François Jullien est un personnage singulier du paysage intellectuel français. Il a ses fidèles lecteurs mais aussi ses détracteurs, en tout cas, il laisse rarement indifférent.
«
Ressources du christianisme, Mais sans y entrer par la foi. » est la « reprise » de deux conférences données en 2016.
Selon
François Jullien les « ressources » ne sont pas une notion idéologique : elles ne se « prônent » pas, contrairement aux valeurs. Alors que défendre des « valeurs » s'inscrit dans un rapport de force, les ressources sont à la disposition de chacun. Elles naissent dans une langue comme au sein d'une tradition, dans un certain milieu et dans un paysage. Elles sont en conséquence disponibles pour tous et chacun est libre de s'en servir ou non. Cette notion de « ressources » a du reste déjà été utilisée par l'auteur dans un autre ouvrage.
Il existe un clivage important entre ceux qui croient « au ciel » et ceux qui n'y croient pas, aussi aborde-t-il le christianisme à partir de ressources, « celles-ci sont, disponibles, à qui les explore et les exploite. » Ainsi, ici, le texte de l'évangile, écrit à l'origine en grec par Jean, constitue les ressources exploitées par
François Jullien.
Dès sa longue introduction,
François Jullien précise qu'il entend « dresser le bilan de ce que le christianisme a fait advenir dans la pensée » sans, pour autant, « y entrer par la foi ».
Le déchiffrage de l'Évangile de Jean permet à
François Jullien de montrer, « sans y entrer par la foi », combien le christianisme est toujours (selon l'auteur) une « ressource » féconde pour connaître « la vérité qui fait vivre ».
La lecture de ce petit livre doit se faire lentement, minutieusement, ligne à ligne, afin de bien suivre la pensée de l'auteur. Adepte de lectures et conférences philosophiques, je concède que le décryptage de ce très court livre m'est pourtant parfois apparu malaisé en raison de nombreuses fioritures rhétoriques et académiques. Cette retranscription mot à mot d'une conférence aurait été bonifiée par l'apport d'un minimum de pédagogie, même si le lecteur maîtrise les concepts ou terminologies philosophiques nécessaires à une bonne compréhension du texte.
Enfin, il me semble que si le propos était de donner des clés pour mieux comprendre le christianisme, la nécessité de bien maîtriser les concepts et la terminologie philosophique fait que l'objectif n'est pas atteint.