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EAN : 9791022611176
304 pages
Editions Métailié (04/03/2021)
3.83/5   15 notes
Résumé :
Trois générations de femmes, une guérilla populaire, des forêts reculées. Elle a survécu à la guerre, abandonné les armes, mais conservé le vertige, maintenant que sa lutte est de protéger ses filles dans une après-guerre où la paix, la justice et la dignité sont plus que relatives.

Pas de noms propres, on est la mère ou la fille, de la première à la cinquième, ou la mère de la mère, ou la tante, ou celle qui… À travers ces femmes sans nom, avec une é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Du Salvador comme écrivain je ne connaissais que Horacio Moyà dont je raffole . Avec ce livre cette fois-ci la rencontre est avec une écrivaine et une histoire assez étrange à l'anonymat total sur les personnages,les lieux, les pays et les événements. Assez déstabilisant au départ pour la lectrice ou le lecteur , et pas toujours facile à suivre par la suite vu que l'auteure se déplace continuellement dans le temps et entre les personnages. L'emploie du « elle » qui désigne ici chacune des protagonistes féminines rend la lecture difficile car souvent au premier abord on n'arrive pas tout de suite à réaliser de laquelle il s'agit, la mère, l'une des filles, l'amie... ?
«  le Pays » où se déroule l'histoire émouvante de trois générations de femmes est sans doute le Salvador. le récit prend des embranchements en France, où Paris est cité. Et la lutte armée dont il est question je suppose est l'interminable guerre civile qui ravagea le pays de 1979 à 1992. Mais dans l'anonymat tout ces repères revêtent un caractère universel qui pourrait correspondre à n'importe quel pays d'Amérique du Sud.

A travers le destin de ces femmes anonymes, principales victimes de la guerre et de ses conséquences, Hernandez nous transmet la lutte émouvante d'une ex-guérilla mère célibataire de cinq filles. Dans l'après-guerre, essayer de se réadapter à la vie est une tâche difficile aussi bien pour elle que pour cette nouvelle génération qui née en pleine violence et ayant subit maintes privations se retrouve dans la misère, dans un monde sans repères. Nombre d'entre eux furent aussi recueillis pendant la guerre par des religieux et vendus aux occidentaux, dans des conditions peu orthodoxes. Il est ici question de l'une d'entre eux , l'aînée des cinq filles de l'ex-guérilla, née alors qu'elle n'avait que quinze ans, en plein combat, que cette dernière va aller retrouver en Europe .......Quand aux hommes, une majorité de prédateurs, et quelques bons gars qui peinent à aider et à protéger ces femmes livrées à leurs destins de victimes.

Le tour de force de Hernandez est de réussir un roman d'une profonde humanité, malgré le style distancié et austère employé avec l'anonymat. Ma première incursion dans l'univers d'une écrivaine atypique déjà primée dans son propre pays mais dont c'est le premier livre à être traduit, et dont j'aimerais énormément découvrir le reste de l'oeuvre publiée.

Un grand merci aux Éditions Metaillé et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre très intéressant.
#Defrichecoupebrule#NetGalleyFrance
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D'abord il y a "elle", ancienne combattante, ex-guerillera dans les montagnes d'un pays d'Amérique centrale. Rendue à la vie civile après des accords de paix et le passage par un camp de réinsertion, elle retrouve une vie "normale" de femme veuve dans un système patriarcal, dans un contexte post-guerre civile, dans des conditions économiques précaires, à la merci des hommes qui ne respectent pas les femmes, même celles qui se sont montrées aussi braves qu'eux à la guerre.
Il y a "elle" aussi, sa mère qui l'a regardée partir à la guerre avec son père adoré et ses frères, avec fierté, fatalisme et la peur de ne jamais les revoir. Il aura fallu longtemps, après la signature des accords de paix, pour qu'elle arrive enfin à croire que la guerre était bel et bien terminée, et que les accords n'étaient pas une ruse, un faux-semblant pour mieux écraser les perdants.
Il y a encore "elle", cinq fois, les filles de la guerillera. L'aînée, qui lui a été enlevée à la naissance, retrouvée au bout du monde 20 ans après ; la deuxième qui fait ce qu'on attend d'elle dans ce pays : se marier, faire le ménage et des enfants ; la troisième, qui se rêve médecin et s'inscrit à l'université en raclant le moindre centime dans les fonds de poche et de tiroir ; la quatrième, ingrate, qui se révolte parce que privée de tout à cause de sa soeur ; la cinquième, la plus jeune, qui n'a pas connu la guerre, qui danse et qui rit sa joie de vivre comme la petite fille qu'elle est.
Et il y a enfin toutes les autres "elle", tante, ex-camarade de combat, mère adoptive, membre d'association, tutrice à l'université, celle qui aide, qui accueille, conseille, tend la main, qui écoute, qui sauve.
Toutes ces "elles" sont anonymes, elles n'ont pas de prénom, aucun nom propre dans ces 300 pages, sauf celui de la ville de Paris. Des femmes anonymes, mais pas invisibles, pas insipides, pas passives, quoi qu'en pensent certains hommes. Elles se battent pour assurer le présent, se protègent pour construire l'avenir, se transmettent ou pas leur courage et leur ténacité. Elles ont fort à faire, tant les prédateurs sont nombreux, qui en veulent à leur argent, leur terre, leur corps, leur vie. Elles veulent être indépendantes, dignes, libres sans rien devoir à personne, sans négocier ni se soumettre, quitte à serrer les dents et la ceinture.
Cette anonymisation rend parfois la lecture un peu laborieuse, par moments on ne sait plus trop de qui on parle, mais elle fait toucher à l'universel au travers de ces destins particuliers. "Elle" ou une autre, c'est la même solidarité, la même lutte pour la famille, l'avenir.
Avec son écriture brute et puissante, sans pathos, "Défriche coupe brûle" est un bel hommage à ces femmes, combatives envers et contre tout.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Histoire de trois générations de femmes, dans un espace-temps dont les contours restent flous, exceptée l'évocation de Paris – même si l'on comprend facilement qu'il y est question du Salvador, et de la guerre civile qui y a éclaté entre 1979 et 1992 -, Défriche coupe brûle nous fait nous confronter à une narration tout aussi floue, du fait du mélange des temporalités, mais aussi du fait de l'imprécision complète existant entre les femmes évoquées, chacune étant la mère, la fille, la soeur… sans avoir une identité à part entière qui faciliterait leur reconnaissance, et donc la compréhension du récit. Est-ce une façon, non seulement d'insister sur le fait que cette histoire est celle, finalement, de toutes les femmes, donnant au roman un caractère fabuleux – au sens de fable -, bien que le récit des évènements soit tout sauf extraordinaire, mais plus encore de symboliser la place de la femme dans la société, qui n'est qu'une mère, une soeur parmi d'autres, et n'a aucune raison d'être identifiée autrement ?

Dans tous les cas, le roman nous conte les violences faites aux femmes, qu'elles soient d'ordre physique, moral, ou sociétal, avec beaucoup de force, de réalisme, d'empathie, et ce par un mélange paradoxal de descriptions de scènes de la vie quotidienne on ne peut plus communes – même lorsqu'il est question des rebelles cachés dans la montagne pendant la guerre, et dont l'une des femmes fera partie – et d'explorations fouillées des sentiments et sensations qui donnent corps et profondeur à chaque femme du récit. Violences subies, en temps de guerre comme en temps de paix, autant en lien avec leur féminité qu'avec leur maternité, violences qui peuvent, au travers des scènes quotidiennes racontées, paraître pour certaines, elles aussi, banales, comme faisant partie des meubles de la condition féminine. Violences qui font d'elles des êtres subalternes malgré la place centrale qu'elles occupent, et dans la société, et dans la famille, qu'elles ont parfois occupée aussi pendant la guerre. Et c'est ce qui, à mon sens, rend le propos si fort dans ce roman : les choses nous sont racontées dans leur plus parfaite banalité, ne les rendant qu'encore plus indignes et inacceptables.

Ces générations de femmes, que Claudia Hernandez choisit de nous conter, ce sont des combattantes, chacune à sa manière, en ce qu'elles refusent la condition qui leur est imposée, en ce qu'elles prennent, métaphoriquement ou non, les armes, pour reprendre leur juste place dans la société patriarcale qui veut les reléguer le plus bas possible. Ce sont des femmes qui se construisent sans l'homme, et qui de fait détonnent et scandalisent au sein de cette société patriarcale. Finalement, bien qu'elles n'aient pas d'identité à proprement parler au début du roman, elles la gagnent au fur et à mesure, en même temps que le lecteur parvient de plus en plus facilement à les distinguer comme des individus à part entière, grâce à ces postures de combattantes, envers et contre tout. Et c'est particulièrement réussi.

Je remercie les éditions Métailié et NetGalley pour cette nouvelle découverte.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Ce que j'ai ressenti:

« Quand elles ressortirent, son coeur battait très fort. »

Et moi, j'aimerai vous parler d'elles. Elles n'ont pas de noms. Elles sont mères, femmes, soeurs, tantes, filles…Elles sont meurtries, fortes et déterminées. Elles sont guerrières, étudiantes, tristes. Elles sont au foyer, reliées, absentes. Elles se démènent dans un monde d'hommes, toutes résistent. Elles transmettent, cuisinent, subissent. Et tour à tour, on entend leurs souvenirs, leurs espoirs, leurs projets d'avenir. Certaines connaîtront la guerre, d'autres l'après-guerre, mais le sentiment d'injustice reste sur leurs destins comme un mauvais karma. Elles et chacune d'elle prise dans la masse destructrice de cette société patriarcale qui les broie comme du grain. Qu'importe les sacrifices, les luttes ou les exploits qu'elles ont fait, elles ne seront jamais considérées. Mais elles ont un coeur qui bat très fort, à nous lecteur, de les entendre, ces battements…Pour Elles…

« le passé était un luxe que seuls pouvaient s'offrir ceux qui n'avaient pas été obligés de tirer. »

Trois générations de femmes vont se succéder dans ce roman, mais on ne connaîtra ni les noms ni les lieux de cette guerre. La guerre prend tous les possibles, les avenirs et les histoires. La guerre arrache tout sur son passage, mais quand il est temps de reconstruire c'est souvent, en défaveur du peuple qui a combattu ardemment. Les terres sont confisquées, redistribuées, morcelées, brûlées…Même en temps d'après-guerre, la violence sévit encore et la peur reste présente dans tous les esprits. Défriche Coupe Brûle, c'est comme son titre, des actions plus que des histoires romancées. Les noms et les lieux pourraient tout aussi bien être inter-changés que cela n'y changerai pas, c'est l'horreur et la douleur des gens que l'on reçoit à plein feu.

« La femme lui offre son aide sans condition. »

Toutefois, il y a un certain espoir à voir ces femmes se battre, pour leur avenir, leur famille, leurs terres. Et c'est ce qui m'aura touchée dans ce roman. Elles s'adaptent et veulent se créer un espoir, en prenant leurs vies en main, tout en restant unies jusqu'au bout. Elles sont femmes, mères, filles, tantes, soeurs, et ces mots veulent dire quelque chose dans leur coeur, malgré toute la brutalité du monde, elles ont une force en elles qui les maintient, ensemble. C'est un très beau premier roman que je vous recommande!


Ma note Plaisir de Lecture 9/10

Lien : https://fairystelphique.word..
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C'est peut-être bien le premier roman salvadorien que je lis. Petit pays d'Amérique centrale surtout connu pour la guerre civile qui l'a déchiré dans les années 80. Et c'est de cela dont il est question, ou plutôt, des années qui suivent cette guerre.
Il me faut commencer avec le parti-pris littéraire de l'autrice qui, dans ce livre, ne donne pas de nom à ses personnages, c'est toujours la femme, la première fille qui vit avec elle, la mère, la voisine, rien de plus précis. Aucun pour les lieux non plus, puisque c'est la capitale, le village qui a un nom de cheval, de fleur ou d'insecte. Cette façon de désincarner les personnages, de les anonymiser est assez déstabilisante pour le lecteur, elle le met à distance, rend l'expérience des personnages difficile à approcher. C'est peut-être ce que l'autrice cherche, montrer à quel point l'expérience de la guérilla (mot qui n'est jamais prononcé d'ailleurs, on ne parle que des combattants) met à part, coupe du reste de la société, et que toute réinsertion n'est finalement qu'illusoire, jamais complète, jamais achevée. Cela donne un livre aride, dur mais c'est un parti-pris qui sert le propos même si dans le dernier tiers du livre, avec l'augmentation du nombre de personnages et de générations, j'ai un peu fini par m'y perdre et par me lasser.

Mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier cette lecture. Une lecture dure, une lecture qui nous fait sentir à quel point l'empathie a ses limites. Comment croire que l'on peut comprendre ou partager ce que ressent une personne qui a fait la guerre, qui a tué et a vu tuer, depuis le confort de notre fauteuil de lecture au coin du feu ou, pire peut-être, du fond de notre lit où nous nous pelotonnons pour notre lecture du soir avant de nous endormir tranquillement sur nos deux oreilles ?
C'est un livre qui a ses faiblesses peut-être, mais un livre qui m'a fait réfléchir, qui m'a bousculée dans mes certitudes, certitudes d'être humain qui pense partager une sorte de destin commun avec les autres êtres humains qui peuplent cette terre, certitudes de lectrice aussi, de cette lectrice qui se gorge de littérature mondiale en se disant qu'elle comprendra un peu mieux les choses. N'est-ce pas un peu futile et condescendant ?
Cette femme sans nom qui se bat pour assurer son existence journalière et celle de ses filles, cette femme qui a ses démons et ses peines mais qui pourtant toujours reste droite, continue à me hanter plusieurs jours après que j'ai refermé ce livre. Ce n'est pas ce que l'on appelle habituellement de la grande littérature, mais Claudia Hernández fait un sacrément bon boulot pour décrire cette vie (et notamment, je n'en ai pas assez parlé, pour faire sentir ce que c'est que cette pauvreté toujours sur le fil du rasoir, où l'expression « chaque sou est un sou » est une maxime du quotidien, je n'ai jamais, je crois, vu la pauvreté ainsi décrite, et, couplée à la mise à distance du lecteur, cette description fut une sorte de petit choc intérieur pour moi), et donne un livre qui ébranle, qui fait vaciller, qui, et c'est surprenant, nous tend un miroir pour nous demander qui nous sommes face à ces femmes.
Je remercie mille fois les éditions Métailié pour m'avoir permis de lire ce livre via netgalley. Je n'ai pas trouvé dans ce livre ce que la quatrième de couverture me faisait espérer, mais j'y ai trouvé une lecture qui m'a emportée sur des chemins que je n'avais pas vus tracés sur une carte.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 avril 2021
Autour du retour à la vie civile d’une ex- guérillera, le premier roman réussi et poignant d’une écrivaine salvadorienne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle le lui avait demandé d'abord parce que toutes les mères demandent la même chose pour leurs enfants, mais, surtout, parce que c'était ce que demandait l'organisme qui leur versait une bourse tous les mois. Ils exigeaient la preuve que ses quatre filles poursuivaient leurs études, mais aussi qu'elles assistaient aux services religieux que l'église dont dépendait cette institution organisait toutes les semaines dans la communauté.
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S'ils restaient, ils devaient comprendre que les enfants du coin devaient être dérangés le moins possible parce que, indépendamment de ce qu'ils désiraient ou ce dont ils étaient capables, ils finiraient toujours par semer les champs cultivés par leurs parents et par surveiller le bétail à venir, si tant est qu'ils n'émigraient pas pour se retrouver à faire la cuisine, à peindre des bâtiments ou à s'occuper du jardin de gens qui ne leur poseraient jamais de questions sur les sciences sociales ou les groupes sanguins, si bien qu'il valait mieux ne pas non plus les embêter avec ça, ni les pousser à améliorer leur calligraphie.
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Les filles cuiraient le pain, feraient le mélange quotidien et prépareraient des mélanges pour les grandes occasions. Elles auraient des enfants et passeraient leur vie entière au village à s'occuper d'eux, à moins qu'elles se marient ou se mettent en ménage avec un des soldats de la caserne ou avec un policier. Il leur faudrait alors déménager s'ils étaient mutés et s'occuper des enfants dans les différents lieux de garnison, avant de retourner au village, si c'était possible.
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Le passé était un luxe que seuls pouvaient s’offrir ceux qui n’avaient pas été obligés de tirer.
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Il n’y avait pas moyen de lui faire entendre que ce que sa sœur avait, elle l’avait obtenu avec ses propres ressources. Elle avait trouvé les jours, les gens, la manière. Et inventé un moyen d’obtenir les choses sans mendier – le cauchemar de sa mère – et sans rien faire d’indigne non plus – ce qui aurait été le cauchemar du grand-père.
(p. 107, Chapitre 16).
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