Manger cent façons m'a merveilleusement surpris. Je n'en attendais pas autant en ouvrant cet ouvrage. Bien qu'il ne soit pas si rare de mélanger cuisine et littérature en nos contrées, j'ai apprécié me perdre dans les habitudes culinaires de nos lointains amis d'Asie.
À tous ceux qui veulent s'initier à la littérature coréenne, ce livre est sans nul doute fait pour vous. Chaque auteur est présenté brièvement, ce qui permet de le visualiser de manière plus efficiente. Ainsi, si on a aimé l'histoire qu'il nous a conté, on peut facilement le garder en mémoire pour découvrir davantage son oeuvre. C'est la raison pour laquelle j'ai pris quelques notes lors de ma lecture. Bien sûr, ce livre ne s'adresse pas seulement aux initiées. Les érudits gouteront très certainement à la diversité des textes, à la richesse et à l'originalité de leur contenu, aux métaphores qui rendent la vie quotidienne si poétique.
Faut-il le souligner, mais la couverture est magnifique. le dessin est réaliste mais n'empêche pas l'évasion. A lui seul, il résume la qualité des textes qui parsèment le livre : la beauté poétique ne se limite pas seulement à la poésie mais s'étend à notre vie quotidienne. Les illustrations à l'intérieur du livre sont elles aussi à coupler le souffle, bien que peut-être un peu rares.
Cet ouvrage m'a rappelé qu'il suffit simplement d'avoir un oeil avisé pour contempler la beauté de l'instant. Et cette beauté ne s'arrête pas à d'incroyables paysages mais s'étend à la simple la disposition de couverts.
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Manger cent façons est un recueil de textes d'auteurs (poètes) coréens qui ont écrit, de près ou de loin, sur le thème de la nourriture et des traditions coréennes.
J'ai reçu ce livre grâce à l'opération masse critique de babelio en juillet. Sinon je pense que je n'aurais jamais ouvert ce type de livre.
Certains passages sont sans doute inutiles pour nous , beaucoup de termes coréens qui nous font aller vers le lexique en fin de livre.
Par contre certains textes sont d'un humour fin et classe comme je les aime, j'ai particulièrement aimé la méditation sur le hamburger.
Beaucoup de textes nous aident à comprendre cette communauté et ses traditions. Comme le fait de manger du chien, ou d'utiliser des baguettes comme couverts.
L'un des auteurs (Kim Jong-je) nous révèle dans un poème l'essence du kimchi : ce goût intense, complexe, amer, salé et épicé à la fois. Aussi intense que le peuple coréen qui en a fait son plat national.
Certains contes aussi nous apprennent que pour un plat réussi il ne suffit pas d'avoir les ingrédients et la recette adéquates, encore faut-il que le chef soit bon.
Enfin bref, qui aurait cru qu'on pouvait tant écrire sur la cuisine coréenne ? Je ne suis pas fan, je ne l'aurais pas ouvert sans l'opération masse critique. Mais certains textes sont pleins de poésie et de douceur et m'ont beaucoup plu.
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Or, non seulement mon père n'a jamais possédé l'autorité ni exercé la pression que le mot "père" symbolise, mais de plus, il était faible. C'est par la douceur et la persévérance qu'il s'opposait au monde. Je pense que seul un homme qui sait faire la cuisine sait ce que c'est que la vie. Les enfants qui ont grandit en mangeant la nourriture que leur père leur a préparés, même occasionnellement, s'en souviendront à coup sûr avec bonheur.
La plupart des clients venus manger du riz d'orge mélangé à de la pâte de soja bouillie avec des anchois avaient plus de cinquante ans. J'ai pris ma place parmi eux pour déguster moi aussi mon riz à l'orge avec de la pâte de soja bouillie, et beaucoup de pensées me sont venus à l'esprit. A cet instant là, peut-être n'étais-ce pas du riz à l'orge, mais mon enfance, que j'étais en train de savourer.
" On dit qu'obligatoirement, un chou chinois doit mourir cinq fois pour procurer un goût intense. La première fois, c'est quand on se saisit d'un bon gars bien fait, par le cou et qu'on l'arrache de terre d'un coup sec, la deuxième fois, quand on le pose sur la planche et qu'on le coupe en tranches d'un couteau scintillant, la troisième fois, quand on le couche pour qu'il dégorge dans une énorme bassine de caoutchouc remplie de saumure. La quatrième fois quand tout son corps est inondé d'un sang rouge, de piment, d'ail et de gingembre. La cinquième et dernière fois, quand on l'enterre dans un cercueil appelé jarre et qu'il retourne à la terre. "
A l'occasion de la publication du coffret "Manger et boire cent façons" qui présente la gastronomie et la culture de la boisson en Corée, Benjamin Joinau de l'Atelier des Cahiers visite la tombe du grand poète Lee Gyu-bo (1168-1241) sur l'île de Ganghwa pour lui offrir une libation et lui lire quelques-uns de ses poèmes traduits en français, près de 800 ans après sa mort...