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3,61

sur 292 notes
Voilà une histoire effroyable, qui s'apparente à l'examen minutieux d'un camp de concentration en miniature. On pourrait soupçonner l'auteur de se complaire, à l'instar de bon nombre de descendants du Marquis de Sade, dans l'exploration du mal absolu, de l'abjection et de l'innommable. Mais s'il y a une insistance et une longueur qui épuisent parfois la patience du lecteur, ou plutôt qui tendent à l'étouffer, elles ne relèvent pas d'une fascination complaisante pour les horreurs de la vie souterraine de cette famille violentée, violée, suppliciée pendant un quart de siècle par un tortionnaire dément. Elles chercheraient plutôt, me semble-t-il, à rendre palpables ces personnages qui ont défrayé la chronique et fasciné les médias, tout en reconstruisant le contexte de leur apparition, ceci au moyen de la littérature et seulement de la littérature, c'est-à-dire grâce à l'invention d'un style, d'une voix, d'une narration qui étayent devant nous, avec une force peu commune, cette humaine inhumanité dont hélas se montrent capables une certain nombre d'individus.

En lisant Claustria, le lecteur se sent soumis à un étrange traitement. Il subit les coups de boutoir d'une inhumanité dont il se demande jusqu'à quel degré d'abjection elle pourrait bien le conduire, tandis que, plongé au coeur de ce chaos où ses repères les plus ancrés volent en éclats, il sent monter en lui le besoin de chercher les critères mêmes de l'humanité et de les réactiver.

Quant à l'écriture qui ordonne son entreprise, Jauffret installe le décor et les situations de son enfer avec la précision objective d'un catalogue de salle de vente. Ses phrases n'ont souvent pas besoin de verbe, car elles fonctionnent comme des photos d'archive. Elles sont entrecoupées de dialogues elliptiques dont à chaque réplique les sous-entendus font frémir.

Nous savons que nous n'en sortirons pas indemnes et que chaque petite ouverture, chaque petite lueur d'espoir est vouée à se refermer sous la chape de béton de la cave. Néanmoins il faut continuer, car il faudra bien que l'horreur s'arrête et que soit mis hors d'état de nuire le monstre Fritzl. de toute façon nous resterons avec l'inquiétante question de savoir si ce genre d'individu n'est pas destiné à renaître de ses cendres.
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Roman glaçant mais nécessaire pour comprendre un pan de la nature humaine. Situation heureusement exceptionnelle mais qui nous fait toucher les limites de l'humain. de la haute voltige que ce roman de Régis Jauffret.
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Ce roman s'inspire d'un sordide fait divers. Rappel des faits: L'affaire Fritzl est un cas d'inceste découvert durant la fin du mois d'avril 2008 à Amstetten, en Autriche. A 42 ans, Elisabeth Fritzl déclare qu'elle a été emprisonnée, violée et physiquement agressée par son père, Joseph Fritzl, pendant 24 ans. Il l'a séquestrée dans une cave insonorisée creusée dans le sous-sol de sa maison. Quatrième née de sa fratrie (Joseph Fritzl et son épouse Rosemarie ont eu 7 enfants), elle donne naissance elle-même à 7 enfants durant sa captivité. Trois sont séquestrés avec leur mère (Kerstin, Stephan, Félix), un décède peu après sa naissance et les trois autres sont adoptés par Joseph Fritzl et son épouse (Alex, Monika, Lisa). Il soutiendra toutes ces années que Elisabeth ayant rejoint une secte, elle aurait déposé les enfants devant sa porte avec un mot.

Ce thriller s'apparente à une enquête. C'est un roman journalistique, tant il est crédible. L'auteur conserve à Joseph Fritzl son nom car il est le seul personnage de ce roman auquel il n'a rien changé. Tous les autres ont leur nom modifié puisque Régis Jauffret leur prête des réactions, des sentiments qui auraient pu être les leurs certes, mais qui ne sont que le fruit de ses recherches, de son interprétation, de son imagination.

Joseph Fritzl commence à violer sa fille quand elle a 11 ans. Il la séquestre à ses 18 ans. Angelika et ses enfants vivent en parallèle avec la « famille du haut ». La seule chose qui rythme ce temps incommensurable est un vieux poste de télé. Dans cette cave, les protagonistes vivent dans une autre dimension, qui finit par ne plus rien avoir en commun avec la vie « normale », d'un point de vue moral, éthique. Les situations décrites par l'auteur sont reproduites sur la réalité (même si la vie dans la cave est imaginée), comme l'arbre de Noël par exemple ou le journal tenu par Angelika. Un quotidien s'est mis en place dans cette cave.

Jauffret s'est déplacé pour suivre le procès de Josef Fritzl. Il est allé voir cette cave. Il retranscrit ce temps en dehors du monde, dans l'obscurité, l'odeur pestilentielle qui l'agresse, le manque soudain d'air, la suffocation, les rats qui ont envahi l'espace, la peur panique qui le gagne… Toute l'horreur de la claustration. Provoquée par un homme ordinaire, quelconque.

Un roman dérangeant et efficace. Quelques longueurs, mais qui rendent compte de 24 années d'enfermement. de la routine qui prend le pas sur l'horreur. Au bout de tant d'années, il ne s'agit plus d'un drame pour ses protagonistes, mais d'un quotidien comme un autre, avec ses codes.

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Glauque, poisseux...
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Je connaissais l'histoire ... et pourtant dès le départ je n'ai absolument rien compris au récit. J'ai abandonné très rapidement car le style d'écriture n'est pas du tout celui que j'aime.
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Un livre qui interroge la notion fascinante du mal. de sa possibilité. Et pourtant, dans ce roman, le mal quand il est connu se montre presque banal. Banal pour ceux qui en souffrent. Comme si il allait de soi.
J'ai aimé ce livre. Je l'ai aimé parce qu'il nous plonge au coeur du quotidien, du mal et de sa banalité.
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C'est à une vėritable descente aux enfers dans laquelle l'auteur nous entraîne de la première à la dernière page.
Doublement, car on s'y aventure physiquement dans la cave qui a servi de lieu de séquestration durant 24 ans et aussi psychologiquement puisqu'on nous y décrit les pensées du principal et sordide protagoniste principal.
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Régis Jauffret, dans son roman "Claustria" a choisi de sonder les tréfonds de l'esprit de Josef Fritz qui pendant presque vingt-quatre ans a séquestré sa fille dans une cave en la violant des jours et des jours, viols dont sont nés sept enfants.
Même si l'auteur parle de récit romanesque, on réalise au travers de ces lignes, que parfois, malheureusement, la réalité n'a rien à envier à la fiction !

Âmes sensibles s'abstenir !
Même si ce livre est remarquablement écrit, pensé et que l'analyse psychologique est superbement menée, le lecteur, lui non plus, ne peut sortir indemne de cette lecture où les descriptions atteignent un de ces rares paroxysmes dans le domaine de ce que peut produire la perversion humaine.
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Pourquoi s'emparer d'un drame humain pour en faire une fiction ? Réflexion sur la monstruosité de certain homme.
Livre que j'ai dû lire pour un comité de lecture, je ne l'ai pas fini, pour moi c'est juste du voyeurisme, de l'indécence, affligeant, répugnant, juste une accumulation de détails sordides.
Je ne recommande pas la lecture de ce livre
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Je crois avoir lu l'histoire la plus abjecte que je n'ai jamais lue. Un truc à te filer la nausée, à sauter des mots et des lignes pour ne pas visualiser.
Et pourtant ce roman énorme je ne l'ai pas fermé avant la fin. Malgré le dégoût, l'horreur, je m'en suis voulue d'avoir poursuivi la lecture comme si je me complaisais dans ce voyeurisme malsain. Alors je m'en voulais tous les soirs en l'ouvrant, mais pourtant je continuais.
Finalement je ne sais qu'en penser, m'en voulant presque de l'avoir fini entièrement et d'en avoir supporté la lecture.
Ce roman relate ce qui m'est intolérable dans ce monde: inceste, viol, violence physiques et psychologiques au-delà de l'imaginable. Maltraitance, perversion. Tout ce que vous pouvez de plus horrible qu'un père est capable de faire est dans ce livre.
Ce qui accentue l'horreur également, c'est la qualité de l'écriture. Jamais de misérabilisme, juste une froide description des faits bruts. Pas de sentiments, juste des sensations : celles de la puanteur, de l'étouffement, de la violence des coups, des cranes heurtés contre les murs, des enfants frappés, violés, des privations en tous genres (nourriture, y compris sur des nourrissons, eau, électricité...). le plaisir de soumettre, d'humilier de "chosifier".
En fait Régis Jauffret s'inspire d'une histoire vraie mais s'en défend en prologue. Donc il s'agirait d'un roman. Sauf qu'il est allé là bas en Autriche pour se documenter, sauf que quelque part, dans une moindre (ou pas) mesure, CA a existé. Et cela rend ce récit d'autant plus abominable.
Ce roman me suivra toujours comme ce que je ne peux supporter. C'est mon livre à cauchemars. Je n'aurais peut-être pas du le finir, j'ai le sentiment d'aller au delà de ce que je pouvais tolérer intellectuellement et émotionnellement. Je pleure depuis quelques jours dès que j'accompagne mes enfants le matin à la crèche et école. Je les vois si vulnérables, si fragiles et petits.
Bref, je ne sais pas si je dois vous en conseiller la lecture. Une chose est certaine, ce roman m'a collé la plus grosse gifle de ma vie. La violence de sa lecture est à la mesure de la violence vécue par les protagonistes.
Lien : http://monblogmonmiroir.over..
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