Lettre ou ne pas Lettre

Woody Allen



Cher Woody Allen
Cher… ébral,
Cher… concision,
Oui, cher Woody Allen,

Je profite de votre passage en France, cher Woody Allen, pour vous écrire ce petit mot. Je mentirais si je vous disais que vous n’avez pas eu d’influence sur moi. En fait, depuis tout petit, je suis atteint d’un syndrome très grave, pas une woodyten’importe quoi, non, une woodyte aiguë : en effet, je rêve d’être vous.

On ne peut pas dire que je sois votre sosie, la ressemblance physique n’est pas sosissante.Mais quand j’avais cinq ans, j’ai vu Annie Hall pour la première fois, et je me suis tout de suite écrié : « Papa, maman, plus tard je veux être Woody Allen, je veux être névrosé, faire rire intelligemment, et me taperles plus belles femmes du monde. »
Mes parents se sont inquiétés et le lendemain, ils m’ont emmené voir un psy. Je me suis dit que j’étais déjà sur la bonne voie pour devenir Woody Allen.

Et j’ai vu toutes sortes de psys : des psys… lencieux, des psys… sauteuses, des psysmaman psys, maman psys tu voyais ma vie… Mais personne ne me prenait au sérieux. Alors je me suis mis à ressasser : « Et puis les psys c’est des incompétents, et puis les psys ils me comprendront jamais… et puis les psys… », j’en tremblais de partout, jefaisais une crise d’Et puis les psys… !

Alors j’ai décidé qu’en attendant la mort je devais me soigner par moi-même, en m’analysant de l’intérieur, bref, j’ai fait une autopsie.

J’ai eu beau essayer plein de traitements, le meilleur que j’aie trouvé c’est encore de regarder vos films.
Parce qu’un film de Woody Allen, ça fait du bien à l’âme, c’est du cinéma docteur. Dès qu’il m’arrive de replonger, je reprends un petit générique… Et si ça ne passe pas,je me tape toute la boîte… de DVD.

Je me suis peu à peu rendu compte que dans votre filmographie, on peut trouver un remède à chaque névrose.
Quand on a peur de l’armée, moi par exemple je ne supporte pas le kaki, ça me donne des crises de kakicardie, je regarde Guerre et Amour, et tout va mieux.
Quand on craint de finir prostitué, car personne n’est à l’abri d’une crise de tapindicite,il suffit de regarder Maudite Aphrodite.
Quand on veut éviter de finir alcoolique, il faut revoir Two Rhums with Love.
Si on est en mal d’amour, rien de tel que Tout le monde dit I Love You.
Et enfin, si on rêve de le faire à plusieurs… il faut se jeter sur Vicky Cristina Barcelona ! Et chaque fois ça marche, vos films sont des médicaments pour lesquels il n’y aura jamais prescription. Et d’ailleurs, faire autant de films, manifestement, ça conserve :ça doit être ça, un travail de longue Allen.

Bref, ça fait un bien fou de rire intelligemment de cette vie qui n’a pas vraiment de sens, mais qui vaut quand même le coup d’être vécue. Alors merci, cher Woody Allen,pour tous ces films merveilleux que vous nous offrez, merci, et soyez béni : « .. Allenlujah… Allenlujah… ..» !
Tendrement,
Michaël