J'ai trouvé ma lecture assez difficile en raison du thème du roman : la peine de mort. Ainsi, dans ce livre qui se présente sous la forme d'un journal intime, j'ai assisté aux dernières 24 heures d'un homme, condamné à mort. Je ne sais pas son nom ni son âge, je sais juste qu'il est un père, un mari, un fils. Je ne connais pas l'acte grave qu'il a commis, mais je sais qu'il a peur, qu'il est désespéré, qu'il pense à «sa vie d'avant» et à sa petite fille Marie qui n'a que 3 ans. le lecteur ressent très bien l'angoisse physique et morale du condamné. Pour exulter son émotion, il écrit un témoignage sur la vie en prison, sur celle des forçats, sur l'attitude des geôliers, etc.
Mais encore, cet homme écrit dans sa cellule, son dernier refuge. Il la décrit car il l'observe sous tous ses angles, cette maison des morts.
«Tout est prison autour de moi; je retrouve la prison sous toutes ses formes, sous la forme humaine comme sous la forme de grille ou de verrou. Ce mur, c'est de la prison en pierre; cette porte, c'est de la prison en bois; ces guichetiers, c'est de la prison en chair et en os. La prison est une espèce d'être horrible, complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie; elle me couve, elle m'enlace de tous ses replis; elle m'enferme dans ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier. » (p. 287)
La prison apparaît vivante dans le récit. le condamné lui donne vie. Par exemple, des fantômes s'y retrouvent, des yeux observent, des rêves surgissent entre ses quatre coins. Elle incite ainsi à une rêverie morbide où il est parfois question de démons, de linceul, de morts. D'ailleurs, les anciens condamnés à mort ont même gravé leurs noms sur ses murs. Quoi de plus désespérant pour un condamné. Comme il le relève :
«Je me suis rassis, muet et plus désespéré de toute l'espérance que j'avais eue». (p. 315)
Ce livre a permis à
Victor Hugo d'exprimer l'horreur qu'il ressentait pour les exécutions publiques. Dans
le dernier jour d'un condamné le regard de la foule joue un rôle de juge tout comme son attitude qui relève presque de la folie collective. La foule ressent du plaisir à assister à une exécution. C'est le spectacle de la mort poussé à son paroxysme qui m'apparaît ainsi dénoncé.
Encore une fois, la plume de
Victor Hugo est juste et rythmée par le temps qui s'écoule vers l'exécution. On ne fait pas attendre la mort. Comme le mentionne le narrateur sur la gestion du temps du bourreau et par ricochet sur son exécution qui doit absolument avoir lieue à 16 h :
«Cet exécrable bourreau! il s'est approché du juge pour lui dire que l'exécution devait être faite à une certaine heure, que cette heure approchait, qu'il était responsable; que d'ailleurs il pleut, et que cela risque de se rouiller. » (p. 340)
Avez-vous lu
le dernier jour d'un condamné de
Victor Hugo?
https://madamelit.ca/2022/10/31/madame-lit-le-dernier-jour-dun-condamne-de-victor-hugo/
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