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3,37

sur 263 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fiction ne dépasse pas la réalité. La réalité est une fiction.
Alors que notre quotidien nous donne l'impression d'être en ce moment les figurants impuissants d'un film catastrophe, la lecture du dernier roman de Fabrice Humbert nous plonge dans un polar métaphysique qui interroge la frontière virtuelle qui sépare sans droits de douane la vérité et la fiction.
Ce n'est pas par hasard que l'auteur transporte son récit aux Etats Unis dont notre représentation est formatée par les films, séries et reportages que nous engloutissons comme les menus King Size d'un Fast Food.
Adam Vollmann, journaliste de bureau plus que de terrain, découvre sur les écrans géants de Time Square le visage d'Ethan Shaw, l'ancienne star de son lycée, avec lequel il avait noué, puis emmêlé, une amitié particulière vingt ans auparavant. L'homme est devenu un fugitif, recherché par tout un pays, accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine de 15 ans.
Vollmann décide d'enquêter et de revenir à Drysden dans le Colorado, morne bourgade peu accueillante où il a passé une adolescence difficile, recroquevillée et solitaire. Sur place, les versions contradictoires se multiplient, la ville semble gouverner par la rumeur et le mensonge. Nulle trace du fantôme d'Ethan Shaw.
Côté ambiance, c'est comme si Philip K Dick et David Lynch avaient partagé un joint. le journaliste ne parvient plus à démêler le vrai du faux et chaque rencontre lui donne un peu plus l'impression de se heurter à un scénario cadenassé.
Le récit intègre les souvenirs de cette enfance douloureuse, cloîtrés dans la mémoire du journaliste et qui descendent du grenier, lors de retrouvailles avec certains lieux ou d'anciennes connaissances.
L'auteur multiplie également les digressions passionnantes sans nuire au rythme du roman. Il évoque par exemple la question du son au cinéma. Il suffit d'avoir déjà pris un vrai coup de poing pour savoir que le son entendu dans un film ne correspond à aucune réalité. Mon nez pourrait en témoigner. de même, le bruit véritable d'une explosion d'obus n'a encore jamais été diffusée car il ne correspond pas aux attentes des spectateurs. « Il s'agit d'imitations d'illusions ».
Depuis « l'Origine de la Violence », tous les romans de cet écrivain évoquent également la question de l'identité. La victime ne semble être qu'un nom. Ethan Shaw ne projette que la caricature fuyante du sportif populaire dans son lycée. Un personnage volontairement inabouti. le journaliste a changé d'identité quand il avait quitté Drysden. Fabrice Humbert écrit-il sous un nom de plume ?
J'avoue avoir été impressionné par la richesse de ce roman qui mêle sociologie et psychologie, suspense et manipulation. Griotte sur le pudding, c'est très bien écrit. Seule la fin m'a laissé un peu sur ma faim. On devient gourmand devant de telles friandises.
Imaginez les personnages de Twin Peaks dans les décors du Truman show…
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Je profite du confinement pour essayer d'avancer dans mes chroniques, et comme je n'ai pas spécialement envie d'écrire, ni vous de lire, des chroniques mitigées sur des livres très moyens, je viens vous parler du dernier roman vraiment enthousiasmant que j'ai lu. C'est ma quatrième lecture de Fabrice Humbert, je crois, pas du tout inconnu de mes services donc, et j'aime sa manière de se saisir de sujets d'actualité, et d'en faire des romans prenants.
Le sujet donc : Adam Vollmann, journaliste new-yorkais, apprend avec étonnement que l'idole de sa jeunesse, la star de son lycée de Drysden, Colorado, Ethan Shaw, est activement recherché pour le viol et le meurtre d'une jeune fille de seize ans, Clara Montes. Ne pouvant imaginer comment cela est possible, Adam se rend à Drysden pour enquêter, rencontrer la mère de Clara, l'épouse d'Ethan, et d'autres personnes…

L'auteur aborde les thèmes de la vérité et du mensonge, notamment par rapport à l'image, à l'information, les fake news, bien sûr, et aussi la surveillance du citoyen, et surtout de celui qui va à l'encontre du gouvernement ou de toute autre puissance. Les références sont nombreuses, du mythe d'Oedipe à Citizen Kane, ou à la prise de la Bastille, et pourtant, on reste tout le temps dans le roman, et en aucun cas dans un essai déguisé. Qu'a réellement fait Ethan Shaw, son ami Adam Vollman va-t-il réussir à l'innocenter, ces questions restent prégnantes tout du long du roman, et portent le lecteur.
Au-delà de l'écriture, particulièrement maîtrisée, du thème, très actuel et de la dénonciation nécessaire, l'histoire touche au plus profond, et pousse à tourner les pages avec avidité. Même la fin, qui peut sembler frustrante, ou moins limpide que le reste, m'a semblé en parfaite adéquation avec le reste du texte, et m'a subjuguée. Une parfaite réussite, en ce qui me concerne.
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Quand Adam traverse Time Square, il découvre sur écrans géants le visage d'un homme Ethan, recherché pour le viol et le meurtre d'une ado, Clara. Ethan, cet ami solaire qu'il avait rencontré lorsqu'il était ado dans la petite vide de Drysden et qui lui avait fait l'aumône d'une drôle d'amitié. Se rendant sur place pour enquêter, il reconstruit en creux, à travers les témoignages des proches ou des gens de la ville, ce qu'est devenu cet homme et pourquoi il est devenu l'ennemi à abattre.
Premier roman que je lis de cet auteur, j'ai eu comme une fulgurance. L'auteur s'empare des sujets qui hantent les États-Unis: le mensonge érigé en totem, la force pure contre l'esprit, les « fake news » gobées sans sens critique, la loi de la force brute, les armes, la valeur de la chasse (au gibier ou à l'homme) …
La virtuosité de l'auteur m'a accrochée d'un bout à l'autre du livre, particulièrement dans l'approche et la construction des deux personnages principaux, Adam et Ethan, qui ne se rencontrent pas puisque l'un enquête sur la disparition de l'autre, mais que le journaliste dessine à travers les paroles et les mensonges de ceux qui témoignent.
En bref, j'ai trouvé ce livre d'une grande intelligence et je reconnais qu'il m'a prise aux tripes rapidement et durablement.
Je vais suivre cet auteur….
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Il faut dire que cet auteur est un de mes chouchous : se romans font mouche à chaque fois ( le très bon : La fortune de Sila, Comment vivre en héros ? Avant la chute, l'excellent : L'origine de la violence)

Ce roman est le récit d'Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, découvrant la photo de son ancien et seul ami d'enfance Ethan étalé sur tous les tabloïds : c'est l'homme le plus recherché du pays suite au meurtre d'une adolescente.

Adam nous livre ses souvenirs de jeunesse dans une petite ville américaine et sa rencontre avec le solaire Ethan.

Adam décide de se rendre sur place pour enquêté, sous couvert d'un article pour son journal sur la vacuité de l'information : toutes les images et tous les commentaires sur cette affaire sont vides et tournent en rond. Adam l'appelle le ver.

Adam tente de découvrir la réalité derrière l'information, au péril de sa vie.

J'ai aimé Adam, journaliste qui pose les mauvaises questions et ne récoltent que des silences.

J'ai aimé Ethan, cet adolescent star de son lycée à la mode américaine, devenu un adulte qui ne rêve que de partir et laisse toujours une case vide dans ses puzzles.

J'ai aimé ces personnages de l'ombre qui grippent la machine, et qui mettent en lumière les défauts de l'histoire et des images.

Car Adam ne récoltent que des images vides (la maison d'Ethan, la chambre de la jeune fille trop rose) et des silences.

Un roman dont l'atmosphère particulière se délite doucement au fur et à mesure de l'enquête d'Adam.

Un récit qui m'a poursuivi une fois le livre refermé.

L'image que je retiendrai :

Celle des puzzles d'Ethan représentant des voiliers qui partent, et dont il manque toujours une pièce.

Quelques citations :

S'il est vrai que la curiosité est une des passions humaines, le ver en est l'exact opposé : il n'est pas là pour renseigner mais pour se régénérer dans le mouvement infini de sa dévoration. (p.49)

Ces dieux qui ne sont rien d'autre que ceux de la narration, les trois Moires, Clotho, Lachesis et Atropos, habitant le palais des destins gravé sur le fer ou l'airain. (p.165)
Lien : https://alexmotamots.fr/le-m..
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Le dernier livre de Fabrice Humbert est construit comme un thriller, mais c'est limite un essai socio-psychologique.
Avec ce texte, l'auteur nous fait réfléchir sur les différentes façons de traiter l'information dans ce monde contemporain qu'est le nôtre. La tolérance, le respect qui sont omniprésents.
Tous les personnages sont complexes. Où est la vérité ? le mensonge ? qui manipule qui ?

La fin est en adéquation avec tout le livre. Il nous laisse avec nos questions, à nous de faire la part des choses.

A chaque fois que je referme un livre de Fabrice Humbert, je ne ressors pas indemne, comme si j'avais pris un uppercut. A chaque fois, il a une façon particulière de traiter la violence.
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Bonjour à tous. Je vous ai préparé une petite semaine de littérature contemporaine avec des livres tous parus ce premier trimestre 2020.

🌻Je la commence avec le monde n'existe pas de Fabrice Humbert. (Vous avez peut-être lu de lui l'Origine de la violence). En se promenant, Adam Vollmann, aperçoit sur les écrans de Times Square, Ethan Shaw, le demi-dieu de son adolescence difficile et tourmentée. Ethan aurait violé et tué une jeune fille de 16 ans…

🌻Refusant la possibilité de ce fait, Adam repart dans le Colorado de son enfance. Il interroge les habitants du lieu du crime, mais ceux-ci lui répondent bizarrement et les témoignages ne concordent pas.

🌻Sur le rythme effréné d'un thriller, avec des images issues tant des livres que du cinéma américain, Adam est entraîné dans une course folle, sans trop savoir s'il a toute sa raison. Et puis qui est - était -vraiment Ethan?

🌻Le monde n'existe pas est un livre bien écrit qui ne vous lâche pas. Il vous emmène autant dans les tortures de l'adolescence que dans les méandres de la folie et surtout dans une réflexion passionnante sur la fabrication des fake news (spécialement en ce moment!). Je suis sortie de sa lecture en ayant l'impression d'avoir passé des heures dans les montagnes russes. Secouée!!
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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Réalité ou fiction ? Qui ne s'est jamais interrogé sur le contraste entre l'agitation du monde promulguée par les médias et le pas grand-chose de bien palpable dans sa vie de tous les jours ? Fabrice Humbert, à travers ce surprenant thriller, pousse avant tout le lecteur à réfléchir à la valeur des informations que lui inculquent à coups de massue les journalistes d'aujourd'hui, qu'il ne manque pas de bien caricaturer. Loin d'être pour la plupart d'entre eux de grands reporters aventuriers et transis de vérité, ils semblent plutôt se complaire dans la diffusion ad nauseam d'une actualité surjouée voire, comme cela pourrait être le cas dans ce récit, carrément mise en scène. Bien assis sur leurs chaises de bureau et armés des outils de l'intelligence artificielle, ils entretiennent l'animosité humaine ou nourrissent un peu plus les certitudes des adeptes des théories du complot…

Un très bon roman qui ne saurait laisser indifférent !
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Voici une lecture qui m'a décontenancé. Je ne m'attendais pas à ce voyage dans ce que le monde actuel offre de surnaturel. Qu'est-ce que la vérité, sur quoi se base un récit, qui suis-je, mon image, ma propre construction de mon corps, ce que les autres voient ou veulent voir de moi??? Autant d'interrogations qui servent de terreau à une intrigue digne de la *4ème dimension* des années '60.
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Passionnant ouvrage que l'on peut lire sous deux angles différents :

l'histoire menée comme un thriller psychologique dans la ville de Drysden (Colorado). Au lycée Franklin, deux adolescents deviennent amis ; l'un d'eux, Ethan Shaw, capitaine de l'équipe de foot, doué pour tous les sports, est solaire, beau, attirant toutes les sympathies, séduisant toutes les filles, sorte de Robert Redford assez imperméable.,
L'autre, Christopher Mentel plus intellectuel est passe-muraille : blanc de peau, maigrichon, peu sûr de lui, objet d'indifférence mais aussi d'agressions en raison de son homosexualité, amoureux platonique d'Ethan

Quelques années plus tard, Christopher qui est aussi le narrateur, devient journaliste au New Yorker sous le nom d'Adam Vollmann et découvre sur les panneaux de Times Square le visage d'Ethan accusé de viol et de meurtre d'une adolescente.

Il retourne à Drysden pour officiellement faire un article à ce sujet, officieusement pour comprendre et sauver son ancien ami. Ce récit est en lui-même captivant avec une fin pour le moins surprenante.

Le 2e niveau étroitement imbriqué dans l'histoire est une interrogation sur l'existence du réel à la façon des poupées russes :
. Sur le plan Individuel le questionnement porte sur l'identité, la part d'invention de soi. En l'occurrence dans le roman : qui est le vrai Adam Vollman ? Qui est réellement Ethan Shaw ?, quels sont d'une façon générale les acteurs de ce livre, la mère de la victime, la femme d'Ethan ? Et par extension qui sommes-nous ?
. Familial : les familles rencontrées dans le cadre de l'enquête sont-elles ce qu'elle paraissent être ?
. Environnemental : Drysden est-elle cette ville américaine banale au sein de laquelle passe une autoroute avec son armurerie, cafés, pizzeria, son lac, ses montagnes ?
. Encore plus largement le monde qui nous est accessible à travers les récits historiques, d'actualité est-il le reflet de faits avérés ou est-il le produit des fictions inventées au gré des intérêts du moment, façon « 1984 » d'Orwell ?

Le livre pose des questions concernant cette réalité dont on doute de plus en plus au fur et à mesure du récit jusqu'au sentiment confus d'une manipulation totale de l'information qui nous est accessible, la réalité et la fiction se confondent d'une façon troublante.

Le point de vue de l'auteur est contenu dans le titre : le monde n'existe pas, il n'est que récits arrangés, triturés et parfois inventés.

Ce livre aux multiples facettes est passionnant et servi par un style qui a du souffle.
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Lu d'une traite !

Au travers d'une enquête, Fabrice Humbert pose de vraies questions sur le lien entre réalité et vérité.
Quand le plus grand nombre croît en quelque chose, est-ce que cela devient la réalité, est-ce que cela en fait une vérité.
Partant de là, se pose le problème des réseaux sociaux et leurs « fake news », des manipulations possibles grâce à la promesse d'argent ou de célébrité (et qu'est-ce qui pousse à ce besoin de reconnaissance).
Une question non pas d'actualité, mais de société.

Sur la forme, j'ai apprécié le style: On ressent l'enlisement de l'enquête du narrateur, sans que cela devienne pesant. L'auteur arrive ensuite à faire émerger en nous les ressorts de l'enquête en même temps que le héros, des premières intuitions au dénouement final.

Bref une très belle découverte.
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