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3,61

sur 292 notes
Il y a certains livres qu'on prend autant de plaisir à lire qu'à refermer la dernière page lue, que l'on clôt avec un soupir d'aise parce qu'ils sont géniaux et un soupir de soulagement parce qu'ils nous submergent. Certains livres que l'on voudrait entourer de hauts murs comme une demeure où d'abominables crimes auraient été commis, que l'on voudrait calfeutrer par une montagne de belles pensées.
Parce qu'ils ne sont pas uniquement des romans, parce qu'ils s'inspirent de la réalité, de la « vraie » vie, de celle qu'on ne voit plus en rose, de celle qui se joue à guichet fermé dans le secret des familles, dans la confidentialité d'un intérieur coquet, avec des acteurs tout ce qu'il y a de plus ordinaires mais qui se révèlent de véritables monstres. Parce qu'ils nous chamboulent, nous retournent, nous révoltent, nous laissent un profond sentiment d'impuissance et une piètre opinion du genre humain.

Après l'affaire Natacha Kampusch, l'Autriche a vu un autre cas sordide entacher sa réputation de belle patrie où hélas le beau Danube bleu n'est pas seul à couler !
L'histoire est récente ; tout le monde a entendu parler de Josef Fritzl, le père qui a séquestré sa fille pendant 24 ans dans la cave de la maison familiale, abusant d'elle, la brutalisant et au final lui faisant sept enfants ; l'un, bébé quasi mort-né fut brûlé dans la chaudière, trois furent remontés à la surface et trois grandirent avec leur mère dans les entrailles de la terre jusqu'à leur libération en Avril 2008. Josef Fritzl, petit ingénieur-électricien terne et sans histoire mais tyran domestique, cruel, pervers, incestueux, abominable, a été condamné à la prison à vie mais laisse derrière lui les traces ineffaçables de 24 années de claustration et d'esclavage.

Régis Jauffret s'est emparé du fait-divers pour écrire ce « Claustria » qui percute et qui malmène, qui bouleverse et qui secoue, qui captive autant qu'il révulse. Avec un art consommé de la narration, de l'image et de l'empathie, l'auteur de « Microfictions » ou de « Sévère », nous ouvre les portes de l'enfer, soulève les trappes d'un pandémonium de 50 mètres carré pour nous projeter au coeur de l'inqualifiable. « J'arrive à m'imaginer assassiné, mutilé, torturé ; Je n'arrive pas à m'imaginer 24 années dans un trou. Essayez, vous n'y arriverez pas non plus. Vous parviendrez à une semaine, peut-être quatre. La nuit suivante vous aurez peur de vous endormir. »
Après plusieurs mois d'investigation l'auteur a tenté d'imaginer comment les protagonistes de cette triste histoire ont réussi à survivre à l'enfermement d'une cave transformée en studette de l'horreur, avec pour seul horizon le mur d'en face, pour seul ciel le plafond à lattes, pour seul amant leur propre père, pour seule perspective d'avenir la menace de mourir gazés s'ils la ramenaient un peu trop.

Miracle des métaphores et du génie littéraire d'arriver, comme le fait Jauffret, à faire jaillir au coeur du sordide des fulgurances de bonheur, ces petits éclats de joies que l'esprit humain conçoit même en enfer, même dans l'abîme, même au fond du gouffre, puisant dans d'infimes satisfactions de quoi tenir bon, encore et encore ! Minuscules lueurs d'espérance dans le noir absolu permettant à un quart de siècle de viols, de brutalités et de vie souterraine, de s'écouler aux gouttes à gouttes comme en perfusion, mais de s'écouler malgré tout.
Mais il y a aussi les jours où la raison, striée des étoiles filantes de la démence, s'emballe et déraille quand la machine à douleur se fait insupportable, que l'oxygène manque dans le bocal à poisson sans aération, que les périodes de famine affaiblissent les corps et que les attentes du Dieu nourricier Fritzl se font trop longues.
Une humanité récréée avec d'autres normes, d'autres règles, selon les lois amorales et perverses d'un démiurge démoniaque, revendiquant une famille sans aucune goutte de sang mêlé !

Au-delà de la répugnance que nous inspire ce père immonde, certains comportements collectifs ou individuels nous laissent un goût amer : la mère, dont la peur de son mari et la haine ressentie envers sa fille ont muré dans une complicité abjecte ; les voisins et locataires, dont on ne peut que s'interroger face à la surdité et à la complaisance à l'ignorance; les mentalités arriérées de cette Basse-Autriche (tant égratignée par Thomas Bernhard) pour qui l'inceste est une peccadille et la famille un fief où le père vit en seigneur tout puissant ; et que dire de cette volonté pathétique et écoeurante de l'Etat à toujours vouloir arrondir les angles pour ne pas abîmer davantage une image d'Epinal déjà bien écornée…
En évitant l'écueil du voyeurisme et dans un style puissant et percutant, Régis Jauffret réussit, dans ce texte brillant d'analyse et de sensibilité, à nous faire partager un peu de l'existence du « petit peuple de la cave ». Bienvenue en enfer...
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Vous avez tous entendu parler de l'affaire Fritzl ? Oui ? Très bien. Maintenant oubliez-la. Ceci est une oeuvre de fiction. Et même si elle s'appuie et se nourrit de ce fait divers, cette histoire est un roman. Prenez Flaubert, il a assez répété que Madame Bovary n'était pas une simple transcription de l'affaire Delamare. Ces choses dites, voici le roman.

Autriche, ville d'Amstetten. Pendant 24 ans, Josef Fritzl a séquestré sa fille Angelika dans la cave de la maison familiale. Il lui a fait dix enfants, trois qu'il a élevés avec son épouse Anneliese dans la maison et les autres qui sont morts ou restés cloîtrés avec leur mère. C'est l'histoire du « petit peuple de la cave » qui nous est racontée. Mais c'est aussi les années qui ont précédé l'enfermement : l'adolescence violée d'Angelika, ses tentatives pour échapper à son père, l'enfance et la jeunesse de Josef et ce qui a forgé son goût pour la brutalité et le viol. Apparaît également une histoire qui n'existe que pour l'auteur, celle d'un des rescapés, Roman, plus de 45 ans après la sortie de la cave. Puisque je vous dis que ce texte est un roman – ou un Roman – croyez-moi ! Pas question de refaire le procès des voisins et des proches qui n'ont pas entendus les bruits venus du sous-sol.

La majeure partie du texte relate l'existence dans la cave, le quotidien rythmé par une absence de repères – ou ceux, évanescents, venus de la télévision – l'angoisse perpétuelle de manquer de nourriture ou d'être privé d'eau et d'électricité. Fritzl, seigneur capricieux, apparaît quand bon lui semble, approvisionne quand ça lui chante et reprend pour punir et mater. Selon le modèle et l'habitude autrichiens, il n'est qu'un tyran ordinaire qui bat femme et enfants. Mais sa volonté de dominer rappelle quelque peu l'hybris des Grecs antiques : Fritzl aime la terreur et la soumission qu'il provoque et il se moque de la folie qu'il cause. Brutal et jouisseur, il tire aussi son plaisir des affaires immobilières qu'il mène. Il rêve de s'annexer des morceaux d'Autriche et de bâtir un empire à sa mesure.

En arrière-plan se tient Anneliese, toute entière soumise au démon domestique qu'elle a épousé. Elle aligne son comportement sur le sien et bat sa fille avec autant de hargne. Elle ne s'interroge pas sur sa disparition, refuse d'y penser, oublie les possibles. « Anneliese passait son temps à renier ses oreilles, à se dire qu'elles perdaient parfois la raison. Ils étaient rares les instants où elles leur accordaient le bénéfice du doute. Plus rares encore ceux où elle se permettait d'évoquer timidement la bande-son de la cave à Fritzl. » (p. 307)

La libération, traitée sur quelques chapitres, n'apparaît pas comme un bienfait. « L'air libre les avait tués lentement comme une émanation délétère. » (p. 11) Sans cesse, les victimes et le bourreau répètent qu'il y a eu du bonheur. « Roman est allé respirer à la fenêtre. L'air lui manquait en se souvenant. Il regardait au loin. Il se sentait coupable d'avoir été si heureux dans la cave. D'aimer son père, aussi. » (p. 40) C'est là que surgit le plus insoutenable : de l'horreur est née une certaine forme de contentement et d'épanouissement. Les spectateurs et les étrangers ne peuvent le comprendre, eux qui n'ont que répulsion fascinée pour cette « poche de cauchemar sous la terre autrichienne » (p. 12 & 13). Il faudrait que les enfants aveugles crient leur reconnaissance d'avoir été sauvés, mais ils se terrent et cherchent sans cesse à retrouver le confort rassurant de la cave exigüe. « Il avait gardé la nostalgie du sous-sol. Cette conque, cette coquille qu'ils remplissaient toute entière comme jaune et blanc d'un oeuf. » (p. 27)

L'auteur, qui se met en scène dans son enquête, imagine les suites de cette affaire, ses retombées médiatiques et ses exploitations par le cinéma ou l'édition. Il interroge l'horreur par le prisme du consommable. Il constate que, comme souvent, tout est bon pour vendre, même si la recette est mauvaise. « Les victimes sont décevantes, parfois les martyrs ne sont pas des héros. » (p. 32) Dans son enquête – réelle ou non – il visite la trop fameuse cave et c'est la que se déroule une des scènes les plus terribles du roman : son guide et lui sont assaillis par une foule de rats à laquelle ils n'échappent qu'en fuyant à toutes jambes. Voilà que l'horreur a tenté de s'emparer d'eux, de les recouvrir. En quittant ainsi les lieux, des questions sont restées sans réponse, mais c'est sûrement mieux ainsi. « Si comme dans l'Enfer de Dante il y avait des cercles dans la cave, tout le monde a préféré s'abstenir de les visiter tous. » (p. 83) Enfin, création ou vérité, une phrase lancée à l'auteur témoigne de l'ambivalence de son travail : « Au revoir, écrivain. D'après le site que j'ai regardé tout à l'heure, on vous prend pour un cinglé. Alors personne ne vous croira. » (p. 184) Est-ce vraiment de cela qu'il s'agit, savoir s'il faut croire ou non ce qu'écrit Régis Jauffret ? Mais puisqu'on vous dit que c'est un roman, c'est écrit sur la couverture.

Ce sur quoi il vaut mieux s'interroger, c'est sur notre capacité à nous enfermer nous-mêmes. Fritzl a poussé l'expérience à l'extrême. Mais bien fous serions-nous si nos pensions que nous sommes libres. « On habite toujours un espace clos, on ne court jamais bien loin, les voitures suivent des routes, les trains des rails, les avions, les fusées ne rejoindront jamais l'infini. On se cogne toujours quelque part. » (p. 321)

Ouvrir ce livre, c'est ouvrir la porte de la cave et suivre Fritzl dans le souterrain. C'est faire ce que chacun a fait après la révélation de cette funeste histoire : imaginer le spectacle de cette famille captive. S'il est bien impossible de partager et de ressentir ce que cela fut, il suffit de soulever la trappe pour respirer les relents du rêve étrange d'un homme ivre de domination. Mais tout cela, on le doit à l'imagination de l'auteur. Bien que très probable, la ronde des psychiatres, des journalistes et des enquêteurs est inventée. Inventée aussi l'étrange relation entre Fritzl et son avocat. Fantasmées les années obscures du petit peuple de la cave. « Leur histoire devenue bientôt un conte de sorcière, un mythe dont on doutera des origines. Angelika et les ombres sur l'écran de la caverne dont Socrate ne dira jamais rien. Les phrases inhabitées des médias, des causeurs, des fabricants de romans. La cohorte des apprentis Platon, des jongleurs, bateleurs de la syntaxe, la poudre aux yeux du . » (p. 535)

Claustria enferme le lecteur. Ne riez pas, ce n'est pas qu'une formule. Véritablement, j'ai été prise et captive de cette histoire. Elle s'est accrochée, ne m'a pas lâchée. Plus approchait le terme du roman et moins je savais si je devais être soulagée ou déçue. Claustria est un roman de l'ambivalence : j'ai aimé être captive, j'en ai redemandé quitte, pour cela, à devoir encore assister à l'horreur. de la pitié pour Angelika et les enfants, oui j'en ai eu. Mais j'ai aimé ce roman, encore plus.
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Pendant quelques jours , j'ai regardé ce livre sans pouvoir l'ouvrir avec la crainte de lire une histoire monstrueuse , d'être voyeuse , de ne pas savoir prendre du recul , puis j'ai commencé quelques pages et j'ai de nouveau attendu quelques jours avant de me lancer et ..... de ne plus savoir m'arrêter .
Impossible pour un tel sujet de mettre 5 étoiles et pourtant , je ne m'attendais pas à un tel talent , un véritable tour de force de l'auteur , ce récit , roman , fiction tout à la fois ne tombe jamais dans le voyeurisme et en cela je remercie l'auteur , avant de le lire j'avais lu les critiques très positives et en le lisant , j'ai compris ; le talent de l'auteur réussit à dire l'indicible , comme il le dit lui -même , comme si cette histoire allait devenir un conte avec un ogre des temps modernes et ne plus être réelle , pour pouvoir être entendue .
Nous sommes dans la cave avec Angelika , nous sommes elle , elle qui attend la visite de son père-bourreau , qui la prive d'électricité , d'eau , de nourriture , qui va lui faire des enfants , certains qu'il remontera , certains qui deviendront les enfants d'en-bas .
Ce père pris dans sa folie , fier de cette famille , lors de son arrestation , la police médusée va entendre son délire , qu'il livre avec le sourire , il a essayé de créer une famille à sa démesure , où il est le père tout puissant .
L'auteur n'a pas choisi un récit linéaire , il fait des retours en arrière comme le temps dans la cave , qui n'était pas linéaire , parfois long , sans but , parfois des hallucinations de le vie libre , parfois même des moments de bonheur , même si ça nous semble encore plus horrible , oui la victime a eu des moments de bonheur pour que sa raison ne vacille pas , les enfants ont eu une enfance ' même dans la cave l'enfance est tenace ' , récit qui suit les souvenirs qui ne sont pas linéaires non plus .
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" A cinquante-deux ans, l'ancien gamin Roman Fritzl était le dernier survivant du petit peuple de la cave. "
C'est sur cette sentence lapidaire que s'ouvre Claustria, roman qui évoque la sordide affaire "Fritzl" : la séquestration d'une jeune autrichienne par son père dans la cave de la maison familiale pendant 24 ans, années au cours desquelles elle a donné naissance à 7 enfants et les a élevés dans des conditions plus que précaires.

Et c'est avec une telle phrase que son auteur, Régis Jauffret, parvient d'emblée à s'emparer complètement du fait-divers, à l'inscrire dans une temporalité fictionnelle et à en faire un grand roman choc. Car si l'écrivain a passé beaucoup de temps en Autriche pour enquêter sur cette affaire, il a souhaité aussi clairement revendiquer l'appartenance au genre romanesque de ce texte: "Ce livre n'est autre qu'un roman, fruit de la création de son auteur", peut on lire en avertissement au début de l'ouvrage. Tout au long de ces 545 pages, Régis Jauffret nous entraîne avec lui dans une spirale étonnante qui mêle reconstitution des faits, interrogation sur la violence et sur l'horreur, réflexion philosophique - car le fait-divers n'est pas sans faire écho à l'allégorie de la caverne de Platon -, et enfin procès d'une nation toute entière, l'Autriche. L'exercice de funambule littéraire auquel s'est livré l'auteur était périlleux, pour ne pas dire "casse gueule". Il a fallu tout l'immense talent de Jauffret pour ne pas tomber, en nous faisant basculer avec lui, dans une ignominie voyeuriste. Son style particulier crée heureusement la distance nécessaire. Il n'en demeure pas moins que cela reste une lecture éprouvante et dérangeante. Un roman captivant mais que l'on referme avec plaisir. Les lecteurs seront prévenus, la plongée dans Claustria est une épreuve dont on ne sort pas indemne.
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J'ai longtemps hésité avant de lire ce roman. A priori, je ne suis pas attirée par les faits divers scabreux et je n'aime pas que mon rôle de lecteur se transforme en voyeur. Puis, j'ai entendu Régis Jauffret parler de son livre à La Grande Librairie.
Si l'auteur parvient à me faire comprendre comment un être humain peut en arriver à de telles extrémités, cette lecture m'intéresse. L'évocation de l'allégorie de la caverne m'a incitée à découvrir ce roman fiction.
Car, certes, les faits ont réellement existé et le nom du père bourreau est conservé, par contre, l'enquête et l'analyse sont une pure fiction de l'auteur.
Le style et la construction m'ont particulièrement convaincue de continuer cette lecture jusqu'à son dénouement. L'auteur ne peut éviter l'atrocité des actes mais il se contente heureusement de les citer sans tomber dans le voyeurisme et l'étalage pornographique. le style très fluide et les incursions métaphoriques, romanesques aident à supporter l'horreur de la situation. La construction qui allie l'enquête de l'auteur, le récit du jugement et les pensées d'Angelika, la fille séquestrée est aussi une manière d'alléger (si cela est toutefois possible) la narration.
L'auteur a satisfait mon besoin de comprendre la nature humaine jusque dans ses perversités les plus complexes.
Josef Fritzl est un tortionnaire inhumain qui considère les femmes comme des objets de plaisir et de satisfaction de ses moindres désirs. Il me semble que cet être sans remords et même fier de ce rêve accompli, est parfaitement analysé. de sa jeunesse où il voue une amour incestueux non réalisé à sa mère jusqu'à l'âge adulte où il commence avec la séquestration de sa mère, l'homme évolue vers une brutalité, un sadisme de plus en plus poussé. Il n'y a chez cet homme aucune trace de remords, de folie et c'est ce qui est particulièrement insoutenable.
Ensuite, l'analyse des réactions d'Angelika, quoique choquante dans le besoin de séduire son père, est elle aussi parfaitement décortiquée. Comment peut-on encore avoir des réactions humaines après tant d'années d'enfermement dans une grotte où l'on ne perçoit que les ombres de l'humanité? Bien sûr, la jeune femme était heureuse de voir apparaître son bourreau quand il venait de lui couper eau, électricité et vivres pendant des jours. La télé et cet homme abject étaient pour "le peuple de la cave" le seul lien humain, la seule source de plaisir. C'est très choquant mais c'est malheureusement très compréhensible.
Et je pense que Régis Jauffret a réussi à me faire réfléchir, à me faire comprendre ces mécanismes de dérive comportementale en situation extrême.
Si les allusions à l'Autriche responsable, au nazisme ne m'ont pas choquées, je ne pense pas qu'elles apportent d'informations complémentaires à la compréhension du comportement de Fritzl. L'auteur a voulu tout simplement s'insurger contre la légèreté de la peine pour ce crime incestueux. Malheureusement, de telles barbaries n'ont pas de nation, de religion ou d'appartenance idéologique et elles peuvent surgir dans n'importe quel cerveau humain.
L'image finale de l'oiseau qui retourne dans sa cage, dans son bercail est assez perturbante et ouvre en fin de livre une grande perplexité. C'est un livre qui dérange mais qui est remarquablement développé par l'auteur pour m'interpeller sur la nature humaine et sa complexité.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Qu'elle gifle. En s'emparant de l'abominable fait divers qui à secoué l'Autriche, Jauffret crée une fiction qui vous secoue, vous révulse, vous dérange avec une force incroyable. Et c'est justement dans cette description clinique, malsaine, insoutenable que le livre de Jauffret me pose problème. Car comme si l'histoire ne se suffisait pas à elle-même un sentiment de voyeurisme, de gène m'a empêché d'adhérer complètement au choix fictionnel de Jauffret.
Bien sur, il faut saluer la qualité littéraire indéniable du roman, mais cette gène
perpétuelle m'empêche de mettre les cinq étoiles. L'horreur du destin d'Anjélika puis de Petra et de Martin ce suffit à lui-même et même si Jauffret à mener une enquête très pointue, pourquoi avoir choisit de le romancer ?
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En 2008, la police autrichienne a libéré une femme de 42 ans. Elle a passé 24 ans dans la cave de son père: violée, battue et torturée par son père. Mère de 7 enfants, 7 enfants de son père. Trois des enfants y sont nés, y ont demeuré jusqu'à la "libération" alors que les autres étaient "remontés" à l'étage!
Au bout de plusieurs années, le père apporte la télé dans la cave.

Le roman de Régis Jauffret est à la fois la quête et l'enquête de l'auteur sur ce fait divers et le récit "imaginaire" de cette captivité.

J'ai été captivée par ce roman. L'écriture demeure pudique dans l'horreur de ce vécu. Un quart de siècle dans l'horreur. Mais un quart de siècle où l'on quête le bonheur, des bribes de bonheur, des miettes de bonheur dans l'ombre de cette cave.

Mais quand même, le plus horrible dans cette histoire, c'est la "complicité" de l'environnement dans cette captivité: la famille, les voisins, la société autrichienne (ex: l'appel d'Angelika depuis le portable de son père).

Je place ce roman dans le TOP du TOP.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Très bien écrit, à la fois fait divers, roman et thriller on est happé par cet ouvrage. Une ambiance glauque et suintante, malsaine et une analyse psychologique d'un monstre et de sa fille séquestrée et engrossée par son père. Lorsque l'on sait qu'il existe de tels faits dans la réalité, on en a vu dans certaines émissions cela fait froid dans le dos. Mais là ce n'est plus simplement de l'information, nous ne sommes plus spectateurs, nous vivons dans cet enfermement avec les personnages. Regis Jaufret est un excellent écrivain. Je vous recommande également "Bravo" du même auteur.
CLAUSTRIA âmes sensibles s'abstenir mais ceux qui peuvent lire ce genre de livre allez y les 500 pages ne doivent pas vous freiner bien au contraire....
Commenter  J’apprécie          102
3 étoiles ? Vous allez me dire : « c'est une note bien tiédasse pour ce roman qui a suscité soit l'adhésion soit le rejet le plus total ». Je vais essayer de vous faire partager mon ressenti.
Très bref résumé. Histoire véridique « romancée » par Régis Jauffret : un père séquestre sa fille dans sa cave pendant plus de 20 ans, de cet inceste naîtront 6 enfants… et le roman est le long récit de ces années.
C'est le genre de livres autour duquel je tourne beaucoup avant me décider : je viens de le finir, lu à l'allure de l'escargot, éprouvée, malmenée par tant d'horreurs et je l'ai refermé, soulagée et…perplexe.
Un livre hors du commun, certes, que je n'ai pas pu abandonner, comme prisonnière moi aussi, même quand les limites du supportable étaient atteintes. Il fallait de l'audace pour en entreprendre l'écriture et Régis Jauffret, par sa maîtrise du récit, la qualité de son écriture et l' analyse psychologique approfondie de ses personnages a relevé le défi et évite le voyeurisme. Est-ce que cela en fait pour autant une réussite littéraire ?
Ces 530 pages de descente aux enfers, d'horreurs et de souffrances, sans nulle lueur d'humanité, m'ont laissé en définitive, un abject arrière-goût, un écoeurement, rarement éprouvé au cours de mon (long) passé de lectrice. Ce livre était-il nécessaire ?
Dixit l'auteur : « j'ai reculé l'écriture du livre autant que j'ai pu »….
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Ce roman est atroce, chaque page est une souffrance, une sueur glaciale, une écharde à vif, mais impossible de l'abandonner, on passe outre le dégoût et la répulsion.
"Claustria" se veut un roman mais s'inspire d'un indicible fait divers : les 24 années de séquestration et d'inceste que Josef Friztl a imposé a sa fille à la fin du siècle dernier quelque part en Autriche, dans la cave de la maison familiale. A l'étage, la femme et mère, ne voulant se rendre compte de rien malgré les bruits épouvantables qui traversent les murs. Son homme lui a dit que sa fille était partie vivre dans une secte, trop facile d'y croire. Et ces bébés qui au fil du temps apparaissent, soi-disant abandonnés par cette fille indigne, elle les élèvent sans poser de questions. D'autres n'auront pas ce destin, ils grandiront dans la cave, développant leur propre langage, traînant le plus souvent à quatre pattes, devenant obèses malgré la malnutrition.
Pourquoi lire jusqu'au bout une histoire aussi suffocante? Grâce au talent de narrateur de R. Jauffret. Il n'écrit froidement pour faire du sensationnalisme, il ne signe pas un article du Nouveau Détective, non, il veut comprendre : il se met en scène en tant qu'enquêteur désirant se rendre sur les lieux, rencontrer les personnages, ce monstre de père, mais surtout sa prisonnière pour se glisser dans son esprit et partager sa peur, sa solitude, son désespoir, sa souffrance et sa dépendance.
Je ne saurai recommander ou conseiller avec légèreté "Claustria", c'est un roman bien trop terrible, mais je ne regrette en rien ces quelques heures douloureuses de lecture.
Lien : http://lapetitesteph.blogspo..
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