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EAN : 9782290232507
480 pages
J'ai lu (03/05/2023)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Toutes les grandes villes ont une âme, incarnée par un avatar humain, un gardien doté de pouvoirs immenses. New York, elle, en a six : Brooklyn, Manny, Bronca, Venezia, Padmini et Niik.
Bien qu'ils aient temporairement réussi à empêcher la Dame Blanche d'envahir la ville, la mystérieuse Ennemie a d'autres tours dans son sac. Un nouveau candidat à la mairie, qui brandit la rhétorique populiste de la xénophobie, pourrait bien réussir à changer la nature même d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le premier assaut de la cité lovecraftienne a été repoussé par New York et ses différents quartiers. Euh.. vous ignorez que dans Mégapoles de N.K. Jemisin les grandes villes ont en quelque sorte une âme et s'incarnent dans des avatars humains ? Arrêtez là votre lecture de cette chronique et allez vite lire celle de Genèse de la cité qui constitue le premier volume indispensable de ce diptyque. Si vous avez compris de quoi je parlais, vous pouvez découvrir la suite de mon avis juste après la couverture colorée de ce roman qui va vous secouer.

Les lecteurices attentifs auront remarqué que j'ai parlé de diptyque à propos de Mégapoles. Or, originellement, ce cycle devait se composer de trois romans. Mais, une fois de plus la Covid est passée par là. Et aussi, une réalité plus dingue que l'imagination. Pour la pandémie, inutile de revenir sur les dégâts qu'elle a causés. Y compris dans le domaine de l'imaginaire. Ces derniers temps, j'ai l'impression que nombre d'ouvrages qui sortent actuellement ont été touchés d'une manière ou d'une autre par les conséquences de ce phénomène mondial. Dernièrement, John Scalzi en a parlé dans La société protectrice des kaijus puisqu'il n'est pas parvenu à écrire le roman qu'il avait commencé ; Robert Jackson Bennett dans Les terres closes. Et à présent N.K. Jemisin qui est « passée dangereusement près de renoncer » à donner une suite à Genèse de la cité. La faute donc à cette saleté de virus, mais aussi à la réalité qui a rattrapé l'autrice. Elle imaginait faire intervenir « un président monstrueux » et « Trump est arrivé le premier ». Bon, on le sait, N.K. Jemisin n'est pas toujours une adepte de la nuance. Mais, elle a fini par se lancer dans la rédaction de ce finalement dernier volume de cette trilogie transformée en diptyque. Et sincèrement, je suis content qu'elle ait trouvé le courage de s'y mettre. D'autant que Némésis de la cité m'a paru meilleur que le précédent. Voyons en quoi.

Le premier tome avait présenté le contexte et le concept. Nous avions fait connaissance avec Niik, l'avatar de la ville de New York dans son intégralité. Mais aussi de Padmini (le Queens), Brooklyn (inutile de préciser), Manny (Manhattan), Bronca (le Bronx). Et Ainslyn, l'incarnation de Staten Island qui a choisi le camp de la cité ennemie de R'lyeh et sa si dangereuse Dame Blanche. Les cartes étant ainsi disposée, ce deuxième roman part directement en terrain connu et peut se contenter de régler la question de l'intrigue. Et pour ça, N.K. Jemisin est plutôt bonne. Pas de temps mort dans ce volume. On se dirige allègrement vers l'affrontement final que la Dame Blanche, comme tout bon méchant qui se respecte (voir le Syndrome Magneto), appelle de ses voeux. Mais là aussi, j'ai trouvé l'autrice plutôt maligne. Elle nous conduit à la conclusion inévitable et assez attendue (pas de réelle surprise ici), mais évite le feu d'artifice grandiose et un peu lourd à digérer parfois (Robert Jackson Bennett, par exemple, n'a pas fait dans la dentelle dans le Retour du hiérophante et encore moins dans Les terres closes). On a ce qu'il faut pour clore le diptyque en beauté, mais sans excès. Et ça, j'ai apprécié. Je pense tout de même que des spécialistes en effets spéciaux pourraient s'en donner à coeur joie s'ils devaient porter à l'écran cette oeuvre. Car N.K. Jemisin nous offre de beaux moments et des images frappantes. Par exemple, quand chaque quartier se retrouve en danger et doit puiser dans son identité profonde, en extirper un concept capable de blesser et de repousser l'Ennemie. de bonnes trouvailles et des moments pleins de peps.

J'ai apprécié également la tonalité de chaque personnage. La traductrice émérite, Michelle Charrier, a dû bien s'amuser pour retranscrire au plus près les particularités linguistiques et les tics verbaux de chacun d'entre eux. Cela ressort plutôt bien en français, mais j'adorerais être bilingue et lire cela en V.O. L'effet doit être plus fort, plus saisissant.

Enfin, l'outrance du premier volume est un peu moins forte et passe plus facilement ici. Les mâles blancs hétéros etc sont toujours en immense minorité dans les personnages représentés. Et quand ils apparaissent, c'est plutôt du côté des méchants. Mais les attaques sont un peu moins caricaturales et cela devrait passer plus facilement pour certains lecteurs qui se sont sentis agressés par Genèse de la cité. Rassurez-vous, N.K. Jemisin n'a pas limé ses griffes et ça vole encore en direction des racistes, sexistes et autres « istes » persuadés d'avoir le bon droit pour eux quand ils gardent dans leur besace le meilleur et ne comprennent pas pourquoi les autres protestent. Les héroïnes et héros ne correspondent définitivement pas à ceux des bouquins et films des années cinquante du siècle précédent. Mais ils sont tout aussi attachants, sinon plus. Et l'autrice leur donne une vie, une force d'enfer. Impossible d'y rester indifférent. En tout cas, moi, j'ai accroché dès les premières pages et n'ai pas lâché l'affaire avant les remerciements.

Passer d'une trilogie à un diptyque n'a finalement peut-être pas été une si mauvaise affaire pour nous. N.K. Jemisin a resserré son intrigue, allant à l'essentiel, gagnant en rythme et en efficacité. Résultat, un roman qui se lit d'une traite et qui clôt les arcs narratifs ouverts dans le premier volume. Et des moments de grande jouissance devant les saines colères de certains avatars confrontés à l'injustice de notre monde. Surtout quand ils répliquent avec leurs nouvelles armes. Tremblez, faquins, New York arrive !
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Deux ans après la parution de « Genèse de la cité », N. K. Jemisin revient avec un deuxième volume qui clôture « Mégapoles », série pourtant conçue à l'origine comme une trilogie. L'autrice confesse dans ses remerciements avoir eu beaucoup de mal à écrire cette suite et fin, son inspiration ayant été asséchée à la fois par l'épidémie de Covid mais aussi par les bouleversements liés à la politique américaine (et notamment l'ascension de Trump). Difficile heureusement de déceler ce petit coup de mou à l'écrit puisque ce deuxième volume se révèle aussi réussi que le premier et propose une conclusion satisfaisante à la série. Celle-ci repose sur un pitch simple mais efficace : certaines cités parmi les plus anciennes ou les plus emblématiques du monde se matérialisent concrètement depuis toujours en des avatars humains qui incarnent (littéralement) la ville dont ils sont issus. Parfois, l'âme de la cité s'avère tellement lourde à porter que plusieurs individus sont choisis pour l'incarner. C'est le cas de New York qui vient tout juste de naître et qui s'est dotée de six avatars : un « premier » et six autres représentants ses principaux arrondissements, à savoir Manhattan, Queens, Bronx, Brooklyn, New Jersey et Staten Island. le problème, c'est que la naissance de cette cité en particulier a été compliquée par l'apparition d'un monstre à tentacule version Cthulhu, lui-même contrôlé par une entité surnommée « la femme blanche ». Originaire d'un autre univers, cette dernière a pour objectif d'empêcher le réveil de toute nouvelle ville et, à terme, de détruire tous les avatars de celles déjà nées. New York est passé très près du désastre et, après avoir pris contact avec d'autres avatars, il semblerait qu'elle ne soit pas la seule à avoir subi ce type d'assaut. Déterminés à sauver leur cité, nos héroïnes et héros se lancent alors dans une quête désespérée pour obtenir le soutien des cités déjà nées afin de contrer les manigances de leur adversaire. Tous ont toutefois leur propre vie à mener en parallèle de cette lutte cosmique, l'un se morfondant sur un amour impossible, l'autre cherchant désespéramment à ne pas se faire expulser du territoire par la police de l'immigration, tandis qu'une autre encore entreprend de contrer l'influence d'un candidat à la mairie particulièrement populaire et prônant le suprématisme blanc, ce qui n'est pas sans compliquer leur tâche.

On retrouve dans ce deuxième volume tout ce qui faisait déjà le charme du premier, à commencer par une intrigue bien ficelée et menée tambour battant. Peut-être est-ce lié au fait d'avoir fait passer la série d'une trilogie à un diptyque, toujours est-il que le rythme y est très soutenu, les rebondissements et scènes d'action s'enchaînant à une vitesse telle qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Cela va même un peu trop vite parfois, certains protagonistes se retrouvant clairement sur le banc de touche comme Bronca (Bronx) et Venezia (New Jersey) qui ne jouent ici plus qu'un rôle mineur. On peut toutefois saluer la volonté de l'autrice de mettre en scène des personnages qui sortent des normes habituelles puisque la grande majorité des personnages sont des femmes, ou bien sont racisés, ou bien sont homosexuels. Cette grande diversité de profils, corps, parcours et représentations fait l'effet d'une grande bouffée d'air frais et permet à l'autrice d'aborder de nombreux sujets, à commencer par celui du racisme qui gangrène la société américaine. L'oeuvre de N. K. Jemisin possède ainsi une dimension éminemment politique et s'attaquent aux représentations erronées que peut avoir l'Américain moyen des états du Sud de la ville de New York et de ses habitants. L'idéologie suprémaciste blanche et la nécessité de lutter contre ce discours occupe une place centrale dans le récit puisqu'il se manifeste à la fois par le biais de la campagne menée par ce candidat raciste concourant pour la mairie et n'hésitant pas à faire appel à des groupuscules d'extrême-droite violents, mais aussi par celui de la dame-blanche dont les bonnes manières et le discours policé cache en réalité une vision de la société délétère. La lutte que mènent les avatars contre cette entité surnaturelle est ainsi avant tout politique, ce qui permet à l'autrice d'aborder des problèmes concrets rencontrés par la cité, qu'il s'agisse de la transformation progressive de la police en une milice gangrenée par l'extrême-droite, des méthodes douteuses employées par les services de l'immigration, ou encore de celle des entreprises qui tirent profit de personnes en quête de visa pour leurs imposer des conditions de travail infernales.

Les personnages, eux, sont évidemment à l'image du cadre dans lequel ils évoluent puisqu'ils sont censés représenter l'essence même de la ville. Tous possèdent une personnalité intéressante et usent d'un vocabulaire et d'un registre de langue qui peut varier mais qui se caractérise toujours par une certaine familiarité et surtout une grande spontanéité. Pas question pour l'autrice de mettre en scène des sortes de super-héros et héroïnes sûr.es d'eux/elles et invincibles. En dépit des grands pouvoirs qui sont désormais les leurs, les avatars de New-York ont gardé le côté « monsieur et madame tout le monde » du premier tome, ce qui rend si aisé de s'identifier à eux. Enfin, l'ouvrage se veut évidemment une véritable déclaration d'amour à la ville de New York de la part de N. K. Jemisin qui tente ici de communiquer à ces lecteurs l'atmosphère et l'énergie régnant dans la cité. Spécialités culinaires, ambiances par quartiers, évolution de la politique d'urbanisme, variété des transports avec les spécificités de chacun, diversité de la population, traditions partagées par les habitants… : le New York dépeint ici n'a rien d'un décor de carte postal et ne se focalise pas sur les grands monuments à la manière d'un banal guide touristique. Ce que nous propose N. K. Jemisin tient plutôt de la véritable immersion dans le quotidien d'une ville fascinante par son multiculturalisme et l'énergie qu'elle dégage. Bien que la cité soit parfois un peu trop idéalisée et essentialisée, l'humour qui imprègne l'oeuvre permet heureusement à l'autrice de prendre régulièrement un peu de distance et de se moquer gentiment des attitudes ou des réflexes new-yorkais.

« Némésis de la cité » met un terme à la série « Mégapoles », devenue par la force des choses un diptyque et non une trilogie, ce qui n'empêche par N. K. Jemisin de donner une conclusion satisfaisante à son histoire. Basé sur un pitch original reposant sur l'incarnation de l'âme d'une cité dans le corps de simples humains devenus ses avatars, l'ouvrage se distingue par la diversité des profils de personnages qu'il met en scène, ainsi que par sa dimension résolument politique. C'est aussi un roman bourré d'action, plein d'humour et porté par des protagonistes attachants car ordinaires, en dépit des énormes pouvoirs qui sont les leurs, ce qui explique sans doute pourquoi on s'y identifie aussi aisément. A lire !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il lui répond dans la langue qu'elle comprend le mieux - elle en parle trois autres. Pas par des mots, mais par des chiffres, des symboles, des équations qui s'écrivent tout seuls en l'air autour d'elle, sous forme de projections noires.
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Photos et textes ne constituent plus une affirmation de la réalité aussi solide qu'ils devraient, à notre époque de désinformation.
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Vidéo de N. K. Jemisin
N.K. Jemisin and Book Riot's Jenn Northington discuss Jemisin's novel The City We Became. This is a spoiler zone! No plot point is off the table from The City We Became!
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