AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 7424 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il n'a ni nom , ni crime défini mais dans six semaines , il sera guillotiné .

Hugo fut souvent le témoin d'éxécutions capitales . Toute sa vie , il combattit ardemment la peine de mort . Il écrivit ce court mais intense récit à l'age de 27 ans . Sa parution en 1829 souleva un véritable tollé . Cependant , nombreux furent les pays abolitionnistes ( Colombie , Portugal... ) a lui rendre un hommage vibrant pour leur avoir ouvert la voie . La graine est desormais semée et nombreux seront les porte drapeau de renom ! En effet , Jaures , Dostoievski , Camus , Robert Badinter ( qui réussira à en obtenir l'abolition en 1981 , il ya juste 30 ans ! 30 ans seulement ! ) s'y opposeront farouchement , parfois avec succes...

Le dernier jour d'un condamné est d'une force rare ! L'empathie et l'identification que suscite un tel monologue ne peut laisser insensible . L'on partage les états d'ame d'un condamné sans avenir ; le questionnement d'un sursitaire en proie à la terreur face au chatiment qui lui est réservé loin de ceux qu'il aime et qu'il ne chérira plus ; la torture psychologique engendrée par un compte à rebours désormais inéluctable égrénant les jours , les heures , les minutes beaucoup trop rapidement à son gout . Ah , pouvoir arreter le temps... Et cette question qui ne cesse de le tarauder , quid de la souffrance ?
Le condamné égrenera une palette de sentiments . de l'acceptation a la panique la plus complete en passant par le fol mais vain espoir d'une grace royale . Si Hugo condamne de telles pratiques , il jette également l'opprobe sur tout un peuple qui vient assister à cela comme l'on vient au spectacle . Indécence terrifiante de l'humain qui vient se réjouir de la mort de l'un des siens .

Un theme fort traité magistralement !
Pour peu que vous soyez curieux de ce que l'on peut ressentir dans une telle situation , le Dernier Jour d'un Condamné devrait pleinement répondre à vos attentes ! Pour peu que celles-ci n'excedent pas six semaines...

Chiffres Amnesty International 2010 :
- 23 pays ont procédé à des éxécutions .
- 17833 personnes etaient sous le coup d'une peine capitale .
- Méthodes utilisées : décapitation , électrocution , pendaison , injection létale , fusillade .
- Officiellement , de 714 en 2009 , l'on serait passé à 527 en 2010 .
Officieusement , la Chine aurait éxécuté des milliers de prisonniers en 2010 mais garde le secret absolu sur son application de la peine de mort . le 25 Fevrier 2011 , elle aurait voté un amendement au code pénal qui retire 13 crimes passibles de la peine capitale . Desormais , 55 crimes sont passibles de la peine de mort au lieu de 68...Cynisme quand tu me tiens...
Commenter  J’apprécie          2175
Comme un cri de révolte et d'indignation lancé à la face de la société de 1827, ce récit est bref et coupant ; il claque à l'oreille et dans l'esprit de ceux qui l'entendent et le lisent.

Manifeste contre la peine de mort, plein d'audace et d'humanité, "Le dernier jour d'un condamné" garde aujourd'hui encore toute son actualité et pose les mêmes questions métaphysiques sur le droit de vie et de mort et sur l'usage que les hommes en font.

Alors que Hugo est très jeune au moment de la rédaction de cette oeuvre, on sent déjà entre ses lignes la grandeur de l'homme exceptionnel, du poète cérébral, de l'artiste engagé, de l'intelligence humaniste. Bien des années plus tard, à l'heure de la maturité, Hugo traitera à nouveau avec brio le thème du bagne dans "Les Misérables" et offrira à Jean Valjean cette seconde chance capitale que la société refuse aux condamnés, et lui ouvrira ainsi la voie de l'expiation, de la réhabilitation, du don de soi, en un mot, de l'humanité.
Commenter  J’apprécie          1291
Victor Hugo n'a que vingt-sept ans quand il publie Le dernier jour d'un condamné mais a déjà assisté à des exécutions capitales qui l'ont profondément ému. Elles sont probablement à l'origine de son engagement contre la peine de mort. Avec emphase et pathos le grand poète nous fait ressentir l'horreur de la sanction. Au fil des heures le condamné, qui imagine son horrible fin et livre ses pensées torturées, nous inspire de la pitié. Il n'est pire souffrance que les tourments psychiques, imaginer un supplice est souvent pire que de le vivre.

Pour donner une forme d'universalité à son plaidoyer, à aucun moment Victor Hugo ne nous renseigne sur le véritable crime du condamné. Il s'agit de parler de la souffrance de tout homme qui se retrouve devant ses juges, afin d'inciter ceux-la à plus de clémence et d'humanité pour qu'ils renoncent à la peine capitale. Et cela quel que soit le crime, aussi horrible fut-il, pour ne pas répondre à la barbarie par la barbarie. Une grande cause, hélas toujours d'actualité, magnifiquement défendue par ce poète qui, longtemps après sa mort, continue de parler juste.
Commenter  J’apprécie          1091
Petit roman de Victor Hugo, ce qui nous change des pavés comme Les misérables et Notre Dame de Paris...
Ici le sujet est directement abordé.
On plonge dans le monde de ce grand écrivain. On y reconnait la plume critique de la société parisienne de l'époque. On ressent les sensations, les odeurs, les bruits, la vie de la capitale.
Victor Hugo décrit les derniers moments d'un condamné à mort. On ne connait ni son nom, ni son crime. On découvre quelques moments de son enfance, de sa jeunesse, on sait qu'il est père d'une petite fille. Cela s'arrête là pour sa vie personnelle. Et surtout, on découvre ses dernières pensées, ses dernières sensations.
Un plaidoyer contre la peine de mort. le fait de ne pas connaître l'identité et le pourquoi de cette condamnation empêche le lecteur d'avoir un jugement sur cette "justice exécutée". Pas de parti pris. Juste les derniers ressentis d'un homme.
Un petit classique à découvrir.
Commenter  J’apprécie          872
En tant que réquisitoire contre la peine de mort, d'abord rationnel dans la préface puis généreux et poignant dans le roman, le dernier jour d'un condamné est un texte indispensable.

Il nous fait réfléchir à toutes les raisons de ne pas exécuter un homme, fût-il coupable, et ressentir l'angoisse, le désespoir et l'horreur de celui qui sait qu'il va mourir dans la journée, alors que tous les autres, spectateurs de son supplice, bourreaux, juges et autres prisonniers, continueront tranquillement leur soirée...

Pour autant, et aussi convaincue que je sois de la barbarie de la peine de mort, j'ai eu du mal à me passionner pour le texte. Car ce dernier jour semble évidemment bien trop court au condamné, mais aussi par moments interminable, vide, aride et vain... Et Hugo rend si bien cet ennui, cette humeur sombre comme la mort et ce trouble qu'on les ressent à la lecture.

Challenge XIX 8/xx, challenge Petits plaisirs 40/40 et challenge PAL
Commenter  J’apprécie          6410
Victor Hugo utilise différents styles littéraires pour clamer son hostilité à la peine de mort :
- Une longue préface, près d'un tiers de l'ouvrage, véritable essai permettant à l'auteur d'argumenter son opinion. Une argumentation qui paraît un peu naïve aujourd'hui, mais qui a le mérite d'étayer l'avis d'Hugo ;
- Une courte pièce de théâtre où s'affrontent les pros et les antis peine de mort. Pas la meilleure partie de l'ouvrage de mon point de vue :
- Un court roman, entièrement écrit à la première personne, où un jeune condamné à mort nous fait partager ses dernières heures, entre acceptation, abattement et révolte...
Le dernier jour d'un condamné n'est certainement pas la meilleure des oeuvres de Victor Hugo, mais elle a le mérite de prendre date dans un combat qui durera encore un siècle.


Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
Commenter  J’apprécie          630
Paris , sous Charles X. Je suis condamné à mort.
Comment peut-on prononcer pareille sentence alors qu'il fait soleil et que les fleurs éclatent de leurs couleurs vives ? Mais tous les recours sont épuisés.
Qu'ai je fait ? Je ne parlerai que de la hache, car j'ai demandé du papier, je veux que ma fille chérie de trois ans apprenne l'histoire de son papa qui l'adorait. Il me reste six semaines à passer à Bicêtre, ce château-hôpital-prison, dans un cachot pour les condamnés à mort.
.
Même Victor Hugo, avec sa qualité d'écriture, peut-il ressentir et faire ressentir les impressions d'un condamné à mort ? Ce n'est pas sûr. Mais il a essayé, peut-être moins pour le roman que comme un texte accusant cette peine injuste : j'accuse ... l'homme de tuer l'homme ! En effet, écrit-il dans Bug-Jargal, seul Dieu peut disposer de la vie d'un homme.
Les juges seront jugés : Maurice Druon, dans la bouche de jacques de Molay l'a bien démontré dans sa série "Les rois maudits".
Le voeu d'Hugo ne sera exaucé que plus d'un siècle plus tard, par Robert Badinter.
.
Pour ma part, c'est une relecture. J'avais été impressionné la première fois. Là, j'ai souligné certains détails qui m'avaient peut-être échappé.
1 ) le forçat qui vient remplacer le condamné sert sans doute de modèle au portrait de Jean Valjean, trente ans plus tard.
2 ) le condamné se demande ce que fait l'âme, une fois la tête tranchée : va t-elle avec le corps ou avec la tête... Les vrais médiums peuvent maintenant répondre à cette question : )
Commenter  J’apprécie          594
Quelle âme généreuse avait Victor Hugo !

Le Dernier Jour d'un condamné, c'est un dernier souffle de vie, une main tendue vers l'abominable, un dernier pardon …
A travers ce court roman, Victor Hugo se fait le chantre de ces derniers instants, y instillant toute sa compassion, son humanité, son empathie.
Quoi de plus fort que de se mettre dans la peau de celui qui va mourir...

A l'heure où les actes les plus atroces se perpétuent, écorchent des vies innocentes, à l'heure où un sentiment de colère et d'horreur gagne nos coeurs, à l'heure où le mot « pardon » ne trouve plus sa juste place, il convient de trouver cette force de bonté et d'abnégation pour faire face à l'incompréhension et à la rancoeur qui nous animent.

Lire ou relire « Le Dernier Jour d'un condamné », magnifique plaidoyer contre la peine de mort peut nous y aider.

Victor Hugo ne cherche pas à disculper l'homme condamné. D'ailleurs, il ne nous dit rien de son crime, effleure à peine son histoire. Il n'est pas là pour jouer les avocats du diable. Il cherche tout simplement à se mettre à la place de cet homme, de ressentir ses dernières émotions, cette angoisse qui l'étreint face à la mort. Un homme qui demande grâce de la vie. Un homme qui pourrait être n'importe quel condamné à mort.

« Je veux bien des galères. Cinq ans de galères, et que tout soit dit, - ou vingt ans,- ou à perpétuité avec le fer rouge. Mais grâce de la vie !
Un forçat, cela marche encore, cela va et vient, cela voit le soleil. »

Si Victor Hugo dénonce avec force et émotion la peine capitale et les conditions de détention de l'époque, ne comprenant pas comment la société se permet d'infliger en toute impunité ce qu'elle-même reproche à l'exécuté, il s'indigne également contre cette foule assoiffée de sang, qui s'amasse en Place de Grève, les jours d'exécution.

Un roman, court mais intense, qui, à sa parution, survient comme un pavé dans la mare mais qui reste malheureusement d'actualité.
Dixit Amnesty International : « En 2015, nous avons recensé plus de 1 630 exécutions dans 25 pays. Ce chiffre est le plus important depuis 1989. Et il ne tient pas compte des statistiques de la Chine qu'il est impossible d'établir avec certitude alors que ce pays exécute de manière massive. »





Commenter  J’apprécie          586
Prenez place dans le couloir de la mort. XIXème siècle, prison de Bicêtre, un homme d'une quarantaine d'année, dont on ne connaitra ni le nom, ni le crime, couche par écrit ses dernières impressions et pensées avant son exécution, des pensées captives de cette mort programmée.

«Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !»

Six semaines, c'est le délai que lui fait « gagner » son pourvoi en cassation.

«C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber.»

Et plus l'échéance approche, plus il écrit…

A travers le narrateur, c'est clairement un plaidoyer contre la peine de mort que l'auteur déroule. Il fustige la torture psychologique qu'elle engendre, inhumaine autant qu'inutile.

«Ils sont triomphants de pouvoir tuer sans presque faire souffrir le corps. Eh ! c'est bien de cela qu'il s'agit ! Qu'est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !»

Pour l'époque, dénoncer l'ignominie de la peine de mort était pour ainsi dire révolutionnaire. Il en fallait moins que ça pour échauffer dame guillotine. Victor Hugo, prudent, a d'ailleurs au départ fait paraitre son roman en 1829 de manière anonyme.

Son approche, bien qu'introspective, est cependant un peu trop raisonnée et analytique selon moi. Il s'adresse avant tout à quiconque juge, comme il le souligne dans la préface, et cela se ressent. Au bout du compte, l'émotion est reléguée au second plan. Il y a aussi un peu de facilité pour justifier que le détenu puisse continuer à écrire jusqu'au moment fatidique.

Néanmoins, c'est du Hugo, il écrit bien le bougre. La vie quotidienne de la prison, son organisation, les procédures de renvoi, la hiérarchie des prisonniers entre forçats et suppliciés, le protocole auquel est soumis le condamné à mort, tout cela est admirablement décrit et fourmille de détails réalistes. Il fait vivre les bruits de la prison. On s'y croirait. Les passages sur la préparation des forçats en partance pour Toulon aux galères sont édifiants par exemple. Ceux avec la foule et le prêtre aussi.

Ce n'est à mon avis pas le meilleur livre de l'auteur mais le thème est indéniablement fort.

Commenter  J’apprécie          484
Que de dérision dans le début où Victor Hugo singe les dialogues des bourgeois dans une discussion sur le livre « le dernier jour d'un condamné » et de son auteur inconnu. Difficile de ne pas s‘imaginer, invisible aux autres et riant de leur imbécillité et de leur suffisance parce que seul le titre les affecte !

Son plaidoyer contre la peine de mort et sa condamnation de la justification de cette abolition envisagée par le tribunal car il s'agissait de sauver des ministres est fascinant !

La troisième partie où il a imaginé faire s'exprimer le condamné, dont nous ne saurons rien en dehors de cette journée, est une façon subtile et humaine de faire comprendre le côté inhumain de cette peine qui ne modifie non seulement le cours de la vie d'un condamné mais bien souvent d'une famille tout entière.

Mieux qu'un pamphlet, il plus facile d'appréhender cette idée d'abolition pour une population qui peut s'identifier à ce condamné et à sa famille.

Brillant !

CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020
CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE XIXè SIECLE 2020
CHALLENGE SOLIDAIRE 2020
Commenter  J’apprécie          463





Lecteurs (26402) Voir plus



Quiz Voir plus

Victor Hugo (niveau facile)

Lequel de ces livres n'est pas de Victor Hugo ?

Les Misérables
Notre-Dame de Paris
Germinal
Les Contemplations

10 questions
1238 lecteurs ont répondu
Thème : Victor HugoCréer un quiz sur ce livre

{* *}