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sur 489 notes
En 1914 quand le conflit éclate Ernst Jünger est un volontaire de 19 ans. Il tient des carnets qu'il remaniera après la guerre. Il y décrit le quotidien terrifiant des soldats, le déroulement d'une guerre de tranchées, au milieu de la boue, des rats et des cadavres, le plus souvent mutilés, sous un déluge de feu quasi permanent. Il y exprime aussi tous ses états d'âmes, de la surexcitation des combats à l'abattement le plus profond. Il semble aussi que cette guerre ait été pour Ernst Jünger une sorte d'expérience initiatique.
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Ernst Jünger jeune allemand quitte les bancs de l'école pour s'engager volontaire brûlant d'enthousiasme au début de la première guerre mondiale. Comme simple soldat d'abord, et sur les conseils de son père suivra une formation pour devenir rapidement officier.
Chaque jour, il écrit tout ce qui se passe sur le front. le premier jour où à peine installé, après une série de grondements sourds et proches, il suit les soldats sans trop savoir pourquoi. Au début la guerre montre ses griffes sans montrer l'ennemi, ce qui le guérit rapidement de ses illusions premières. Il consigne le travail effectué dans les tranchées pour les maintenir en état, la routine qui s'installe au début dans une guerre pas encore très offensive, où des échanges se font parfois avec l'ennemi ( souvent anglais). Les dernières années, il connaîtra une guerre beaucoup plus offensive avec ses orages d'acier. Il sera blessé une douzaine de fois pas trop gravement et reviendra toujours au front.
En fin de guerre, il reçoit la Croix du Mérite jamais donnée à quelqu'un de si jeune que lui.
Ernst Jünger est quelqu'un de cultivé qui a consigné consciencieusement toute sa guerre dans un journal pour en faire un témoignage exceptionnel dans Orages d'acier.
Ce livre témoigne d'une grande intelligence dans ses analyses de situations et de très bonnes relations avec ses hommes.
"Dans l'obscurité , j'entendis la voix d'un bleu, encore peu au courant de nos coutumes:"Le lieutenant ne se planque jamais.
-Il sait ce qu'il fait, lui rétorqua un ancien de ma troupe de choc. Quand l'obus est pour nous, il est le premier par terre". C'était exact. Nous ne nous planquions plus au sol qu'en cas de nécessité, mais alors sans traîner."

Un livre à lire et à garder comme témoignage exceptionnel.
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Le lieutenant Ernst Jünger a été blessé 14 fois au cours de la guerre, échappant chaque fois miraculeusement à la mort.
Ces sursis nous permettent aujourd'hui de mieux comprendre, à travers ce récit brut d'évènements vécus, toute l'horreur de cette guerre qui fit dix millions de victimes. Elle n'a malheureusement pas servi de leçon puisque celle qui succéda à la "der des ders" fit six fois plus de morts..
Ernst Jünger nous invite à le suivre, de la Lorraine à la Flandre en passant par la Somme, jusqu'au fond des tranchées et des chemins creux pour nous faire vivre de manière très réaliste l'âpreté et l'horreur de combats au résultat incertain, de tous ces assauts inutiles pour reprendre quelques mètres de terrain aussitôt reperdus.
De quoi faire réfléchir, mais aussi un hommage à tous ceux qui ont combattu, de part et d'autre et dont le souvenir nous permet de faire en sorte que leur sacrifice n'ait pas été tout-à-fait vain.
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Ernst Jünger, tout jeune engagé volontaire lors de la Première guerre mondiale, tint des carnets pendant toute la durée du conflit. Plus tard, il reprit ses notes et les mit en forme, les compléta de façon scrupuleuse pour livrer un récit autobiographique où il raconte avec force détails et lucidité, l'atroce banalité journalière des soldats c'est à dire l'enfer permanent le froid, la pluie, la vermine, la faim, le vacarme du front , la promiscuité, la peur, la souffrance, la mort, mais aussi la fraternité, l'amitié, la compassion, l'empathie , les gestes d'humanité envers l'ennemi…
C'est un des livres de référence de ce conflit , celui qui décrit sans ostentation, mais avec lucidité et objectivité, celui qui témoigne du vrai. Je suppose que bon nombre de réalisateurs se sont référés à cet ouvrage pour certaines de leurs mises en scène au cinéma.
J'ai lu aussi ce livre pour retrouver des lieux connus, pour savoir comment certains habitants de villes et villages, notamment dans le Pas-de-Calais, que je connais , ( et cela pour retrouver traces de la vie de mes aïeux à cette époque) avaient vécu durant ces années, alors qu'ils côtoyaient , bien malgré eux, l'ennemi (Arleux, Henin -Lietard, Monchy, Croisilles, Berles, Ecoust Saint Mein…)
Jünger fut un soldat qui faisait « son métier », par amour de sa patrie, en tuant, mais en conservant une certaine humanité , n'hésitant pas à laisser la vie sauve à un blessé, à ordonner de donner une sépulture aux corps ennemis, à respecter les civils.
Il échappera à la mort mais sera blessé à plusieurs reprises (14) , Son attitude pendant la seconde guerre mondiale sera profondément marquée par ces années sur le front , dénonçant, combattant la barbarie nazie. A lire pour mieux le connaître ses Journaux Parisiens, c'est ce que je ferai prochainement.
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On a beau s'investir en lecture de témoignages de guerre, on est toujours à des années lumière du ressenti de ceux qui les ont vécus. Celui de cet auteur allemand me semble pourtant faire exception à cette impression à cause de la distance qu'il insère entre la relation des faits, tirés du journal qu'il a tenu tout au long du conflit, et ses propres sentiments. C'est avec une froideur quasi journalistique qu'Ernst Jünger relate ses années d'une guerre qu'il a vécues de bout en bout, avec l'inestimable chance de s'en sortir après pas moins de quatorze blessures.

Est-ce une forme de mea culpa de son appartenance aux armées de l'envahisseur ou bien son éducation personnelle qui lui impose une certaine retenue dans le langage à l'égard de l'adversaire, une hauteur de vue dénuée d'attendrissement. Penchons pour cette seconde hypothèse, car ce respect du combattant tous camps confondus est assorti d'élans lyriques dans la description des paysages et circonstances de la guerre, y compris les plus dramatiques lorsque : « L'homme au coup dans le ventre, un tout jeune garçon, était couché parmi nous et s'étirait presque voluptueusement comme un chat aux rayons tièdes du couchant. Il passa du sommeil à la mort avec un sourire d'enfant. »

Car pour le reste, ce point de vue allemand évoquant cette boucherie organisée comporte les mêmes scènes d'horreur que ce qu'on peut lire chez nos auteurs nationaux lesquels ont également vécu ces années de cauchemar : des Henri Barbusse, Roland Dorgelès, Blaise Cendras, Maurice Genevoix, Louis-Ferdinand Céline pour ne citer que les plus souvent évoqués dans ce genre de littérature écrite en lettres de sang. Tous autant qui ont tenté de faire savoir aux générations suivantes ce qu'ils ont vécu dans leur chair et leur âme. Leur âme qu'il savait à chaque instant prête à prendre son envol vers des cieux qu'ils avaient la candeur d'espérer plus cléments que le cloaque des tranchées d'Artois ou de Champagne.

On a peine à s'imaginer que des hommes aient pu faire à ce point leur quotidien de la fréquentation de la mort, voyant autour d'eux se déchirer les chairs, s'éteindre des regards. le ton de cet ouvrage amoindri de la sensibilité humaine qu'on peut trouver dans le feu d'Henri Barbusse ou les croix de bois de Dorgelès renforce cette impression d'une forme d'accoutumance à l'épouvante. Faisant des vies humaines une sombre comptabilité au même rang que celle des armes et équipements de la logistique du champ de bataille.

Cet ouvrage reste un récit de ces terribles combats de 14 vécus dans l'environnement restreint d'une unité ballotée par les événements meurtriers. J'allais dire dans l'intimité d'une unité. Mais pour qu'il y ait intimité il faut qu'il y ait durabilité de coexistence. Ce qui n'était pas le cas puisque les unités se reconstituaient aussi quotidiennement que les pertes en réduisaient les effectifs. du sang neuf venait abreuver les tranchées au fur et à mesure que les familles confiaient leur progéniture, de plus en plus jeune, à la voracité de la grande faucheuse. Funeste industrie infanticide commandée par des intérêts très supérieurs dont les traités effaceront la responsabilité à la satisfaction de voir la paix retrouvée.

C'est une forme de fascination d'horreur qui me fait revenir vers ce genre de littérature. La vaine tentative de comprendre ce qui peut jeter les hommes les uns contre les autres dans des boucheries de cette ampleur. Ce qui peut faire qu'il n'y ait pas de conscience supérieure capable d'empêcher une tragédie collective à pareille échelle. Mais non, la « der des der » n'attendait finalement que la suivante pour contredire ceux qui pensaient avoir atteint les sommets de l'horreur. Ainsi est la nature de celui qui tient tant à la vie et se complaît à la mettre en danger.

Orages d'acier d'Ernst Jünger dont le lyrisme qui plut à André Gide au point de lui faire dire qu'il était le plus beau livre de guerre qu'il ait lu m'a quant à moi paru aussi froid que le regard de son auteur en couverture.
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Ernst Jünger nous fait revivre la grande tuerie de 14/18 sous la plume du jeune officier volontaire qu'il fut à cette époque.
Bien que ce soit le point de vue d'un Allemand, on est frappé par la similitude du vécu, des situations, d'avec les récits des écrivains français : mêmes villages, mêmes batailles dont la célèbre bataille de la Somme -, mêmes tranchées, mêmes gaz, mêmes obus, mêmes morts atroces. Sauf que l'ennemi n'est pas le même...
Le texte est très descriptif, très détaillé, intéressant d'un point de vue historique, mais un peu indigeste au fil des pages.
Jünger est blessé à de nombreuses reprises, retourne chaque fois déterminé au combat mais la lassitude finira par s'emparer de lui à la fin, au moment où la victoire allemande perd de son évidence.
On ressent d'ailleurs une certaine admiration voir sympathie pour les Anglais.
Ses conditions de vie - bien que le risque de mort soit identique - sont meilleures que celles d'un simple soldat. Mais l'horreur de la guerre, des corps mutilés, le vacarme des bombardements - malgré quelques éclaircies - sont omniprésents.
Cependant il ne s'en plaint pas. le courage et le sens de l'honneur ne sont pas de vains mots. La guerre appartient aux combattants de l'avant. Une volonté de dépassement de soi l'anime. Il a reçu la Croix pour le Mérite.
Un beau texte, qui malgré un certain enthousiasme, nous renvoie finalement une fois encore à l'absurdité fondamentale de cette destruction programmée que constitue la guerre.
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Jünger raconte sa guerre et décrit l'enfer de la Grande Guerre.
Ah, encore un livre de guerre !
Oui, mais c'est écrit par un esthète... une plume extra !
Et puis à travers ce récit autobiographique, se dessine une prise de conscience effroyable : l'homme en guerre est doublement broyé, par la violence inouïe de la mort et, pour la première fois dans notre histoire, par celle des machines.
L'auteur nous livre son parcours à travers les bois dévastés et les tranchées. Où est passée cette guerre "idéale" où les nobles sentiments justifient le sang versé ? Il n'y a hélas nulle grandeur, nul honneur dans ces combats hallucinants décrit par une plume précise et chirurgicale.
Et quand au terme de son récit, le soldat en vient au corps à corps, la barbarie est étourdissante. L'avancée dans les tranchées est proche de l'expérience visuelle du Débarquement filmée dans le Soldat Ryan. Voilà un témoignage important sur les ravages de la guerre et la barbarie de notre époque.
Scotché sur place.
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Ce livre fut le premier de mon été de lecture 2017.
Je me souviens que j'avais été saisi par le détachement avec lequel Jünger raconte son expérience ; il parvient à expliquer les sentiments qui l'envahisssaient au moment des assauts, mais sans tomber des un discours haineux envers ses ennemis. Si l'horreur du conflit est bien présente, cela ne constitue pas le fond du livre, on aborde plus la psychologie que le sang (omniprésent malgré tout...).

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Les jeunes élèves français apprennent que leurs compatriotes mobilisés en août 1914 sont partis au front 'la fleur au fusil', persuadés de revenir rapidement en vainqueurs. Dans ce 'journal de guerre' Ernst Jünger témoigne que les jeunes Allemands partirent dans le même état d'esprit.
Tous déchantèrent vite, en voyant leurs camarades tués à leurs côtés.

Le titre de ce récit autobiographique résume parfaitement son propos.
Balles, grenades, schrapnels (obus à balles inventé par Henry Shrapnel), et obus, firent partie de la vie des soldats affectés en première ligne.
Certains furent tués sur le coup ; les soldats grièvement blessés s'en sortaient rarement ; ceux qui furent plus légèrement touchés avaient une chance de survie s'ils ne restaient pas du mauvais côté de la ligne de front et échappaient aux complications médicales (gangrène) ; certains sombrèrent dans la folie.

L'auteur eut souvent de la chance, il fut blessé plusieurs fois mais n'en garda pas de séquelles majeures, et semble avoir conservé les idées claires, même si ses prises de risques répétées semblent a priori moins compréhensibles que la terreur qui s'emparait de beaucoup.
Jünger évoque peu sa peur, non qu'il veuille se montrer en héros, plutôt parce qu'elle semble s'être effacée dans le feu de l'action, sous le poids de la fatigue physique, ou derrière son engagement patriotique.

Ce témoignage est intéressant même si les nombreux récits de combats deviennent lassants à lire.
Il permet d'appréhender ce conflit autrement qu'à travers les chiffres de ses victimes. Il y eut durant la 'Grande guerre' plus de 9 millions de militaires tués (dont 2 millions d'Allemands représentant 15 % des mobilisé de ce pays, 1.8 millions de Russes, et 1.4 millions de Français - soit 18 % de ceux mobilisés), et plus de 8 millions de civils morts (hors les victimes de la grippe espagnole). Et les blessés, bien sûr...
Il montre aussi le conflit tel qu'il put être perçu du côté allemand.
Les français connaissent bien la bataille de Verdun, avec 53 millions d'obus tirés (plusieurs par mètre carré, mais près d' ¼ était défectueux), une "cote 304" rabotée à 297 mètres d'altitude, environ 135 000 soldats français et 140 000 allemands tués !
Ici, Jünger décrit des combats auxquels il a participé lors de la bataille de la Somme. En quelques mois, 200 000 soldats britanniques, 135 000 français, et 170 000 allemands y furent tués, et une portion de la ligne de front déplacée d'une dizaine de kilomètres vers l'est. Les historiens ne résument cependant pas le bilan de la bataille de la Somme à ces nombres de victimes et à cette faible conquête territoriale. En effet, cette bataille amena le commandement allemand à limiter son engagement à Verdun et à déclarer un blocus maritime qui s'avéra finalement contre-productif puisqu'il incita les américains à entrer dans le conflit.
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Un livre surprenant, sans doute du fait de la distance qui nous sépare aujourd'hui de 14-18, mais aussi par le fond et la manière de cet « Orages d'acier ».

Surprenant car il y a dans ce récit peu de peur perceptible. Surprenant car le ton est froid, avec des descriptions sans émotion des déluges de balles et d'obus et des massacres, sauf vers la fin du livre où l'on sent l'épuisement et la folie qui guettent. Surprenante guerre pour nous par la proximité physique avec les soldats de l'autre camp, dans cette guerre en face à face.

Un livre qui crée aussi un malaise car Ernst Jünger, engagé volontaire à 19 ans, éprouve une fascination pour la guerre, ou tout au moins pour l'héroïsme du combat ; malgré les atrocités des combats, les amoncellements de cadavres, et malgré le nombre grandissant de soldats épuisés ne voulant plus aller au combat, surtout à partir de 1917. Une journée de victoire et de massacre en Novembre 1917 est encore qualifiée de prodigieuse.

Fascinant malgré tout par le courage et l'humanité de Jünger, qui n'a aucune animosité envers ceux d'en face, les soldats de l'autre camp – comme en témoignent ces scènes étonnantes de conversation avec des soldats anglais, par-dessus les tranchées, ou au moment de capturer des prisonniers.

Etonnants encore les moments de bonheur relatés dans ce livre ... telles ces journées de lecture dans l'abri des tranchées.

Quant à la fin, le livre ne contient pas un mot sur l'issue de la guerre.

Un récit qui permet en tous cas de ressentir le souffle des orages d'acier de 14-18.
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