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EAN : 9782749922041
363 pages
Michel Lafon (17/04/2014)
4.32/5   36 notes
Résumé :
Pénitencier de Fukuoka, Japon, 1944.
Dans ce sombre lieu dont peu sortent vivants, le gardien-chef, Sugiyama, réputé pour sa cruauté bestiale, vient d’être assassiné. Le jeune conscrit Watanabe est chargé de l’enquête ; mais à peine l’a-t-il commencée qu’un détenu coréen, communiste et résistant, s’accuse du crime. Pourtant, Watanabe ne croit pas à sa version des faits et décide de poursuivre ses investigations malgré les ordres. En reconstituant les dernie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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« Tous les détenus se disent innocents… Même les assassins qui ont tué de sang-froid. Si vous êtes emprisonné, c'est que vous avez commis un délit quelconque. À moins de vous appeler Edmond Dantès.
– Ou Prométhée, enchaîné sur un rocher du Caucase ?
– Prométhée a dérobé le feu. Peu importe ce que vous avez pris et à qui, le vol doit être puni…. »
Ce dialogue a lieu au Japon dans le centre de détention de Fukuoka , en 1944 pendant la deuxième guerre mondiale entre un garde et un prisonnier, un censeur et un poète. La cause en est le meurtre atroce d'un gardien tortionnaire et un poème sublime retrouvé dans une de ses poches. Dés les premières pages on sent qu'on est dans un livre intéressant, très particulier, et qui en faites est basée sur une histoire vraie, celle du poète coréen Yun Dong-ju. Elle se déroule durant une période sombre et méconnue de l'histoire entre le Japon et la Corée, où sous la colonisation japonaise du pays, les coréens furent obligés d'écrire et de parler japonais. Yun Dong-ju en fut une des victimes, et en quelque sorte devint l'effigie de ces jeunes coréens coincés entre deux langues jusqu'en 1945. Trois portraits d'hommes très fouillés , deux japonais, un coréen, dans les circonstances atroces d'un pénitencier et de la guerre, où leurs relations complexes se déploient par le biais de la poésie, «  un temple des mots », fil conducteur du récit. Dans cette atmosphère dure et froide , leur humanité se révèle avec délicatesse peu à peu à travers la poésie, la musique et la littérature , échappatoires de ces trois personnages englués dans des rôles durs et sans merci de la vie .
Un livre où la force des mots est plus puissante que celle des balles ou des bombes, « un unique mot peut renfermer divers sentiments , une phrase peut avoir plusieurs significations ». Un texte poignant constellé des poèmes de Yun Dong-ju , de magnifiques passages littéraires comme les phrases de Rilke des Cahiers de Malte Laurids Brigge et de moments magiques comme la valse des deux cerfs-volants ( des poèmes 😊) ou la découverte de la fantastique bibliothèque cachée. Rarement douceur et sensibilité ont côtoyé aussi majestueusement l'atroce dans un environnement carcéral . Un livre sublime, et même si vos Pals dégoulinent, ne passez pas à côté….

« Je crois en Dieu pour croire en moi, répondit le prisonnier. »
« La vie n'est pas toujours logique….La contradiction est omniprésente . »
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1944, pénitencier de Fukukoa, Japon. L'étudiant soldat Watanabe est chargé par le directeur d'enquêter sur le meurtre du cruel gardien Sugiyama, assassiné au sein même de l'établissement alors que tous les prisonniers étaient censés être sous les verrous. Très vite, un détenu s'accuse, un prisonnier politique coréen, communiste et résistant. Pourtant, Watanabe n'est pas convaincu par ces aveux et, en désaccord avec sa hiérarchie, décide de continuer l'enquête. Il découvre alors la relation particulière qu'entretenait le gardien bestial et inculte avec un dissident coréen, le frêle poète Yun Dong-ju. Touché par la personnalité de ce jeune homme sensible et par ses poèmes, Watanabe va lui aussi tenter de le protéger, malgré les autorités du pénitencier qui ont de tout autres projets pour les prisonniers coréens.

A partir de la triste histoire du poète coréen Yun Dong-ju, emprisonné pour avoir écrit dans sa langue, Jung-myung Lee brode une intrigue tout en finesse et poésie, une ode à l'écriture et son pouvoir d'évasion. Bien que décrivant un univers carcéral effroyable par sa cruauté et son peu de considération pour l'homme, il se dégage de ce roman un sentiment de sérénité et de liberté, dû à la personnalité de Dong-ju qui jamais ne renonce à sa bonté, sa confiance, sa poésie. Grâce à ses mots, il se rallie une brute comme le gardien le plus craint du pénitencier, les prisonniers les plus violents et bien sûr le jeune Watanabe, un amoureux des livres ayant grandi dans la librairie tenue par sa mère. Dong-ju, écrivain public, poète clandestin ou pilote de cerf-volant, fait souffler sur la prison un vent de liberté auquel nul ne résiste. Pour lui, Watanabe prend tous les risques, sauvant livres et poèmes pour la postérité.
La littérature coréenne, encore peu connue, cache bien des trésors, dont ce très émouvant roman, premier traduit en français de Jung-myung Lee fait évidemment partie. Considéré comme un des plus grands poètes de son pays, Yun Dong-ju reprend vie entre ces lignes empreintes de sa douceur et de sa sensibilité. Trop tendre pour survivre à la haine des hommes, il s'est éteint à Fukuoka à l'âge de 27 ans à peine, victime de la guerre et de la barbarie. Jung-myung Lee lui rend un vibrant hommage, tout en dénonçant les conditions de vie inhumaines des prisonniers coréens dans les geôles japonaises. Pourtant nul ressentiment dans son texte, juste de la tendresse, de la beauté et l'amour des mots. Un très grand roman.
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Le garde, le poète et le prisonnier de Lee Jung-myung a marqué un de mes premiers pas dans une littérature coréenne qui tend à se diffuser de plus en plus en France. Une très bonne chose car elle permet de découvrir un tel roman.

L'histoire, une fois encore, est aux prises avec l'Histoire. Elle se déroule au Japon, dans la prison de Fukuoka en 1944. Les détenus sont coréens. Leur pays est soumis à la tutelle de fer de l'Empire japonais depuis 1910. Ce livre montre les conditions de détention terriblement éprouvantes auxquelles sont livrés les prisonniers. Parmi eux, un poète Yun Dong-ju - Hiranuma pour l'administration carcérale car après l'invasion de la Corée, ses habitants et ses ressortissants au Japon doivent impérativement porter un nom japonais - a été condamné pour "propos séditieux". Il prête sa plume à ses congénères souvent analphabètes pour rédiger leur courrier à leurs proches.

Sugiyama est un maton redouté et redoutable, véritable brute épaisse élevé au bâton. Physiquement ou psychologiquement, il exerce sa mainmise sur la prison, écrasant sans pitié les détenus. Jusqu'à être confronté et ébranlé par la Beauté : celle de la musique d'une infirmière pianiste répétant dans un des corps de l'ensemble carcéral, celle de la poésie. Touché par la grâce.

Lorsqu'on le retrouve assassiné, Watanabe un jeune conscrit est chargé de l'enquête. En plus de reconstituer les faits, ce dernier va recomposer le mystérieux portrait à facettes de la victime.

Le garde, le poète et le prisonnier est un roman extrêmement fort où violence des autorités et des gardiens japonais, atrocité des conditions d'emprisonnement des Coréens et émotions du beau s'entremêlent. Lee Jung-myung m'a permis de découvrir ce pan sombre de l'archipel nippon en guerre, ainsi que le jeune poète Yun Dong-ju qui a effectivement existé et mourut à seulement 27 ans dans les geôles, ne laissant derrière lui qu'un recueil dont ce roman offre quelques poèmes. On y retrouve aussi, une surprise, les très beaux vers du Français Francis Jammes. le contraste abrupte entre la douceur des mots et de musique et la brutalité de la prison tissent une atmosphère singulière et fortement émouvante. La Muse et la Mort planent de concert au-dessus de Fukuoka, se répartissant les élus.
C'est également un remarquable portrait d'homme, celui de Sugiyama dont l'évolution dans sa mentalité semble à peine concevable.

Tous ces aspects l'emportent sur le qualificatif de roman policier. Certes il y a enquête. Mais ça n'est pas ce que j'en ai le plus retenu tant les personnages, le contexte, les aspirations à la liberté - même planant sur un cerf-volant, la poésie occupent le devant de la scène. Lee Jung-myung signe un récit d'une noire beauté et d'une force exceptionnelle.
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C'est le genre de roman que j'aime beaucoup. Une base véridique, une fiction plausible et une plongée dans le passé qui me fait découvrir un pan de l'Histoire que je méconnaissais. Ce thriller à l'écriture agréable et poétique, malgré la noirceur des propos, nous permet à la fois de côtoyer l'horreur de la guerre et la beauté des arts ; la musique avec l'infirmière pianiste Iwanami Midori et les vers de Yun Dong-ju, un poète coréen, mort entre les murs de cette prison sordide a seulement 27 ans.

Tout au long du récit, on découvre la personnalité du garde Sugiyama. Orphelin analphabète, gardien de prison redoutable, il va se laisser toucher par la musique d'abord, par la poésie ensuite. Il apprendra à lire, deviendra censeur en charge du contrôle du courrier entrant et sortant et se lancera dans la lecture des livres interdits pour comprendre le sens des messages rédigés par Hiranuma, qui a mis sa plume au service des détenus. Chargé de l'enquête sur sa mort, le jeune Watanabe fera à son tour la connaissance du jeune poète et marchera dans les pas de Sugiyama, touché lui aussi par le jeune homme et ses écrits.
Entre douleur et douceur, ce récit nous emporte dès les premières pages dans cet univers tout en contrastes : la barbarie des conditions de détention, l'obligation de changer son nom coréen en nom japonais, la violence permanente, tant physique que psychologique et puis l'instauration d'un service d'écrivain public, la constitution d'une chorale de détenus, les poèmes de Yun Dong-ju sauvés de la destruction... Séduisant, ce roman est un véritable plaidoyer pour la littérature et son pouvoir de rédemption, pour les arts vecteurs de liberté et d'évasion.
Malgré quelques longueurs, ce roman a su me toucher par les relations humaines décrites, par l'écriture forte de l'auteur et par la délicatesse des poèmes de Yun Dong-ju que j'ai découverts. Alternant les descriptions d'un quotidien violent et les moments de lyrisme extraordinaires, ce récit m'a émue et emporté avec lui aux confins de l'Empire du Soleil levant.

Premier roman de Lee Jung Myung traduit en français, ce roman nous permet de découvrir l'un des romanciers les plus populaires de Corée, auteur notamment de « Deep Rooted Tree ». Ses romans revisitent l'histoire de son pays. Traduit du coréen en anglais par Kim Chi-young puis de l'anglais en français par Eric Betsch, ce roman garde la force de l'écriture de l'auteur et ses jolies métaphores.
Merci aux Editions Michel Lafon.

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Quel roman surprenant et émouvant !
Les événements se passent dans la prison de Fukuoka, dans le Japon des années 40, où plusieurs prisonniers coréens vivent dans des conditions pénibles.
Un jour, on découvre que le gardien - chef Sugiyama a été assassiné. Par qui ? C'est ce que le jeune gardien, Watanabe tentera de découvrir.
On assiste d'un côté à l'enquête qui se revèle intéressante et on découvre en même temps le caractère de chacun des protagonistes. Les rebondissements n'y manquent pas.
Jung- Myung Lee a choisi aussi d'imaginer les dernières années de vie du poète coréen Yun Dong -Ju, emprisonné dans le Pénitencier de Fukuoka et le fait participer à l'intrigue. Cela donne le côté émouvant à toute l'histoire, car ce personnage est attachant et les extraits de ses poèmes sont magnifiques, touchants :
"Le chemin défile du soir au matin
Et du matin jusqu'au soir qui revient.
Quand je lève les yeux du mur de pierre, après avoir pleuré,
Le ciel est d'un bleu qui ne peut que gêner.
J'avance sur ce chemin sans verdure
Car je me trouve de l'autre côté du mur.
Je ne suis encore en vie
Que parce que je cherche ce qui m'a été pris".

Ce roman est un hommage à la musique et à la littérature.
Tout y est : une intrigue bien maitrisée, de l'émotion, une belle écriture poétique :

"Un imposant piano y était installé, aussi fier qu'un navire filant toutes voiles dehors vers le soleil couchant. Les courbes de l'instrument et les sculptures ouvragées qui l'ornaient produisaient un effet surnaturel. Une femme était assise au piano, qui émettait un son clair et délicat quand elle en caressait les touches. J'avais la sensation d'avoir découvert une source tapie dans les montagnes, point de départ d'un fleuve majestueux. Les doigts blancs ondulaient comme des vagues, couraient come des souris, voletaient comme des oiseaux curieux".

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Cet homme torturait des détenus impuissants, mais il était le seul en mesure de redonner sa sonorité à ce piano. Quelle était sa véritable personnalité ?
– À quoi vous servent ces instruments ? demanda-t-elle prudemment.
– Qu’est-ce que ça peut vous faire ? demanda Sugiyama, ses pupilles vacillant telles des flammes de bougie dans le vent. À chacun son métier. Je maltraite les gens et vous les soignez. J’accorde le piano et vous en faites sortir de la musique.
– Que faites-vous, exactement ?
- Mon boulot consiste à purifier les cerveaux pourris de ceux qui croient sauver le monde, alors qu’en réalité ils souillent la société, comme les communistes, les nationalistes et les anarchistes. Alors ne vous en mêlez pas.
Il lui jeta un sourire froid et fila, la laissant seule dans l’obscurité épaisse, ses instruments métalliques s’entrechoquant dans son sac à chacun de ses pas.
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Avant que la guerre ne réduise ma vie en pièces, avant que le monde ne montre les dents et ne détruise mon existence, j’ai vécu dans une maison à un seul niveau surmontée d’un grenier, en périphérie de Kyoto, et dans une minuscule librairie défraîchie tenue par ma mère. Je passais des heures entre les vieilles étagères de bois chargées de poussière, entouré de papier. Des murs d’ouvrages nous protégeaient des inquiétantes nouvelles de la guerre. Rien ne franchissait le barrage des centaines de milliers de pages ; ni les rixes entre commerçants, ni le pas lourd des soldats, ni le froid des nuits d’hiver. Les livres me protégeaient des révoltes de l’époque et de mon angoisse quant à l’avenir.
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Midori joua Carry Me Back to Old Virginny, une interprétation étincelante qui évoqua au gardien des visions d’oiseau blanc, d’arc-en-ciel, d’ambre. Il laissa son regard s’attarder sur le front lisse et le nez de l’infirmière, qui ne quittait pas le clavier des yeux, ainsi que sur ses cheveux attachés par une épingle, sa nuque pâle, ses épaules et son dos droits, ses doigts, qui couraient sur les touches comme des papillons, ses chevilles fines sur les pédales. Il se sentit radouci, nostalgique.
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Je le tournai vers le mur où était écrit en bleu marine : "Ciel, vent, étoiles, poésie". Il esquissa un sourire, le même sourire que je lui avais vu lors de notre première rencontre, le même sourire qui embellissait son visage en temps normal. Mais à présent, tout lui avait été retiré. J'étais le seul à savoir qui il avait été. C'était un enfant d'une nation morte, un garçon qui avait vécu dans une maison avec un prunier et des mûres dans le jardin, et que le ciel reflété dans le puits avait comblé de joie, un enfant qui avait levé les yeux vers la croix penchée au sommet d'un haut clocher, attristé que sa patrie ait disparu, un adolescent qui avait aimé Tolstoï, Goethe, Rilke et Jammes, qui avait rapporté dans sa pension un livre précieux acheté dans une librairie miteuse, avec l'impression d'avoir conquis le monde, un jeune homme studieux qui avait lu cet ouvrage toute la nuit, l'auteur de brillants poèmes que personne n'avait jamais lus, quelqu'un qui aimait suivre un chemin tortueux, un garçon qui avait aimé une fille sans jamais le lui avouer, un homme dont le pays avait été colonisé et dont l'âme, bien que déchirée par cette ère sombre, avait continué d'émettre des étincelles, un voyageur qui était parti de chez lui et avait embarqué sur un navire pour étudier à l'étranger dans une pièce à six tatamis, un jeune homme qui attendait l'avènement d'une nouvelle époque, un contrevenant menotté pour avoir écrit des poèmes dans sa langue maternelle, un fils songeant avec nostalgie à sa mère restée dans la lointaine Mandchourie, un détenu redoutant le clairon signalant l'imminence de l'aube, dans cette prison glaciale, et maniant le cerf-volant quand le vent soufflait, un homme qui avait toujours eu le sourire aux lèvres.
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Je ne savais à peu près rien de lui. A mes yeux, ce n'est pas en mourant qu'il est devenu un fantôme ; il l'était de son vivant. Le Sugiyama que j'ai connu lors de mes premiers jours au pavillon 3 reste dans mes souvenirs aussi dispersé que des morceaux de carrelage éparpillés. (....... ) Il avait la peau pâle, presque translucide, et le visage aussi froid qu'un buste en plâtre. Il ne parlait jamais, la bouche toujours fermée, telle une caverne d'Ali Baba que l'on n'aurait plus su comment ouvrir. Une fois tous les trente-six du mois, une voix monocorde et rauque filtrait par ses lèvres séchées. Il n'avait pas besoin de crier ; il savait inspirer la peur sans élever le ton.
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