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sur 2816 notes
L'analyse froide d'un cadre informatique, dans la trentaine, sur les gens qui l'entourent.
Il est célibataire bien sûr, déconnecté, désabusé et surtout dépressif.
"J'ai si peu vécu que j'ai tendance à m'imaginer que je ne vais pas mourir ; il paraît invraisemblable qu'une vie humaine se réduire à si peu de chose ; on s'imagine malgré soi que quelque chose va, tôt ou tard, advenir. Profonde erreur. Une vie peu fort bien être à la fois vide et brève. Les journées s'écoulent pauvrement, sans laisser de trace ni de souvenir ; et puis, d'un seul coup, elles s'arrêtent."
Un voyage professionnel en province avec un collègue de travail, obsédé mais puceau, qu'il poussera au meurtre, lui permettra de nous faire part de son analyse du libéralisme et de la lutte qui lui est inhérente, mais qu'il élargira aux problématiques économiques ou sexuelles au gré de ses rencontres, comme une extension du domaine de la lutte.

J'ai hésité longtemps avant de me plonger dans un livre de Houellebecq, le personnage n'étant pas plus engageant que ça à mon goût.
Et pourtant j'ai aimé.
Nous sommes plongés dans le journal d'un dépressif qui analyse la société et les relations humaines avec un certain détachement. Si on prend un peu de recul, il y a du second degré qui rend l'analyse plutôt drôle, voire hilarante parfois.
J'adore le cynisme froid dont il fait preuve dans sa description des relations humaines, professionnelles et sexuelles.
Ce n'est pas si souvent qu'un dépressif nous fait rire...
C'est écrit dans un style qui ressemble à son auteur finalement, sans concession, avec un petit sourire au coin de la bouche, moqueur ou je-m'en-foutiste.
Un livre qui se lit d'une traite, d'autant qu'il est court et passionnant dans sa description du pessimisme dépressif.
No future !

D'autres avis sur d'autres lectures : https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Premier roman de Michel HOUELLEBECQ, Extension du domaine de la lutte raconte l'histoire d'un cadre moyen d'aujourd'hui dont l'humeur oscille entre la déprime face à une société de plus en plus déshumanisée et le détachement en réaction à cet état de fait. Narrateur pour l'occasion, il rapporte comment il perçoit la vie moderne, perpétuelle lutte pour l'acquisition ce l'argent, du plaisir et même de l'amour.

C'est ainsi que HOUELLEBECQ étend le domaine de la lutte des classes au domaine sexuel faisant ressentir à son personnage le fait que le modèle libéral a influencé tous les aspects de la vie humaine. Ainsi la sexualité elle-même est devenue un système hiérarchisé, à l'instar du modèle économique de notre société contemporaine.

Que l'on soit d'accord ou non avec la thèse défendue dans le roman, deux choses sont incontestables une fois la lecture d'Extension du domaine de la lutte achevée. C'est d'une part le fait que la prose de Michel HOUELLEBECQ est décidément très plaisante et de grande qualité ; c'est d'autre part le fait que les idées avancées sont parfaitement argumentées et donc recevables comme base de réflexion sur l'état de notre société. A ces deux seuls titres, cette lecture est totalement recommandable.
Lien : http://philemont.over-blog.n..
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encore une fois avec Michel j'ai eu l'impression d'entendre un ami me parler, se raconter. avec des faits simple on réfléchit on échange on prend de la hauteur par rapport aux faits. oui un quotidien professionnel et personnel, une dépression, l'interrogation que l'on a tous eu à ce moment où l'adolescence se termine, où l'on rentre dans la vie active et où l'on se demande ce que sera notre vie . que les détracteurs de Michel s'abstiennent de le lire et se taisent. c'est un artiste un Gainsbourg de la littérature avec toute sa sensibilité, sa dépression et son génie.

Ah attendez après avoir lu les critiques a une étoile de babelio et regarde leurs livres lus, je m'aperçois que sans exception ce ne sont pas des lecteurs de littérature difficile, je me permets donc de dire que pour 'comprendre' Michel il faut être aguerri aux lectures difficiles et savoir saisir le second degré.
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Ajoutons une 178è critique à ce livre qui n'en a certainement pas besoin... Lire le premier roman de Houellebecq en 2023, c'est surimposer une série d'images lors de la lecture, et qui viennent -justement (ou injustement)- perturber le ressenti du lecteur. Une de ces images est de considérer que le personnage principal est Michel Houellebecq. On peut se le dire au terme de 30 ans de bouquins de la même veine. Mais quand Extension du domaine de la lutte paraît, on a encore des doutes sur le fait que Houellebecq se met en scène via son roman.

30 ans, ce roman a 30 ans ou quasi. En 1994, il fait l'effet d'une mini-bombe. En 2023, il ne fait plus d'effet du tout. Je me suis d'ailleurs assez vite lassé des émois du personnage principal. Cela m'a paru factice et forcé. OK, il y a de chouettes passages (jusqu'aux 4/5 du livre, je reviendrai sur la fin dans un moment). On parle toujours de Houellebecq comme d'un technicien de la langue française. Il manie effectivement plutôt bien la langue. A l'écrit... car à l'oral... on a toujours l'impression qu'il s'ennuie ou est pris de boisson (les deux sans doute).

Il est des écrivains qui parlent avec passion de leurs livres ou des romans en général. Houellebecq, c'est l'inverse. Je le vois, et j'ai envie de jouer aux jeu vidéo.

Le sujet du roman... le spleen d'une génération de trentenaires... n'exagérons pas. C'est donner plus d'aura au livre qu'il n'en avait dans l'esprit de son auteur. le mal de vivre d'un asocial... sans doute. J'aime bien que la littérature m'élève (c'est sans doute prétentieux de ma part), j'ai envie de sortir d'une lecture grandi, grandi par le sujet, par la forme, grandi grâce à l'auteur. Ici, je n'ai pas l'impression de cela. Je me suis un peu senti souillé, sali par la pensée d'un auteur qui semble vouloir ramener tout le monde à sa propre petite personne mesquine et revancharde.

L'entame du roman est cynique, caustique. Je pourrais adhérer à la violence du propos à l'encontre des femmes UNIQUEMENT dans la mesure où on se trouve dans une fiction, l'auteur faisant parler un homme que l'on va tout de suite prendre en grippe... le hic, c'est que l'on va douter de la distance entre l'auteur et son personnage principal, entre le propos de l'auteur et la critique de la société, ou la critique du comportement, de la pensée, du personnage principal. Et la pensée du personnage principal semble finalement se confondre avec celle de l'auteur. 30 ans plus tard, le lecteur est fixé à mon avis.

Les 20 premières pages passées, un roman légèrement antérieur à celui de Houellebecq s'est imposé à moi. American Psycho. Surtout quand on est dans le passage où le personnage principal veut pousser son collègue au meurtre. Puis on passe à autre chose. le parallèle avec American Psycho me semble pouvoir être poursuivi: je n'adhère pas au propos violent et à la vision du personnage principal du roman américain, mais Brett Easton Ellis met de la distance entre ce personnage et lui, assez clairement.

Misère sexuelle, sociale, psychologique... la folie du personnage principal s'impose. Folie particulièrement floue et chaotique dans l'écriture des 20 dernières pages, fort pénibles en ce qui me concerne. Et si cette folie était celle du système capitaliste qui force ses particules (les "citoyens") à s'entrechoquer pour leur survie. On sait que pas mal d'auteurs essaient de faire une lecture économique des romans de Houellebecq. le sujet serait une critique du capitalisme... Marx doit déjà avoir dit tout cela fin du XIXè siècle.

Non, plus j'essaie d'analyser mon ressenti et ma lecture, moins je suis convaincu de ce que j'ai lu. Une chose est sûre, je me suis copieusement ennuyé pendant une bonne moitié d'un livre (dont la lecture m'a pris finalement fort longtemps, par rapport au nombre de pages), au moins autant que le personnage central du roman, pour lequel je n'éprouve aucune empathie ni compassion. le pire, finalement, au terme d'une lecture assez morose, c'est que je suis assez d'accord avec Houellebecq sur la misère sexuelle et sociale de la fin du siècle, dans une atmosphère à la fois débridée et pudibonde, des années post-SIDA.

Allez, Michel, j'ai le titre de ton prochain film X... Extention du domaine de la bi...
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Il me restait ce roman de Houellebecq à lire, son premier. le titre n'est pas très vendeur et le propos toujours aussi sombre que dans ses romans suivants.
Un homme de trente ans, pas très beau, informaticien, vivant seul, sans famille immédiate, pose un regard désabusé sur son entourage professionnel et sur ses concitoyens. Il habite et travaille à Paris et se voit confier une série de formations au sein d'un département du ministère de l'Agriculture à Rouen. Réunions de bureau, déplacements en train, sorties au resto et dans les bars, séjours à l'hôpital, toutes les expériences, si ordinaires soient-elles, servent de prétexte au narrateur pour distiller sa mélancolie et son dégoût de la vie.
Un roman pur jus Houellebecq qui présageait de sa future production, heureusement plus étoffée et bonifiée avec le temps.
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N° 1485 - Juillet 2020.

Extension du domaine de la lutteMichel Houellebecq – Éditions Maurice Nadeau.

Ce roman met en scène un informaticien qui parle de lui, célibataire, la trentaine, à ce point transparent que nous ne saurons même pas son nom et qui promène sur le monde un regard désabusé et déplore ne pas attirer les femmes à cause de son absence de charme. Il en est conscient et cela entraîne chez lui un état dépressif permanent. La marche du monde passe notamment par le sexe et lui se sent exclu de cette vie moderne occidentale faite à ses yeux de faux-semblants et d'hypocrisie, regarde les femmes de loin lesquelles apparemment lui font peur et en conçoit une sorte de fantasme. Malgré tout c'est pour lui autant une addiction qu'une obsession et c'est surtout une frustration que masque mal la pratique de la masturbation. C'est à la fois un idéaliste déçu et désespéré, un être qui n'est pas ici à sa place, qui ne se supporte pas, un hypersensible capable d'actes de violence inconsidérés sur autrui voire de l'autodestruction, suivis tout aussitôt de sanglots, un homme constamment à la limite de l'éclatement, au bord du vide. On le sent vivre en dehors de la société de ses contemporains, sans ami (il s'adresse directement à son lecteur en lui donnant du « sympathique ami lecteur » mais cela sonne faux), sans femme, se contentant d'une vie quotidienne sans joies et sans passions, travaillant pour exister mais évitant de consacrer son temps libre à autre chose qu'à tuer le temps et à attendre la mort, dans une sorte de « défense passive », de sursis qu'il choisit d'agrémenter avec tabac, alcool, médicaments et fréquentation d'un psychiatre, les femmes restant pour lui inaccessibles. Comme il le dit, ce livre est un roman composé de nombre d'anecdotes où il parle de lui, depuis d'interminables réunions professionnelles sans intérêt à un déjeuner au restaurant avec le seul ami qui lui reste, en passant par des stations plus ou moins longues autour d'une machine à café distillant un breuvage infect ou des déplacements professionnels répétitifs et ennuyeux, sans oublier des plaisanteries salaces d'un collègue et un séjour bref à l'hôpital, des épiphénomènes quoi ! Il y a quelques incursions en Vendée, à La Roche/Yon et aux sables d'Olonne mais la région ne l'inspire pas outre mesure, pas plus d'ailleurs que « les filles du bord de mer ». Il a eu une enfance solitaire sans affection, une période qui influe sur le cours futur de l'existence et il invite son lecteur, peut-être semblable à lui, à entrer dans cette lutte, contre la solitude sans doute. Car c'est bien de cela dont il s'agit, un état de déréliction qu'il supporte de moins en moins dans une société déshumanisée, comptable et violente où on peut douter de tout, même de sa vocation.
Depuis que je lis Houellebecq, j'avoue que je suis assez partagé à son sujet. Dans cette chronique j'ai souvent exprimé des doutes , mais depuis la publication de « Sérotonine » j'avoue que mon regard a changé. On pense ce que l'on veut du rôle de la littérature dans notre société, qu'elle rend compte de son état de délabrement moral ou au contraire qu'elle sert à nous faire rêver pour nous échapper du quotidien, même si je me sens parfois assez proche de la vision des choses décrites par notre auteur, il me semble de plus en plus que la lecture de ses romans a quelque chose de déprimant mais aussi de révélateur. J'ai déjà parlé de son style, à mes yeux quelconque et sans recherche littéraire, avec des digressions nombreuses qui semblent mener dans des impasses. J'y vois non seulement un choix délibéré dans la manière de s'exprimer mais aussi une réaction face une rédaction plus poétique que pourtant j'aime bien. Il y a eu dans l'histoire de notre littérature de talentueux hommes de plume qui ont tenté, avec des fortunes diverses, de faire évoluer l'expression littéraire en y imprimant leur marque . Si je ne retrouve pas chez Houellebecq cette « petite musique célinienne » que j'apprécie également, je me dois de saluer un mode d'expression qui colle parfaitement avec le message que notre auteur entend faire passer. Il m'apparaît de plus en plus que ce personnage incarne la condition humaine occidentale d'aujourd'hui.
Ce roman est pour moi, une nouvelle fois, l'occasion de m'interroger sur l'effet cathartique de l'écriture.
©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com
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Est-ce un roman? Oui et non. Oui, parce qu'il y a une histoire, des personnages, un début et une fin. Non, parce qu'il ne se passe à peu près rien si ce n'est la longue méditation-réflexion- plainte à demi - étouffée du narrateur-auteur. Une longue suite de propos apparemment orchestrés autour d'une situation: un trentenaire, cadre moyen d'une société informatique dans les années 90, (Nous sommes à Paris, au moment des attentats terroristes et, déjà, Houellebecq évoque les extrêmistes musulmans) sans vie sexuelle, sans amours, sans famille, sans amis. Un sans. Comme nous avons aujourd'hui les sans-logis, les sans-papiers etc.

Mais notre narrateur, sans-nom, n'est pas sans idées et il nous envoie des théories complexes et fumeuses sur l'identité entre libéralisme économique et libéralisme sexuel. Cerveaux clairs et organisés s'abstenir, on donne dans un léger délire pontifiant et jargonnant propre à faire refermer le livre.
Mais non. On ne le ferme pas tant la langue est inattendue, atone, d'une apparente simplicité par moments quoique certainement travaillée, pleine d'un humour qu'on aimerait involontaire qui donne des phrases comme: “ Il votait socialiste. Et, curieusement, il adorait Gauguin. ” Ailleurs, bourré de vodka, il vomit lors du baptême du fils d'un collègue, perd ses clés de voiture et finit par la déclarer volée. Un vrai cadeau ce garçon! D'ailleurs, il a trente ans mais on croit avoir affaire à un homme d'âge mur, vieux avant l'heure, désabusé er revenu de tout sans être allé plus loin que la Roche sur Yon....
Il restitue pour nous l'ambiance des bureaux d'une entreprise de formation à l'informatique pour les fonctionnaires du Ministère de l'Agriculture. On parle encore de cartes perforées, de tambours magnétiques et d'onduleurs. On entend un petit chef dire qu'il veut bien se former à ce nouveau logiciel mais que, dès la fin du stage, il va soigneusement enfermer le matériel dans un placard et se remettre à ses vieilles pratiques. Ces formations lourdes et rébarbatives, vite obsolètes, me rappellent des souvenirs...dans un autre ministère!
Bon garçon malgré son évidente antipathie pour le genre humain, il écoute son collègue Tisserand, vierge à vingt - huit et qui voudrait bien “ conclure ”, en vain, bien sûr, il est si laid, si lourd!
Des passages désopilants, notamment pour les portraits, des notifications temporelles drôles car elles semblent vouloir structurer un roman qui est en fait un ensemble de notations déjantées, amères et désabusées sur la vie.
On ne peut s'empêcher de voir en filigrane la tronche de Houellebecq quand il est invité devant une caméra: son style lui ressemble!
Pour conclure, un premier roman et un excellent livre!

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Depuis la publication de ce livre, Houellebecq a donné des clés de lecture de son oeuvre : les personnages ont peu d'importance, c'est le contexte social qui prime. Là, on peut en effet considérer que bien des personnes des banlieues et autres ZUP peuvent se reconnaître dans le narrateur. C'est vrai en 1994 et encore vrai aujourd'hui (détresse affective et sociale mais succès économique, ou l'inverse et parfois les deux). De ce point de vue l'ouvrage n'a pas vieilli. N'oublions pas le titre qui n'est jamais accessoire. Ce titre est en lien au libéralisme, sur ce point l'auteur est explicite. En revanche considérer le mouvement de libération des femmes comme une raison de lutte et finalement en filigrane la regretter voire la combattre, on peut sur ce sujet lire des ouvrages plus sérieux et documentés...
Certes les femmes se réalisent professionnellement, elles ont acquis une indépendance financière mais est-ce un objet de lutte. J'observe plutôt un consensus sincère et généralisé en faveur de cette évolution. En 1994 c'était peut-être un risque de lutte (j'en doute), à présent on reste avec le motif de lutte (compétition est plus appropriée) entre individus pas véritablement entre hommes / femmes. Pas davantage, le libéralisme ne doit-il se plaindre de cette évolution ? D'ailleurs pour quel motif les couples pourraient se plaindre de la ressource complémentaire ? On est dans un système complexe, or dans une lutte c'est un rapport gagnant-perdant...

Il en demeure une impression de flou de vide. Que penser à la suite de cette lecture ? N'est-ce pas en raison de l'exposé d'un échec du narrateur, de son ami de lycée prêtre, de son collègue de travail ? N'éprouve-t-on pas un échec généralisé ? Mais de surcroit qui est le responsable de cet échec ? Qui est le coupable ? Qui juger voire condamner ? Y-a-t-il même négligence ? Un manque de bonne volonté ? La réparation impossible, une autre voie était-elle possible ? Le libéralisme ? N'est-ce pas trop impersonnel pour consoler quelque peu de cette sinistrose ? Finalement ce malaise n'est-il pas l'intention de l'auteur et dans ce cas il a réussi....

Est-il possible d'aller au-delà de ce malaise de cet abandon, un problème - le libéralisme motif de lutte - mais pas de solution ? Lorsque l'on parle de libéralisme -surtout si on veut le combattre-, il y a lieu préalablement à le définir. Il est le corollaire ou la conséquence de la liberté. Liberté qui est la première valeur de notre république, le fondement aussi de la démocratie. Dans bien des esprits, il s'agit de critiques du son corollaire, sur le plan économique, le capitalisme et même plus directement le pouvoir de l'argent. Si on parle d'idéal, le libéralisme est un bel idéal puisqu'il tire son fondement de la liberté. En revanche sans générosité, sans solidarité on aboutit à l'individualisme qui est presque à l'opposé de l'individualité humaine, son caractère sacré au sens des humanistes. L'opération chirurgicale mérite réflexion et un bon chirurgien : qu'est-ce qu'on veut supprimer pour soigner ? Houellebecq reste humble, un motif de lutte, ce n'est pas rien, mais il n'a pas de solution. Qui est en mesure d'en proposer ? Spontanément la promotion de l'éducation ? Mais l'éducation supprime-t-elle l'égoïsme, garantit-elle la solidarité ? Avant d'évoquer des solutions, j'aimerais poser une question à M.H. et aux lecteurs : êtes-vous heureux de payer vos impôts ? J'aurais bien d'autres questions en observant d'autres systèmes au regard de la mise en cause du libéralisme : la Chine, les pays islamiques....
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"Extension du domaine de la lutte" de Michel Houellebecq est un roman qui a su à la fois m'attirer et me repousser, qui a stimulé mon esprit tout en déclenchant des réactions viscérales fortes. C'est un ouragan dont l'oeil vise clairement et assez simplement au final notre confort intellectuel. Il parvient à étendre la sphère de l'exploration de la misère humaine à travers ce texte, tout en ne faisant aucune concession pour apaiser les sensibilités des lecteurs.

Tout d'abord, il faut noter le talent évident de l'auteur pour la narration. Houellebecq a le don de dresser des portraits complexes et multidimensionnels de ses personnages. Dans ce cas, notre protagoniste, un informaticien trentenaire, est présenté avec un tel réalisme -sans descriptions, on sent que ça l'emmerde véritablement- que je pouvais presque sentir son angoisse, sa désolation, et parfois même, étrangement, son humour caustique et son auto-dérision. Cette incarnation de la misanthropie et de la décadence, suscite à la fois fascination et dégoût, dégage par son racisme puant et sa misogynie fétide des diatribes épouvantables qui fendent les pages et notre confort. En dépit de l'absence apparente d'événements dramatiques ou de revirements spectaculaires, le récit reste captivant, en grande partie grâce à la maîtrise narrative de Houellebecq.

Mais au-delà de sa maîtrise stylistique, ce qui m'a vraiment intrigué est la façon dont l'auteur a réussi à articuler une critique sociale incisive et pénétrante. Houellebecq nous emmène dans une danse désynchronisée, parsemée de ruptures de ton aussi surprenantes que délicieuses, aussi tranchantes qu'une lame de rasoir, déchirant le tissu des certitudes et des préconceptions de notre complaisance collective. Ces oscillations brutales, tantôt apathiques, tantôt frénétiques, dressent un portrait caustique de l'individu moderne. Elles semblent dire : voici ce qu'est devenue l'humanité, ne détournez pas le regard. La façon dont Houellebecq interroge les notions de réussite, de statut social, et la pression de conformité dans le monde moderne est tout simplement dévastatrice.

Cependant, il convient de souligner que la lecture de ce livre n'est pas une promenade de santé. Houellebecq ne mâche pas ses mots lorsqu'il décrit la laideur de la réalité contemporaine - que ce soit dans le monde professionnel, dans la sphère privée, ou même dans la sexualité. Sa vision sans filtre et acide est impitoyablement sombre, d'un cynisme exacerbé, et bien que je ne sois pas d'accord avec tous ses points de vue, je dois admettre qu'il a réussi à me faire réfléchir sur des aspects de la société que j'avais auparavant ignorés ou minimisés. Mais son génie réside également dans sa capacité à transgresser les normes sociales, à soulever des questions troublantes sur notre identité collective. Les fulgurances ignobles de son personnage principal sont autant de miroirs que l'auteur tend à ses lecteurs, les invitant à regarder au-delà du vernis de la politesse et de l'acceptabilité sociale.

Si vous avez des problèmes coeliaques, préférez le jus de cerise. Ce sont 160 pages difficiles à digérer, qui resteront gravées dans votre mémoire et dans le bide longtemps après les avoir refermées. C'est une oeuvre qui défie, provoque et interpelle. C'est une invitation à la réflexion sur ce que nous sommes, ce que nous avons été et ce que nous pourrions devenir. Pour ceux qui sont prêts à se confronter à une vision du monde dénuée de tout romantisme, mais remplie d'une honnêteté brutale et d'une lucidité troublante, foncez, il n'est jamais trop tard.
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Premier roman de Houellebecq qui avec les Particules élémentaires a scellé le point de vue original, nouveau, littéraire, mi-philosophique sur l'état du monde, avec humour et talent, de l'auteur français reconnu internationalement. On n'avait rien vu d'aussi génial depuis Camus et Sartre.
Cette locomotive un tantinet iconoclaste, anticonformiste fait un peu oublier le désert littéraire qui a perduré pendant plus d'une génération. Il n'est pas improbable qu'il faille compter sur la toute dernière génération pour rattraper le train de la tradition littéraire française qui séduisait le monde entier
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