un élément du mobilier. La décharge électrique qui naît à mon flanc et remonte jusqu’à mon épaule me signale que j’ai au moins une côte cassée. Et une putain de trouille.
Au milieu du chaos, immobile, Maalik pleure.
Je rampe.
Puis, chacun leur tour, ses fidèles se tournent vers lui et le frappent au visage. Il vacille sous les coups, ses traits se déforment d’ecchymoses, le sang se mêle à la morve, goutte de son menton. Il reste debout.
Maalik : « Nous sommes faits de lumière », hurle-t-il. « Maudits soient ceux qui face à la vérité détournent le visage ! Nous sommes les fils de Yirmi, nous n’acceptons la loi d’aucun homme, d’aucun dieu. Notre seule loi est la vérité, notre seule loi est la vengeance ! »
Dehors, on se bat avec la police et il est temps de tirer sa révérence. Parce que, alors que ce rituel terrible touche à sa fin, alors qu’on glisse un long couteau recourbé dans chacune des paumes de Maalik et que les premiers effluves de gaz lacrymogène fleurissent au ras des pavés, je vois quelque chose que je n’aurais jamais pensé voir, quelque chose qui me colle une frousse écœurante à m’en décoller la plèvre, à me donner des envies de sobriété.
Le putain de sourire de Maalik. (« Si ce n’est pas Byzance… »)
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Au travail, c’était le chaos. J’avais été chargé de vendre le plus de créances titrisées possibles alors que j’avais été engagé pour en monter. La pression du Board était énorme, on parlait de licenciements, on se murmurait le nom des filiales qui seraient vendues les premières. Tout le monde avait une histoire à raconter sur le type du bureau d’en face qui se préparait à rejoindre la concurrence, le collègue qui spéculait à son compte sur l’effondrement des produits financiers adossés aux crédits immobiliers à risques. Les apôtres de la scientificité des opérations de marché, comme les adeptes du « tao du pognon » qui considéraient notre travail comme une pratique martiale, une sorte de jiu-jitsu financier, étaient sans mot. Le réalisme comme la mystique échouaient à saisir ce qui se passait. Personne ne pouvait imaginer ce qui allait nous arriver finalement mais, déjà, nous vivions dans la peur. Alison essayait de me rassurer en vain, quant à Veronika, elle se moquait de moi, elle répétait que notre monde disparaitrait bientôt aussi sûrement que le sien avait été réduit en cendres. Je n’aimais pas ce côté de Veronika, son mépris pour ce que je faisais, pour l’Amérique. Nous avons cessé d’en parler. (« Confessions »)
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Dans la maison nombre d’objets persistent. Des tableaux à l’huile peints à grosses touches, des machines entêtées. Des photos couleur dans des sous-verres décoratifs, des cadres brodés, souvenirs au point de croix, motifs de poissons surtout, et de lettrines ornées. Les rideaux sont en tissu lourd, empesés, ils tombent sur le jour. La table en aggloméré laminé formica, les couverts en acier inoxydable et plastique mâchonné. Le dernier verre en pyrex utilisé est opaque à force de calcaire et de vaisselles. On croirait le mobilier assoupi ; il grince pourtant. Chaque jour, les outils remplissent leur tâche entre des mains usées. Elle les a douces au-dedans, polies par l’usage. On les sait froissées au verso, chiffonnées, tavelées comme des cartes sur parchemin. Parfois elle prend l’éponge humide, celle qui n’a pas de grattoir, qui pue le croupi et la fibre noyée et, d’un coin, elle fait briller les facettes, elle abolit les dépôts. Ses doigts sont des grues, alors, de formidables engins de chantier à la précision émouvante. On voudrait évoquer des mains roses, blanches aux ongles brillants, ses mains d’avant la vieille, mais ce serait biaiser. Ce serait choisir de ne garder qu’un profil, occulter la paupière assombrie qui palpite sur l’œil gauche. Elle est vieille, assurément, on ne peut pas le nier. (« Il y vient aussi des ombres, que la nuit dissipera »)
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Quand Svetlana Pehlivan a poignardé Djokar Oumarov à l’épaule parce que le combattant avait cru que son visage dévasté en ferait une fille facile, que partager une bouteille de vodka lui donnait des droits sur elle, tout le monde a compris qu’il fallait partir. Mais Stefan Pehlivan, lui, a décidé de rester, de se battre aux côtés des Tchétchènes rouges. Kiril Pehlivan a essayé de le raisonner, lui a dit « Petit frère, ce n’est pas notre combat, tu dois penser à tes compatriotes qui ont besoin de toi pour continuer à fuir, à tes soeurs qui comptent sur toi pour les guider quelque part où il n’y a pas la guerre. » Mais Stefan Pehlivan lui a répondu que la guerre était partout ou que, du moins, il ne pourrait plus jamais penser que la paix existe, que cette partie de son cerveau qui reconnaissait la quiétude des espaces et des temps où l’on ne va pas être exterminé était morte. « Mais, a dit Kiril Pehlivan, alors au moins bats-toi aux côtés de ton peuple, les Adiniens. Nous avons plus besoin de toi que ces étrangers. » « Notre peuple n’est plus, a répondu Stefan Pehlivan, ou plutôt notre peuple c’est celui de ceux qui se battent malgré tout pour ne pas disparaître, qu’ils soient Adiniens, Mycrøniens, Tchétchènes ou Ibürs. Servir mon peuple, grand frère, c’est choisir mon camp. » (« Septième exode »)
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Mais il y avait aussi, et surtout, cette ferveur croissante propre aux grands déchaînements de violence. La mystique du crime florissait dans toutes les classes de la population, donnant à cette querelle de gangsters une dimension biblique. On voyait à nouveau se manifester Jesús Malverde, le narcosaint, qui apparaissait au plus fort des fusillades pour recevoir dans la nuque la balle destinée au bandit sous sa protection. Fuyant une scène de représailles, un autre se faisait arracher dans les airs par le militaire ailé Juan Soldado, protecteur des condamnés innocents. Mais la figure qui revenait le plus souvent dans les récits des témoins était celle de Santa Muerte, femme squelette au manteau de Vierge, Sainte Mère des Derniers Jours, prévenant les guetteurs de l’imminence d’un assaut, favorisant une esquive dans la tourmente et protégeant de toute mort violente par son souffle brûlant et le cliquetis de ses doigts d’os. Médailles et images s’arrachaient dans les cités du Nord, on taillait des ex-voto, brûlait de l’encens et priait devant des tas de feuilles de coca, de douilles, de fleurs d’agave séchées. Le sang appelait le sang, la violence engendrait les cauchemars, pain quotidien de ceux dont le destin était de vivre des interstices et de sombres négoces. (« Au sud de la frontière »)
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L'or bleu
Entre épisodes de sécheresse, pollutions diverses et usages incontrôlés, l'eau devient un enjeu mondial majeur et les luttes à son propos se multiplient. de nouveaux procédés techniques voient le jour tandis que l'on accorde des droits aux fleuves. La solution sera-t-elle technique ou juridique ? Que nous disent les récits fictionnels de sociétés durables ? Quelles pistes pour gérer et partager l'eau de façon juste et équitable ?
Moderateur : Antoine Mottier Intervenants : Gwen de Bonneval, Léo Henry, Pascal Peu, Éric Sauquet
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