le gourou de la vie atrophiée a encore frappé.
Nous n'avions pas très envie de lire du
Houellebecq car d'autres lectures nous attendaient mais la curiosité, ici vilain défaut, nous a poussé a feuilleter le livre numérique et entre deux manipulations poussives (nous étreignons une liseuse) quelques phrases ont surgi et voilà impossible de décrocher: nous voilà embringués dans les histoires de familles, de terrorisme et de considérations philosophiques plus ou moins cyniques ainsi qu'à un auteur à propension à parler crûment de fesses, un aspect certes plutôt séduisant.
Lire un
Houellebecq en début d'année c'est l'idéal, celle de 2023 n'en ira que mieux ce ne pourra pas être pire mais bon c'est un
Houellebecq en petite forme.
Au niveau du style c'est toujours bien il a fait la communale il écrit en bon français, son franc-parler fait mouche et ce qu'il a dire est rigoureusement et factuellement exact: c'est notre société telle qu'elle est et pour laquelle il n'a aucune sollicitude.
Quand au contenu réel il est un peu terne et nettement moins acide que d'habitude. La verve en pâtit. Ces fausses platitudes sont moins percutantes, ses chutes scabreuses moins nombreuses et plus policées et l'objet de la narration plus diffus.
On ne voit pas très bien où il veut en venir mais est-ce bien important ? Et on suit bravement.
le contenu c'est d'abord une « enquête » sur des vidéos de terroristes économiques dont on sait rien. Enquête du bout des lèvres juste par curiosité : du Connelly façon «chick lit» pour homme célibataire. On aime bien ce petit coté « grands espaces virtuels» policier. Une véritable chronique ou feuilleton qu'on suit et dont on attend le dénouement. du
Eugène Sue ou le carré mais en plus léger et plus geek.
Ensuite c'est une série des rêves/cauchemars de Paul qui ont certainement un sens (mais bon lequel?),véritables petits tableaux ou images d'Épinal en négatif qui en une page ou deux en disent beaucoup
Après c'est Paul qui suit l'affaire terroriste, la prochaine élection et surtout la santé de son père ancien de la DGSI frappé d'un AVC réduit à l'état de légume. C'est aussi ses déboires amoureux, sa libido au raz des pâquerettes, sa maladie et ses incessantes interrogations sur lui-même d'abord et ensuite sur Prudence sa femme avec qui il partage encore le frigo et surtout sur les autres, « petites boules de merde égotistes » ni plus ni moins.
On est en 2027 année qui est un chiffre premier,
Houellebecq s'intéresse aussi aux maths, aux horaires de trains celui du Belleville en beaujolais /Paris. C'est donc philosophiquement du
Onfray mâtiné de Villani
Analyse sociologique toujours pertinente: l'être humain, la société, le travail, le capitalisme libéral, la politique bref de tout Il nous a concocté un bon et cynique «feel good book », littérature dans laquelle il vaut mieux éviter de s‘identifier.
Sociologie de comptoir mais il n'est pas le seul a fréquenter les bars et c'est bien vu! Un peu de masculinisme pour ne pas dire de misogynie mais très très peu, un soupçon et ciblé, encore que ses mâles soient bien fatigués, Paul plus ou moins asexué par manque de pratique d'intérêt et de partenaire, Aurélien son frère castré par sa femme, son père un légume, Hervé le beauf(rère) au chômage, le ministre cocufié. Hum !
Houellebecq assoupi et pacifié (enfin presque)
Houellebecq acrimonieusement en berne et c'est dommage toutefois il parvient malgré tout à nous entraîner dans la désespérance
Houellebecq presque conciliant avec les cons Y'en faut et y'en a comme dirait Blier
Houellebecq en petite forme, pessimiste et socialement nauséeux
Houellebecq tristounet que nous avons eu du mal à suivre et à voir où il voulait en venir.
Houellebecq un humaniste qui s'ignore (presque)
Houellebecq anéanti!
Houellebecq brisé !
Houellebecq martyrisé !
mais
Houellebecq libéré !...