Inconnus des historiens, parce que diffusés à une dizaine d'exemplaires en 1886, mais très originaux tant dans leur forme que dans leur contenu, tels sont les Souvenirs d'un conscrit de Napoléon de
Narcisse Faucheur.
Auvergnat reçu à Polytechnique, le jeune
Narcisse Faucheur ne peut malheureusement pas payer ses études et s'engage comme fourrier dans l'armée impériale en mars 1812 ; il alors est chargé du cantonnement des
Troupes et du couchage, des approvisionnements en vivres et vêtements.
Jamais on n'a raconté comme lui l'arrivée à la caserne, le choix des uniformes, le bivouac, les arcanes de l'administration régimentaire. Jamais on n'a fait vivre comme lui le quotidien des soldats, leurs habitudes, pratiques et expressions, autant d'anecdotes et de portraits pittoresques qui font le sel de cet émouvant
Document. En outre, l'auteur offre une perspective singulière des combats auxquels il a participé lors de la Campagne de Prusse, notamment les journées sanglantes de Leipzig en 1813.
Narcisse Faucheur nous donne également à voir et à comprendre le dénuement des soldats démobilisés à la chute de Napoléon et à son exil. Il se lance alors dans une « carrière commerciale », et c'est le destin d'un
Industriel de la dentelle qui prend alors le pas sur la vie militaire.
Écrits par un homme très instruit, dans un style limpide et non sans ironie parfois, ces Souvenirs humbles et pertinents, sont une contribution majeure à la connaissance des dernières années de la Grande Armée, vues par un sans-grade « érudit ».
Ce récit d'une finesse incroyable, totalement inconnu du public, est sans conteste appelé à marquer l'historiographie napoléonienne.