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3,53

sur 202 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Délicieusement grinçant et cynique, un petit roman bourré d'humour noir, une satire exceptionnel des adultes, de l'hypocrisie et des non-dits, à travers le regard lucide d'une petite fille.

Que savait Maisie ? Et bien tout. Tout ce qui se passe dans cette vaste comédie humaine où elle se trouve reléguée au rang d'objet, au coeur des démêlés sentimentaux et mesquins de ses parents. Utilisée comme instrument de vengeance, elle se retrouve condamnée à vivre six mois chez son père et six mois chez sa mère.
De prime abord ils se révèlent heureux d'avoir la garde partagée de Maisie, pour le préjudice que l'autre parent subit. Toutefois rapidement la présence de l'enfant s'avère être une gêne, et les parents ne tardent pas à la livrer aux bons soins de leurs nouveaux conjoints.
Victime de la cruauté, la cupidité, le cynisme mais surtout l'égoïsme des adultes, la jeune Maisie observe, écoute, se tait souvent, interroge un peu, se résigne et attend.

« Maisie trouva dans cet échange de mauvais propos une raison de plus d'adhérer à ce vague fatalisme dans lequel le spectacle de sa propre vie l'obligeait depuis longtemps à chercher refuge. »

Puis au fil des pages elle évolue, pose de plus en plus de questions, finit par s'affirmer et rendre les coups qu'elle reçoit. de simple interrogatrice elle devient une interlocutrice qui prend part à sa propre vie et joue un rôle actif dans le déroulement des choses. Maisie, dont l'intelligence est vive malgré le peu de soin qui est apporté à son éducation observe et analyse la situation avec une gravité et une perspicacité qui se trouvent accrues avec les années. S'éveillera en elle une conscience morale, une conscience du bien et du mal et les prémices d'un amour incestueux qu'elle tentera de refouler en même temps que s'évanouissent les derniers moments de candeur de son enfance. Ce que sait sans doute le plus Maisie, c'est qu'au terme de cette histoire, son enfance a pris la fuite.

Un roman véritablement brillant, extrêmement fin, qui exsude l'intelligence. L'analyse d'un monde d'adulte, vu par le regard d'une enfant qui comprend de mieux en mieux l'enjeu dont elle est l'objet, et que tentent de dissimuler les adultes qui l'entourent.
Incontournable !
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Quelle cruauté, quelle observation cynique des comportements humains dans ce roman! Surtout quand les faits sont rapportés selon le point de vue d'une enfant, objet ( et je choisis volontairement ce mot car elle est vraiment utilisée comme tel ) d'enjeux sordides...

En effet, Maisie est au centre d'un divorce qui se passe mal, où chacun de ses parents, plein de haine envers l'autre, tente de sortir vainqueur, en voulant emporter avec lui l'enfant comme un trophée.Résultat, elle passera six mois avec sa mère, puis six autres avec son père. La garde alternée avant l'heure! Si seulement c'était pour son bien! Entre sa mère qui est soit indifférente envers elle, soit en colère, un père qui s'intéresse plus à la gouvernante, elle se sent toujours à part. Les manigances des parents mais aussi des gens de leur entourage sont décrites avec une certaine jubilation et de l'humour noir , d'autant plus que Maisie ne comprend pas toujours très bien le pourquoi des agissements des adultes, mais pour le lecteur, c'est avant tout de l'indignation et une grande compassion pour Maisie qu'il éprouve . Avec candeur , elle recherche l'amour que ses parents lui refusent, et cette quête est tellement poignante...

Et justement, même si j'ai apprécié le ton ironique et la juste analyse de l'hypocrisie sociale, tellement opposée au regard encore innocent mais de plus en plus incisif de Maisie, j'ai trouvé que trop, c'était trop, chaque personnage était tellement laid intérieurement , mise à part Mrs Wix...Les projets sournois, les mensonges des uns et des autres m'ont tout simplement écoeurée. Et j'ai de ce fait trouvé la lecture un peu fastidieuse à certains moments.

Ce que savait Maisie , et qu'elle n'aurait jamais dû savoir, à son jeune âge...Une maturité précoce, due au comportement infect des adultes. Merci à dechosal de m'avoir conseillé ce livre!
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Ce que savait Maisie d' Henry James publié en 1897 n' a été publié en France qu'en 1947 , sa traductrice fraîchement naturalisée américaine n'est autre que Marguerite Yourcenar ....
Le roman débute par le divorce tumultueux et scandaleux de Beale et Ida Farange .Un divorce à Londres à la fin du 19ème est chose peu courante, quand les protagonistes sont prêts à tout pour avilir l'autre, la presse s'en donne à coeur joie. L'ultime "objet" de leur ressentiment réciproque n'et autre que leur fille Maisie encore toute petite ,à peine 3 ans. Je dis bien "objet" car avoir la garde de l'enfant c'est faire admettre au regard du monde que l'autre est un moins que rien. C'est le père qui l'obtient mais voilà pour une sombre affaire financière un compromis est signé chacun gardera Maisie 6 mois .... Imaginez un peu la vie de cette enfant , tiraillée, écartelée entre ses deux parents. Là où la chose devient "intéressante" c'est lorsque le père se remarie , par vengeance la mère laisse Maisie à sa charge ... Comment Beale va t'il pouvoir se débarrasser de sa fille? Entrent donc en jeu successivement une belle-mère Mrs Beale, un beau-père Sir Claude, et l'austère Mrs Wix au sens moral très élevé...
C'est à travers le regard et les sentiments de Maisie que nous suivons tous ces évènements. Henry James fait parler l'enfant, l'accompagne dans sa compréhension progressive du monde qui l'entoure. Bien sûr , notre regard d'adulte, à travers le cheminement de la pensée de Maisie, porte plus loin mais Henry James focalise notre attention sur Maisie.Car c'est Maisie l'héroïne , rien que Maisie et j'avoue que j'aurais bien aimé savoir ce qu'elle est devenue ....
Un décor bien posé, une société décrite avec le soin habituel ,des personnages bien campés autoritaires, veules, lâches ou pires , des femmes dominantes mais dominées par une société machiste bref une fois de plus du grand art .
Ce que savait Maisie , livre qui apparait dans la liste des 200 livres incontournables et représentatifs du XXème siècle publiée par le Monde en 1999, est une oeuvre d'une modernité extraordinaire d'une contemporanéité qui m'a laissée abasourdie les cinéastes qui ont adapté ce texte ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Un grand roman à découvrir .
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Etonnant de voir ce roman dont les codes sont "so 19ème" (contexte social, relations matrimoniales, éducation des enfants confiée à des gouvernantes, etc, et surtout la langue somptueuse de Henry James) figurer sur une liste des plus grandes oeuvres du 20ème siècle, du fait de sa publication française cinquante ans plus tard en 1947;

Mais tout aussi étonnant qu'au coeur de ce roman paru en 1897 figure le thème d'une grande modernité du divorce et de l'enfance dans le divorce, vu à travers les yeux de l'enfant: la perspective est pour l'époque très originale, voire osée.

Outre ce bouleversement de mes représentations mentales de différentes époques, outre la renversante élégance du phrasé de James, ciselé comme la plus fine dentelle et affutée comme la plus fine lame, ce qui m'a bluffée dans ce roman cynique et cruel c'est, à l'image du titre, ce qui n'est pas dit. de même qu'on cache à la petite Maisie l'essentiel qu'elle ne sait pas mais perçoit pourtant intuitivement avec la vive acuité de son coeur d'enfant, de même James ne montre jamais au lecteur que la face présentable de ses personnages, taisant dans le non dit la vilénie de leurs motivations, l'aridité de leur coeur ou l'avidité de leurs crocs, et la saleté de leurs intentions quand ils manipulent tour à tour l'enfant pour servir leurs intérêts.
Maisie n'est après tout qu'un enfant, une simple composante patrimoniale dont chacun doit user à son avantage, sans avoir à en subir les contraintes. So 19ème...
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CE QUE SAVAIT MAISIE de HENRY JAMES
Le procès qui avait opposé Beale à Ida, s'était terminé péniblement, Maisie passerait un semestre avec l'un, un semestre avec l'autre. Si financièrement Maisie semblait assurée pour l'avenir, il lui faudrait vivre avec la haine tenace de ses parents qui n'avaient jamais été d'accord que sur une seule chose, se disputer. Pendant les six premiers mois avec Beale, il prenait les lettres qu'Ida écrivait à Maisie, les lui brandissait devant elle et les brûlait sans lui faire lire tandis que la bonne préparait la transition vers sa mère en lui disant combien elle était aimée. de son côté Beale transmettait à Ida via Maisie le message qu'elle était un affreux chameau. Elle fut donc le messager involontaire de leur haine. Les réactions de Maisie à cela furent si étranges que pour une fois ils tombèrent d'accord, Maisie était stupide. En passant de l'un à l'autre Maisie va découvrir par bribes des choses surprenantes, Miss Overmore, qui s'occupe de Maisie chez Beale devient au fil des mois très proche de lui et chez Ida, elle découvre Sir Claude qui se fiance avec elle pendant que Beale épouse Miss Overmore. Maisie ne voit quasiment jamais Beale ou Ida, elle est toujours confiée aux soins des amis, amants ou maris de ses parents qui ne semblent guère s'intéresser à elle mais plutôt l'utiliser dans leur guerre incessante.
Étude de moeurs chez des supposés riches mais qui semblent en permanence à court d'argent, Ida paraissant dans une course sans fin après des messieurs fortunés et Beale cherchant lui la fortune dans des affaires peu claires. Maisie charmante petite fille enregistre tout ce qui se passe autour d'elle et tente de décoder les signaux qu'elle reçoit. Elle est à la fois le centre du livre et l'accessoire tant Beale et Ida se montrent d'un égoïsme impressionnant. La belle écriture de James nous attache à Maisie qui aura bien des difficultés à démêler ses sentiments pour ses parents mais aussi tout cet entourage qui s'occupe d'elle.
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Très étonnant ce roman qui relate les tourments subis par une petite fille lors du divorce de ses parents. Les adultes qui la prennent en charge la font "tourner en bourrique" et mûrir à toute allure. Belle palette de sentiments qui restent actuels dans notre modernité. Peinture fine de l'hypocrisie, des belles manières et de leur envers. Quel talent!
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Qu'est ce qu'une petite fille peut savoir des adultes qui l'entourent quand ceux-ci se déchirent, se trompent, s'adorent ou se haïssent, et se mentent sans cesse?
Maisie est la fille unique d'un couple désuni qui finit par divorcer en pleine époque victorienne, ce qui n'était pas si courant. La mise en place d'une "garde alternée" de six mois chez l'un et six mois chez l'autre ne satisfait personne et les parents qui ont l'un et l'autre refait leur vie n'éprouvent aucun besoin de s'occuper d'une fillette qu'ils ne paraissent pas du tout aimer. Leur seul but parait être d'utiliser leur enfant pour se venger l'un de l'autre.
Mais voici que les deux pièces rapportées, beau-père et belle-mère, s'attachent à la petite qui crée entre eux un lien qui va déboucher sur une nouvelle double séparation.
A notre époque, on applaudirait en parlant de famille recomposée et d'intérêt de l'enfant, mais les temps ne sont pas les mêmes et dans l'Angleterre du 19ème siècle, les situations conjugales sont examinées à l'aune d'une morale étriquée et la vieille gouvernante de Maisie, Mrs Wix, tente de protéger l'enfant de "l'immoralité " dans laquelle baigne sa vie quotidienne.
Avec une remarquable finesse, les tribulations des personnages sont relatées du point de vue de l'enfant et on peut constater que rien ne change au fil des années, les petits souhaitent toujours être aimés de leurs parents qu'il désirent admirer et quand ils s'attachent à un beau-parent, c'est de façon exclusive.
La pauvre Maisie est prise à partie et sommée de choisir comme cela devient souvent le cas dans les procédures actuelles où les enfants interrogés par le juge doivent décider du parent chez lequel ils vont vivre et elle se trouve déchirée par des conflits de loyauté dus à ses attachements successifs et complémentaires.
La pauvre petite finit par se dissimuler derrière une prétendue stupidité pour se protéger des attentes excessives des adultes.
Ce roman est remarquable car il est précurseur des écrits sur les problématiques de séparation concernant les enfants et l'analyse pointue des sentiments de la petite fille révèle chez l'auteur une sensibilité admirable.
Décidément en venant vivre en Angleterre, Henry James a vraiment adopté l'esprit des lieux car dans ce texte grave qui reste triste et émouvant, l'humour n'est jamais absent , cet humour décalé bien noir et cynique qui est quasiment la marque de fabrique des écrivains d'outre Manche.
Une lecture qui devrait ravir les professionnels de l'enfance et ceux qui travaillent au quotidien avec les familles désunies.
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Maisie est une enfant très touchante, elle m'émeut beaucoup j'ai envie de l'aimer, de la serrer dans mes bras tellement elle est tiraillée par les adultes comme si elle était une poupée de chiffon.
Ce roman " Ce que savait Maisie" n'est pas un roman d'Henry James facile à lire, plutôt complexe. Dans un premier temps j'ai eu beaucoup de mal à le lire, à entrer dans le livre. La raison, l'ambiance est étouffante, c'est un roman où la psychologie joue beaucoup tout est vue du regard innocent de Maisie. Une fois plongée dans l'univers de ce roman, la lecture devient passionnante, c'est un régal pour le lecteur. La maîtrise de l'écriture par Henry James est époustouflante. Henry James arrive souvent à nous perdre entre les différentes positions des pièces sur l'échiquier des tractations, tensions, tiraillements. C'est un roman très cruel sur l'enfance. Au final c'est une lecture forte et formidable, un grand livre : Un chef d'oeuvre tout simplement ! Après avoir lu ce roman, l'on peut se poser la question comment il a été accueillit à sa sortie (1897), surtout concernant la morale.C'est un roman très moderne aussi bien pour son contenu concernant la haine entre couples divorcés ou séparés et de l'adoption. Un roman magistrale, tout simplement !

Lien : http://livresdemalice.blogsp..
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J'ai passé un bon moment avec ce roman, très original pour de la littérature classique, et très bien écrit. Ce n'est pas une excellente lecture du fait de quelques longueurs, mais Henry James est sans conteste un auteur auquel je vais m'intéresser de plus près.

J'ai beaucoup aimé l'originalité du roman, qui est de nous conter une histoire d'adultes du point de vue d'une enfant. Ce que savait Maisie a beau avoir été écrit il y a plus d'un siècle, sa thématique reste très actuelle : les querelles autour de l'enfant du divorce. Maisie se retrouve au centre de la bataille que se livrent ses parents, mais aussi ses beaux-parents, et même ses nounous. Et le roman étant écrit de son point de vue, très naïf, profondément tendre et éperdu d'amour, on ne fait que deviner la duplicité, les acoquinements et autres tromperies auxquelles se livrent les adultes qui l'entourent.

La force du roman est qu'à travers le regard de Maisie, on devine ce qui se passe autour d'elles dans le monde des adultes qui l'entourent, et qui sont tout son univers. Tout l'intérêt du roman réside dans les relations et mesquineries entre ces personnes, et les conséquences que cela peut avoir sur Maisie qui se construit autour de tout ça. Il découle de ce roman une profonde tristesse, un sentiment de malaise quant aux considérations des parents de Maisie par rapport à leur fille et aux manipulations dont elle est victime.

J'ai été totalement charmée par la plume de Henry James, extrêmement riche, aux phrases bien construites. Une plume loin d'être lourde, assez simple à lire et à apprécier. le roman est d'ailleurs traduit par Marguerite Yourcenar, excusez du peu ! Je regrette cependant que le roman soit si long; compte tenu de l'histoire, il aurait pu faire une bonne centaine de pages de moins, et j'ai ressenti quelques longueurs pendant ma lecture. Je ne peux cependant nier l'avoir dégusté du premier au dernier mot.

Si vous ne connaissez pas encore Henry James, je ne peux que vous conseiller de découvrir l'un de ses romans, et pourquoi pas celui-ci !
Lien : https://matoutepetiteculture..
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Ce que savait Maisie est un roman de Henry James publié en 1897 puis traduit par Marguerite Yourcenar en 1947. C'est un excellent roman qui nous montre une peinture assez dure des passions humaines au travers du regard innocent et lucide d'une enfant.
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