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3,61

sur 292 notes
Comment commencer la critique de ce livre, dont je rappelle qu'il s'agit avant tout d'un roman, d'une fiction, que les faits se sont bien produits, mais que tous les détails et l'imaginaire sortent bien du cerveau "détraqué"de l'écrivain Régis Jauffret.

Ma démarche avant tout.
J'ai adoré le ventre de Klara, et puis Papa.
J ai eu envie de découvrir cet écrivain plus avant.
J ai lu sa bibliographie et j'ai opté pour Claustria.
Je n'ai pas lu les articles dans la presse, ni la page Wikipedia, ni tout ce qu'on peut trouver sur cette affaire dans la presse.
Et j'ai bien fait.

J'étais néanmoins avertie de la difficulté du livre, de son atmosphère délétère.
Et pourtant je l'ai lu.

Et ici encore, Jauffret est un grand écrivain.
Ce n'est pas parce qu'il écrit un livre "difficile" qu'on doit l'en blâmer.

Lecture très éprouvante, malsaine, effroyable.

Les faits : innomables. Un homme, Fritz, Autrichien, aménage un soi-disant abri anti-atomique dans le sous-sol de sa maison.
En fait, il s'en servira de cave pour emprisonner sa fille et les enfants qu'il lui fera.
Il lui volera deux enfants qui sont en bonne santé et vigoureux. Pour sa vie de là-haut.
Sa fille aînée Angelika, est en fugue, et à son retour, il l'enfermera 24 ans dans cette cave, et elle en sortira à 42 ans.
Entre-temps, elle aura eu des enfants de son père qui la violait régulièrement.
L'inceste aura commencé à l'âge de 11 ans.

Il leur apporte des vivres quand il veut, les prive d'eau et de chauffage à son bon vouloir, il régit son monde à la cave en ayant une vie de famille au dessus avec femme et enfants.
Angelika, son aînée de la prison, essaye bien tant que mal de se protéger du sadisme effréné de ce père-mari, qui va jusqu'à lui montrer les photos de ses vacances avec sa famille d'en-haut. La femme de Fritz saura, mais ne dira rien. de même que les voisins qui ont dû entendre des cris de bébés, et Angelika qui a accouché seule à chaque fois.
Ils vivent dans des conditions déplorables.
Je ne vais pas rentrer dans les détails.

Une fois ce livre terminé, je me suis interrogé sur l'innomable, sur la part plus que sombre des hommes, sur la lâcheté et la poltronnie des gens qui n'ont dit mot à personne. Bande de pleutres.

Encore une fois Jauffret m'a séduite.
Quelque part, il leur a façonné une vie, en racontant encore et encore.
Il m'a montré et révélé son grand talent d'écrivain, car cette structure littéraire est incroyablement juste et prend corps de pages en pages.
Oui, ce livre est un roman, mais un roman raconté par Jauffret. Il invente les pensées, les actes, tous les petits détails de cette cave-prison. Il ne nie pas les faits, les horreurs, et il faut bien avoir cela en mémoire tout au long de la lecture.
D'ailleurs au début, il nous raconte ses recherches, ses hésitations, ses rencontres.
L'odeur était tellement abominable qu'il a vomi ainsi qu'un des juré à qui l'on a fait sentir un bocal avec les remugles de la cave.

Alors oui, c'est glauque et malsain au possible, oui la lecture est très difficile, mais on ne peut nier le talent évident du "conteur", celui qui prend les faits bruts pour les modeler à sa façon. Il leur donne vie, consistance, rêves, jeux, tout ce qu'il peut faire devenir cette prison moins insupportable. D'ailleurs, beaucoup de détails atroces ne sont pas racontés.

C'est un choix de sa part d'avoir choisi cette histoire et je le respecte. Personne n'est obligé de le lire.

Je me sens groggy.

L'homme au statut de patriarcat intense dans une famille dysfonctionnelle (ô combien) dans ce cas bien précis, est un salaud, une pourriture, une ordure, tout ce qu'on peut dérouler. Mais ce ne sont que des mots, banals et éphémères, se délitant dans l'air du soir en Autriche. A ce stade de l'horreur, aucun mot ne me vient pour nommer Fritz.
Peine perdue.

Une pensée pour les enfants de la cave.
Peu ont survécu.
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Tu mets quoi dans ta cave toi, du vin ? Oh non … DES ENFANTS !!

Fait-divers : 2008 en Autriche, On découvre qu'à Amstetten, Joseph Fritzl a séquestré sa fille pendant 24 ans (presque ¼ de siècle putain !) dans l'abri antiatomique sous la maison familiale.
Il lui a fait 7 enfants ( !!!) , qu'elle a élevé sous terre dans des conditions horribles. 6 ont survécu.
***
Après avoir abusé de sa fille depuis ses 11 ans, Fritzl décide « pour son bien » le jour de ses 18 ans, de la droguer pour l'enfermer à la cave, pour son éducation.
Il signale sa disparition à la police et fait croire elle a été enrôlée dans une secte.
Friztl remontera de la cave, 3 de ses enfants, et fera croire par des lettres écrites de la main de sa fille, que cette dernière les a abandonnés devant sa porte.

Tout basculera, le jour où la fille ainée (élevée dans la cave) tombera gravement malade, et que son « papa-grand-père » l'emmènera à l'hôpital. Suite à une enquête des services sociaux, la famille sera libérée.

Ce livre est un roman. A part Friztl tous les prénoms ont été changés, les pensées & dialogues ont été « imaginés » Mais la BASE est là … Tout est VRAI.
L'auteur mélange plusieurs époques : le procès, la jeunesse de Fritzl, les viols d'Angelika avant la séquestration, les accouchements souterrains, l'enfer du quotidien dans la cave et aussi, ben des moments de bonheur « même dans la cave, l'enfance est tenace »

Ce qui rend le livre supportable c'est son écriture & son style. C'est vraiment bien écrit.
Un reportage-fiction- roman qui ne tombe pas dans le voyeurisme. L'auteur, raconte des faits. le ton est juste (ou comment raconter l'inracontable.)
Et, entre répulsion et fascination, tu es dans la cave aux côtés d'Angelika. Selon le bon-vouloir de Fritzl : Dans le noir (ou pas), avec ou sans eau, avec ou sans électricité, rationnant la nourriture, sentir la puanteur de la cave, ses accouchements douloureux & Inhumains. Avec elle, encore, attendre l'ouverture de la trappe par ce père, nourricier, et violeur. L'attendre avec impatience (des fois pendant des semaines) et en même temps le redouter.

Mon estomac s'est contracté plusieurs fois. Une lecture sale. Sordide. La phrase « Papa, j'ai envie de toi » te fait limite gerber.
HORRIBLE.
Percutant. Nauséeux. Addictif & injuste, on a envie de se rebeller devant tant d'horreur.
FRIZTL est un MONSTRE. Un « Collectionneur d'enfants ». Pour lui, on mesure la VIRILITE d'un homme à son nombre d'enfants (quitte à faire des enfants à ses enfants). Tiran, qui règne avec les pleins pouvoirs sur cette double famille : celle du haut, dans la maison, et le « petit peuple de la cave » .

Un pervers. Dans ce livre, tu trouveras tout ce qu'un père peut faire de pire à son enfant.
Je ne sais pas comment Angelika n'est pas devenue folle …

Est-ce un livre à conseiller ? Je ne sais pas ...Mais il m'a collé à la peau. Il me hante encore. Mais c'est à Lire assurément.

TODAY : Elizabeth (aka Angelika) vit avec ses enfants à l'abri des regards et sous une nouvelle identité. La famille n'a plus aucun contact avec le père, ce MONSTRE, qui purge la peine à perpétuité.

Encore une claque dans la tronche.
Une chose est sure : l'enfer a bien existé & C'était dans une cave en Autriche.

- A TANTOT - BISOUS LES MINOUS -
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Magistral! Après avoir refusé de mieux connaître l'auteur à l'issue d'une première lecture (Asile de fous), je me suis laissée à nouveau tenter à la suite d'une émission de radio où Jauffret intervenait notamment sur le principe créatif.
Pourtant le sujet est rédhibitoire. Qui souhaite mieux connaître les dessous de cette affaire autrichienne, à part quelques tordus? L'évocation de ce fait divers tend plutôt à faire dresser les cheveux sur la tête - et pourtant je ne suis pas avare de fait divers mais j'ai mes limites.
Jauffret m'a captivée d'emblée en concentrant le début de son récit sur l'après: la découverte, la prise en charge, le procès... Il m'a rassurée d'une certaine façon: le pire est derrière eux.
Les portraits des protagonistes sont édifiants; le jeu de rôle des uns et des autres mis à nu. Jauffret conteste la narration officielle pour en suggérer une autre, aussi noire forcément.
Le dernier tiers du livre s'attarde davantage sur la captivité. Jauffret imagine (raconte?) les jours, les semaines, les mois, les années.
C'est l'histoire d'un anéantissement organisé, d'une lutte acharnée pour survivre; c'est formidablement décripté, désossé, sans jamais sombrer dans le sordide extrême.
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Voici un livre ouvert grâce à la critique d'une Babelionaute. du coup, ça nous rassure tous quant à l'utilité de partager nos opinions sur ce site, hein mes chers confrères et consoeurs ? Permettez que je rende cet hommage à ma brillante collègue sans laquelle je n'aurais jamais acheté -et offert à mon amoureuse, quelle bonne idée cadeau Bilou !- ce livre dont le sujet me paraissait obscur au sens Lucassien du terme.

"Les faits évoqués ne sauraient être ramenés à des individus ou à des évènements ayant existé." prévient l'auteur... Hem hem ! Régis... Si ça te gêne pas que t'appelle Régis, moi j'aimerais autant pas que tu m'appelles Jambon.

Après un début un peu laborieux, (Si si, Régis, tu pataugeais un peu au début, j'ai senti, admets !), le talentueux Régis Jauffret que je découvre ici, nous entraîne dans les bas-fonds de notre espèce avec pour guide un nouveau Passe-Partout, j'ai nommé : Monsieur Fritzl.

Très attaché à l'éducation de sa fille, la coquine qui partait en vrille, M. Fritzl a décidé de l'enfermer dans son abri anti-atomique pendant deux bonnes décennies et de l'occuper en lui faisant quelques marmots. Han ? C'était interdit ? Ho ? Pardon ! Je savais pas ! Je ferai pu !

"""Qui n'a jamais commis d'erreur dans l'éducation de ses enfants ?""", n'est-ce pas, Monsieur Fritzl ?

C'est à un voyage dans les intestins de cette affaire autrichienne que nous convie l'auteur. Une histoire tellement incroyable qu'elle en perdrait son intérêt si elle n'était vraie ! L'écriture talentueuse de Jauffret nous emmène au delà du simple récit d'une affaire judiciaire. Il nous présente un de nos semblable, sans remord, un peu plus tordu, carrément plus, et une mère abjecte qui ferait passer celle de vipère au poing pour une maman gateau. Et des tas de voisins sourds, ça aide bien les ordures, ça, quand même...
Il nous rappelle que l'enfer est toujours sous nos pieds et nous invite à visiter toutes les caves de tous les pays. Il nous délivre un récit qui m'a paru sans empathie. Parce qu'il n'y a nul besoin d'empathie pour mesurer le vol de l'humanité qu'a commis Fritzl sur sa fille. Et ça devrait être dans le Code Pénal, ça, le vol d'humanité...

Dans un style très intéressant, Régis Jauffret délivre ici une histoire ahurissante qui sait nous renvoyer à Platon, à Schopenhauer, à d'autres sûrement. En tous cas aux interrogations profondes que nous pose la Bête quant à la nature et à la condition humaine.
A lire absolument. Enfin je crois.
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Comme l'indique le titre, ce livre est claustrophobique, un summum de l'angoisse. Tant et si bien que j'ai moi-même étouffé en le lisant et n'ai pas pu parvenir au bout. J'ai été gênée par l'écriture, alors que je suis une inconditionnelle de Jauffret...
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Livre pénible à lire même si les pauvres enfermés ont de petites joies de temps à autres lorsque le père consent quelques libéralités envers eux. Sinon, c'est du sordide, tiré d'un fait divers réel certes, mais qu'est-ce que cela apporte de plus? J'ai lu plusieurs livres de cet auteur, je pense arrêter...
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On ne sort pas indemne de ce roman-enquête consacré à l'affaire Fritzl du nom de cet autrichien qui, 24 années durant, a emprisonné, battu et violé une de filles dans la cave de la maison familiale. Sept enfants, dénommés « petit peuple d'en bas », naitront de cet inceste, trois d'entre eux resteront avec leur mère, réduits à « un trésor humain décati enfermé dans cet épouvantable caveau d'Ali baba », les autres seront adoptés par leur père et sa femme, sans que personne (la famille, les locataires, les voisins..) ne soupçonne rien ou plutôt ne veuille rien voir.
Violence totale, sadisme et humiliation, sexe, pédophilie, folie, perversion assumée avec un cynisme consumé rythment les pages sans laisser au lecteur aucun instant de répit. Tous les repères moraux et les lignes généalogiques se mêlent jusqu'à la nausée dans une région où violenter une femme semble relever de la norme sociale.
Cependant, Régis Jauffret prend le soin d'avertir ses lecteurs. Il s'agit bien d'une oeuvre de fiction. Pure précaution juridique, tant l'auteur se met complaisamment en scène au cours de son enquête minutieuse sur les lieux du drame. Aucun détail n'est épargné : la construction de la cave, les famines organisées, la jouissance du bourreau, les enfants réduits à l'état de bêtes etc…
La véritable question est : pourquoi écrire un tel livre ? Témoignage essentiel pour que jamais une telle chose ne se reproduise ? Une mise en situation contemporaine de la caverne de Platon, comme le suggère l'auteur dans sa 4ie de couverture ? Un documentaire pour comprendre les mécanismes d'un monstre ? Manifestement, ce n'est pas vraiment la voie choisie par Jauffret, si l'on se reporte à son assertion de départ et son écriture purement descriptive. Un coup littéraire doublé d'une bonne affaire financière ? Choquer le lecteur pour par simple plaisir ? J'avoue ne pas comprendre, ni avoir vraiment d'avis, tant je suis sortie sonnée de ce livre, mais aussi déboussolée d'avoir été fascinée par cette horreur et par le sens de la formule redoutable de l'auteur.
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un roman immense,glaçant mais immense.J'ai hésité avant de le lire.
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Jauffert en fait trop dans le sordide. A partir d'une histoire certes horrible, la séquestration et l'inceste de sa fille dans la cave de sa maison, l'auteur dresse un tableau général de l'Autriche en généralisant la conduite hideuse d'un père de famille qui va enfermer sa fille pour lui faire des enfants qui ne verront pas le jour jusqu'à leur libération. Il n'y avait pas besoin d'en rajouter, des mots simples auraient suffi. Ce roman m'a déçu par son style grandiloquent et sa sublimation de l'horreur.
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La lecture de ce livre me laisse perplexe.C'est l'histoire invraisemblable de cet ingénieur autrichien qui a séquestré et violé sa fille, en lui faisant plusieurs enfants, pendant plus de vingt ans dans une cave sous sa maison san aucune réaction de sa famille ou de ses voisins...Régis Jauffret en a fait un roman de plus de 500 pages dont certaines sont difficilement soutenables.La structure du récit n'est pas linèaire et nous sommes parfois un peu perdu, l'auteur aussi, sans doute, d'où quelques redites pas toutes nécessaires mais le style est fluide et direct, facile à lire.Par contre, les atrocités commises sont insupportables et dévoilent la bestialité de l'individu;on se dit souvent comment est-ce possible?...et très vite, on ressent un vrai sentiment de malaise, qui m'a fait abandonner la lecture plusieurs fois...mais finalement, il est vrai que ce roman m'a fait prendre vraiment conscience de l'atrocité de ce crime; ce que n'avaient pas totalement réussi à faire les nombreux articles de presse de l'époque.De plus,à la lecture, on doute, que cette affaire aurait pu se passer dans un autre pays que l'Autriche...affreux mais utile?
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