L'occupation française en Allemagne, 1945-1949

Marcel Degliame : « Il existait à Constance une maternité tenue par des religieuses qui appartenaient à un ordre d’origine d’origine française et qui toutes parlaient parfaitement notre langue. C’est d’ailleurs elles qui avaient accueilli Geneviève de Gaulle à sa sortie du camp de concentration. Un jour arrive la mère supérieure qui demande à me voir. Je l’introduis dans mon bureau et elle me déclare, sur un ton passablement irrité : « Monsieur le Gouverneur... heu... voilà. Il se passe des choses absolument horribles dans notre ville de Constance. Il est né le dernier mois et dans notre seule maternité, 90 petits Indochinois, de père indochinois ! Monsieur le Gouverneur, et de mère allemande ! » Essayant de la calmer, je lui réponds : « Ma Mère, cela va être merveilleux ce mélange de races. Tous ces enfants vont être splendides... » Elle me coupe la parole : « Il n’y a pas que ça, Monsieur. Il y a les Sénégalais, les Marocains, qui sont de beaux hommes et qui font encore plus de ravages que les Indochinois ! » (Interview de Marcel Degliame, célèbre résistant français, gouverneur du district de Constance en 1945-1948, lui aussi témoin direct, rencontré, en novembre 1982, dans son village d’Indre-et-Loire par Marc Hillel)

Marcel Degliame : « Dans l’ordre de préférence des femmes allemandes — du moins dans la région de Constance — venaient d’abord nos soldats originaires des pays d’Indochine parce que, selon les femmes interrogées par nos enquêteurs « ils étaient extrêmement propres et soignés et leur fournissaient régulièrement des morceaux de savon ». Ensuite venaient les Tabor marocains. [...] Quand on les a renvoyés en France, nos services de sécurité ont arrêté, à la frontière à Kems, 50 ou 60 femmes allemandes qui se cachaient dans les fourgons pour suivre les Marocains. Et pas n’importe quelles femmes : l’épouse du docteur, celle du pharmacien, de l’épicier du village, etc. On a dû les refouler... Les Français et quelle que soit la couleur de leur peau étaient très appréciés des Allemandes, même s’ils n’avaient pas tellement de quoi leur offrir comme c’était le cas avec les Américains. Le charme français compensait l’absence de cadeaux, surtout dans le pays de Bade. » (Interview de Marcel Degliame, célèbre résistant français, ancien gouverneur du district de Constance en 1945-1948, lui aussi témoin direct, rencontré, en novembre 1982, dans son village d’Indre-et-Loire par Marc Hillel)

nous ne quitteront pas l,
Allemagne avant d,avoir
la certitude que les idées
démocratiques sont solidement ancrées dans le
peuple allemand.il faut compter trente a quarante
ans avant que les allemands puisse comprendre les avantages
d'une telle démocratie.
général pierre koenig
commandant en chef français en Allemagne
le 11 septembre 1946