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sur 7425 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un condamné à mort raconte ses derniers jours cauchemardesques dans l'attente de sa fin cruelle...

Victor Hugo surprend par son style relativement contemporain, toujours facile d'accès bien que recherché, et surtout foudroyant de modernité, presque deux cents ans après la publication de cet ouvrage. Il aborde le thème difficile de l'homme sur le point de mourir. Mais pas n'importe quel homme ni n'importe quelle mort : un condamné à la guillotine. Un criminel.
Le récit oscille entre ces deux idées éthiquement compliquées : l'homme a beau avoir commis un crime il n'en reste pas moins un humain doué de raison empli de craintes ; mais un malfaiteur, sûrement meurtrier puisque le crime n'est pas précisé, ne mérite sans doute pas qu'on le respecte dans sa dignité. Deux sentiments très violents et opposés que tout un chacun ne peut s'empêcher de ressentir au moins une fois. (Sans compter l'épineuse question de l'être humain qui ôte la vie et se la voit ôtée par un autre sous le sceau de la Justice, mais Hugo ne rentre pas trop dans cet aspect moral de la condamnation.)
Si le récit démarre sur une note somme toute prévisible de torture mentale dans l'attente de l'application de la sentence, certaines scènes soulèvent quelques profondes idées manichéennes, comme lorsqu'un bagnard prend la belle redingote du détenu, lui qui n'en aura plus besoin dans quelques heures. le raisonnement est logique, mais le narrateur se sent dépouillé, mécontent. Cette redingote était un peu un symbole d'identité, d'humanité, et sûrement la lui enlever le ramène à sa propre vie qu'on lui retire. On lui vole tout, il n'a plus rien, et c'en est trop. L'humain contre la logique, un exemple puissant...
Hugo insiste également sur la part surréaliste du statut du condamné qui vit comme en transparence face aux vivants : l'architecte qui lui promet une meilleure cellule dans six mois alors qu'il sera exécuté le lendemain, ou quand, lors de son transfèrement, l'huissier joyeux ne comprend pas son air morbide et résigné, converse de la pluie et du beau temps et se plaint de perdre son tabac à un homme qui va perdre la vie. Hugo dresse ainsi le portrait de plusieurs personnages indifférents au devenir d'autrui, mais surtout au devenir de criminels, indifférence banalisée sans aucun doute par un côtoiement quotidien.
Il en va de même pour ce prêtre qui récite des litanies plus qu'il ne cherche à accompagner réellement et de manière personnalisée le condamné...
Il y a encore ce geôlier qui le considère déjà comme un fantôme et traite de manière outrageusement légère le sort du détenu.
Hugo, en vérité, ne fait pas vraiment de portrait caricatural : il montre les faiblesses du genre humain, sa capacité à faire extraction, à oublier le malheur d'autrui. Aussi bien pour son propre bien que par manque cruel d'empathie. C'est là, sans doute, la force de cette nouvelle, plus que l'énumération même des sentiments terribles par lesquels le narrateur passe. La plus poignante étant certainement quand le condamné voit sa mort non plus comme une délivrance mais comme une guérison, comme si sa situation en geôle équivalait à la maladie. Voir la mort comme une sortie agréable dans cet outil grotesque et barbare qu'est la guillotine, c'est une pure oxymore symbolique et métaphysique...
Dans le témoignage du bagnard qui prend la redingote du narrateur, Hugo dévoile également l'idée que la récidive est souvent générée par le rejet d'un ex-taulard par la société. Un homme qui a fait une erreur et souhaite se racheter se retrouve dans la position délicate de paria, et ne trouve aucune autre solution que de revenir au crime pour survivre. La notion de seconde chance n'existe tout simplement pas, et à l'inverse la catégorisation est maîtresse en cette vie...
Au-delà des réflexions qui peuvent traverser l'esprit d'un condamné à mort avant son exécution, c'est bien les tréfonds de l'âme humaine bestiale et égoïste qu' Hugo sonde à travers les yeux d'un homme qui les fermera bientôt à jamais.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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C'est toujours difficile de faire une critique d'un classique littéraire sans vouloir lui porter préjudice ou encore en jugeant trop vite son oeuvre.
Pour ma part, j'ai trouvé ce plaidoyer très bien écrit, bien exprimé de la part de cet homme pour lequel il ne restait que quelques heures à vivre.
Une sagesse à s'y méprendre, une acceptation de la mort à venir, sans que le lecteur sache réellement le motif de son acte qui lui a valu sa condamnation à mort.
Un au-revoir bien vécu mais cela n'empêche que cette lecture ne m'a pas forcément inspirée car je n'ai pas grand chose à dire dessus.
Je lirai d'autres oeuvres de Hugo qui pourront certainement mieux me plaire et avec un registre différent.
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Classique accessible à tous gratuitement sur liseuse, ou encore en version audio téléchargeable.

Pour ma part, j'ai un peu honte d'avouer que je découvrais la plume de Victor Hugo, un jeune auteur de 27 ans dont je n'avais jamais entendu parler. J'espère que cet aveu ne me condamnera pas aux travaux forcés (la lecture de l'intégrale de Flaubert?)...

Cette lecture est bien sûr à recommender: son sujet ne peut qu'intéresser. Certains passages sont assez touchants (la visite en cellule de la petite fille du condamné). Même si à l'époque du son écriture, ce texte était très osé et provocateur, aujourd'hui, il m'a parfois semblé manquer de percussion et m'a de temps en temps un peu ennuyé.
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Victor Hugo dans ce livre souhaite plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort. D'abord publié de manière anonyme, il reconnaitra la paternité de cet ouvrage critiqué et parodié (aussi par lui-même en préface).

A la manière d'un journal de la dernière journée d'un condamné à mort, ce petit texte (140 p.) est constitué d'une alternance de chapitres très courts ou plus longs amenant un rythme saccadé alternant entre frayeur et tourment. C'est un texte beau par sa justesse, sa rudesse et sa réalité crue. Nous suivons cet homme sans en savoir beaucoup sur les causes qui l'ont conduit là. Nous sommes dans sa tête, nous sommes témoins de son introspection. Tout se passe très vite. Il évoque le jugement, la vie à Bicêtre, le ferrage et le départ des galériens, les souvenirs de ses proches, son transfert sur la Conciergerie, ses peurs, ses derniers désirs, son départ vers la guillotine.

Dans ce texte court, Victor Hugo nous pousse à ressentir de l'empathie pour cet homme anonyme, ordinaire dont nous ne savons que peu de choses, qui semble cultivé et qui voit le jugement des hommes décider de lui prendre sa vie. L'auteur souhaite que les hommes de loi qui prennent la décision de provoquer une telle expérience chez un être humain se posent la question de son utilité.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Cet ouvrage n'est évidemment pas de ceux propres à vous mettre du baume au cœur pour la journée. Il est nécessaire de l'intercaler entre d'autres qui aborderont des sujets plus légers si l'on ne veut pas assombrir définitivement son humeur.
Prenons garde aussi de ne pas non plus raviver la polémique du pour ou contre la peine de mort pour l'évoquer sur un site comme Babelio, mais abordons-le sous l'angle de la force suggestive de l'auteur et de sa capacité à insuffler à son lecteur l'état d'esprit d'un malheureux promis à la mort à brève échéance.
Victor Hugo est au début de son immense carrière littéraire – il a vingt-six ans - lorsqu'il ressent le besoin d'écrire sur ce thème douloureux. Il faut saluer là le courage de celui qui n'est pas encore l'auteur populaire qu'il deviendra de son vivant pour prendre une telle position, alors que la guillotine donne régulièrement le triste spectacle que l'on sait en place de grève.
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture. Mais quand même dubitatif quant au procédé utilisé par l'écrivain sublime pour frapper les esprits. Avouons que c'est réussi. Il se refuse à aborder le motif qui a conduit le condamné dans les instants ultimes et programmés de sa vie, mais veut rester au niveau du principe qui autoriserait des hommes à disposer de la vie d'un de leur semblable. On demeure sur cette impression que c'est bien le décompte final plutôt que la mort en elle-même qui est fustigé, car finalement tout homme est promis à la mort.
Il y a en arrière plan une forme de culpabilisation du lecteur dans la démarche de l'auteur. La culpabilité d'appartenir à une société qui autorise la peine de mort et de ne pas s'élever contre cette pratique barbare.
Mais le maître, aussi grand soit-il, a aussi sa forme de lâcheté. Il ne va pas au bout de sa démarche. Certes nul n'a le droit de prendre la vie d'autrui, fut-ce dans un cadre légal et collectif, mais que faut-il faire de ceux qui auront outrepassé ce principe en se rendant coupable d'assassinat ? Ne met-il lui-même pas dans la bouche de son condamné anonyme : plutôt la mort que le bagne. Alors quoi ?
Il n'en reste pas moins que la force de notre géant de la littérature atteint son objectif. Un tel ouvrage vous fait froid dans le dos et vous confirme dans le fait qu'être lecteur du XXIème siècle, alors que la peine de mort est abolie, est une situation plus confortable.
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Ce sont les derniers moments et les pensées d'un condamné à mort.
Publié en 1829, l'auteur livre un plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort.
*
Le narrateur est dans l'attente de sa sentence, c'est un instant qu'il espère délivrance, puis tombe sa condamnation et son arrêt de mort.
A l'annonce du verdict, un chemin chronométré commence.

De l'espoir qui s'étiole à la résignation qui s'impose. de la vie à la mort.
De l'agonie de l'attente à la guillotine.

Enfermé dans son cachot, le condamné décrit ses angoisses, ses douleurs et ses peurs, « cette espèce d'autopsie intellectuelle d'un condamné ».
Il passe par différents états de prise de conscience, au fil des ultimes rencontres avec les personnages de ses derniers instants, et déroulant sa vie en pensées.
« À ce moment suprême où je me recueille dans mes souvenirs, j'y retrouve mon crime avec horreur ; mais je voudrais me repentir davantage encore. J'avais plus de remords avant ma condamnation ; depuis, il semble qu'il n'y ait plus de place que pour les pensées de mort. Pourtant je voudrais bien me repentir beaucoup ».
Bicêtre – La Conciergerie – La Grève – une visite guidée bien funeste.
« - Chapeaux bas ! chapeaux bas ! criaient mille bouches ensemble. – Comme pour le roi. […]
- Eux les chapeaux, moi la tête. »
*
Tout un style déployé afin de nous plonger dans une ambiance pesante parfois teintée d'ironie.
L'auteur livre un texte engagé qui se veut réflexion et surtout plaidoyer contre la peine de mort.
Il choisit de faire un sujet des derniers instants d'un condamné à mort sans vraiment évoquer le crime commis ni la(les ?) victime(s) ou l'instruction de l'affaire et des arguments qui ont conduit à la décision de justice.
Un texte court et accessible suscitant évidemment réactions et débats.
Au cours de ma lecture, j'ai malgré tout trouvé certaines longueurs dans ce texte focus sur le condamné.
*

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En 1948, au milieu d'un discours sur le sujet, Victor Hugo disait:
"La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne. Ce sont là des faits incontestables."

Ainsi, ce récit est clairement une critique que l'auteur et poète de la littérature française fait de la peine de mort et du système judiciaire dans cette France du début du XIXe siècle où la guillotine est devenue une exhibition.
La nouvelle d'Hugo est un regard intime sur le dernier jour de la vie d'un meurtrier condamné.
L'auteur écrit à la première personne, en suivant les émotions du condamné alors qu'elles bougent et se nouent, se resserrent comme un noeud coulant et claquent, au cours de la journée: remords, peur, honte, dégoût, rébellion, déni, chagrin, colère.
Dans l'histoire, nous ne savons jamais quel est le crime commis par l'homme, et cela n'a vraiment aucune importance pour l'auteur (même si, personnellement, j'aurais aimé pouvoir mettre un nom sur le personnage) , car pour lui aucun crime ne doit être puni de cette peine, car il y a avant tout le respect de la vie de tous.
C'est une histoire quelque peu angoissante, car étant coincé dans l'esprit du prisonnier, vous avez cette inquiétude, ce désespoir, cette inquiétude de savoir que vos heures sont comptées dans ce monde.
Victor Hugo écrit très bien et contrairement à ses grandes oeuvres, il ne s'agit que d'une histoire courte beaucoup plus accessible pour ceux qui veulent se rapprocher de son style.
Je ne souhaite pas vous dire plus car c'est une histoire très courte et ça sera du gâchis pour votre lecture .Evidement, avec un tel support on peut remplir des pages entiers et je me souviens avec plaisir dans les cours de littérature où le débat ne finissait plus :)
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En février 1829 parait un court récit, sans nom d'auteur. le sujet de cet ouvrage est un plaidoyer contre la peine de mort. A sa sortie le livre fera l'objet de nombreuses critiques.

Les éditions suivantes seront signées de Victor Hugo. Pour répondre aux premières critiques Victor Hugo complétera l'ouvrage par des préfaces, notamment pour l'édition de 1832. Il ajoutera également une petite saynète parodique mettant en scène des bourgeois critiquant son ouvrage.

Le livre est écrit à la première personne. le narrateur, un homme encore jeune, vient d'être condamné à mort.
Après sa condamnation il est conduit à Bicêtre. On lui donne "de l'encre, du papier, des plumes et une lampe de nuit". Il va écrire son journal : " D'ailleurs ces angoisses, le seul moyen d'en moins souffrir, c'est de les observer, et les peindre m'en distraira."
Il ne donne ni son nom, ni le nom de la victime, ni le pourquoi de son crime. Une seule référence à son acte : « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ».

Il parle peu de sa vie d'avant. On apprend qu'il a une mère, une épouse et une petite fille, Marie.Il se fait du soucis pour elle : "Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure, et ne pense à rien, c'est celle là qui me fait mal !" Il la reverra une dernière fois, mais elle ne le reconnaîtra pas "Non, mon papa était bien plus beau".

Le narrateur confie principalement à son journal ses angoisses devant la mort, ses dernières pensées, ses souffrances morales et physiques.

L'un des gardiens lui permet d'assister au ferrage des forçats avant leur départ pour le bagne. Devant ce spectacle insupportable, pour la deuxième fois il écrira "plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin qu'au carcan de la chiourne".

Mais quant arrive l'heure de l'exécution, il espère encore que sa grâce arrivera :" "il n'est pas possible qu'on ne me fasse pas grâce!"

Victor Hugo dira de son ouvrage : « le Dernier Jour d'un condamné n'est autre chose qu'un plaidoyer, direct ou indirect, comme on voudra, pour l'abolition de la peine de mort ».

L'abolition souhaitée par Victor Hugo ne sera votée en France que 152 ans après la parution de son ouvrage.



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J'ai lu "Le dernier jour d'un condamné", de Victor Hugo, et j'ai été agréablement surprise. J'avais en fait peur de me retrouver face à un long argumentaire contre la peine de mort, mais c'est bel et bien un roman qu'il m'a été donné de lire. La trame en est simple: le journal d'un condamné, racontant les derniers jours de sa vie, et toute la tempête de sentiments qui traverse son esprit. de lui, on ne saura rien, de son crime non plus, et c'est ça qui fait la force du roman: la condamnation fatale est ramenée à toute sa cruauté et son inhumanité. A cela s'ajoute la force de l'écriture de Hugo, et on a devant les yeux un livre hyper-moderne malgré ses presque 200 ans. En plus c'est même pas dur à lire !
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Le débat est à son comble à chaque fois qu'on prononce cette phrase ?

Matthieu est tu pour la peine de mort ?
Où en général est tu pour ou contre la peine de mort ?

Ma réponse !

Honnêtement sans vous le cacher oui je suis pour ! Justement le dernier jour d'un condamné m'a permis de réfléchir sur la réelle question.
L'histoire en elle-même peut toucher plus d'un nous n'avons pas l'identité du condamné on sait juste qu'il y a une fille de 3 ans une femme et une mère de 68 ans !
Et il est poète !

Tiens comme c'est surprenant !

Ce personnage m'a interpellé car je me mets un peu dans la peau du personnage qui est véritablement condamné. Et si c'était moi ?

Les descriptions que le condamné est belle mais très vite ennuyeuse le dialogue est évidemment monotone la plupart du temps et il se parle à soi même.
Les métaphores qu'il fait sont belles mais je me suis un peu vite ennuyé... J'aurais cru à plus d'émotions mais non...
Je suis condamné moi aussi à recevoir des coups de reproches bah tant pis !

Cependant je n'ai toujours pas changé mon avis sur pour la peine de mort !
Aller qu'on condamne pour diffamation !
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