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EAN : 9782221098981
270 pages
Robert Laffont (27/02/2003)
3.69/5   39 notes
Résumé :
Trois romans en trois ans et deux prix littéraires ont suffi à Armel Job pour prendre une place remarquée parmi les nouveaux écrivains belges.
Abdication ! Abdication ! Printemps 1950. Belgique. Le pays est au bord de la guerre civile. Sur le pavé des villes wallonnes, les foules insultent le roi Léopold et, plus encore, Liliane Baels, la roturière promue princesse de Réthy, qu'il a épousée pendant la guerre au plus fort des souffrances de son peuple. Au fond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Aliliane = salope »
Voilà ce qui est écrit sur le mur de la résidence secondaire du conseiller du roi, Gansberg van der Noot, à Barzée, au fin fond des Ardennes.

Nous sommes en juillet 1950 exactement, en Belgique. Pour les Belges qui ont oublié cette partie de leur histoire, pour les Français qui n'en ont jamais entendu parler, je vais expliquer le contexte en me servant des mots de l'auteur dans son « avertissement ».
« Envahie par les armées allemandes le 10 mai 1940, la Belgique capitula le 28 mai. Un conflit opposa le roi Léopold III et son gouvernement. le roi, en effet, refusa de suivre les ministres en exil. Il fut assigné à résidence par les Allemands au château de Laeken (Bruxelles). Faisant figure de prisonnier au milieu de son peuple, Léopold s'attira une grande popularité. Cependant, en décembre 1941, les Belges apprirent que le roi venait d'épouser Liliane Baels, une roturière. Depuis 1935, Léopold était veuf de la reine Astrid, morte dans un accident de voiture. Ce remariage eut un effet désastreux sur l'image du prisonnier royal censé partager les souffrances de son peuple. Dans les derniers moments de la guerre, l'ennemi transféra Léopold en Allemagne. Une fois le pays libéré, Léopold et le gouvernement ne purent arriver à un accord permettant le retour du roi dans des conditions qui pussent satisfaire les 2 parties. le roi resta donc en exil jusqu'à l'organisation d'un référendum en 1950. Rappelé à une faible majorité, le roi ne put se maintenir sur le trône que quelques jours, tant les désordres, particulièrement en Wallonie, prirent de l'ampleur. Dans la crainte d'une véritable guerre civile, Léopold préféra céder la place à son fils Baudouin. »

Ceci n'est pas un roman historique, car Léopold n'apparait qu'en filigrane, et le « Conseiller du roi » est un personnage inventé. Mais quelle invention ! Armel Job excelle encore ici dans le déploiement d'une intrigue cousue de malentendus, de quiproquos, de renversements de situation, d'apparences trompeuses, et assortie d'un meurtre. Ce Gansberg van der Noot, dont le mariage n'a plus que les apparences (il réside à Bruxelles avec sa femme et leurs 4 enfants, mais il passe seul tous les week-ends en Ardenne), s'amourache d'une jeune fille du village voisin, Aline, et malheureusement, l'engrosse. Comment réparer ? En l'installant chez lui, à Barzée. Les cancans vont donc se déchainer, mais de manière insidieuse, car Monsieur le Conseiller est un homme puissant et respectable ! C'est plutôt la jeune Aline qui en est la cible. Elle est comparée, dans le chef des Belges de cette région, à une autre femme qui a attiré un homme puissant dans ses filets : Liliane, la nouvelle épouse de Léopold. D'où la fameuse écriture sur le mur, rassemblant dans un mauvais jeu de mots ces 2 intrigantes.
Et nous voilà partis à la chasse avec Mr le Conseiller, au salon de coiffure avec Aline, chez Césarine, la sage-femme, auprès de Jeannette, la téléphoniste qui adore écouter les conversations... N'oublions pas Julien et Rosa, le couple s'occupant de l'intendance et Lambert Renard, ce jeune homme par qui le malheur arrive...Car il y a un meurtre, n'oublions pas ! En 18 jours exactement, la vie de Mr le Conseiller est totalement bouleversée :
« le pire après un coup dur, c'est que la vie ne s'interrompt pas comme on l'espérerait. On voudrait quelques minutes d'arrêt au moins, le temps de se ressaisir, de se rendre compte, de prendre ses dispositions. Eh bien, non ! La vie continue à foncer droit devant elle, à toute allure. Impossible de sauter en marche. Votre fils choisit ce jour-là pour naître. A l'agenda du lendemain, vous avez un roi à convaincre : il doit déposer la couronne, rien de moins. Après quoi, sans désemparer, vous devez la faire ceindre à un autre qui n'a pourtant pas le tour de tête. Les intrigues courantes ne sont pas suspendues pour la cause : elles continuent à grouiller autour de vous. Et si vous tentez de montrer la plaie béante que vous avez à l'âme, les autres, même vos plus proches, n'y voient qu'une égratignure. »
Non, la vie ne s'interrompt pas, Armel Job en a décidé ainsi. Et il nous le fait comprendre à coup de métaphores, de vocabulaire caustique, de phrases ironiques non dénuées de tendresse.
Roman policier, de moeurs, d'amour aussi, sur un fond historique...oui, c'est un peu tout ça, « le conseiller du roi », la vie, quoi !
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Dans la tourmente du retour au pays du roi Léopold III, son conseiller tue par accident un rôdeur qui s'était introduit dans sa résidence ardennaise. On ne sait si c'était pour manifester son opposition au roi ou s'il en avait à la jeune fille que le conseiller héberge après l'avoir mise enceinte. Il balance quant à savoir s'il doit se dénoncer. Et par ailleurs un mystère entoure les intentions de ce rôdeur… Un autre beau roman d'Armel Job, remarquable par ses portraits, dans la ligne de « Baigneuse nue sur un rocher » ou de « Le bon coupable ».

Pendant la Seconde guerre, le roi Léopold III a choisi de rester en Belgique, plutôt que de s'exiler avec son gouvernement. Prisonnier des Allemands, en Belgique et puis en Allemagne, il s'est attiré les foudres d'une grande partie de la population, en particulier après s'être marié avec la roturière Liliane Baels en 1941; il était alors veuf de la reine Astrid, adorée des Belges et décédée dans un accident de voiture. Fin de la guerre se pose la Question royale: le roi peut-il revenir régner en Belgique ? le peuple se soulève, le Roi revient en 1950, pour bien vite abdiquer au profit de son fils Baudouin.

L'histoire se passe juste avant le retour du Roi. Elle est fictive, de même que la personnalité de son héros, le conseiller du Roi, Henri Gansberg van der Noot.

Le couple de Monsieur Gansberg van der Noot bat de l'aile. Il abandonne de plus en plus souvent son épouse à Bruxelles pour se réfugier dans sa résidence ardennaise, une demeure qui lui sert de lieu de réunion lorsqu'il doit rencontrer des personnalités dans le calme, dans le cadre de ses fonctions.

Pour se distraire, il chasse. Et c'est là qu'il se laisse séduire par une jeune fille, Aline, qui lui annonce peu après qu'elle est enceinte de ses oeuvres. Homme d'honneur, il installe la fille dans sa demeure. Gageons qu'il l'aurait épousée s'il n'avait été déjà marié…

Dans un petit village, on jase, bien entendu. Un soir, le conseiller découvre sur le mur de sa propriété, en grandes lettres blanches, un « Liliane = salope » transformé en « Aline = salope ». Voilà entremêlées ses deux grandes préoccupations du moment: sa maîtresse et le Roi. Il veut savoir qui est l'auteur de cette embarrassante inscription. On imagine alors sa tension lorsqu'il surprend un rôdeur, un soir, dans sa propriété. Il se lance à sa poursuite et l'agrippe alors qu'il tentait de sauter le mur. L'homme tombe et se tue dans sa chute. Voilà Monsieur le conseiller devenu meurtrier. Accidentellement. Ses proches tentent d'étouffer de maquiller l'affaire, un peu contre son gré. Mais lui n'a pas la conscience tranquille, d'autant plus que les intentions du rôdeur restent mystérieuses. À ce problème de conscience viendra s'en ajouter un autre, lié à la Question royale. Je vous laisse découvrir tous les rebondissements de la suite de l'histoire.

Une fois de plus, Armel Job excelle à créer une ambiance, dans le cadre ardennais qu'il affectionne. Ses portraits sont comme toujours d'une grande finesse. L'intrigue est prenante, l'écriture est fluide, la lecture est plaisante, je vous recommande chaudement l'ouvrage. Mais si ce livre-ci m'a séduit, comme c'est très souvent le cas avec Armel Job, je dirais tout de même qu'il ne m'a pas surpris. J'ai retrouvé des problèmes de conscience qui m'ont rappelé ceux qui m'avait plu dans « Le bon coupable » et Aline m'a fait penser à la jeune fille de « Baigneuse nue sur un rocher » (je ne sais plus dans quel ordre ces livres ont été écrits). Malgré toutes les qualités de ces textes, le genre pourrait finir par me lasser. Heureusement, le bon Armel Job ne s'est pas cantonné dans ces registres !
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Nous sommes en 1950, cinq ans après la fin de la guerre ; en mai 1940, l'armée belge a capitulé au bout de dix-huit jours de combat, le roi Léopold a refusé de suivre le gouvernement belge en exil et a été retenu prisonnier au château de Laeken par les Allemands, qui le transfèreront en Allemagne à la fin de la guerre. Au début, les Belges se sentent proches de leur roi qui vit en captivité comme eux. Pourquoi Léopold ne rejoint-il pas son pays dès 1945 ? Parce que les Belges sont divisés : ils reprochent finalement au roi d'avoir cédé devant les Allemands et surtout, d'avoir épousé en secret Liliane Baels, qu'il fera princesse de Réthy, en 1941 (il était veuf de la très aimée reine Astrid, morte en 1935 dans un tragique accident de voiture, laissant de jeunes enfants ; on a dit que Léopold avait d'abord épousé religieusement Liliane alors que le mariage civil prime, comme pour tout citoyen, et ce mariage a un effet désastreux sur une population qui souffre). Finalement c'est un référendum qui décide du retour du roi, mais il montre une profonde division entre les Wallons qui sont contre et les Flamands partisans du retour du roi (aujourd'hui ce serait sans doute le contraire…). Les émeutes vont jusqu'à faire quatre morts et Léopold préfère abdiquer en faveur du très jeune prince Baudouin. Voilà le contexte historique de ce Conseiller du roi, personnage et roman évidemment fictifs (quoique le vrai roi est entouré de moult conseillers en tous genres…)

Armel Job s'amuse à présenter son personnage principal sous un jour peu favorable : Henri Gansberg van der Noot (rien de moins…) n'aime pas tirer, il n'emmène même pas de munitions et il se retrouve en mauvaise posture dans une chasse ardennaise. Il tombe amoureux de la fille du garde-chasse qui vient à son secours et en fait rapidement sa maîtresse, il l'installe dans sa maison de campagne à Barzée, d'autant que la jeune femme est tombée enceinte. C'est évidemment à Barzée que « monsieur le conseiller » mène discrètement des négociations pour le roi. Les malveillances contre Aline se concentrent sur la maison… le soir où celle-ci accouche, un « accident » cause la mort d'un jeune homme sur la propriété. Vont alors s'enchaîner coups de main, mensonges, dissimulations pour ne pas ébruiter l'accident. Mais le conseiller est mangé par le remords tandis que son entourage, femme légitime, maîtresse, gouvernante, jardinier et autres couvrent sans vergogne le secret.

C'est un roman diabolique, constitué des pièces d'un puzzle qu'Armel Job emboîte avec un certain machiavélisme au fil des révélations qu'il distille avec jubilation (je me permets de reprendre l'expression d'Argali dans son billet sur Tu ne jugeras point). La culpabilité, la vérité et le mensonge, les relations à l'intérieur d'un village, la place des femmes, mères, épouses, maîtresses, voilà des thèmes qui ne sont pas inconnus d'Armel Job mais à chaque fois, il redistribue les cartes dans des romans différents par leur contexte. J'ai aimé celui de ce roman, ce que l'on a appelé en 1950 « la question royale ». L'auteur observe ses personnages avec finesse et humanité (ah la « confrérie des irréfutables »… les anciens prisonniers de guerre qui ont travaillé en Allemagne) sans oublier cette touche d'ironie élégante qui est sa marque de fabrique. J'en redemande !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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J'ai vraiment apprécié ce roman, dont l'histoire est fictive même si le contexte a réellement existé : la question royale dans le courant des années 50.
Le conseiller du roi m'a souvent fait sourire. Peut-être est-ce dû au fait que dans mon esprit, je lui ai attribué le visage d'André Lamy lorsqu'il imite Albert II.
Au-delà de la vie des personnages, c'est un beau tableau de la société de l'époque : la place de la femme dans la société, les classes sociales, la question royale,...
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Séduite par la plume d'Armel Job après la lecture de "Loin des mosquées" et "Dans la gueule de la bête", c'est, sans doute, avec un haut niveau d'attente que je me suis lancée dans "Le Conseiller du roi", un roman plus ancien (2003) de l'auteur.
Ce livre conte, en parallèle en 1950, l'histoire, d'une part, du roi Léopold de retour de son "exil doré" avec une seconde femme roturière, Liliane, épousée durant la guerre et, d'autre part, son Conseiller qui, lui, trompe sa femme avec Aline, une jeune, très jeune femme n'appartenant pas à son condition sociale.
Certes, le livre est intéressant. L'auteur y dépeint bien l'atmosphère qui devait régner, en ce temps-là, au sein de la population belge face à un souverain qui ne recueille plus tous les suffrages (Léopold finissant, sous la pression, par abdiquer et laisser la place au très jeune Baudouin). le parallélisme entre le souverain et son conseiller est assez cocasse, les personnages typés crédibles et l'histoire bien construite avec un fond de question moral assez intéressant dans le chef du Conseiller.
Par contre, je n'ai pas retrouvé, dans ce roman, la fluidité de mes deux premières lectures de l'auteur. du coup, certains passages m'ont semblé bien longs.
Néanmoins, je retenterai l'expérience de lire Armel Job prochainement, et ce avec son dernier roman "De regrettables incidents".
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
De septembre à la fin d’octobre, Lambert et Aline se retrouvèrent aussi souvent qu’ils le purent à la faveur du Troisième Homme, de La Chute de Berlin, de Jour de fête et surtout de Riz amer que le critique en soutane dut voir trois fois avant de jeter l’anathème sur les cuisses de Silvana Mangano. Pendant ce temps, l’amour de Lambert et d’Aline se resserrait en travelling avant et atteignait le fondu enchaîné. (p. 204)
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Un matin, ils se sont retrouvés sur le quai de la gare qu’ils avaient quitté cinq ans plus tôt. Personne ne les attendait. On les avait libérés au hasard des avancées. Ils n’avaient pu donner de nouvelles. Les voilà dans la cour de leur maison. La femme, les bras dans la lessive, la main à la bêche, dans la cuisine, le jardin, le fournil, a entendu un pas, s’est étonnée que le chien n’aboie pas. Mon Dieu, ce vieillard maigre… Ils s’embrassent,mais leur coeur est navré. Leurs larmes coulent comme au seuil d’une chambre mortuaire. La femme a appelé un enfant. Il se terrait dans l’escalier. Il les regardait à travers les barreaux. Elle doit le pousser contre l’inconnu. Il ne sait que les baisers de femme. L’amour mal rasé de l’homme lui écorche les joues. (p. 78-79)
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Il ne faut pas s’y tromper. Un abîme sépare « ma chère enfant » de « ma pauvre fille ». Dans l’idiome des sœurs de la Miséricorde de Jésus, « ma pauvre fille » ne signifie rien d’autre que « salope ».
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Aline ne prie pas. Elle préfère ne pas engager la conversation avec un Dieu dont la mère n’a même pas perdu sa virginité en le mettant au monde.
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Comme le temps peut emporter brusquement ce que nous avons construit avec tant de peine !
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Videos de Armel Job (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Armel Job
Interview d'Armel Job, principalement à propos de son roman "Une drôle de fille". Il répond également à quelques questions sur son processus d'écriture.
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