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3,66

sur 2816 notes
J'entendais de plus en plus parler de Michel Houellebecq et je me refusais à le lire. Ces écrivains français qui jouent les parisiens névrosés m'agacent assez. Dans une interview, il m'est apparu assez médiatique, un peu trop cru et plutôt antipathique. Pourtant, je me suis lancé dans Extension du domaine de la lutte. Mes impressions se sont plutôt confirmées, mais en même temps j'ai été assez surpris car j'ai eu mal à quitter l'ouvrage des mains.

Le personnage m'est encore plus antipathique et je n'ai pas vraiment passé un bon moment lors de cette lecture, on ne lit pas Houellebecq pour cela d'ailleurs. Ses propos sont plutôt crus et véhéments mais ses opinions sont parfois assez justes, bien qu'elles manquent parfois de nuances. Son style, quant à lui, est limpide, pas vraiment bon mais loin d'être mauvais, un poil provocateur mais pas sûr que ce soit le but. Je pense relire cet auteur presque malgré moi.
Lien : http://150mots.blogspot.fr/2..
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Ce livre est absolument nul.
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Avis mitigé pour ce court roman qui est le premier de Michel Houellebecq.
Je n'ai pas pu déceler si la misogynie ambiante et le racisme faisaient partie des idées de Houellebecq ou s'il a utilisé ça uniquement pour caractériser son personnage principal et le rendre antipathique.

Un trentenaire informaticien, sans vie sociale ni sentimentale depuis sa séparation, fait une critique acerbe de la société capitaliste et du libéralisme économique et sexuel.
Pour lui, les deux sont liés : la pauvreté sociale engendre la pauvreté sexuelle. Cela crée une extension du domaine de la lutte.
Lors de déplacements professionnels en province avec son collègue Tisserand, décrit comme puceau et peu ragoûtant, les deux hommes subissent "la loi du marché", menant lentement à la dépression.

Michel Houellebecq critique un monde du travail individualiste, hypocrite, toujours à la recherche de la productivité ; dans des villes tristes, mornes et poussant à la dépression.
Du cynisme pur et dur, que l'on aime ou que l'on déteste, sans juste milieu.
J'aime le cynisme, ça tombe bien.
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Un livre à lire si vous êtes très très en forme. En effet, on en ressort déprimé et dégoûté, d'autant plus que le diagnostique sur notre société semble correct. Celui-ci est résumé dans ce passage :

« Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l'amour tous les jours; d'autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. Certains font l'amour avec des dizaines de femmes; d'autres avec aucune. C'est ce qu'on appelle la "loi du marché". Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l'adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables; d'autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante; d'autres sont réduits à la masturbation et à la solitude. le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. de même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. »

L'écriture efficace et l'ironie mordante rendent cependant ce roman agréable à lire.
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« Je suis, dit Nietzsche, un de ces lecteurs de Schopenhauer qui, après avoir lu la première page de lui savent avec certitude qu'ils iront jusqu'à la dernière, et qu'ils écouteront chaque parole sortie de sa bouche. Ma confiance lui a été acquise dès l'abord, et après neuf ans écoulés elle est encore la même. Pour tout dire en un mot et avec un sentiment peut-être outrecuidant, je le compris comme s'il avait écrit pour moi. »

J'en dis tout autant de ma première lecture de Michel Houelleebcq.
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Attaquons donc la rentrée littéraire 1994, avec ce premier roman d'un nouvel auteur, paru chez un 'petit' éditeur; roman 'vendu' par le responsable de la bibli, qui me l'a carrément mis en mains, et j'ai d'autant vite cédé que la bestiole comporte moins de 200 pages. Auparavant ledit responsable et moi avions échangé sur l'idée d'Auster dans 4321, avec des vies différentes du même personnage, lui rappelant un roman de Houellebecq, mais lequel? (la possibilité d'une île?). Voilà comment je me suis retrouvée à lire mon 'premier Houellebecq'. Tout arrive.

Méfiante, j'ai préféré démarrer hors période de spleen, déprime, quand mon taux d'hormone du bonheur est à son maximum. Quelque chose me disait que ça valait mieux, pour aborder l'ouvrage d'un Droopy de la littérature (ce n'est pas de moi)(de Lançon je crois, qui avait aimé son dernier roman, raconte-t-il dans le lambeau)

Alors, résultat?
Ben, toujours vivante. Pourtant les aventures (si l'on peut dire) de ce cadre technicien en informatique du ministère de l'Agriculture parcourant la France pour initier aux nouveaux logiciels sont peu glamour, et encore moins son collègue Tisserand (pauvre gars!). Dépressifs de tous les pays, unissez-vous, bon je rigole mais c'est finement observé je pense.

Quid du titre? Grâce au petit malin qui a encadré les 'bons passages', ce fut tout de suite trouvé (page 115). "Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. de même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société."

"Vous avez eu une vie. Il y a eu des moments où vous aviez eu une vie. Certes, vous ne vous en souvenez plus très bien; mais des photographie l'attestent. Ceci se passait probablement à l'époque de votre adolescence, ou un peu après. Comme votre appétit de vivre était grand, alors! L'existence vous paraissait riche de possibilités inédites. Vous pouviez devenir chanteur de variétés; partir au Venezuela."

"La forme romanesque n'est pas conçue pour peindre l'indifférence, ni le néant; il faudrait inventer une articulation plus plate, plus concise et plus morne."
"Mon propos n'est pas de vous enchanter par se subtiles notations psychologiques. je n'ambitionne pas de vous arracher des applaudissements par ma finesse et mon humour. Il est des auteurs qui font servir leur talent à la description délicate de différents états d'âme, traits de caractère, etc. On ne me comptera pas parmi ceux-là. Toute cette accumulation de détails réalistes, censés camper des personnages nettement différenciés, m'est toujours apparue, je m'excuse de la dire, comme pure foutaise."

Alors? finalement il n'a jamais été question d'abandonner ce roman, et je comprends qu'il ait attiré l'attention d'un éditeur à cette époque. Diantre, il y a quelque chose là-dedans! Original, piquant, bien observé, pas feel good pour un sou.

Mais! Dès les début j'ai arboré un sourire intérieur, pensant 'mais c'est très drôle ce truc', bon, OK, au 12ème degré. Quelques exemples, et il y en a d'autres.

"Il se peut, sympathique ami lecteur, que vous soyez vous-même une femme. Ne vous en faites pas, ce sont des choses qui arrivent. D'ailleurs ça ne modifie en rien ce que j'ai à vous dire. Je ratisse large."

"De retour à l'hôtel, j'ai essayé de dormir, mais ça n'allait pas; une fois allongé, je n'arrivais plus à respirer. Je me suis rassis; le papier peint était décourageant."

Bref, j'ai lu Houellebecq.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Le titre du roman expose une thèse : depuis 68, le domaine de la concurrence capitaliste ou libérale s'est étendu à la vie privée, et en particulier à la vie sexuelle, pour le plus grand malheur des nouveaux prolétaires du sexe, pauvres, vieux ou laids, et le plus grand bonheur des "libéraux-libertaires" privilégiés de l'argent, de la jeunesse et de la beauté. Mais ce livre n'est pas un essai, c'est un roman, peut-être un roman à thèse, mais sans les lourdeurs démonstratives auxquelles Sartre ou Thomas Mann nous avaient habitués. Au lieu de cela, le lecteur suivra le destin de plusieurs personnages pris sur le vif, qu'il peut ou a pu rencontrer s'il a l'âge d'avoir vécu 68 ou d'en connaître d'anciens participants. Les portraits sont merveilleusement cruels et satiriques, et la drôlerie de l'ensemble rachète une thèse qui est peut-être vraie, mais qui n'est pas comique. Elle se dégage naturellement de ces portraits et de ces histoires, sans qu'on ait besoin d'insister : c'est la grande réussite de ce roman.
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belle écriture mais quel désespoir.
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LA PLUME LA PLUS ACERBE DE NOTRE MODERNITÉ

Ce livre est un régal qui fout la gerbe.

L'idée centrale du livre est révolutionnaire. Notre époque a vu s'épanouir la mondialisation outrageante dont l'un des effets est l'énorme accroissement des inégalités. Dans ce livre, on nous explique que ce schéma existe également au sein du domaine sexuel.

En résumé, ce livre expose l'extension du domaine de la lutte pour les richesses de la mondialisation. Ce domaine est étendu à la sexualité. Les règles du jeu sont les mêmes, que vous cherchiez à obtenir des richesse ou des conquêtes sexuelles. Seuls les mieux lotis s'en sortent, ce qui crée une frustration chez les autres (en histoire, on sait que trop d'inégalités est générateur de révoltes, voire de révolutions).

Ce livre explique que notre époque voit cette extension arriver, et que nous en sommes victimes.

On peut se saisir des analyses de Kundera pour l'approcher. Ce livre ne nous donne pas la vérité. Il nous donne à voir la vérité particulière d'un type d'être vivant à notre époque. Et c'est tonitruant.

Ça me fait beaucoup penser à La chute de Camus. le style y est génial et tout est envoyé très rapidement, sans fioritures. Ces deux critères génèrent un nombre d'apophtegmes maximal. Comme si toutes les phrases avaient une valeur de vérité générale.

C'est une réussite absolue et l'un des livres les plus importants de notre époque.
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Compte-tenu de mon âge, je peux dire que plus de la moitié de ma vie s'est déroulée ... et qu'en ai-je fait?
Cette question, le héro de "extension du domaine de la lutte" se la pose. Et pourtant, avec ses 31 ans, ce héro est bien plus jeune que moi.
Dans son premier roman, Michel Houellebecq nous annonce déjà tous les thèmes développés dans son oeuvre.
Le mode de vie moderne se caractérise par son absurdité et sa vacuité.
"La sexualité est un système de hiérarchie sociale": dans la grande compétition, certains individus sont les gagnants (à eux les expériences sexuelles nombreuses, variées et satisfaisantes) et d'autres sont les perdants (sans partenaire et frustrés).
Les plaisirs sont rares et le bonheur lointain. Même l'écriture ne soulage guère. Par contre, la lecture console souvent le pauvre être humain de sa triste existence.
Qu'ai-je fait finalement de ma vie ?
Je vais vous le dire ! J'ai lu et notamment, j'ai lu tout Houellebecq... et j'ai aimé.
... donc, je ne suis pas si malheureux !

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