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4,2

sur 6038 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On peut reconnaître toutes les qualités ou tous les défauts qu’on voudra à ce roman, force est de constater que peu sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir contribué aussi décisivement à la préservation d’un patrimoine que l’on dit, désormais, mondial. Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas trop vous parler du roman (un certain nombre d’entre-nous s’en sont déjà chargés admirablement), mais plutôt de son impact culturel actuel.

Outre le fait qu’il s’agissait d’une des premières fois où un monument tenait autant lieu de véritable personnage principal d’une œuvre de fiction (Zola par la suite s'inspirera beaucoup de la méthode pour bâtir son roman Le Ventre De Paris, en y faisant même, à un passage, clairement référence), on peut affirmer qu’il a marqué le retour en grâce du monument dont il est question dans le cœur des Parisiens.

À telle enseigne que cette cathédrale, croulante, misérable, en fin de vie, expirante, lourde, massive, poussive, telle qu’on peut la deviner sur le daguerréotype de 1840, dont le principal espoir d’avenir était une destruction en bonne et due forme, à telle enseigne, disais-je, que les autorités, suite au succès du roman, ont reconsidéré la question, et finalement entrepris la fantastique restauration menée à bien par le très controversé (mais à sa façon génial) Eugène Viollet-le-Duc.

Les principales contributions (il y en a d’autres) de cet architecte à l’édifice est l’adjonction de la fameuse flèche qui est maintenant si « typique » de Notre-Dame ainsi que des non moins célèbres chimères qui s’étalent sur toutes les cartes postales. Encore un lien entre littérature et patrimoine, vous savez sûrement que si Viollet-le-Duc a été mandaté pour cette rénovation, c’est avant tout parce qu’il était l’ami d’enfance de Prosper Mérimée, lequel était en charge à l’époque, des monuments historiques.

J’ajouterai encore que, face au succès de la restauration de Notre-Dame de Paris, il a été entrepris, sous l’impulsion de Viollet-le-Duc mais réalisée par ses deux élèves Paul Gout et Édouard Corroyer, une autre non moins fameuse restauration et adjonction de flèche, à savoir celle de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel. On a du mal à se figurer désormais le Mont sans cette fameuse flèche, or, elle est extrêmement récente.

Imaginez, donc, Notre-Dame sans sa flèche ni ses chimères, imaginez même qu’elle pourrait ne plus du tout exister, imaginez le Mont-Saint-Michel sans sa flèche, et imaginez que tout cela, tout ce patrimoine si emblématique de la France, nous le devons incontestablement à l’impulsion décisive qu’a constitué ce roman de Hugo.

À tous les amateurs d’histoire de l’art, et je sais qu’ils sont nombreux sur Babelio, sachez que nous lui devons tout cela, et que, rien que pour ce détail, ce roman a un immense mérite. Il y en a bien d’autres, car cette fiction historique se lit avec grand plaisir.

Bien évidemment, on peut reprocher, de temps en temps à notre Victor national de faire un peu trop grincer les violons ou d’en faire un peu trop, mais, dans l’ensemble, il sait toujours se tenir sur la délicate ligne de crêtes tendue entre grandiloquence et kitsch, entre poésie et too much, même si, dans cet exercice de funambule au long cours, il pose de temps en temps le pied sur l’un ou l’autre terrain. Mais malgré tous ces " mais ", j'arrive encore à beaucoup aimer ce roman et je ne m'en cache pas.

Et pour conclure, je dirais que, par l’écriture de ce livre, Victor Hugo a réussi la prouesse de métamorphoser, de transfigurer la cathédrale Notre-Dame de Quasimodo qu’elle était en Esmeralda qu’elle est devenue. Et rien que pour cela, chapeau l’artiste et merci.

Vous noterez que ceci est la vision éminemment partiale d’une amoureuse du patrimoine, avec toutes les déformations de regard que la partialité entraîne, c’est-à-dire, bien peu de chose, un pet de chimère, ou une chiure de pigeon sur le crâne chauve de la statue de Viollet-le-Duc de la flèche de Notre-Dame de Paris.
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Bien avant "Intouchables" et autre "de Rouille et d'Os", M. Victor Hugo a pris le parti de choisir des êtres disgraciés, rejetés, bannis de la société, pour en faire des héros.
Rien de plus sulfureux que cette immense cathédrale, son parvis où grouille la misère, son prêtre halluciné par le désir, son gnome habité par la grâce, sa princesse en haillons, ses murs de forteresse qui ne protègent ni du vice ni de la mort. Les démons et les anges s'y affrontent, indifférents aux souffrances humaines, combattants éternels dont les âmes sont l'enjeu.
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La série des Petits Classiques de Larousse , c'est une merveille.
J'avais déjà "Les misérables" et je me suis replongée dans "Notre-Dame de Paris"
On ouvre le petit recueil avec l'identité de l'auteur, les réactions des auteurs de l'époque devant son oeuvre, des repères chronologiques, la fiche d'identité de l'oeuvre avec les personnages et le sujet, la mode littéraire à ce moment.
Ensuite, on rentre dans le roman avec des extraits choisis, des explications pas trop longues sur le contexte en bas de page, des exercices proposés régulièrement.
Au bout de quelques pages, nous avons droit à un récapitulatif du récit.
Et en bout de compte, la réflexion personnelle que Victor Hugo est un sacré romancier de l'histoire qui n'a pas besoin de truffer son roman historique de détails sordides ou spectaculaires comme certains romanciers historiques actuels le font.
Un roman magnifique relu en courts extraits.
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-Sigh- comme dirait Snoopy, soupir en refermant le livre, après une course essoufflée les 50 dernières pages pour savoir comment bon dieu ce sacré roman va se terminer! Oui, parce que n'ayant vu aucune adaptation jamais, je ne connaissais finalement presque rien de cette histoire, à part l'histoire d'amour entre Quasimodo et Esmeralda - et en fait, pas tant que ça!- et le lieu de l'intrigue, la cathédrale Notre-Dame évidemment!
Que dire de ce roman fabuleux? Qu'il m'a durablement entraînée dans les rues médiévales de Paris, sous son ciel changeant, ses quartiers coupe-gorge, là où s'enterraient encore les reclus, derrière des barreaux pour faire pénitence, comme cette pauvre mère qui perdît sa fille adorée enlevée par des gitans?
Qu'il m'a fait pénétrer au coeur de Notre-Dame et que j'ai fréquenté ses gargouilles de près, que j'ai rencontré Louis XI et sa garde, dansé avec Esméralda, belle, gracieuse, douce, et souffert avec Quasimodo, ri avec Gringoire -plusieurs matins, dans le train!
Lire ce livre, une fois apprivoisé le barrage de cette invasion de notes de bas de page, a été comme une course échevelée pour en connaître le dénouement, mais aussi un vrai plaisir :toutes ces évocations de Paris au Moyen-Age, les descriptions, L Histoire et les moeurs... La scène du procès de Quasimodo est jubilatoire, tout comme les répliques du philosophe Gringoire, et tout ce qui touche l'archidiacre d'une noirceur absolue. Victor Hugo n'écrit pas dans la demi-teinte, mais c'est aussi ce qui le rend attachant.
Je n'ai qu'une envie, maintenant, c'est de m'attaquer enfin aux Misérables.

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Un livre magnifique rendu célèbre et populaire par le dessin animé de Disney. En ce jour où Paris pleure une grande partie de sa cathédrale, j'ai retrouvé un poème de Gérard de Nerval, lu à la fac qui résonne étrangement...

Notre-Dame de Paris

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu'elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un boeuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu'elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l'ombre d'un mort !

Gérard de Nerval, Odelettes (1853)
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Mon nom est Frollo ;
Claude Frollo. Je suis archidiacre de Josas en cette ville de Paris, et 21 curés dépendent de moi en cet an de grâce 1482.
On me dit sévère, autoritaire, méchant et pingre, mais voici mon histoire :
Mes parents ont été emportés par la peste en 1465, je les ai à peine connus, avalé très tôt par le séminaire et les études à La Sorbonne, dévorant les sujets de théologie, de droit, et de médecine. Puis, en découvrant l'alchimie, je me suis pris de passion pour cette discipline, dévot de Nicolas Flamel et à la poursuite de la fabrication de l'or. Mais à la mort de mes parents à 19 ans, je me suis donné pour mission d'éduquer et d'envoyer instruire mon petit frère Jehan. Je crois que j'ai échoué, Jehan et son camarade écolier Poussepain sont plus enclins à faire la fête qu'à poursuivre les études.
Pratiquant en la cathédrale Notre-Dame de Paris avec l'évêque Jean de Beauvais, je fus témoin, un matin, d'un curieux incident. Trois commères comméraient devant un grand berceau de bois abandonné sur les marches du parvis. Un grand bébé emmailloté était dedans. Il avait un oeil fermé et un horrible visage, mais je décidai, en gage de bonne volonté vis-à-vis du Seigneur, de l'adopter.
J'avais l'habitude de pratiquer l'alchimie dans une petite cellule perchée au sommet de la tour septentrionale de Notre-Dame. Un jour que j'initiais le médecin du roi à cette discipline, je vis, par la lucarne nord, un être lumineux danser sur la place de Grève. Je fus subjugué ! le médecin était en train d'empêcher une araignée d'aller dévorer une pauvre mouche qui s'était jetée dans sa toile.
Je l'arrêtai :
-- Non, maître ! ....
.
En dehors de ce formidable thriller historique / "page turner" du XV è siècle écrit au XIXè, au delà de savoir qui est réellement Esmeralda et quelle va être sa destinée, Victor Hugo signe là encore un formidable réquisitoire contre la justice humaine !
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Moins pompier que « l'homme qui rit », moins fluide que « les misérables », « Notre-Dame de Paris » ne m'en aura pas moins fait secréter les mêmes hormones de plaisir propres aux oeuvres du grand Victor, dont la lecture représente pour moi le sport cérébral le plus complet : génuflexions devant le puits de science qui vous racornit l'ego aussi petit qu'un muscle contracté, étirement de l'âme, palpitations face aux scènes d'anthologie, fractionnés temps longs descriptifs – temps courts émotifs, attention constante au souffle, saut dans le passé, descente en rappel vers le tréfonds des âmes…
Il y a tout dans Hugo, homme total, et c'est pour cela que j'adore le lire, même quand c'est lourd, même quand c'est trop, même quand ça me dépasse. Ce fut d'ailleurs le cas avec « Notre-Dame » : la lecture de la préface qui contextualise le propos de l'auteur sur la cathédrale m'a fait pleurer d'inculture ! mais beaucoup éclairée sur ce personnage principal du livre et le sens de son titre initial : « Notre-Dame de Paris, 1482 ».

Mais l'avantage de ce roman est qu'il peut se lire à différents niveaux, et qu'à l'échelon le plus simple, celui de la tragédie qui met en scène Frollo, Quasimodo et Esmeralda, il y a bien assez de terrible, de profondeur et de beauté pour satisfaire un lecteur avide de grandeur hugolienne. Comme beaucoup, je ne connaissais l'histoire que par bribes et raccourcis ; je me joins au concert de voix qui ont déjà chanté ici qu'en accomplir la lecture intégrale apporte une plénitude dont il aurait été dommage de se priver !

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Notre-Dame de Paris, quand je l'ai lu, j'étais assez jeune, ado en fait, quelque peu rêveuse et boutonneuse... et j'étais complètement submergée par cet univers, la cour des miracles, Quasimodo, la belle Esméralda et sa petite chèvre blanche. C'était à la fois inquiétant et troublant. Moi j'étais amoureuse de Quasimodo et je ne comprenais pas pourquoi Esméralda était attirée par ce beau capitaine, prétentieux et peu aimant... Remarquez que... tout à coup, je me souviens que lorsque j'ai vu la Belle et la Bête de Cocteau, j'étais aussi amoureuse de la bête... Mais revenons à nos moutons !!!... Plus tard, j'ai vu le film et pour une fois je n'ai pas été déçue. Parfois, que dis-je, souvent ! Et même la plupart du temps, le livre permet le développement d'une foultitude d'émotions fabriquées par notre imaginaire en temps réel. Cela va du dessin des personnages, de la construction environnementale à toute une perception naturelle que notre interprétation s'attache à mettre en place. Tandis que les images d'une filmographie réduisent et surtout imposent de façon irrémédiable notre réception première. Je revois la scène où Esméralda apporte à boire à Quasimodo attaché au pilori et surtout celle où ils sont unis et réunis pour l'éternité. Mais non ! Dans le livre comme dans le film, j'ai bien retrouvé tout cette constance. Il y a bien là, toute la force et toute la consistance des valeurs de l'humanité qui sont représentées. du meilleur au pire, il y a bien là, tout de ce qu'il peut advenir de l'homme, selon qu'il sera aimant ou redoutable et en conséquence je suis toujours un peu amoureuse de Quasimodo...
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La cathédrale Notre-Dame de Paris a une place privilégiée dans ce roman gothique de Victor Hugo . Situant l' intrigue au moyen-âge , dans et aux alentours de cet édifice , l' auteur décrit la société qui y vit .Il s' intéresse aux misérables , les rejetés de la société , les parias . La laideur est présente mais il n' y a pas que ça car on retrouve aussi l' injustice et l' ignorance .Tout baigne dans la laideur .
Cette histoire est cruellement belle et bien décrite par l' auteur qui signe là un chef-d'oeuvre .
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Une lecture qui renvoie dos à dos, les complotistes, les anciens et les modernes, les raisonneurs de toute sorte soucieux de tirer profit d'un drâme pour faire avancer leur conceptions non hugoliennes de l'histoire.
Il suffit de lire et relire :
"...les mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui en avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière."
ou encore :
"le temps est aveugle, l'homme est stupide"
ou bien :
"Si nous avions le loisir d'examiner une à une avec le lecteur les diverses traces de destruction imprimées à l'antique église, la part du temps serait la moindre, la pire celle des hommes, surtout des hommes de l'art. Il faut bien que je dise des hommes de l'art, puisqu'il y a eu des individus qui ont pris la qualité d'architectes dans les deux siècles derniers."
Victor Hugo, une fois de plus, fait oeuvre de bon sens en rappelant la dimension novatrice et perpétuelle de la cathédrale de Paris qui s'accomode du temps comme elle s'accomode des hommes :
"Trois choses importantes manquent aujourd'hui à cette façade. D'abord le degré de onze marches qui l'exhaussait jadis au-dessus du sol (...) le degré, c'est le temps qui l'a fait disparaître en élevant d'un progrès irrésistible et lent le niveau du sol de la Cité. Mais, tout en faisant dévorer une à une, par cette marée montante du pavé de Paris, les onze marches qui ajoutaient à la hauteur majestueuse de l'édifice, le temps a rendu à l'église plus peut-être qu'il ne lui a ôté, car c'est le temps qui a répandu sur la façade cette sombre couleur des siècles qui fait de la vieillesse des monuments l'âge de leur beauté."
Il nous rappelle que Notre Dame n'est rien sans les hommes mais que les hommes ne seraient rien sans Notre Dame.
Un livre à relire, non pour faire pénitence, mais pour affirmer avec Hugo que :
"L'homme, l'artiste, l'individu s'effacent sur ces grandes masses sans nom d'auteur ; l'intelligence humaine s'y résume et s'y totalise. le temps est l'architecte, le peuple est le maçon."
Une leçon pour les prétendus donneurs de leçon du XXIème siècle.
SALUTAIRE !
Lien : https://camalonga.wordpress...
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