Trophée

Norvège septentrionale, comté de Finnmark 69° de latitude Nord, mars 2010:
des espaces sauvages, isolés, et des paysages à couper le souffle, le rêve de tout skieur.
Mais ne vous y trompez pas, aucun trophée sportif en récompense pour un jeune couple de danois venu prendre du plaisir, en randonnée dans ce paradis.
Le prologue annonce la couleur, pour ces randonneurs le rêve se transforme en cauchemar, ils sont les victimes d'une chasse à l'homme organisée!

Danemark, Copenhague quelques années plus tard:
Elisabeth Caspersen, avocate, suite au décès de son père se retrouve à la tête de la Sonartec, empire industriel de l'armement danois et international. Dans la maison familale, elle met la main sur un DVD dont un des acteurs semble être son père dans un scénario effrayant: une chasse à l'homme.
Horrifiée et choquée, elle engage Micharl Sander, agent très spécial et « conseiller en affaires délicates », au parcours atypique, pour reconstituer la vérité …
Les investigations de Mickael Sander vont le mener dans un milieu qu'il connait déjà: les vétérans de guerre et leur culture (chant, tatouages...).
Parallèlement, Lene Jansen, commissaire, doit élucider la mort d'un ancien militaire, Kim Andersen, qui a combattu en Irak, en Bosnie-Herzégovine, et dans la province d'Helmand en Afghanistan.
Les deux affaires vont peu à peu se rejoindre, et Michael Sander et la commissaire vont être amenés à se rencontrer, pour enfin devenir des co-équipiers...

Un roman qui ne laisse pas de glace.
Un thriller bien ficelé dont la lecture est facile où action, psychologie et suspens sont biens dosés.

Trophée, un roman noir qui nous amène à réfléchir sur les déviances générées par le pouvoir: la mégalomanie, la folie …
Il nous parle aussi de ces jeunes engagés occidentaux, qu'ils soient danois, américains ou français partis vivre une « aventure excitante » comme une partie de jeux vidéos, et qui de retour au pays sont traumatisés, perturbés, déconnectés... à qui on a pu faire croire qu'ils étaient des demi-dieux, avec un pouvoir de vie ou de mort sur le reste de l'humanité.
Trophée de Steffen Jacobsen porte en épigraphe cette citation de Ernest Hemingway « Aucune chasse ne vaut la chasse à l'homme, et ceux qui ont longtemps chassé des hommes armés, qui ont aimé ça... ne trouvent plus jamais saveur à autre chasse. » et ce n'est pas pour rien.

Un livre qui fait écho au film documentaire du danois Janus Metz « Armadillo » paru en 2010, tourné dans le Helmand en Afghanistan où le spectateur suit le quotidien de jeunes engagés danois...

Découverte d'un auteur danois et en attente du second volet Le parc pour retrouver Michael Sender.

Ce ‘'Trophée'' de Steffen Jacobsen est vraiment une très belle réussite, encore une nouvelle pépite nordique. Rien ne manque, tous les ingrédients d'un vrai thriller sont présents : suspens, meurtres, intrigue. Une riche héritière danoise découvre que son défunt père pratiquait une chasse très particulière : la chasse à l'homme. Elle va demander à Michael Sanders d'enquêter et qui pour découvrir la vérité va devoir s'associer à la commissaire de police Lene Jensen qui est impliquée intimement elle aussi à l'enquête. La chasse va donc commencer et on va plonger dans le monde des multimilliardaires et découvrir toutes les déviances que le pouvoir, l'argent, la célébrité, la gloire, l'ennui génèrent. Un livre rythmé, un véritable page-turner, une réussite à lire absolument.

Dans le prologue l'on suit un homme blessé poursuivi par sept chasseurs. L'homme ainsi que sa femme ont été capturés pour permettre à un riche client de pratiquer la chasse à l'homme. Les membres du groupe qui accompagnent le client filment la scène.

Dans le début du roman proprement dit l'on assiste environ deux ans plus tard à la découverte par la fille d'un riche industriel Danois de la découverte d'un DVD montrant la scène. Elle soupçonne son père décédé deux mois auparavant d'avoir participé à cette chasse. Pour faire la lumière sur cette affaire et aider la famille de la victime elle engage un détective privé un peu spécial qui dés le début de l'enquête s'aperçoit que les hommes de la vidéo sont très vraisemblablement des anciens militaires. En parallèle l'on suit l'enquête d'une commissaire sur le suicide suspect d'un ancien militaire retrouvé pendu les mains attachées par des menottes. Les deux affaires vont se croiser.

Pas de longue mise en contexte pour ce thriller, on est de suite plongé au coeur du récit. L'enquête pour le détective privé, un peu spécial, qui dés le début possède des éléments de piste qui s'imbriquent rapidement. C'est un peu plus long et ardu pour la commissaire qui fait face à un suicide maquillé en meurtre. En effet pour elle ce n'est qu'après le deuxième interrogatoire de la femme de la victime qu'elle va avoir un début de piste mais sans vraiment avoir d'indices.

Mais très vite les adversaires des deux enquêteurs vont tout faire pour tenter de faire cesser l'enquête, n'hésitant pas à recourir à une extrême violence qui dans ce contexte ne peut être qualifiée de gratuite. Dans le récit tous les éléments sont réunis et dosés de main de maître pour nous plonger dans un excellent récit qui oscille de thriller à roman noir.

Les dialogues sont brillants souvent émaillés d'un humour cynique qui apport une touche plus légére et qui sont en parfaite adéquation avec le récit. Les thématiques abordées sont traités de belle manière, bien documentées et nous plongent dans deux sujets pas souvent abordés dans ce type de roman. On a d'un côté le syndrome des combattants de retour du front qui plongent dans des maladies mentales qu'ils n'arrivent pas à réellement surmontées même si en façade ils ne laissent rien paraître. D'un autre côté la problématique pour des milliardaires qui possèdent tout, l'argent, le pouvoir, à trouver un loisir qui pourrait les faire frémir et qui se placent bien au-dessus des lois et à recourir à l'extrême.

Le rythme du roman est haletant, les pages se tournent d'elle-même. Les personnages sont bien dépeints, leur psychologie plutôt bien fouillée et pour une fois pas trop traumatisés par le passé ce qui les rend attachants. L'auteur possède un style bien adapté à ce genre de récit avec une plume très incisive qui apporte encore plus de rythme au récit qui été pourtant bien doté dans ce registre.

Au final, on a un thriller bien dosé dans tous les registres avec une action très présente tout comme le suspense mais dont le dénouement n'est pas tout a fait à la hauteur du reste même si la manipulation du détective s'avère intéressante.




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Deuxième roman de Steffen Jacobsen, médecin orthopédiste tardivement reconverti dans le roman noir, Trophée propose une version danoise et actualisée de la chasse du Comte Zaroff.


A la mort de Flemming Caspersen, Elisabeth, sa fille, devient l'héritière d'un empire industriel, la société Sonartek mondialement réputée pour ses appareils à mesurer la distance : lasers, sonars et autres instruments vendus aux marchands d'armes du monde entier. Elisabeth connaissait son père comme le Pol Pot des cervidés, dont la luxueuse maison est ornée de crânes, de bois et de cornes d'animaux morts, certains rarissimes, traqués sur tous les continents. Mais lorsqu'elle découvre un dvd dans le coffre-fort familial sur lequel est enregistrée une partie de chasse particulière puisque le gibier est un jeune homme, l'horreur la submerge.


Elle croit reconnaître son père et pour en avoir le coeur net, elle engage Michael Sander, ex-flic, ex-militaire, ex-consultant d'une agence de sécurité londonienne confidentielle, qui a barbouzé dans tous les pays à feu et à sang de la planète pour protéger des puits de pétrole, exfiltrer des diplomates, négocier la libération d'otages, empêcher ou provoquer des guerres.


Dans Trophée, tous les éléments constitutifs du roman noir sont présents et bien dosés pour un équilibre parfait : de l'action, quelquefois de la violence, il y en a, jamais inutile ou gratuite mais justifiée par l'enquête qui ne se déroule pas chez des enfants de choeur. Des dialogues brillants, il y en a, souvent teintés d'un humour cynique. de la psychologie, il y en a, jamais verbeuse, mais documentée et appliquée aux maladies mentales des combattants d'Irak, Afghanistan, ou Bosnie. de la critique sociale, il y en a, avec cette question essentielle qui est la base du roman : quand on est milliardaire, que l'on ne sait plus quoi faire de son pognon, que l'on est blasé de la chasse au rhinocéros blanc et des paradis fiscaux, comment trouver un loisir excitant ? Enfin, du suspense, il y en a, de la première à la dernière page. Il s'agit d'un roman intelligent, instructif.

C'est un roman coup de poing, violent, facile à lire et parfois émouvant. Un de ces romans qu'on n'oublie pas, car la scène de la chasse à l'homme (qui se termine par la mort de l'homme) est un moment très fort et unique - ce me semble - dans la littérature policière récente. Il y a en fait deux lectures du roman.


D'abord, on peut le lire comme un roman policier. Michael Sander, détective, est engagé par Elisabeth Caspersen pour rechercher le coupable de la mort d'un homme, dans le cadre d'une chasse à l'homme qui a eu lieu quelques années auparavant. Question: est ce son père récemment décédé le coupable? Point de départ de l'enquête: un DVD qui contient une séquence de la chasse à l'homme et une séquence montrant le cadavre du chassé. Qui est la victime? Où se trouve son corps? Qui parmi les hommes du DVD est responsable de sa mort? Une commissaire de police, Lene Jensen, qui enquête, elle, sur le suicide suspect d'un ancien militaire va rejoindre Michael dans son enquête, les deux enquêtes étant liées. Ils vont unir leur force pour faire face à de multiples épreuves et découvrir la vérité.


Et puis on peut lire ce roman comme un drame psychologique. Quel genre d'hommes est capable d'une telle sauvagerie? S'amuser à poursuivre et achever un homme. Des chasseurs? Des anciens militaires déboussolés par le retour à la vie civile? Des milliardaires qui se sentent tout permis? Qu'est ce qui motivent les organisateurs de ces chasses à l'homme? L'argent? L'adrénaline? le besoin de tuer? Et comment, face à l'horreur absolue, et au danger qui les menace vont réagir le détective chevronné et la commissaire de police? Quel choix leur est donné? C'est un roman prenant, mais dont la fin est hélas bâclée. On y trouve en effet trop d'invraisemblances, trop de rebondissements inutiles et trop d'explications données à la vitesse de l'éclair. Dommage.