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EAN : 9782251001630
363 pages
Les Belles Lettres (15/02/2003)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Louée depuis l'Antiquité la plus haute, l’Iliade, de même que l’Odyssée, n’a jamais cessé d’être chantée, apprise et commentée par des générations de lecteurs fervents. Chantés par les aèdes dans toutes les cours aristocratiques, les quelques 16000 vers de l’Iliade relatent cependant une période très brève des événements de la Guerre de Troie, la destruction de la cité de Priam, autour d’un personnage central, l’ombrageux Achille. Curieuse tradition que celle qui ch... >Voir plus
Que lire après Iliade, tome IV : Chants XIX-XXIVVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Vous êtes arrivés au dernier quart de l'Iliade ; il est grand temps pour vous de recevoir un petit coup de main d'Achille. Car depuis le début de l'épopée, vous en entendez parler mais vous ne le voyez pas à l'œuvre car il est fâché contre Agamemnon, le chef suprême des rois grecs fédérés contre Troie.

Ce chant XIX s'ouvre donc sur une réconciliation d'Achille et d'Agamemnon après la mort que l'on sait (dans les tomes précédents, ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage). Achille va enfin reprendre part aux combats et cette nouvelle galvanise le cœur des Grecs qui en avaient bien besoin, maltraités qu'il avaient étés par les coups féroces d'Hector, le chef de guerre des Troyens, fils du vieux roi Priam. Ce dernier observe les combats depuis les murs d'enceinte de sa ville.

Et c'est un Achille furieux qui s'engage dans la bataille : Attila, à côté, ce n'était pas grand-chose, tellement ça ferraille sec, tellement sa pique va loin et tellement les têtes troyennes tombent sous ses assauts. Zeus a décidé, maintenant que son petit protégé d'Achille est dans le coup, de ne plus prendre ouvertement parti pour les Troyens comme il le faisait auparavant. Il laisse même le choix à chaque divinité concernée de miser sur son poulain afin de lui assurer la vie sauve.

Bref, gros carnage signé Achille, tous les Troyens en déroute et qui courent se réfugier derrière les murs de protection d'Ilion (c'est un autre nom pour Troie et c'est, au demeurant, ce qui donne son titre à l'épopée). Mais c'est Hector qu'il veut accrocher à son tableau de chasse.

On a beau s'appeler Hector et avoir trucidé du Grec comme pas un, lorsqu'Achille se présente devant vous, ça vous fait un petit quelque chose tout de même et il n'en mène plus bien large le malheureux Hector. Je ne veux surtout pas vous retirer le plaisir de lire l'issue du combat qui s'annonce…

En outre, si le (ou les) rédacteur(s) de l'Iliade au fil des âges (baptisé(s) Homère pour faire simple) ont magnifié la figure d'Achille en cette fin d'ouvrage, ils se sont attachés à ternir volontairement celle de deux autres grands combattants héroïques grecs : les deux Ajax.

À ce titre, je vous recommande tout particulièrement le chant XXIII où l'on assiste à une sorte de banquet funéraire où tous les grands chefs grecs sont conviés par Achille pour recevoir le butin de qui vous savez (voir les tomes précédents) sous une forme quelque peu insolite de nos jours : des genres d'épreuves de jeux olympiques.

Et c'est au cours de ces épreuves que les deux Ajax sont mis minables par Homère. Ceci ne colle pas du tout avec ce qu'on a vu durant toute l'épopée. Alors il doit bien y avoir une raison. J'en suis venue à penser qu'en fait, le personnage même d'Ajax a très probablement été lui-même dédoublé, un peu comme une sorte de docteur Jekyll et Mister Hyde : Ajax le grand, fils de Telamon serait plutôt le docteur Jekyll et Ajax le petit, fils d'Oïlée serait une manière de Mister Hyde.

On sait que ces récits mythiques de l'Antiquité avaient aussi une valeur d'édification pour le peuple. Ils présentaient en termes clairs et abordables d'où l'on venait et comment les ancêtres s'étaient comportés et donc, comment il était bon de se comporter soi-même pour être un digne représentant de ce peuple.

Ajax, ou, pour reprendre le portrait bicéphale d'Homère, LES Ajax, représentent quelque chose qu'on pourrait de nos jours dénommer comme étant des mercenaires ou des condottieres dans l'Italie de la fin du Moyen Âge. Des rois bouffis d'orgueil et tellement sûrs d'eux-mêmes qu'ils en oubliaient la déférence aux dieux.

Une grande partie du cycle troyen dans lequel s'inscrivait l'Iliade d'abord, puis l'Odyssée, ensuite est désormais perdu (en gros, l'Iliade et l'Odyssée représentent deux pièces intercalées d'un puzzle qui devait en contenir au moins sept). C'est donc aux travers des tragédies grecques postérieures qu'on sait à peu près à quoi s'en tenir avec les Ajax.

Tout d'abord dans la pièce éponyme de Sophocle où l'on voit que le grand Ajax (le fils de Telamon), tellement orgueilleux et tellement égocentrique devient fou quand il apprend que ce n'est pas lui mais Ulysse qui hérite des armes divines d'Achille et il est alors prêt à se retourner contre des Grecs afin de les tuer tous.

C'est ensuite dans les tragédies d'Euripide qu'on apprend que l'autre Ajax, le fils d'Oïlée, n'a pas hésité à violer Cassandre, la fille de Priam, dans un temple dédié à Athéna. (Bon, petite précision, ce qui apparaissait comme scandaleux aux yeux des Grecs d'alors, ce n'était pas le viol en lui-même, somme toute assez banal, mais le fait qu'il se soit produit dans une enceinte sacrée : ça c'était très grave !)

Orgueil démesuré et impiété, comme si ces épisodes représentaient certains des " péchés capitaux " du monde et de la culture hellénistiques. Mais de ceci, ce sera à vous d'en juger par vous-même car cet avis, à lui tout seul, ne représente pas grand-chose.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Achille a reparu, qui avait depuis si longtemps quitté la bataille amère ! Deux serviteurs d'Arès viennent en boitant : le belliqueux fils de Tydée et le divin Ulysse ; ils vont, appuyés sur leur pique — car ils souffrent encore de cruelles blessures — s'asseoir au premier rang de l'assemblée. Le dernier qui vient, c'est le protecteur de son peuple, Agamemnon. Il est blessé : dans la mêlée brutale, Coon, fils d'Anténor, l'a touché de sa pique de bronze. Dès que les Achéens sont là, tous, assemblés, Achille aux pieds rapides se lève et leur dit :
« Atride, est-ce vraiment le bon parti que nous avons pris tous les deux, toi et moi, quand, dans notre déplaisir, nous nous sommes enflammés pour une querelle qui dévore les cœurs — au sujet d'une fille ! Ah ! celle-là, pourquoi donc Artémis ne l'a-t-elle pas tuée d'une flèche sur mes nefs, le jour où je l'ai prise en détruisant Lyrnesse ? Moins d'Achéens ainsi eussent mordu la terre immense sous les coups de nos ennemis, alors que ma colère me retenait loin d'eux. Tout le profit a été pour Hector et les Troyens, tandis que les Achéens se souviendront longtemps sans doute de la querelle qui nous a, toi et moi, divisés. Mais laissons le passé être le passé, quel que soit notre déplaisir, et, puisqu'il le faut, domptons notre cœur en notre poitrine. À mon courroux je mets fin aujourd'hui. »

Chant XIX.
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Il tire le glaive aigu suspendu à son flanc, le glaive grand et fort ; puis, se ramassant, il prend son élan, tel l'aigle de haut vol, qui s'en va vers la plaine, à travers les nues ténébreuses, pour ravir un tendre agneau ou un lièvre qui se terre ; tel s'élance Hector, agitant son glaive aigu. Achille aussi bondit ; son cœur se remplit d'une ardeur sauvage ; il couvre sa poitrine de son bel écu ouvragé ; sur son front oscille son casque étincelant à quatre bossettes, où voltige la crinière d'or splendide, qu'Héphæstos a fait tomber en masse autour du cimier. Comme l'étoile qui s'avance, entourée des autres étoiles, au plein cœur de la nuit, comme l'Étoile du soir, la plus belle qui ait sa place au firmament, ainsi luit la pique acérée qu'Achille brandit dans sa droite, méditant la perte du divin Hector et cherchant des yeux, sur sa belle chair, où elle offrira le moins de résistance. Tout le reste de son corps est protégé par ses armes de bronze, les belles armes dont il a dépouillé le puissant Patrocle, après l'avoir tué. Un seul point se laisse voir, celui où la clavicule sépare l'épaule du cou, de la gorge. C'est là que la vie se laisse détruire au plus vite, c'est là que le divin Achille pousse sa javeline contre Hector en pleine ardeur. La pointe va tout droit à travers le cou délicat. La lourde pique de bronze ne perce pas cependant la trachée : il peut ainsi répondre et dire quelques mots.

Chant XXII.
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Mais voici qu'Achille s'approche, pareil à Enyale, guerrier au casque bondissant. Sa pique en frêne du Pélion est là, qui vibre à son épaule droite, effrayante, et, tout autour de lui, le bronze resplendit, pareil à l'éclat du feu qui flamboie ou du soleil qui se lève. Dès qu'il le voit, la terreur prend Hector. Il n'a plus le cœur de rester où il est ; laissant derrière lui les portes, il part et prend la fuite ; et le fils de Pélée s'élance, sûr de ses pieds agiles. Ainsi dans les montagnes, le milan, rapide entre les oiseaux, d'un élan aisé, fond sur la palombe timide. Elle, se dérobe et fuit. Lui, avec des cris aigus, se rapproche, à bonds pressés : son cœur lui enjoint de la prendre. Ainsi, Achille, ardent, vole droit sur Hector, qui fuit, pris de peur, sous le rempart de Troie, et joue, rapide, des jarrets.

Chant XXII.
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Le divin Achille lève sa pique en bois du Pélion, et le héros Astéropée ses deux javelines ensemble — car il sait tirer des deux bras. L'une s'en va frapper le bouclier, mais sans le rompre : l'or, présent du dieu, l'arrête. L'autre touche et égratigne le coude du bras droit ; elle en fait gicler le sang noir, puis va, par-delà le héros, se planter dans le sol, malgré l'envie qui la possède de se repaître de sa chair. Achille, à son tour, sur Astéropée lâche sa pique au vol bien droit. Il brûle de le tuer. Mais il le manque et touche la haute falaise : c'est en pleine falaise qu'il a mis sa pique de frêne. Le Péléide alors tire l'épée aiguë qui pend le long de sa cuisse et bondit, furieux, sur Astéropée. Et celui-ci n'arrive pas à arracher de l'abrupte paroi, de sa forte main, la pique d'Achille ! Trois fois il l'a ébranlée, car il veut à tout prix l'en tirer ; et trois fois il a dû relâcher son effort. La quatrième fois, il voudrait en son cœur la ployer, la briser, cette pique de frêne du petit-fils d'Eaque ; mais Achille est déjà près de lui et, de son épée, lui arrache la vie. Il le frappe au ventre, à côté du nombril. Toutes ses entrailles s'épandent à terre ; l'ombre recouvre ses yeux d'agonisant.

Chant XXI.
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Vidéo de  Homère
HOMÈRE — L'idéal héroïque de l'Iliade selon Jean-Pierre Vernant (France Culture, 1981) L'émission des "Chemins de la connaissance", par Marie-France Rivière, diffusée le 9 janvier 1981 sur France Culture. Présence : Jean-Pierre Vernant.
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