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EAN : 978B085F2GFZY
Anne Carrière (04/09/2020)
3.74/5   78 notes
Résumé :
Chaque année en France, plus de 90.000 personnes sont hospitalisées sans leur accord en psychiatrie.
C’est cette expérience de privation de liberté que raconte Marius Jauffret dans ce livre sensible et touchant.

Jeune homme alcoolique, Marius est un jour conduit aux urgences de Saint-Anne par son frère. À son réveil, il pense qu’il va juste passer quelques jours entre les murs de l’hôpital pour se remettre. Jusqu’à ce qu’un médecin lui explique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Suite à une triste soirée particulièrement alcoolisée, Marius Jauffret a passé près de 3 semaines dans une unité de l'hôpital Sainte Anne.
Il nous livre un récit au vitriol de l'hôpital psychiatrique qui accueille des compagnons d'infortune, orientés parfois dans ces unités de façon totalement inadaptée.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce texte, sans complaisance aucune, envers l'Institution et à l'égard de la HDT que l'auteur juge totalement arbitraire à son encontre.
Réalisme des interactions dépeintes entre les malheureux des courts ou longs séjours ; inimaginables échanges entre le "patient" Marius, son frère et le psychiatre ; enfin, bienveillante, touchante et salvatrice relation fraternelle.
Le jeune auteur qualifie l'hôpital Sainte Anne d'un mot qui m'apparaît quasiment suranné : l'"asile". L'acceptation littéraire d'"asile" signifie un lieu où l'on trouve paix et calme. Force est de constater que le séjour enfumé de Marius Jauffret ne lui apportera aucunement la sérénité.
Je ne peux qu'exprimer l'espoir que les peurs liées à l'hospitalisation et à la HDT ne hanteront jamais plus l'auteur. Et de façon plus universelle, n'imaginer la HDT qu'en cas de situations extrêmes, d'imminent danger envers soi ou autrui.
De mon côté, respect pour l'écoute des médecins psychiatres qui ne sont pas tous des Messieurs Faucon / regard empli de compassion pour les personnes aimantes qui entourent un proche souffrant d'une psychopathologie mais surtout surtout toutes mes pensées se dirigent vers les "intranquilles" qui souffrent de troubles psychiques plus ou moins envahissants...
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Marius Jauffret est alcoolique et à la suite d'une soirée triste passée à la terrasse d'un café de la place des Vosges, il fait un malaise éthylique. Son frère Thomas se décide à le conduire aux urgences de l'hôpital Sainte-Anne puis à autoriser son internement en hôpital psychiatrique sans son consentement. ● J'avais de forts préjugés avant de lire ce texte, me disant que c'était encore un « fils de… » qui avait dû réussir à publier grâce à l'intervention de son père (Régis Jauffret). Je me trompais car il s'agit d'un texte fort, poignant et bien écrit qui se lit d'une traite. ● Toutefois, nous n'avons ici qu'un point de vue unilatéral sur cet internement à la demande d'un tiers, ce qui m'a mis mal à l'aise à la lecture. Je comprends bien que Marius Jauffret a vécu dans l'angoisse, le ressentiment, le sentiment d'injustice et la haine ces dix-huit jours de privation de liberté. J'aurais cependant bien voulu entendre d'une autre voix les raisons qui ont conduit à l'y faire rester près de trois semaines et les conditions de vie dans cet hôpital. C'est bien dommage que le lecteur n'ait aucun moyen d'entendre le psychiatre. La fin du livre semble montrer que ce dernier n'avait pas tout à fait tort ( même si l'existence même du livre paraît donner raison à l'auteur).
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Chaque année en France près de 100 000 000 personnes sont hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement.

C'est cette terrible expérience de privation de liberté que raconte Marius Jauffret, fils du grand romancier français Régis Jauffret qui et nous raconte comment son alcoolisme incontrolable l'a jour conduit aux urgences de Saint Anne par son frère qui ne pouvait plus rester sans agir.

Le voici dès lors comme prisonnier, isolé, dans ce huis clos totalement marge de la société.
Etre enfermé dans une structure psychiatrique sans date de sortie est une expérience assez traumatisante que Jauffret raconte de façon crue mais avec une sincérité et un certain humour désarmants . Jauffret n'élude rien ni le doute, la peur, les rencontres cocasses, tristes, ou tendres et aussi l'après.

Réflexion profonde sur la question de l'hospitalisation à la demande d'un tiers, ce vol au dessus d'un nid de coucou. version 2020 n'est sans doute pas la lecture idéale d'apres confinement mais il touche évidemment par cette mise à nu littéraire dont on ressent énormément le pouvoir cathartique évident.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un véritable plaidoyer contre l'hospitalisation à la demande d'un tiers en psychiatrie.

Marius Jauffret a vécu, ou plutôt subi, la situation de l'intérieur. Certes, à 28 ans, il est alcoolique et un soir de déprime, il se retrouve dans un état pitoyable. Cela nécessite une assistance et de l'aide. Il appelle son frère, Thomas. Ce dernier, désemparé par la situation, décide de l'emmener aux urgences.
A l'évocation du possible syndrome de Korsakoff, Thomas accepte de signer la demande d'hospitalisation malgré ses réticences et interrogations initiales.
A la suite de cette décision, Marius est transféré au service psychiatrique où les entrevues avec le docteur de la discipline se font rares et brèves. Les traitements administrés sont très lourds, de quoi vous rendre léthargique et amorphe.
Le temps est long, très long, les jours sont sans fin, rythmés par les repas à heures fixes et les pauses cigarettes au fumoir. le fumoir, un lieu de regroupement, la seule évasion possible de la journée.
La considération des malades par une partie du personnel et les méthodes employées à l'égard des patients m'a interpellée à plusieurs reprises.

Certes, l'addictologie est une forme de dépendance et elle mérite d'être soignée. Mais des méthodes plus adaptées existent. D'ailleurs, si Marius Jauffret est aujourd'hui sorti de cette spirale infernale, c'est grâce à d'autres moyens que l'hospitalisation, en tous les cas dans une situation où il est resté décisionnaire de ses actes. L'écriture a notamment été une des clés de son sevrage.

Merci pour ce témoignage d'une situation qui mérite d'être dénoncée et remise en question.
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Et la santé part en fumée

Le récit de Marius Jauffret tient autant du pamphlet que du reportage et de l'enquête que du roman. Les trois premières catégories s'alimentent l'une l'autre. La dernière élève le récit au rang d'oeuvre littéraire.

Marius Jauffret s'est retrouvé interné à la demande d'un tiers, en l'occurrence son frère. Il présente un terrain favorable : alcoolisme, dépression, isolement… les raisons de se retrouver en hôpital psychiatriques ne manquent pas. de là à se retrouver « interné à la demande d'un tiers », il n'y a qu'un pas que ni Marius ni son frère ne pensaient franchir. Cela se fait presque à leur corps défendant en tout cas sans qu'aucun des deux n'ait conscience de ce qui se cache derrière cet internement. C'est là que l'enfer de Marius Jauffret commence…

Car ce processus enclenché par son frère ne pourra prendre fin que sur la décision du médecin qui le suit. Enfin, qui le suit… c'est vite dit tant celui-ci se livre à un exercice de petit chef sûr de son pouvoir et de sa suffisance, que ce soit vis-à-vis de Marius Jauffret ou des autres prisonniers, pardon !, pensionnaires de cet HP. Marius Jauffret, malgré une forte tendance à vouloir la ramener systématiquement, comprend vite où se trouve son intérêt : il se met, au sein du fumoir où tout le monde se retrouve plus ou moins (plus que moins) souvent, à observer ses coreligionnaires.

A partir de là, il dresse un double portrait : celui de l'institution qui le retient contre son gré et celui des internés. Ceux-ci le sont tout de même plutôt à raison qu'à tort mais cela n'enlève rien à la broyeuse qu'est devenue l'institution dans laquelle il tente de surnager et de laquelle ils souhaitent tous s'échapper.

Les portraits dépeints par Marius Jauffret sont sans concession. Et vertigineux. On est littéralement pris de vertige face au dialogue de sourd qui s'installe entre une institution (et avant tout ses représentants qui font cruellement preuve d'un manque d'humanité et d'empathie) et des êtres humains, certes désemparés et à la dérive) mais dépassés par ce qui leur arrive. Même si au bout d'un certain laps de temps, un certain fatalisme surgit immanquablement.

Marius Jauffret rend parfaitement compte à la fois de l'iniquité des traitements, qui font que si on ne rentre pas totalement fou dans cet HP on l'y devient sans coup férir, et de la déshumanisation aux forceps des internés. Ces derniers sont constamment rabaissés au rang d'animaux. Et pourtant, ils restent plus nobles que leurs matons… « Mais l'interné revient tôt ou tard à la niche. Son bifteck, c'est la mainlevée . La seule manière de l'obtenir est de faire allégeance au psychiatre ? Chacun se comporte en labrador docile redevable à son maître… » et plus loin « Enfermez le pire des sauvageons dans un hôpital psychiatrique, et en quelques jours il se métamorphosera en chat neurasthénique ».

Marius Jauffret pourrait se contenter de montrer l'entreprise de déshumanisation dont il est l'objet. Faisant fi de tout égocentrisme ou nombrilisme, il fait la part belle aux autre internés qui vivent la même chose que lui. A telle enseigne qu'on se demande qui sont les plus fous des internés ou des psychiatres.

Le récit est donc assez largement à charge contre ce que subissent les internés et contre le principe même de l'internement à la demande d'un tiers, celui dont la simple signature fait entrer la personne concernée en HP mais qui, dès qu'elle est apposée, ne vaut plus rien et ne suffira même plus à l'en faire sortir. de l'aveu même de l'auteur, celui-ci a pris deux ans pour ne plus avoir peur de se faire réinterner de force, pour avoir l'impression de reprendre un tant soit peu la maîtrise de sa propre vie. Les effets secondaires de cet internement sont terrorisants. Et Dieu sait qu'il n'y sera pas resté lui-même si longtemps que cela si on considère que certains internés peuvent y passer plusieurs années…

En plus de tous ces aspects, fondateurs du récit de Marius Jauffret, il n'en reste pas moins que ce livre est servi par un vrai style, certes favorisé par la hargne qui y est, comme si l'auteur avait écrit avec son propre sang, pour procéder à une indispensable catharsis à partager avec le lecteur. le souffle que cela apporte au livre ne demande qu'à s'exprimer maintenant dans des oeuvres plus de fiction.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
29 septembre 2020
Le fils de l'écrivain Régis Jauffret fait le récit poignant des 18 jours d'internement psychiatrique sous contrainte qu'il a subi.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd’hui je bois pour échapper à cette impression de mort imminente. Pour m’extraire du monde extérieur, au moins jusqu’au lendemain.
(…) La plupart du temps, boire m’évite de subir mes cogitations de plein fouet. Elles se font plus vagues après quelques verres.
(…) Boire n’est pas un loisir. Boire est une nécessité sans saveur. L’alcool m’apporte une sérénité qu’il m’est impossible de trouver dans la lucidité, qui charrie inévitablement avec elle toutes les horreurs et les injustices de la société. Des injustices que j’absorbe et métabolise en acide sulfurique.
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Quand on souffre, on est injuste avec ceux que l’on aime. La maladie n’étant pas vue comme une maladie, elle attire les foudres de ceux qui ne sont jamais passés par là. Un verre ou deux et vous êtes un homme libre, un bon vivant. Une bouteille et vous êtes un monstre, votre but est de véhiculer le mal. Vous avez bu parce que vous vouliez boire, et vous vouliez boire pour faire souffrir les autres. Jamais personne ne se dira que si vous avez trop bu c’est que vous ne pouviez pas faire autrement. Que boire trop peu vous fera tomber dans l’abîme du manque.
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Mais moi, le dépressif, l’excessif, le jouisseur solitaire, le handicapé social, je ris, je pleure, j’exulte, je me morfonds, je suis en haut de l’échelle ou au fond du puits, mais je suis vivant. Et j’ai le droit de vivre. Je ne suis pas une construction rectiligne.
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J’ai l’habitude d’être aussi agréable à regarder qu’un cafard qui tombe du plafond de la cuisine. En société je suis la bête de foire, le pauvre type. Lors des dîners, je m’écroule sous la table, je raconte ma vie intime, je hurle. C’est un crime contre moi-même. Je dois me défendre. Je suis un multirécidiviste. Je réclame un procès contre moi-même afin de satisfaire mes victimes.
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L’asile, c’est un donjon bdsm sans règles. L’asile, c’est le miroir grossissant de la société, une loupe gigantesque. Les internés forment comme un précipité chimique qu’on sédimente pour que, une fois cristallisé, ils constituent une masse uniforme, comme un troupeau. Mais les hommes ne réagissent pas selon des règles, comme du chlorure, des sels ou des métaux, ils peuvent toujours exploser pareils à une grenade dégoupillée. Ils ont leurs failles, leur intelligence, leur raison, et la gifle d’Amélie à son obsédé de supérieur me paraissait amplement méritée.
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Video de Marius Jauffret (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marius Jauffret
"Chaque année, 100 000 personnes sont internées en France" : c'est en ces termes que s'ouvre le tout premier livre de Marius Jauffret, "Le fumoir". Partant de sa propre expérience d'internement sous contrainte (une HDT, hospitalisation à la demande d'un tiers) pendant dix-huit jours dans un asile, l'écrivain en herbe porte la voix de tous ces exclus de notre société qui se retrouvent internés contre leur consentement. C'est aussi une exploration des conséquences sociales et familiales de la maladie psychiatrique qu'explore Gringe dans son premier livre, "Ensemble, on aboie en silence". Il avait déjà évoqué la schizophrénie de son petit frère Thibault dans une de ses chansons, "Scanner".
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