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sur 202 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce que savait Maisie ( What Maisie knew, 1897) est le roman le plus « dense » psychologiquement parlant de tous ceux que j'ai lus jusqu'à maintenant à Henry James. le roman fut traduit en français en 1947 par Marguerite Yourcenar; il a été adapté au cinéma en 2012 par David Siegel et Scott McGehee, (une version moderne avec Julianne Moore) et en 1995 pour la télévision française par Édouard Molinaro.

Le sujet du livre est assez hardi pour l'époque : imaginez les turpitudes du monde des adultes observées par une petite fille dont l'âge exact ne sera jamais précisé, mais que le lecteur peut situer entre les 8 et 10 ans. Elle observe le comportement des adultes, le réduit à sa capacité d'interprétation, mais le lecteur voit bien qu'elle est manipulée et que ces adultes se fichent d'elle comme d'une guigne. Une telle situation dans la société corsetée victorienne du XIXè siècle était probablement exceptionnelle mais devenue banale un siècle plus tard.

La grande nouveauté dans le texte est d'introduire cette vision de la petite fille avec ses moyens psychologiques limités et de laisser deviner au lecteur l'amplitude des turpitudes et l'égoïsme inouï qui se cachent derrière les actions des adultes qui l'entourent. C'est aussi un plaidoyer de la part de l'écrivain contre le relâchement moral au sein d'une société victorienne réglée sur le respect des convenances et des apparences avec cette peur bleue de déchoir de sa caste, de faillir à son rang…

Maisie Farange est une petite fille assez délurée, assez fine mouche, non dépourvue de malice, au sein d'un ménage qui se déteste et qui a divorcé. Elle partage une garde alternée entre la mère et le père, avec une gouvernante-préceptrice qui s'occupera de son « éducation » dans chaque foyer. Elle est ballotée d'une maison à une autre, parfois de façon inopinée, et on se sert d'elle pour colporter des ragots ou semer la zizanie. Comme on l'écoute beaucoup, Maisie est très bavarde.

Le père et la mère vont se « remarier » rapidement : elle, avec un homme plus jeune; lui, avec la préceptrice de Maisie qui deviendra donc sa belle-mère. Très vite, les couples vont dysfonctionner à nouveau : le père de Maisie est de plus en plus absent. La mère de Maisie fréquente d'autres hommes… Maisie est l'exutoire de la haine respective que se vouent les deux parents, et sa solitude et le manque d'affection sincère font qu'elle s'attache à tout adulte qui l'approche un peu, liant ainsi des liens de substitution.

Le fond psychologique est traité avec la prescience d'un psychiatre ou d'un psychologue. Ceci est d'autant plus remarquable qu'Henry James ne s'est jamais marié et n'a pas eu d'enfants pour en étudier aussi finement le comportement. Admirable.

Ce que j'ai moins supporté est le style lourd et répétitif par moments de l'écrivain, dans un roman un peu plus long que ceux déjà lus (292 pages) et qui aurait gagné a être un peu plus aéré sans rien perdre de son acuité.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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La petite Maisie est victime des querelles de ses parents divorcés qui règlent leurs comptes au cours des différents épisodes de la garde alternée qui leur est confiée. La situation empire encore quand ces parents haineux se remarient et que les nouveaux conjoints ont à leur suite une histoire d'amour entre eux... Ce drame est vu à travers les yeux d'une enfant à laquelle l'essentiel de ces luttes hypocrites échappe. Peu à peu, elle fait sa propre éducation et refuse le rôle de victime. Elle s'affirme, comprend la mécanique des passions dont elle est prisonnière et s'efforce de prendre sa vie en main. le roman se termine dans le scandale, les adultes s'injuriant pour l'avoir à leur merci. Maisie fuit avec sa vieille gouvernante (qui n'est pas meilleure que les autres) et échappe ainsi à la domination de sa belle-mère et à l'amour quasi incestueux de son beau-père, le « charmant » Sir Claude.
Le roman est un tour de force, il oblige le lecteur à se mettre à la place d'une enfant et à chercher lui-même à élucider les non-dits. L'auteur accroît ainsi l'émotion, les sentiments positifs et négatifs qui naissent de la lecture. En dehors de cette fine analyse psychologique, on peut apprécier quelques très beaux passages dans lesquels il décrit le cadre de l'action (particulièrement en France, à la fin du roman). Il adopte sans doute ainsi une pratique de Flaubert qu'il admirait beaucoup. La description n'est pas gratuite bien sûr mais joue son rôle dans le déroulement du roman (cf. la promenade dans Boulogne de la fillette et de Sir Claude).
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