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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'était en 2007 que débarquait un certain Jean-Philippe Jaworski avec le superbe Janua Vera, un recueil de nouvelles qui allait (déjà) faire grand bruit. Suivi deux ans plus tard par le pavé Gagner la Guerre, l'oeuvre du français allait petit à petit s'imposer dans le paysage imaginaire francophone.
Après un détour dans un autre univers plus celtique avec Les Rois du Monde, Jean-Philippe Jaworski revient enfin au Vieux Royaume avec le Chevalier aux épines, un roman colossal séparé en trois parties pour l'occasion. Avec ce premier volume intitulé le Tournoi des Preux, l'écrivain français nous refait le coup de Gagner la Guerre en reprenant l'un des personnages de Janua Vera, à savoir le chevalier Ædan entrevu dans la nouvelle « Au Service des Dames ».
Situant son action deux ans après les évènements de Gagner la Guerre, le Chevalier aux épines change tout et rien à la fois à la formule Jaworski…pour le plus grand bonheur de ses lecteurs !

Gagner la joute !
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il va nous falloir causer un peu de ce qu'il se passe dans le Chevalier aux épines. Et cela n'a rien d'une mince affaire puisque Jean-Philippe Jaworski procède de la même façon qu'un George R.R. Martin ou qu'un Glen Cook en nous projetant directement au sein de ses royaumes et de ses lignées royales avec profusion de noms, de lieux et de faits historiques. Mais n'ayez crainte, la maestria narrative coutumière du français opère bel et bien pour nous maintenir la tête hors de l'eau. Et une fois que vous avez appris à nager, c'est un vrai bonheur.
Nous sommes cette fois entre le Duché de Bromaël et le Comté de Kimmarc respectivement dirigé par le Duc Ganelon et le Comte Angusel.
Si le premier est le seigneur du second, son vassal n'est pour autant pas très heureux de se plier à la volonté du Duc.
Mais tout cela n'est guère la préoccupation principale du récit au départ puisque celui-ci débute avec des manants qui assistent à un affrontement imprévu entre deux chevaliers : Ædan de Vaumacel et Yvorin de Quéant. L'incompréhension est totale car les gens du Chanevier, le petit village où commence l'action, n'ont aucune querelle avec ceux de la noblesse.
C'est même le contraire puisque le sire Rainfroi, suzerain de ces terres, a offert son concours pour rechercher un jeune garçon du village fraîchement disparu.
Et c'est cette affaire de disparition, dont les gens de Chanevier ne sont pas les seuls à souffrir, qui intéressait la veille sire Ædan !
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que le preux Ædan a beaucoup à se faire pardonner. Accusé par le duc Ganelon et sa cour d'avoir déshonoré la duchesse Audéarde en allant bien au-delà de la courtoisie due à son rang. Répudiée et emprisonnée, Audéarde est vite remplacée par Clarissima, fille du souverain de Ciudalia, et l'affaire devient hors de contrôle quand les fils du duc Ganelon, Blancandin et Méléagant, prennent le parti de leur mère trahie. Mais si une chose met tout le monde d'accord, c'est la couardise du sire Ædan de Vaumacel qui n'est même pas venu défendre la duchesse lors de son procès alors qu'il en était l'un des principaux acteurs.
Depuis, tous les preux cherchent à le défier et à le faire prisonnier… ce que tente Yvorin avant de vider les étriers et de comprendre que d'autres raisons expliquent l'absence remarquée d'Ædan.
Il propose alors au chevalier aux épines de trouver le pardon en venant défendre l'honneur de la duchesse lors d'un tournoi à Lyndinas où la fine fleur des chevaliers de Bromaël et du Kimmarc vont s'affronter dans le fracas des armes. Seulement voilà, Ædan doit avant cela résoudre les mystérieuses disparitions d'enfants qui frappent les campagnes du duché et qui pourraient bien à voir avec ces affaires de dames…
Une fois tout cette mise en place terminée, vous comprendrez aisément que Jean-Philippe Jaworski n'a rien perdu de sa manie du détail et de son souci d'univers. le Chevalier aux épines se veut autant fantasy que pinailleur, d'une précision diabolique aux entournures pour composer un ensemble de royaumes plus vrais que nature qui constituent ainsi la toile de fond de l'intrigue.
Une intrigue qui, pourtant, semblent n'avoir rien d'unique de prime abord mais le français a un plan, comme toujours, et les fils de la tapisserie se resserrent lentement sur le lecteur…

Une chevalerie de façade
Pour cette seconde incursion romanesque dans le Vieux Royaume, il semble que Jean-Philippe Jaworski souhaite prendre le contre-pied total de son premier roman, Gagner la Guerre. Exit la Renaissance Italienne et les tribulations de l'assassin Benvenuto Gesufal, nous voici dans une ambiance chevaleresque et courtoise où de nobles héros en armure en viennent aux mains pour l'honneur d'une dame. L'écriture riche et particulièrement généreuse de Jean-Philippe Jaworski pioche dans les récits chevaleresques d'antan, lorgne vers le roman courtois et la matière de Bretagne.
Bref, rien à voir.
… Vraiment ?
Sous ce vernis courtois et particulièrement élégant, où l'on cause d'honneur toutes les deux tirades et où l'on respectent des codes pompeux, Jean-Philippe Jaworski vient insidieusement changer la donne.
Petit à petit, les machinations politiques se mettent en place, les coups bas et les traitrises pleuvent, et la violence, toute drapée de cotte de mailles et de rubans de damoiselles, revient à la charge sans ménager personne.
Le Chevalier aux épines devient vite une image en miroir des machinations de Gagner la Guerre, habillé avec force élégance et orné de bien jolis mots pour donner aux affrontements et aux entourloupes un aspect plus noble et présentable.
Seulement voilà, les hommes restent des hommes.
Par un souci maniaque du détail et un sens du rythme qui n'est plus à démontrer, Jean-Philippe Jaworski installe ses personnages, et notamment Ædan de Vaumachel et Yvorin de Quéant, pour mettre à jour les rouages de la guerre qui s'annonce entre les deux partis. C'est également l'occasion de donner une histoire à cette partie du Vieux Royaume, entre guerres fratricides et révolte sans compter les barbares aux portes du comté de Kimmarc. La profusion de noms seigneuriaux devient petit à petit familière et tout cela culmine dans le fameux tournoi de Lyndinas où Jean-Philippe Jaworski se lance dans la bataille à corps perdu.
Morceau de bravoure littéraire complet, les deux affrontements successifs du roman montre la capacité quasi-surnaturelle de l'auteur français à basculer de la description d'univers et de la construction d'intrigues politiques vers l'épique et le guerrier en quelques pages. le résultat laisse le lecteur cramponner aux pages du roman tout en gardant une fluidité et une lisibilité parfaite de l'action alors que le chaos règne le plus souvent.
Épique mais aussi intime et contemplatif, le Chevalier aux épines alterne les points de vues pour mieux capter la pluralité de ce monde médiéval bien moins courtois que vous ne le penseriez…surtout si vous n'êtes qu'un vilain à la merci des gens d'armes !

Et une touche de magie…
Mais au-delà des machinations ducales et des lances brisées sur le pas de Lyndinas, Jaworski n'en oublie pas la part fantasy de son nouveau roman.
Une fantasy toujours douce et discrète qui passe par plusieurs sous-intrigues bien mystérieuses et qui abordent chacune des peuples/factions aux marges tels que les Elfes ou les dévots du Desséché.
De façon surprenante et audacieuse, c'est un chat, Mirabilis, qui nous guidera la plupart du temps dans les arcanes magiques, se baladant dans la trame du temps à coups de pattes et cavalcades pour débusquer les fils magiques qui se tendent presque invisibles pour le commun des mortels.
À ce stade, Jean-Philippe Jaworski multiplie les mystères : le retour en force d'une faction religieuse sinistre, l'identité du véritable narrateur de l'histoire et ses liens avec une certaine Dame des futaies bleues, un trio de chevaliers elfiques affublés de noms d'oiseaux sans parler d'une certaine Lissandière, magicienne particulièrement proche d'Ædan et d'un autre mystérieux chevalier du Duc. Finement, subtilement, habilement, Jean-Philippe Jaworski rajoute une couche souterraine à son histoire principale, comme si d'autres puissants se tiraient la bourre derrière cette façade mortelle et artificielle.
Ce qui est certain, c'est que l'auteur français n'a rien perdu de sa force évocatrice et de sa manière ténue de disséminer les éléments fantastiques dans un récit qui pourrait autrement paraître fortement réaliste (voire historique si l'on se prend suffisament au jeu).
Enfin, et cela reste chose appréciable, Jean-Philippe Jaworski montre qu'il n'est nullement nécessaire d'être au premier plan pour influencer l'histoire. Non seulement par le fait des éléments fantastiques suscitées mais aussi parce que la quasi-totalité des personnages du Chevalier aux épines ont beau être des hommes, ce sont bel et bien les femmes, bien plus intelligentes et réfléchies, qui provoquent les grands évènements du roman. En coulisses, la gente féminine subit la cruauté et la bêtise de ces hommes qui se disputent leur honneur et leur couche… bien qu'on puisse s'en servir mais cela reste un jeu dangereux qui mène droit au couvent et à l'infâmie. le caprice des hommes, surtout des puissants, restitue une image d'époque où la femme est un prétexte commode à la guerre.
Le jeu des trônes n'a pas encore véritablement commencé lorsque se conclut ce premier volume mais dans le chaos des armes, on sent poindre la trahison et la perfidie, laissant notre bon Ædan dans une posture pour le moins précaire. Nul doute que Jean-Philippe Jaworski, après avoir prouvé une nouvelle fois l'étendue de son talent de jouteur et de poète, nous réserve pas mal de surprises !

Formidable retour dans le Vieux Royaume, le Chevalier aux Épines prend un abord complètement différent pour un résultat au moins aussi fantastique que son illustre prédécesseur. Jean-Philippe Jaworski domine la fantasy francophone de la tête et des épaules, imposant une écriture extraordinaire et des personnages captivants pour servir un monde d'une richesse toujours plus grande. Voilà ce que l'on appelle un retour gagnant !
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Oyez, oyez , Gentes Dames et Nobles Damoiseau, je me fais le héraut d'une grande nouvelle qui ravira les amateurs de la plume de Jean-Philippe Jaworski.

En effet, en janvier 2023, le célèbre auteur de fantasy française repose ses valises au Vieux Royaume pour nous entraîner dans une nouvelle aventure épique portée par votre serviteur du Service des dames et où un illustre spadassin de votre connaissance pourrait y faire quelques apparitions.

Après avoir fait faux bond à la duchesse Audéarde de Bromael lors de son procès, le chevalier Ædan de Vaumacel semble bien décidé, un an après les faits, à vouloir restaurer son honneur et celui de la dame. Or, cela tombe bien car un tournoi est organisé par les fils de la duchesse déchue afin de confronter les partisans du duc de Bromael, alors notre célèbre chevalier va donc pouvoir y défendre les couleurs d'Audéarde. Seulement, il semble encore une fois accaparé par une affaire des plus pressantes, la disparition de quelques enfants de manants. Toutes à ses préoccupations, arrivera-t-il à temps pour honorer ses joutes ? D'autant que l'instant n'est pas tellement à la liesse avec des esprits qui s'échauffent vite et menacent même la fragile paix instaurée.

Changement d'ambiance avec le Chevalier aux Épines où Jean-Philippe Jaworski nous immerge dans un récit épique qui prend la suite de son roman, le Service des dames. Pour n'avoir lu, pour le moment, que Gagner la Guerre, lire cette fantasy chevaleresque a été une nouvelle expérience littéraire pour moi. Clairement, le Chevalier aux Épines se nourrie autant de la matière de Bretagne que de la Chanson de Geste. Sur le modèle du cycle arthurien qui nous conte les aventures de la classe noble et guerrière à l'époque du légendaire roi Arthur, Jean-Philippe Jaworski s'en est inspiré pour tisser son intrigue autour des rivalités des puissants du Vieux Royaume. A coup de tournois ou de quête héroïque, les protagonistes de cette histoire nous transportent dans un tourbillon de péripéties à l'issue belliqueuse inéluctable. Par ces descriptions très précises du déroulement des tournois, le respect des règles de la chevalerie ou encore la notion d'amour courtois, on ressent pleinement l'influence des textes de tradition celtique. Une appréciation renforcée ici par l'irruption du merveilleux trahissant ainsi le mysticisme propre à l'héritage celte.

Une touche fabuleuse qui surgit de manière inattendue pour venir influencer les événements en prenant, par exemple, la forme d'une enchanteresse. Dans son récit, l'auteur démontre son attachement au cycle arthurien en parsemant notamment son texte de clins d'oeil ou d'emprunts au mythe, à l'image de ce Méléagant qui, lui aussi, se fait le ravisseur d'une dame. A grand renfort de longs poèmes dignes des plus belles Chansons de Geste, la plume de Jean-Philippe Jaworski se montre une nouvelle fois très stylisée pour nous conter des hauts faits qui ont marqué la Léomance.

Contrairement au récit de Gagner la Guerre qui était construit sur un point de vue unifocal, le Chevalier aux Épines est, quant à lui, un roman choral dans lequel l'auteur passe d'un personnage à l'autre pour nous donner une vision globale de l'histoire. On y suit donc différents fils narratifs qui nous font prendre de la hauteur pour appréhender au mieux les enjeux de ce texte. Parfois, on découvre d'ailleurs les faits par l'entremise de protagonistes pour le moins surprenants. Par ce choix narratif, le récit se fait moins complice avec son lectorat puisqu'on ne bénéficie pas comme dans Gagner la Guerre d'une relation exclusive avec un personnage qui ne cesse d'interpeller le lecteur tout au long du livre. Néanmoins, chacun des narrateurs du Chevalier aux Épines est source de secrets et de non-dits qui réservent son lot de rebondissements étonnants et nous promet une lecture des plus addictive.

Le Chevalier aux Épines m'a donc permis de découvrir la facette épique de la plume de Jean-Philippe Jaworski qui s'est réapproprié avec beaucoup de justesse le legs celtique. Une première lecture enthousiasmante qui en appellera d'autres, au regard de la bibliographie déjà bien fournie de l'auteur sur ce sujet. A suivre !

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Si vous aviez un doute, rassurez-vous, Jaworski-l'unique n'a pas changé : le plaisir est au rendez-vous comme à chaque fois.
Nous découvrons ici une autre région du Vieux Royaume, avec un personnage que ceux qui ont lu Janua Vera connaissent déjà, le chevalier aux épines (Le service des dames). Un héros un peu froid et énigmatique : il met en avant son honneur et le service des dames mais on ne sait trop rien de ses allégeances et il peut tuer avec indifférence.
Ici l'auteur s'inspire des romans courtois où les chevaliers s'affrontent en tournois mais où les machinations politiques et fantastiques se laissent voir. Les enjeux politiques et humains sont compliqués et nous n'en savons pas encore l'étendue lorsque le texte s'interrompt.
Un monde complet émerge peu à peu de la narration complexe, détaillée (c'est du Jaworski, n'est-ce pas ?), faite par un narrateur dont on ignore tout mais qui a des relations aussi bien avec les humains qu'avec les êtres fantastiques.
L'écriture précise, riche et extraordinaire de Jaworski nous entraîne dans les méandres de ce monde et de ces personnages avec des digressions parfois qui sont des morceaux d'anthologie.
Dans un autre registre, Arrrgh ! le cliff hanger ! Avec ma PAL aux dimensions du Mont Olympe, j'ai perdu l'habitude de lire les livres au moment de leur sortie et j'évite donc les problèmes d'attente. Mais là, je me trouve coincée… et frustrée de devoir attendre la suite !
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Encore une fois, avec Jean-Philippe Jaworski, on se retrouve à dévorer un ouvrage dont la prose est exigeante, minutieuse, riche et recherchée.
Il est fortement recommandé de se munir d'un dictionnaire et de patience car l'amour de la précision de l'auteur nous promet des pages descriptives, qui même si elles ne sont pas dénuées de poésie n'en possèdent pas moins un caractère légèrement soporifique. Parfois on se perd dans l'accumulation de lieux, les personnages multiples et foisonnants.
Et on se dit comme ça, de manière impulsive, qu'une bonne chevauchée débridée afin d'aller découenner à coup de hache deux ou trois malappris sans une once de finesse nous réveillerait d'une légère torpeur insidieuse. Oui...Mais non. Jaworski a l'art de pousser dans ses retranchements le lecteur avide de ses histoires bien menées, il le fait languir savamment.
Rassurez-vous, ça marave sévère quand même, et les intrigues se font subtiles dans cette histoire.
Car une histoire, il y en a une. Elle se met doucement en place, et nous, tel un cheval fougueux, nous rongeons notre frein.
En bref, qu'est-ce qu'on a ? le vieux royaume, le Duché de Bromaël, une duchesse manipulée (manipulatrice?), une famille déchirée, un duché en passe de l'être, de la magie, des intérêts, des manigances, des conflits, des trahisons, des secrets, des ambitions...mais aussi des personnages hauts en couleur, le Chevalier de Vaumacel, le Grand Bâtard FitzGanelon, Mirabilis l'énigmatique chat...

Que la langue française est fine et généreuse sous la plume de Jaworski !

A lire absolument.
Pour les amoureux du beau verbe, des histoires bien ficelées, de la chevalerie, de la fantasy. de préférence au calme dans un fauteuil douillet et confortable.

Lu dans le cadre du challenge mauvais genres 2023
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La découverte du premier tome du « Chevalier aux épines » de Jean-Philippe Jaworski a été pour moi un rendez-vous littéraire à la croisée des chemins, où la promesse d'une aventure chevaleresque s'est mêlée à une appréhension teintée de curiosité. Optant pour la version audio, narrée par Jean-Christophe Lebert, j'ai plongé dans cet univers médiéval empreint de mystère et de bravoure, un monde où les codes d'honneur de la chevalerie s'entremêlent avec les intrigues les plus sombres.

Situé dans le même univers que « Gagner la guerre », mais après les événements de ce dernier, « le Chevalier aux épines » se dévoile comme une nouvelle exploration du Vieux Royaume, un territoire riche en histoires et en légendes. Cet ancrage dans un contexte déjà familier pour les lecteurs de Jaworski offre une perspective nouvelle sur cet univers riche imaginé par l'auteur.

Ayant été captivée par la plume de Jaworski à travers ses oeuvres précédentes, j'ai abordé ce premier tome avec des attentes élevées, impatiente de me laisser emporter par ses talents narratifs une fois de plus. le fait que cette série soit une suite indirecte de « Gagner la guerre » a également titillé ma curiosité, offrant la promesse d'une exploration plus approfondie de cet univers. de plus, les références subtiles à ses oeuvres précédentes offrent un plaisir supplémentaire aux lecteurs fidèles.

Le style d'écriture de Jaworski se révèle être un véritable tour de force, une symphonie littéraire où chaque mot est soigneusement choisi pour tisser une toile d'intrigues complexes et de personnages nuancés. L'auteur jongle avec aisance entre les dialogues ciselés et les descriptions évocatrices, nous plongeant au coeur de ce monde médiéval, teinté d'une touche de magie avec une maestria indéniable. Son utilisation de la langue française, riche en détails et en subtilités, confère une profondeur et une authenticité remarquables à son récit.

Dans « le Chevalier aux épines », Jaworski explore des thèmes profonds tels que l'honneur, la loyauté, la quête de vérité mais aussi beaucoup, beaucoup d'intrigues, tout en dressant le portrait de personnages aussi fascinants que complexes, l'un d'eux est même un chat ! Si les protagonistes principaux se distinguent par leur bravoure et leur noblesse d'esprit, les personnages secondaires apportent également leur lot de mystères et de révélations, contribuant ainsi à enrichir l'intrigue globale.

La structure narrative du livre, bien que marquée par des chapitres longs alternant les points de vue, parvient à maintenir un rythme haletant qui captive l'attention du lecteur. Chaque révélation et chaque retournement de situation alimentent une intrigue déjà dense, nous invitant à explorer les méandres d'un récit aussi captivant que complexe.

À travers « le Chevalier aux épines », Jaworski déploie tout son talent pour créer un univers aussi fascinant que crédible, où les codes de la chevalerie se heurtent aux sombres réalités de la politique et du pouvoir. Si l'aspect chevaleresque offre une dimension de romance et de grandeur, c'est surtout la profondeur des intrigues et la complexité des personnages qui font la force de ce roman. En effet, sous ses airs de roman chevaleresque, « Le Chevalier aux épines » cache en réalité plusieurs strates de lecture, dévoilant peu à peu des enjeux plus profonds et des secrets bien gardés.

Ce qui distingue « le Chevalier aux épines » des autres oeuvres du genre, c'est assurément la finesse de sa plume et la profondeur de son exploration des thèmes universels. Jaworski parvient à transcender les conventions du genre pour livrer un récit d'une richesse inouïe, où l'aventure se mêle à la réflexion avec une habileté remarquable.

Mes plus :

La plume envoûtante de Jaworski
Les intrigues complexes et captivantes
La profondeur des personnages

Mes moins :

L'entrée un peu difficile dans l'histoire
La longueur des chapitres
Certains passages demandent une attention particulière pour être pleinement appréciés

En résumé, « le Chevalier aux épines, tome 1 : le Tournoi des preux » est une lecture incontournable pour les amateurs de fantasy médiévale, offrant une immersion totale dans un univers riche en aventures et en mystères. La plume magistrale de Jaworski et la profondeur de son récit en font un roman à ne pas manquer, digne de recevoir une note de 5/5.
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Quel plaisir de retrouver la belle plume de Jean-Philippe Jaworski qui reprend les récits du vieux royaume.
Pour ne rien vous cacher, je n'avais pas complètement été convaincu par son incursion dans l'univers celte et gaulois à travers son cycle précédent « Rois du monde » et avais décroché au milieu du deuxième tome… Rien de mieux qu'un retour aux sources pour assister, dans un univers médiéval parfaitement maitrisé et documenté, aux démêlés du chevalier Aedan de Vaumacel avec le duc Ganelon. Mais loin de s'attarder à cette querelle, l'auteur met en place de nombreux personnages secondaires forts et présents qui donneront une belle richesse à ce récit. Quant à l'aspect « magie », elle n'apparait finalement qu'en fin de récit mais de façon puissante, ce qui laisse deviner une suite mouvementée.
L'écriture est de belle facture, presque classique, le rythme est lent sans être ennuyeux, Jean-Philippe Jaworski aime écrire et décrire cet univers et le plaisir s'en ressent pour le lecteur. Auteur majeur du genre « Heroic Fantasy », on découvre une très belle première partie d'une épopée ambitieuse…
La suite va paraitre très prochainement ? Tant mieux. Les Imaginales approchent ? Parfait !!
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J'ai fais durer ce livre le plus longtemps possible mais toutes les bonnes choses ont une fin... Et que c'était bon.
J'ai découvert Jean-Philippe Jaworski avec Gagner la Guerre et Janua Vera, ses récits se déroulant dans les vieux royaumes. Un roman et un recueil de nouvelles de grandes qualités qui avaient su m'embarquer avec eux. Et quel plaisir de pouvoir à nouveau replonger dedans.
Hommage au roman médiéval, vous avez ici une oeuvre riche, écrite avec beaucoup de talents, narrant les aventures de personnages brillamment construits aux prémices d'une guerre fratricide. J'ai l'air d'exagérer ? Et bien même pas. Jean Philippe Jaworski est l'un des plus grands auteurs de fantasy française actuel et à raison ! Que vous aimiez la Fantasy ou non, vous vous y retrouverez forcément dans ses livres. le Chevalier aux épines est un véritable bijou à lire. J'attends avec impatience le prochain tome dans 6 mois. En attendant je pense peut être le relire une seconde fois !
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Cette trilogie est définitivement à lire. D'abord, et ce n'est pas nouveau, pour le style de l'auteur, somptueux comme d'habitude, et s'appuyant parfois sur des mots anciens que l'on a plaisir à redécouvrir.
Ensuite, parce que l'on ne trouvera nulle part ailleurs une évocation contemporaine aussi élégante et vivante des traditions d'honneur chevaleresque et d'amour courtois qui ont si bellement influencé notre littérature. Jean-Philippe Jaworski réussit le tour de force de recréer le monde où elles prévalaient et nous y immerge sans susciter aucune impression d'irréalité. La familiarité professionnelle de l'auteur avec la littérature médiévale (Chrétien de Troyes, Guillaume de Lorris, les chroniqueurs, les poètes etc.) est ici évidente.
Enfin, on aimera l'enchanteresse si belle et si cruelle, les elfes chevaliers ou trouvères, le chat chronovague, … qui relient ce roman de dark fantasy à un merveilleux que le monde moderne n'est pas encore venu dissiper.
Alors oui, l'histoire est peut-être un peu trop riche, le chroniqueur externe sans doute inutile, le retour de Benvenuto Gesufal un cadeau aux lecteurs superflu et on pourra ne pas apprécier la fin en forme de double pirouette narrative. Mais cela n'enlève rien au plaisir de lecture, intense.

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Quel monument ! Quelle geste ! Quel lai ! Quelle épopée! Quel palimpseste !
Avec le chevalier aux épines, Jean-Philippe Jaworski renouvèle encore une fois le genre de la fantasy à la française en proposant un texte inédit tant dans sa narration que dans son style, mais fidèle à la tradition médiévale avec une troublante modernité.
Déroutant, le narrateur change de style au moment où l'on s'y attend le moins, en créant une sorte de rupture narrative presque frustrante mais en réalité totalement jouissive tellement le lecteur se trouve plongé dans une narration sublime : histoire de chevaliers, amour courtois et jeux de séduction, épopée, brigandage, généalogies tourmentées, expérience mystique voire querelles théologiques totalement absconses mais passionnantes, vieilles légendes magiques, arlésiennes impromptues, manipulations et intrigues de cours, trahisons, esprits malicieux, et même un conte fantastique en vers à la manière médiévale que se racontent les protagonistes. Et ce sentiment curieux que le plus prosaïque des combats de chevaliers est le reflet d'un combat spirituel pour le destin du royaume de Léomance.
Jean-Philippe Jaworski manie la langue avec une maîtrise et une précision incroyable et la simple description de l'architecture d'un château, que traverse un chat malicieux, devient un exercice jubilatoire de voltige verbale. C'est vrai, il faut parfois rechercher le sens de certains mots dans le dictionnaire, mais n'est-ce pas un plaisir de découvrir ce riche vocabulaire qui fait extraordinairement sens. Et parfois, il est inutile de chercher le mot dans le dictionnaire, c'est un vocabulaire théologique inventé pour l'occasion, que ce soit pour le clergé du Désséché ou de la Vieille Déesse. le contexte éclaire le mot.
Mais le plus étonnant, c'est que Jean-Philippe Jaworski arrive à maintenir une sorte de suspense avec la simple description d'un sous-bois, d'une rencontre, d'une architecture, ou d'une généalogie. Il y a comme une tension dramatique qui jaillit lorsque la description devient si riche qu'elle en devient presque une scène d'action. Ce sont des moments de bravoure tout au long de l'histoire.
A propos de moments de bravoure, nous en devons quelques uns au chevalier aux épines éponyme, mais également lors de cette joute de chevalerie hors norme, ce combat dément qui se déroule sur plusieurs pages avec un sens hitchcockien du suspense. Nous avons aussi quelques belles évolutions de personnage notamment le jeune Yvorin de Quéant.
Gagner la guerre m'avait scotché, j'ai l'impression d'avoir affaire à un style encore plus riche, plus mûr, enrichi de l'aventure celtique de la chasse royale qui se jouait aussi des styles et des genres avec talent.
Je m'étais promis de faire durer le plaisir en lisant lentement, par petites gourmandises avides, et me voilà pris, totalement séduit, enchanté, enivré, en quête du butin à gagner sur la prochaine page, incapable de reposer l'ouvrage ensorcelé. A peine posé, j'ai envie de tout reprendre, de tout relire.

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On l'aura attendu !
Mais quel bonheur !
Bon, passons sur le français qui fait rougir de plaisir et attardons-nous sur l'histoire.
Non, ne passons pas. Combien de fois n'ai-je pas levé les yeux de ces pages si ardemment désirées non pas par désintérêt (blasphème) ou par naïve de volonté de repousser l'échéance (hélas, nous y sommes) mais par pur et simple enchantement du français. Pour savourer chaque petit mot.
Non, vraiment, c'est merveilleux.
Parce que bon, voilà, encore une histoire de garçons jeunes et vieux, jolis et moches, qui se battent avec leurs grosses épées pour une fille qui n'est même pas là et qui a d'autres chats (ahah !) à fouetter ; c'est vieux comme le monde. Oui, mais c'est écrit dans ce français-là.
Et, vraiment, c'est merveilleux.
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