Je crois avoir lu l'histoire la plus abjecte que je n'ai jamais lue. Un truc à te filer la nausée, à sauter des mots et des lignes pour ne pas visualiser.
Et pourtant ce roman énorme je ne l'ai pas fermé avant la fin. Malgré le dégoût, l'horreur, je m'en suis voulue d'avoir poursuivi la lecture comme si je me complaisais dans ce voyeurisme malsain. Alors je m'en voulais tous les soirs en l'ouvrant, mais pourtant je continuais.
Finalement je ne sais qu'en penser, m'en voulant presque de l'avoir fini entièrement et d'en avoir supporté la lecture.
Ce roman relate ce qui m'est intolérable dans ce monde: inceste, viol, violence physiques et psychologiques au-delà de l'imaginable. Maltraitance, perversion. Tout ce que vous pouvez de plus horrible qu'un père est capable de faire est dans ce livre.
Ce qui accentue l'horreur également, c'est la qualité de l'écriture. Jamais de misérabilisme, juste une froide description des faits bruts. Pas de sentiments, juste des sensations : celles de la puanteur, de l'étouffement, de la violence des coups, des cranes heurtés contre les murs, des enfants frappés, violés, des privations en tous genres (nourriture, y compris sur des nourrissons, eau, électricité...). le plaisir de soumettre, d'humilier de "chosifier".
En fait
Régis Jauffret s'inspire d'une histoire vraie mais s'en défend en prologue. Donc il s'agirait d'un roman. Sauf qu'il est allé là bas en Autriche pour se documenter, sauf que quelque part, dans une moindre (ou pas) mesure, CA a existé. Et cela rend ce récit d'autant plus abominable.
Ce roman me suivra toujours comme ce que je ne peux supporter. C'est mon livre à cauchemars. Je n'aurais peut-être pas du le finir, j'ai le sentiment d'aller au delà de ce que je pouvais tolérer intellectuellement et émotionnellement. Je pleure depuis quelques jours dès que j'accompagne mes enfants le matin à la crèche et école. Je les vois si vulnérables, si fragiles et petits.
Bref, je ne sais pas si je dois vous en conseiller la lecture. Une chose est certaine, ce roman m'a collé la plus grosse gifle de ma vie. La violence de sa lecture est à la mesure de la violence vécue par les protagonistes.
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