Les amours adolescentes sous fond de guerre. de bons sentiments, un brin de danger.
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XII – Extrait 2
la
mer
bougeait
entre les
cils
Des ailes de papier
un camion rouge
un chien
l’eau
déserte
couleur de
pus
su
que
le
corps
pouvait
s’arracher
à l’amour
Ne plus aimer qu’un
cil que la grâce d’une
aile
Cette nuit j’ai rêvé qu’on me tranchait la main
XII – Extrait 1
À l’aube
s’est
levé
Les sables sont déserts
Sur les villas rouillées
l’automne
un
cri
si
pur
et
si
lointain
L’oiseau
ramait
dans
les
courants
du ciel
Dans le lit froid
fantôme du parfum
(ambre solaire)
que
j’ai
songé
à
ta
langue
légère
à
l’imminence
de
ta
voix
– Ah, vous voilà ! Alors, c’est notre nouveau commis ? Ça tombe bien, on a encore du foin à rentrer.
Elle a de la voix, Berthe ; on a toujours l’impression qu’elle vous parle comme si vous étiez à l’autre bout d’un champ. Sans effort d’ailleurs, avec beaucoup de naturel. Et une belle voix.
– Oui, dit mon père. Il pourra vous donner un coup de main. Ça sent bon chez vous. Qu’est-ce que vous cuisinez comme ça ?
– Un ragoût de cochon. Si le cœur vous en dit, restez donc dîner.
– Non merci, il faut que je rentre.
– Vous prendrez bien un verre tout de même, dit Marceau.
– Oui, un petit verre, dit mon père qui, je le sais, redoute le cidre de Marceau, aigre, et qui monte vite à la tête.
Mais, évidemment, pas question de refuser.
Marceau tire une bouteille du garde-manger, la pose sur la table avec des verres, et il commence à parler de ses chevaux. On voit bien qu’il n’a plus que ça dans la tête. Si les Allemands les prennent, avec quoi il fera les foins ? Et il faudra bientôt labourer, à l’automne. Sans chevaux, tout est fichu !
– Il faudrait les cacher, dit mon père.
– Oui mais où ça ? Dans la ferme, je ne vois pas où. Un cheval, ça ne se cache pas comme un œuf. J’ai bien un bois, dans un coin perdu. J’y pense.
Poèmes de Jean Joubert, extraits de "Longtemps j'ai courtisé la nuit", et de Jean-Marie Berthier, extraits de "Ne te retourne plus".