AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782851972323
128 pages
L'Herne (07/03/2018)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Le philosophe questionne le rapport de la société au christianisme non pas au regard de la foi mais en terme de ressources spirituelles afin de se détacher du réel pour prendre la mesure de l'autre.
Que lire après Ressources du christianismeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
François Jullien est un personnage singulier du paysage intellectuel français. Il a ses fidèles lecteurs mais aussi ses détracteurs, en tout cas, il laisse rarement indifférent.

« Ressources du christianisme, Mais sans y entrer par la foi. » est la « reprise » de deux conférences données en 2016.

Selon François Jullien les « ressources » ne sont pas une notion idéologique : elles ne se « prônent » pas, contrairement aux valeurs. Alors que défendre des « valeurs » s'inscrit dans un rapport de force, les ressources sont à la disposition de chacun. Elles naissent dans une langue comme au sein d'une tradition, dans un certain milieu et dans un paysage. Elles sont en conséquence disponibles pour tous et chacun est libre de s'en servir ou non. Cette notion de « ressources » a du reste déjà été utilisée par l'auteur dans un autre ouvrage.

Il existe un clivage important entre ceux qui croient « au ciel » et ceux qui n'y croient pas, aussi aborde-t-il le christianisme à partir de ressources, « celles-ci sont, disponibles, à qui les explore et les exploite. » Ainsi, ici, le texte de l'évangile, écrit à l'origine en grec par Jean, constitue les ressources exploitées par François Jullien.

Dès sa longue introduction, François Jullien précise qu'il entend « dresser le bilan de ce que le christianisme a fait advenir dans la pensée » sans, pour autant, « y entrer par la foi ».
Le déchiffrage de l'Évangile de Jean permet à François Jullien de montrer, « sans y entrer par la foi », combien le christianisme est toujours (selon l'auteur) une « ressource » féconde pour connaître « la vérité qui fait vivre ».

La lecture de ce petit livre doit se faire lentement, minutieusement, ligne à ligne, afin de bien suivre la pensée de l'auteur. Adepte de lectures et conférences philosophiques, je concède que le décryptage de ce très court livre m'est pourtant parfois apparu malaisé en raison de nombreuses fioritures rhétoriques et académiques. Cette retranscription mot à mot d'une conférence aurait été bonifiée par l'apport d'un minimum de pédagogie, même si le lecteur maîtrise les concepts ou terminologies philosophiques nécessaires à une bonne compréhension du texte.

Enfin, il me semble que si le propos était de donner des clés pour mieux comprendre le christianisme, la nécessité de bien maîtriser les concepts et la terminologie philosophique fait que l'objectif n'est pas atteint.
Commenter  J’apprécie          302
Ressources : Moyens intellectuels et possibilités d'action qui en découlent, selon Le Robert. Jullien va-t-il préciser sa définition personnelle ? Ressource n'est pas valeur, n'est pas richesse, n'est pas racine, n'est pas la Vérité ni la Foi, nous dit-il avec la prudence qu'impose vingt-cinq siècles de platonisme et vingt de christianisme. Il nous laisse au milieu du gué en énonçant page 33 : « À titre de ressource qui pourrait servir d'entrée dans le christianisme, parce qu'effectivement liminaire, entrée non plus clivante, comme l'est l'énoncé de la vérité, mais détonnante, on pourrait compter d'abord ce fait tellement singulier : que l'Évangile soit écrit en grec, alors que le Christ ne savait pas le grec, mais parlait araméen ». de ce paradoxal tremplin, Jullien saute à l'Évangile le plus tardif, le plus elliptique, le plus riche en doubles sens : « Aussi, ici, je suivrai Jean ».

La suite est une exégèse de l'Évangile de Jean en trois chapitres. III. « Un évènement est possible » : l'évènement fondateur qui advient dans l'être, « Le logos advint chair ». IV. « Qu'est-ce qu'être vivant ? » : la « tension entre psuché et zôé, l'être-en-vie et la vie vivante. V. “Logique de la dé-coïncidence” : “Il faut que Dieu s'écarte de soi pour advenir effectivement en soi vivant. Non seulement que Dieu se sépare de soi pour se poser à l'extérieur de soi au lieu de (se) reposer en soi-même, mais qu'il s'extraie de l'adéquation de sa nature de Dieu pour pouvoir s'activer en Dieu” (p 73). On trouve ici un raffinement sémantique qui dépasse l'enseignement du Christ et rappelle un concept de la Kabbale — le zimzum — nécessaire à la création hors de Dieu ou à l'incarnation, concept qui sera discuté à Safed quinze siècles après l'évangéliste (voir Gershom Scholem).

Un exercice de style encombré de parenthèses, d'italiques, de répétitions, de citations, transcriptions et traductions du grec, qui laissera dans le doute croyants et mécréants.
Commenter  J’apprécie          60
Ce serait une erreur d'attendre de cet ouvrage une manière d'apologie du christianisme, le sous-titre le précise d'emblée en page de garde “Ressources du christianisme mais sans y entrer par la foi”. François Jullien (philosophe, helléniste et sinologue) développe néanmoins dans ces 120 pages, reprise écrite d'une conférence donnée en 2016, des approches éminemment personnelles, essentiellement de l'évangile de Jean, qui m'ont paru vraiment stimulantes.
Par “ressources” il faut comprendre que l'auteur s'attache au texte d'origine grec des évangiles, dans le but d'en dégager au moins une cohérence; à défaut d'un sens qui, selon lui, pourrait ouvrir la porte à une affirmation de foi. Pour autant, il ne se place pas non plus à distance de sécurité avec l'objet de son étude mais au contraire décortique au plus près le texte, révélant bien des questions au sujet des “écarts” de traduction.
Par exemple l'évangile de la Samaritaine, à qui Jésus demande de l'eau, est tout entier éclairé par la différence de traduction entre les mots “psuché” et “zôé”.
François Jullien utilise des concepts qui lui sont propres, pas toujours faciles à comprendre d'emblée. En plus de “ressources” il est question par exemple des concepts d'”écart”, de “dé-coïncidence”, d'”adhérence”, d'”ex-istence”. L'auteur donne suffisamment de pistes pour qu'un lecteur attentif puisse expliciter ces termes mais j'imagine qu'on peut lui faire le reproche d'être un peu trop “jargonnant”.
Je ne suis pas très amateur de philosophie mais j'ai trouvé de l'intérêt à cette lecture un peu en dehors de ma zone de confort. Elle s'est avérée être très tonique comme lecture de Carême !
Merci aux éditions de l'Herne et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir cet auteur dans le cadre de Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          50
Ressources du christianisme est une reprise d'une conférence donnée par le philosophe à plusieurs reprises en 2016.

Cette retranscription se sent un peu dans l'introduction qui révèle à de nombreuses reprises sa rhétorique universitaire. Toutefois, le corps du texte est plus fluide et la pensée se développe en plusieurs chapitres qui réinterrogent la question du christianisme. Et comme le titre l'annonce, il ne s'agira pas de reprendre une réflexion autour des opposés de foi et et d'athéisme, de religion et spiritualité. F. Jullien tente d'interroger le christianisme en dehors du dogme afin de montrer que la proposition chrétienne est un scandale, le caillou dans la chaussure du réel et de la logique.

Lien : https://flolunaire.blogspot...
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Car ce n'est pas parce que notre société s'est déclarée officiellement laïque qu'on s'est déchargé de cette "chose", si difficile à saisir aujourd'hui, du christianisme. Ce n'est pas parce que massivement on ne "croit" plus, en tout cas qu'on ne "pratique" plus (il y a tant de chrétiens passifs), qu'on s'est affranchi de ce dont il a marqué la pensée. Cela, certes, on le sait, mais jusqu'où "veut-on le savoir" ? Ne s'agirait-il là que d'un reliquat, faut-il encore se demander ce qui ne s'y dépasse pas. Et même un tel évitement, je me demande si on ne le retrouverait pas aujourd'hui jusque dans l'Eglise, plus à l'aise avec l'écologique ou l'humanitaire qu'avec cette question que je ne vois pas avancer : qu'est-ce que le christianisme "a fait à la pensée "?
Commenter  J’apprécie          50

Videos de François Jullien (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Jullien
{Cours de Patrick Hochart et François Jullien - Lire la philosophie}Les cours méthodiques et populaires de philosophie permettent à toutes et tous de se familiariser avec la philosophie, son histoire, ses auteurs, ses concepts. Avec Patrick Hochart, enseignant-chercheur en philosophie, maître de conférences à l'université Paris-Diderot (Paris 7), et François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l'université Paris-Diderot (Paris 7) et titulaire de la chaire sur l'altérité à la Fondation Maison des sciences de l'homme.Cours enregistré le 19 avril 2022 à la BnF I François-Mitterrand
+ Lire la suite
autres livres classés : sociétéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}