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3,28

sur 284 notes
On ne sort jamais indemne d'un roman de Nancy Houston. Cette fois l'auteure nous capte par l'histoire étrange de quatre héros en virée en Toscane: l'héroïne du roman, Rena, photographe professionnelle, son père Simon, la compagne actuelle de ce père adoré Ingrid, et enfin le personnage imaginaire de Subra la confidente intérieure de Réna. A ce propos on ne peut s'empêcher de penser à la figuration de ces dialogues intérieurs qu'en a fait Hergé avec un Milou tiraillé entre ange et démon.
Rena agée de la quarantaine rejoint donc son vieux père, sa belle mère à Florence, et l'exploration touristique de la ville et de ses environs sert de substrat sur lequel vont s'exprimer les relations familiales présentes, passées, leur violence absolue, parfois aussi leur tendresse infinie. Pour le lecteur masculin que je suis ce livre est assurémment une présentation parfois très crue de l'univers féminin, des découvertes, des peurs, des simulacres, des fantasmes, des doutes des échecs, bref de la vie vécue par nos compagnes. Les pages sur la maternité, les relations frère soeur, l'amour y compris dans sa dimension la plus animale, sont superbes.
Au total une lecture très forte qui n'a pu m'empêcher de me faire penser à la vraie vie de la photographe et artiste Lee Miller. Si l'on s'autorise cette comparaison, Rena est assurémment également très belle.
Les plus : une structure du roman organisée autour des journées du séjour, scanssion géniale qui permet d'introduire habilement les réflexions solitaires matinales et vespérales, les moments obligés en famille, les attentes, les relations avec le téléphone portable tout en donnant le fil conducteur géographique et temporel du roman. L'héroine, incroyable de vérité. La psychologie très fine des personnages, y compris secondaires dans le roman ( la mère absente, les enfants, les amants, les époux, le frère, Gaia, cette femme qui tient des chambres d'hôtes, etc...). Les références culturelles multiples (la photographe Diane Arbus, le Japon, la Toscane. La fatalité de l'existence, l'absurde.
En moins : Nancy Huston a t-elle des comptes à régler avec ses propres fantasmes pour nous infliger parfois des passages extrêmement crus, violents,sadiques pas forcément indispensables?
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Même si j'ai failli abandonner ce livre avant le premier tiers, je suis contente d'avoir été jusqu'au bout. J'ai apprécié particulièrement la partie psychologie intime du roman, comme nous sommes des êtres complexes, avec des vies complexes. Rena, 45 ans, part en voyage à Florence avec son père et sa belle mère, il y a des tensions entre eux, elle a envie d'être à Paris avec son amoureux. le livre est très accès sur une vision sexuelle de la vie, vision parfois dérangeante pour moi, mais tout s'imbrique et les mamans qui s'occupent mal de leurs petits garçons sont à l'origine de tant de problèmes dans le monde.
J'ai trouvé ce roman complexe, mais l'ai apprécié de plus en plus au fil de la lecture, même si cela a pris beaucoup de temps.
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Visite guidée à travers les rues de Florence, les splendeurs de la Renaissance, ça te dit ? Flâner dans les musées, prendre le frais dans les églises, se promener dans les jardins, un verre en terrasse... Un programme alléchant, oui je veux te lécher, te faire l'amour sous le clair de lune, période bleue, que tu sois Rena, Subra ou toute autre sylphide en a. L'ambiance toscane, sa chaleur, sa moiteur, moi ça me donne des idées fiévreuses. Pas toi ?

Rena rejoint son père et sa belle-mère pour cette escapade florentine. Pourquoi a-t-elle accepté ? Elle se le demande encore, déjà son père... mais sa belle-mère en plus... Tu parles de vacances... Alors pour s'échapper elle a convié Subra, son amie "intime" et imaginaire à qui elle conte tous ses fantasmes, y compris les performances sexuelles de son jeune amant parisien. Elles sont chaudes toutes les deux. Me too. On est fait pour s'entendre, je serai donc son lecteur privilégié. J'y connais rien en arts et encore moins en positions "libératrices". C'est que je ne te l'ai pas encore dit, mais Rena est aussi artiste, à la fois reporter et photographe. Sa dernière exposition : le sexe masculin. Des clichés de sexe, en forme ou au repos, en long en large, des gros plans, des plans plus larges, bref des bites de toutes les couleurs. Elle aime photographier la nudité de ses amants. Moi, tu veux aussi que je pose ? Ne me demande pas de tremper ma bisoune dans le caffèlatte...

Allez, c'est l'heure de la sieste. Son père fatigue déjà, il rentre à l'hôtel... On se retrouve ce soir au restaurant ? Non, je crois qu'il va se faire monter un plateau repas directement dans sa chambre. Des vacances ratées, je le sentais. Alors, Rena se promène tout l'après-midi dans cette ville-musée, enchaîne les galeries d'arts et se taperait bien ce gardien bien silencieux. Elle aime le silence des hommes, quand leurs mains se substituent à la parole, elles lui caressent les seins, encore fermes pour son âge, une fierté, elles lui caressent ses fesses, d'une rondeur encore bien douce et docile... Elle est chaude, moi aussi dans mon silence. Normal, c'est une fille de McGill, et j'ai entendu dire que les nanas de McGill, c'est du hot, surtout quand elles écoutent Leonard Cohen. Je commande un cappuccino, avec un surplus de crème si tu vois où je veux en venir.

Que de souvenirs qui refont surface, comme des péchés oubliés, des meurtrissures du passé qui surgissent du tréfonds de la mémoire. La force d'un ristretto fait que des images inavouées et inavouables s'affichent sous l'oeil de la photographe. Sans filtre, juste un infrarouge, Rena peut ainsi voir la réalité de la vie, la sienne surtout. le café se sert serré, ici, mais les blessures ne peuvent s'oublier, en toi. D'où ces nombreux voyages à travers le corps de l'autre, ces pulsions sexuelles, ces désirs, tes cuisses qui s'écartent, ô petit bonheur furtif qui permet à l'instant d'oublier sa propre histoire et de laisser couler la bonne humeur sur son visage comme le sperme de son amant.

Et que d'érotisme dans ces quelques jours toscans, je devrais peut-être vivre à Florence ou être italien, ça me plairait bien... Si j'y connais rien en art, - Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni ça serait pas un remplaçant de la Squadra Azzura ? - je demande pas mieux, au fond de moi, que d'approfondir l'art de la sodomie.
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C'est du Huston dont le style d'écriture est toujours une innovation, comme si on découvrait à nouveau la Huston. Est-il que tout rythme marche selon le personnage que l'autrice choisit pour assoier son univers! Et ici, c'est Rena Greenblatt, une femme, artiste photographe reporter, extrêmement indépendante qui offre un séjour en Italie à ses parents...c'est en même temps un voyage de réconciliation, autant avec son père et sa belle-mère qu'avec elle-même, elle qui s'est trouvée depuis l'enfance un personnage double à qui elle confie ses secrets...une manière à elle de guérir de ses blessures d'enfance...
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Photographe Rena rejoint à Florence son père et sa belle mère pour une semaine de vacances en Toscane au milieu des splendeurs de la Renaissance. Agé, le couple parental traîne la patte et n'est pas toujours réceptif aux chefs d'oeuvres toscans tandis que Rena s'impatiente toute au regret de Paris et de son jeune amant. Alors lui viennent quantité de souvenirs, fantasmes et pensées secrètes une occasion pour l'auteur de disserter sur la vie, la mort, le sexe orgasmique et procréatique, la religion, sa vision sur l'homme, les codes féminins et masculins et ses archétypes trompeurs, autant d'idées souvent justes et argumentées qui transforment par moment le roman en essai. On navigue entre le présent de ces vacances ratées que l'auteur tente de rendre amusantes et la vie passée sombre et passionnée de Rena. Autant d‘éléments qui peuvent désorienter le lecteur.
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Rena, photographe de presse très libérée a passé la quarantaine. Elle part en séjour à Florence avec son père Simon et sa belle-mère Ingrid.
Elle laisse derrière elle son dernier amant Aziz, journaliste dans le même journal qu'elle… Qu'il va lui manquer !
Simon est un vieil homme à présent. Rena s'en rend compte de suite et doit le traîner de merveilles en chef-d ‘oeuvres. Pourtant, il a été un chercheur d'une grande vivacité d'esprit, intelligent et très libre dans sa vie active…
Ingrid n'a pas toutes ses qualités. Elle est simple, assez peu curieuse et débonnaire, du moins en apparence. Rena la connaît si peu.
Rena va accomplir un voyage dans son passé en même temps qu'un voyage dans le passé florentin, aidée par la voix de sa conscience, qu'elle nomme Subra en souvenir de la grande photographe Diane Arbus
Tout se passe comme si Rena profitait à son insu de ce voyage pour faire le point sur sa vie. Ses relations difficiles avec son père et son frère Rowan, avec ses maris, ses nombreux amants et ses propres enfants. Avec, en ligne d'horizon, la disparition tragique de sa mère trente ans plus tôt.
Les jours passent avec lenteur, ponctués par les visites touristiques dont la beauté des sites écrase le spectateur comme seules des beautés de Florence peuvent le faire…
Il vaut mieux d'ailleurs connaître Florence dans ses moindres détails pour suivre les traces de ces personnages de roman attachants parce que si humains ! le décor Renaissance donne à leurs pérégrinations des couleurs et une lecture si particulière, chargée de nostalgie diffuse et de la futilité de nos existences…
Notre passé nous étouffe, quoi qu'on fasse, et la beauté passée nous inflige le coup de grâce et une forme de révélation, juste avant de nous abandonner à notre destin.
L'infrarouge, c'est cette lumière qu'on ne voit pas. C'est la même couleur que notre futur, invisible mais déjà présent.
Inutile de dire que j'ai adoré ce roman intime et si troublant… Nancy Huston est une Grande de la littérature actuelle, comme ses nombreuses récompenses l'attestent !

MichelANgelo 2013
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Rena, une photographe quadragénaire, rejoint à Florence son père, Simon, et Ingrid, la compagne de ce dernier, pour un séjour d'une semaine en Toscane.
Rena est une femme rebelle, indépendante, sexuellement désinhibée, qui a quatre mariages -dont un blanc- à son actif. Son compagnon actuel est un homme beaucoup plus jeune qu'elle, d'origine immigrée, qui a grandi dans un des quartiers difficiles de la banlieue parisienne.
A son arrivée à Florence, elle retrouve un père vieillissant, physiquement diminué, et une belle-mère toujours aussi exaspérante de naïveté.

Le récit, dont Rena est la narratrice, est sans cesse entrecoupée de flash backs. Les visites dans la capitale toscane, la proximité avec son père ravivent en effet des souvenirs plus ou ou moins agréables, grâce auxquels nous reconstituons peu à peu le parcours qui a fait d'elle cette femme au caractère si fort.
Une mère absente, une initiation à la sexualité trop précoce, un père libertaire à l'extrême, qui entre autres lui a fait découvrir les charmes du LSD, une relation malsaine avec son frère aîné... Un parcours a priori invalidant, mais dont Rena a su tirer sa force.
La photographie a aussi été pour elle un moyen d'épanouissement, de révéler le secret des corps, en utilisant des filtres à infra rouge, qui mettent en évidence les réseaux veineux, la chaleur corporelle, les émotions dissimulées, tout ce que l'oeil ne discerne pas, mais qui constitue selon elle l'essentiel d'un individu. Elle photographie surtout les hommes, sujet qui la passionne. Hommes du monde entier, haineux, amoureux, effrayés... le corps de l'homme la fascine, éveille en elle mille fantasmes, et elle en assouvit parfois certains.

A travers les différents événements de son existence, et les rencontres qui l'ont marquée, elle dresse aussi comme un état des lieux de la condition féminine contemporaine. Rena a été mariée à un Haïtien, à un Coréen, à un Sénégalais, à un Algérien... Elle a couché avec des goys excités par son statut de juive, avec des juifs excités par son indépendance de goy, elle a couché avec un professeur excité par son statut d'élève, avec un ami de son père excité par l'innocence de ses quinze ans...

Bon, vous l'aurez compris, tout cela finit par tourner à la démonstration, voire à la caricature...
Si la démarche de Nancy Huston est au départ louable, elle manque cruellement de subtilité et de crédibilité. Son personnage devient au fil du récit comme un cobaye sur lequel elle expérimente toutes les situations perverses imaginables, et cela finit par être lassant. Elle perd ainsi partiellement sa consistance d'héroïne, pour n'être plus qu'une représentation abstraite de la femme comme objet de convoitise sexuelle.
De plus, le stratagème utilisé pour introduire l'évocation par Rena de ses souvenirs, cette amie imaginaire qui lui intime "raconte", comme un leitmotiv, m'a agacé également. Il était dispensable...

C'est la première fois que je suis déçue par un roman de Nancy Huston, auteure dont j'apprécie particulièrement la plume et la polyvalence. Un nouveau titre doit paraître en septembre, dans lequel je place tous mes espoirs...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Quelle déception ! Je n'ai pas l'habitude de parler des livres que je n'aime pas parce que je ne me sens pas en droit de les juger eu égard à leurs auteurs. Je ferai pourtant une exception cette fois-ci.
Cet Infrarouge de Nancy Houston m'a profondément déçue. Une histoire sans queue ni tête ou alors c'est qu'elle est tellement décousue qu'on a du mal à les entrevoir. Un alignement de mots sans intérêt, peu de dialogues. Qu'est ce qui a bien pu passer par la tête de l'auteure et celle de son éditeur pour sortir une ineptie pareille ?
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J'ai eu le grand plaisir de rencontrer et écouter Nancy Huston parler de ce livre. Cela m'a vraiment donné envie de le lire, voilà qui est fait.
Rena la narratrice est une jeune femme qui m'a touchée, au fil des chapitres elle se dévoile et nous raconte son enfance et sa vie d'aujourd'hui.
Nancy Huston disait qu'il a des blessures dans notre enfance qui font ce que l'on devient (ou quelque chose du genre), c'est un peu le thème de ce roman, un peu car sont également abordés dans ce livre plein (un peu trop) d'autres thèmes.

lu en 2010.
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La fiction me touche quand elle touche au réel. Non pas quand elle est probable, mais quand à travers une histoire singulière elle rend compte du réel dans sa complexité.

J'en prends pour exemple, dans Infrarouge, le thème de la sexualité. L'improbable narratrice Rena Greenblatt parle de sa vie sexuelle récente, de ses souvenirs, de ses fantasmes. Elle parle sexualité active et désirante, puis agressive et néfaste. Elle la voit ici sublimée par l'art, là galvaudée et banalisée. Elle parle politique, couleur de peau, domination, séduction, tout en parlant de sexe. Parle maternité, pulsions, psychanalyse. Corps sains, corps malades. Fidélité et trahison. Bonheur, espoir, frustration, deuil.

Mais oui que c'est ça! La réalité complexe de la sexualité dans nos vies, n'est-ce pas tout ça?

Et c'est aussi, chez Nancy Houston, un voyage de 7 jours en Toscane, que je vous recommande.
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