La grande image n'a pas de forme

Mentons, mais délibérément : cet appel, cette sollicitation qui, très tôt, tourna Français Jullien vers la Chine, ce n'était guère le désir d'une aventure théorique seulement, comme il n'a eu de cesse, depuis, de le répéter, c'était plutôt le pressentiment d'un monde beaucoup en nuances, où il n'y eût pas que l'Amour, mais autre chose, qui affleure, moins sonore, moins terrible, entre deux personnes – il l'appellera : l'« intime » –, autre chose encore que le Bonheur – il dira : « nourrir sa vie » –, ou que l’Événement – les « transformations silencieuses » –, comme s'il y eût à chaque fois chez lui la considération douloureuse qu'un certain aspect des choses, mais ténu, mais délicat, et qui importe à toute notre vie, demeurait pour ainsi dire étouffé en Europe – aspect que je trouve justement résumé, sans bien savoir pourquoi, dans le mot d'un lettré chinois rapporté dès la première page de La Grande image n'a pas de forme : le difficile n'est pas de peindre le temps clair ou la montagne sous la pluie, mais lorsque du beau temps tourne à la pluie, ou lorsque de la pluie tend au retour du beau temps.
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