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sur 314 notes
Abonnée aux Cox (dont un cabriolet décapotable rouge tomate,  vraiment collector, dont je me suis séparée avec larmes, malgré ses trous au plancher qui faisaient défiler la route plus vite!) , je n'ai jamais connu le plaisir du camping car VW, ce Combi  de légende,  même  si nous en rêvions tous les 5...Un de mes fils a réussi à  concrétiser, à moitié, ce fantasme collectif et familial : un "camion"  est bien sa coquille d'escargot ...mais ce n'est pas le fameux Combi, qui malheureusement n'est plus fabriqué. ..

Alors quand j'ai vu qu'Ivan Jablonka (dont j'avais tant aimé Laetitia et Histoire des grands parents que je n'ai pas eus) avait écrit un livre sur le fameux véhicule, je me suis doutée que ce serait beaucoup plus qu'un bouquin de plus sur un vroum vroum légendaire. ..

La démarche est tout à fait originale et comme toujours chez Jablonka, beaucoup plus complexe, polyphonique,  qu'elle n'en a l'air.

Tout à la fois,

- c'est une sociologie des vacances itinérantes et familiales du début des années 80 jusqu'à la chute du mur;

- un récit d'enfance, une sorte d'autobiographique, de bildungsroman motorisé  dont le voyage et les vacances seraient le mode d'initiation, le médium privilégié;  

- un petit vademecum de la pédagogie active à l'honneur dans les années d'après- guerre, un manifeste pour le droit des enfants à la liberté et au bonheur, le droit à la pause, en dehors de l'école - les vacances itinérantes étant la façon la plus libre, la plus ouverte et la plus parlante d'appréhender la connaissance du monde.
 
- une recherche historique sur la résilience de monsieur  Jablonka- père , un enfant-Shoah, devenu père et  souhaitant transmettre à ses enfants l'originalité douloureuse de ses racines tout en leur permettant, sans trahir leur culture, leur origine, leurs valeurs,  d'être plus heureux que lui, mieux intégrés dans un futur espéré fraternel.

"Soyez heureux!" C'est sur cette injonction  paradoxale,  ce double bind, qui est aussi un cri de colère du père que s'ouvre l'itinéraire de l'enfant Combi . C'est sur elle aussi que se clôt le livre.

Le devoir d'être heureux dépend du  bon usage du voyage (et de celui de son tapis volant mythique,  le Combi) .

Un bonheur à la marge, vadrouilleur, baguenaudant entre culture et nature, un bonheur de tribu- les parents, les potes des parents,  la bande des gosses - , un bonheur d'aventure, de rencontres, d'improvisation, de découvertes.

Le contraire d'un bonheur organisé, balisé, sécurisé, planifié.  Comme les vacances du même tonneau.

Et ce bonheur-là , pas chiche, le livre le dispense généreusement,  à  pleines bouffées.

En ces temps de masques, de gel hydroalcoolique, de "gestes barrières" et de "distanciation sociale", il nous rappelle  notre fraternelle humanité,  pas si loin, pas si caduque, et c'est un bonheur qui fait même un peu mal...
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parfois, les titres des romans sont trompeurs. Avec En camping car, on n'est pas pris en traitre. L'auteur revient sur sa jeunesse et notamment ses vacances en...camping car.
Alors , comme ça , ça ne vend que moyennement du rêve. Et j'avoue que les premières pages ne m'ont pas envouté. Et puis....

Et puis , l'auteur sort sa plus belle plume , et philosophe autour des combis , des spots, de la liberté , de la famille, des amis . Et c'est rudement bien fait, ramenant chacun à l'expérience personnelle de sa jeunesse.
L'auteur nous vend du rêve avec ses traversées d'Europe où la naturisme côtoie l'antiquité , les barbecues succèdent aux longues routes désertes surchauffées. C'est une autre époque , celle d'une liberté accessible et non réprimée,mais aussi du 'communisme dans ce qu'il avait de meilleur" et la nostalgie de ces moments à jamais perdus affleure à chaque page.
Alors , au delà de cette biographie qui a du émouvoir intensément tous les protagonistes , il y a ces réflexions autour du mythe et de la symbolique du combi VW et de tout ce que représente ce véhicule.
La marque d'une époque d'insouciance que les parents d'Ivan ont magnifié pour apporter à leurs enfants le plus beau des cadeaux, le bonheur.

Une très belle lecture qui monte en puissance au fil des pages.
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Lu fin janvier 2018-----

"Nos vacances n'avaient aucun nom, aucune justification, elles ne correspondaient à rien de connu. Cette manie ambulatoire était suspecte. Elle inquiétait les conformistes de masse par son côté excentrique ; elle paraissait grossière et rebutante aux enfants de l'élite. Nous bougions
tout le temps, nous étions des SDF de l'été. Instables. Nomades. Nous avions des choses en commun avec les gens du voyage. Bref, quelque chose ne tournait pas rond dans ma famille."

De prime abord... ce récit n'était pas spécialement dans mes centres d'attraction !!
Je n'ai jamais eu la moindre attirance ni pour le camping ni pour le
camping-car ...mais ce texte personnel avait le mérite double d'offrir les
souvenirs "croquinolesques" de la jeunesse de l'auteur , tout en analysant
un phénomène socio-culturel de sa jeunesse...dans les années 80 !

A travers une période et un pays donnés (La France) , on aborde à la
fois les souvenirs d'adolescence, les rapports familiaux de l'écrivain,
accompagné du regard contrasté, perplexe de ses camarades de classe,
qui ressentent autant de fascination qu'une certaine condescendance,
envers ses échappées estivales en camping-car, de leur copain ...!!

Par contre pour le père de Ivan Jablonka, comme pour le fils...ces voyages
en camping-car étaient une vraie philosophie de vie ainsi qu'une façon
des plus amusantes de se cultiver , tout autant qu'un fort désir paternel
de rendre heureux ses fils...!!:

"Mon père n'était pas un "baba-cool cradoque", mais il acceptait, il voulait que ses enfants dorment sous une tente, mangent par terre, courent dépenaillés sur les dunes, pissent dehors, se lavent un jour sur trois, ignorent les conventions, oublient d'être déférents avec leurs parents. Il professait qu'un enfant n'a pas à respecter son père et, d'ailleurs, le fait de voyager, d'être quotidiennement dépaysé, était un défi à toute autorité. Lui qui avait grandi sans père, il avait choisi de garder le meilleur de la
paternité. "(p. 116)


"Grâce au camping-car, j'ai pu découvrir le monde, la lecture, mais aussi l'histoire, c'est-à-dire le raisonnement historique : étonnement, question, collecte, expériences, déplacements, rencontres, écriture. L'histoire de notre enfance, mais aussi celle de nos étés, avec sa morale d'oisiveté, sa révocation des emplois du temps, sa dynamique des corps offerts à la nature. Une histoire à pleins poumons; des sciences sociales ressourcées au contact d'Hérodote. Et cela, ce n'est certainement pas en khâgne qu'on l'apprend. "(p. 147)

Lorsque je regarde plus avant les autres écrits de cet historien-sociologue- éditeur, ces échappées nomades familiales ont dû être un terreau infini d'observations et d'apprentissages... qui , sans doute, préparaient, alimentaient les curiosités présentes et à venir de l'observateur et "futur chercheur" !!

© Soazic Boucard- Janvier 2019
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« Ce livre est né de la confrontation de deux événements qui se sont produits à 40 ans d'intervalle: la guerre et mes vacances. » Dans ce court essai, qui se présente comme le souvenir émerveillé des vacances en camping-car de l'auteur, Jablonka prétend réfléchir à l'influence que ces vacances ont eu sur la construction de sa personnalité mais surtout à ce qu'elles révèlent de son époque. Enfant de survivant, il intitule son premier chapitre « Soyez heureux! », « Soyez heureux! » comme le cri de guerre du père pour qui les Nazis ont forcément gagné s'il a l'impression que ses enfants s'ennuient. C'est aussi la Shoah, pense-t-il, qui explique le choix du combi Volkswagen dans lequel ses parents lui firent découvrir le monde: un camping-car pour être toujours en route (car l'expérience a prouvé qu'un Juif qui s'avise de ne plus être errant finit toujours débusqué par les Barbares), et de marque Volkswagen car comment résister à la rationalité allemande dès lors qu'elle optimise les rangements plutôt que la solution finale?
Jablonka est aussi un enfant des Trente Glorieuses et je trouve très jolie son analyse des vacances de riches qui jouent aux pauvres que furent ses pérégrinations minimalistes dans toute l'Europe et au-delà: assez aristocratiques pour être associées au « grand tour » des fils de bonne famille du XIX° siècle mais assez bohèmes pour susciter le mépris des bourgeois fidèles à leur résidence secondaire, elles permirent aux enfants de prolos de rester fidèles à leurs origines et de bénéficier de l'ascenseur social sans se sentir transfuges de classe.
Alors sans doute ce livre plaira-t-il surtout à ceux dont l'enfance s'est déroulée au XX° siècle, dont l'enfance, par conséquent, n'est que pure négativité puisque « caractérisée par l'absence d'objets qui nous sont devenus indispensables: pas d'ordinateur, pas d'imprimante, pas d'Internet ni de mail, pas d'appareil photo numérique ni de téléphone portable, pas de compte Facebook pour poster en temps réel ses photos de vacances, pas de hashtag #VanLife pour dire sur Instagram la jubilation de la vie en camping-car, pas de siège-auto pour les enfants, pas d'airbags, pas de freinage ABS ni de guidage GPS. »
… Donc à tous ceux qui ont déjà monté une tente canadienne, pissé dans les bois, lu à la lampe de poche, joué aux cow-boys et aux Indiens et pris des douches exclusivement à l'eau froide pendant leurs vacances.
… Et finalement à tous ceux qui ne voudraient pour rien au monde passer pour d'affreux réactionnaires nostalgiques et qui remercient infiniment M. Jablonka d'avoir fourni la caution intellectuelle de cette délectable madeleine.
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Sans doute influencé par la couverture, en ouvrant ce livre je m'attendais à trouver une ribambelle de références aux plaisirs modestes du camping-car et que ça.

J'étais loin du compte.

Ivan Jablonka, que je découvre ici, avec son style clair et sincère, donc agréable, nous évoque bien l'histoire du camping-car, ce paradoxe ambulant, à la fois bourgeois à cause de son prix et bohème à cause du mode de vie qu'il nécessite ; Bobo en somme.
Il évoque aussi ces plaisirs uniques: liberté, spots, proximité de la nature, oubli des contraintes, suspension du temps, éloge de la parcimonie

Mais « En camping-car » est surtout un ouvrage à tiroirs et nous plongeons dans une introspection, une autobiographie, une quête du père, une sorte de thérapie sans pathos profond, une compréhension chargée de doux reproches et, finalement, un remerciement énorme à ses parents de lui avoir donné une enfance heureuse en partie faite de quelques semaines de vacances en camping-car qui comblaient la rigueur du reste de l'année.

J'ai été très sensible à cette liberté qui inonde l'enfance d'Ivan.
« Ma liberté n'était pas licence, anarchie, dissidence, fugue, mutinerie, impulsion, arbitraire, caprice, paresse, ni même intelligence, car mon esprit, lent à la compréhension, peinait déjà à se mouvoir ; j'avais si bien intégré les règles qu'elles pouvaient être suspendues sans que je songe à les transgresser. Non, la liberté que le camping-car a engendré état plutôt émerveillement, disponibilité, allergie à toute forme de servitude et de fixité – une sorte de dérive insouciante ».

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Les vacances de globetrotteurs.

Faut-il avoir connu ces transhumances estivales pour se projeter dans les souvenirs de Ivan Jablonka? Je suppose que ça aide, même si pour moi, elles étaient plutôt «toile de tente, piquets et sardines».

J'ai donc lu amusée et un brin nostalgique, retrouvant ces sensations grisantes de découvertes et de liberté. Il est pourtant une blague familiale régulièrement évoquée concernant mon antipathie solide envers les camping-cars (pour des raisons qui n'ont pas d'intérêt ici). Quand mon entourage m'a vue plongée dans ce livre pour un jury, l'incompréhension a été goguenarde.

Le concept des vacances de l'auteur est teinté de contre-culture, de bonheur populaire, écolo avant l'heure. On est naturiste, on cherche les endroits cachés et sans tourisme, on apprend sur tout en s'amusant d'un rien. On vit serrés et en communauté dans des combis Volkswagen, véhicule emblématique, baba cool et farfelu, métaphore d'une maison qu'on transporte avec soi, tel le Juif Errant.

C'est toute une époque qui se dessine où l'autonomie estivale devient possible, Guide du Routard en poche, alliant découvertes géographiques et historiques, esprit sain dans un corps sain, et des figures parentales jeunes, sportifs et dynamiques comme des grands adolescents, aux valeurs «socle» pour l'adulte en devenir.

« Soyez Heureux »! Étonnant commandement d'un père, qui indique la voie vers l'essentiel.

Sympathique lecture, cette chronique familiale teintée de philosophie et d'histoire sociale.
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Quoi de plus opportun que ce livre pour accompagner notre dernier voyage en Camping-car dans le marais poitevin!
Ivan Jablonka fait une apologie de la liberté offerte par ce type de vacances, mais ça c'était avant...

L'auteur propose une socio-histoire, mais le propos n'est pas vraiment sociologique et la narration n'est pas vraiment sensible. le ton est distant et si j'ai retrouvé quelques souvenirs d'itinérance, c'est plus en associant des idées que dans le texte lui-même.

Au final, c'est un livre un peu foutraque, l'auteur ne dit-il pas que : "mes livres sont plusieurs choses à la fois, histoire, sociologie, anthropologie, enquête, récit, journal de bord, biographie, autobiographie, oraison, littérature, avec des trucs qui s'ouvrent et des trucs qui coulissent".

Le "en même temps" des allers retours entre souvenirs d'enfance et sociologie du tourisme n'a pas marché pour moi.
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Plutôt déçue par ce livre qui se situe entre l'essai sociologique et l'autobiographie de jeunesse de l'auteur. Il n'est pas désagréable à lire ; l'historien qu'est Ivan Jablonka profite des voyages en combi lors de sa jeunesse pour partager son savoir en évoquant des passages de l'Histoire de l'Antiquité jusqu'aux années 80. Etant de la même génération, j'ai apprécié retrouver l'évocation d'objets de mon enfance dans les souvenirs rédigés de l'auteur, mais je trouve que son récit ici souffre de simplicité. Des passages du journal « de bord » d'Ivan enfant sont recopiés et analysés au regard d'un adulte, puis c'est au tour de questions posées au père sur leurs voyages dans l'espace méditerranéen ou américain… J'ai eu l'impression de lire un travail d'écriture encore au stade de brouillon…
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"Soyez heureux!"..
Oui allez Hop ! je suis heureuse en lisant ce livre ...en route pour une multitude de souvenirs d'enfance en mode Vintage !..La couleur Orange et pull marine, pieds dans l'eau, parties de monopoly interminables...
Quel doux écho à cette période bénie que sont les vacances, quand on est petite et que l'on a la chance de partir en Camping car ou en caravane ! ...c'est le même parfum de nostalgie sur des routes de France ou d'Espagne...ou battant la campagne, les vacances étaient simples et pleine de découvertes !..je verserais presque une petite larme en refermant cette page d'histoire enfantine...qui ne reviendra plus. Une petite musique douce et tendre à ce roman autobiographique.
Plongez avec délice, achetez vous des sucettes et reprenez vos chemins de traverse d'enfance et retourner en vacances !... un roman délicieux.
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L'auteur nous raconte ses souvenirs de vacances en famille, lorsqu'il était enfant puis adolescent et qu'il parcourait l'Europe du Sud et le Maroc en camping-car avec ses parents et une ou deux famille(s) amie(s).
Au-delà des anecdotes, ce livre est surtout l'occasion pour Ivan Jablonka de s'interroger sur le bonheur : le sien et celui souhaité par son père pour sa tribu. Son père qui fut un enfant caché lors des années sombres et de la Shoah et qui voulait que ses enfants soient heureux à tout prix.
Mais la joie des uns ne se trouve pas toujours là où le pensent les autres.
Ce livre est aussi un magnifique témoignage de gratitude à l'égard de parents aimants et attentionnés, chacun à leur manière (la mère, professeur, ouvrant les siens à la culture des antiquités).
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