Aki, jeune adolescente californienne, est une Nissei (seconde génération), née en Amérique de parents japonais et son monde s'est écroulé quand, après l'attaque de Pearl Harbor, les Etats-Unis ont décidé d'interner dans des camps tous les américains d'origine japonaise. Quand débute ce livre, en 1944, elle retrouve enfin l'espoir puisque ses parents et elle vont être libérés pour rejoindre sa grande soeur, Rose, qui s'est installée à Chicago quelques mois plus tôt. Hélas les retrouvailles tant attendues n'auront jamais lieu : à son arrivée à Chicago, la famille apprend le décès de Rose qui se serait suicidée en se jetant sous une rame de métro. Aki n'aura de cesse que de mener l'enquête pour découvrir la vérité.
J'ai bien aimé le début de ce roman qui décrit en quelques pages le cataclysme qui s'est abattu sur Aki et sa famille, forcés d'abandonner tous leurs biens et de passer de longues années dans un camp d'internement. On y découvre la relation entre les deux soeurs et quelques bribes de leur vie passée : Aki, la timide, hésitant entre enfance et adolescence, ne se sentant pas très jolie et en admiration devant son aînée, Rose, qui se fait des amis partout où elle passe, participe à tous les clubs et associations, y compris dans le camp et a réussi à faire partis des premiers heureux élus autorisés à quitter leur prison pour s'installer à Chicago, ville désignée par les autorités pour accueillir les japonais exilés. L'auteure décrit très bien le contexte historique et le choc brutal de l'arrivée à Chicago où la famille, en plus de débarquer sans ressources et sans travail dans un endroit totalement inconnu, apprend sans précautions aucunes que Rose est décédée.
Malheureusement j'ai ensuite trouvé que le roman trainait un peu en longueur et manquait cruellement de rythme. Toute la partie historique continue à être intéressante et a le grand mérite de mettre en lumière cette période peu connue (et peu reluisante) de l'histoire des Etats-Unis. L'auteure explique d'ailleurs dans la postface qu'elle a mené de nombreuses recherches et consulté beaucoup de documents de l'époque. Par contre, j'ai eu du mal à m'attacher aux différents personnages et aux rebondissements inventés par l'auteure, j'ai eu l'impression que les portraits qu'elle dresse de Aki et de ses amis étaient assez fades, manquant de profondeur et de réelle incarnation au point que j'ai souvent confondu tel ou tel personnage et été obligée de revenir en arrière pour m'y retrouver. J'ai aussi eu du mal à croire à l'intrigue policière avec cette toute jeune fille qui mène l'enquête face à l'inaction totale de la police, se trouve mêlée à des événements assez improbables et réussit à tisser petit à petit les fils des derniers jours de sa soeur. Autant le fait qu'elle soit la seule à se préoccuper de la mort subite d'une jeune fille japonaise dont tout le monde se fiche est bouleversant et frappant, autant j'ai eu du mal à croire que seule elle puisse ainsi résoudre l'énigme et se trouver face au danger. Autant le savoir, il ne faut de toute manière pas attendre trop de l'intrigue policière, racontée à un rythme très lent et sans réel rebondissement, ce qui fait que j'ai fini par trouver cette lecture un peu ennuyeuse malgré la richesse du contexte historique.
Au final
Ma soeur est morte à Chicago sera une lecture en demi-teinte pour moi : très intéressante sur le plan historique mais étrangement désincarnée malgré la dureté des événements évoqués. Et contrairement à ce que le titre et la 4e de couverture laissait croire ("élu parmi les meilleurs romans policiers du New York Times"... il ne faudrait pas exagérer !), pas du tout palpitant côté suspens et intrigue policière. A découvrir si vous êtes curieux de cette époque de l'histoire américano-japonaise !