Un grand merci au travail de traduction ! Enfin un livre de Kabat-Zinn agréable à lire en français. On retrouve parfaitement le programme de formation à la méditation de pleine conscience. le livre est très détaillé et s'appuie sur de nombreux exemples. À lire, relire, sans oublier le plus important : pratiquer.
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Ce volumineux, près de 800 pages, ouvrage est en quelque sorte la bible de la pleine conscience. En première partie la notion de pleine conscience et la façon dont elle est utilisée à la clinique de réduction du stress relié à l'université du Massachusetts, clinique qui a fait école en Amérique principalement. Une deuxième section présente une nouvelle façon (pour l'époque soit 1990) de penser santé et maladie qui insiste sur la relation corps-esprit. Après avoir subséquemment introduit la notion de stress, un longue section s'attache aux applications concrètes de l'approche comme le contrôle de la douleur, physique ou émotionnelle, de la peur et différents stresseurs.
Ce livre constitue une référence indispensable pour explorer et comprendre le mindfulness. Les fondements scientifiques et philosophiques y sont très clairement exposés, il ne comporte aucun prosélytisme religieux et les explications sur la pratique sont limpides. Plus encore, on sent la conviction de l'auteur, ses conseils découlent d'une longue pratique thérapeutique et ses convictions ne font aucun doute même s'il se garde bien de présenter l'approche comme une panacée. On ressent bien aussi son respect, à la limite son admiration, pour les gens qui s'engage dans cette voie. le texte coule également de source; la traduction doit y être pour quelque chose. En somme une lecture exigeante sans être aride, pleine d'enseignements et drôlement invitante...
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Une des plus grandes sources de souffrance dans notre vie vient de ce que nous voulons habituellement que les choses se passent comme nous le voulons. Donc, quand les choses "Sont contre nous", quand elles ne se passent pas comme nous le voulons, comme nous nous y attendions ou comme nous l'avions prévu, nous avons tendance à nous sentir contrariés, frustrés, blessés et malheureux, et nous souffrons.
L'ironie veut que bien souvent nous ne savons pas ce que nous voulons vraiment, même si nous voulons tout le temps que cela se passe comme nous le voulons. Si nous avons ce que nous voulons, nous voulons habituellement quelque chose d'autre en plus. L'esprit continue à avoir besoin de nouvelles choses pour être comblé. De ce point de vue, il est rarement satisfait très longtemps avec les choses telles qu'elles Sont, meme si ces choses Sont relativement paisibles et satisfaisantes.
Quand des petits enfants sont boulversés car ils n'ont pas tout ce qu'ils voient et qu'ils voudraient avoir, nous leur disons : "Tu ne peux pas toujours avoir ce que tu veux". Et quand ils disent "Pourquoi?", nous repondons "Parce que" ou "tu comprendras quand tu seras grand " mais nous leur racontons des histoires. Men fait, la plupart du temps, les adultes que nous sommes n'ont pas l'air de comprendre la vie mieux que les enfants.
Même quelque chose d'aussi simple que la relaxation peut vous échapper de manière frustrante si vous n'avez pas conscience de votre corps. Le stress de la vie quotidienne produit souvent des tensions qui ont tendance à se loger dans des groupes musculaires particuliers comme les epaules, les mâchoires, ou le front. Pour relâcher ces tensions, vous devez d'abord savoir qu'elles sont là. Vois devez les sentir. Puis vous devez savoir comment desactiver le pilote automatique et prendre le contrôle de votre corps et de votre esprit. Comme nous le verrons plus loin, cela implique de revenir tout à fait à votre corps, l'esprit completement focalisé, de faire l'experience des sensations qui viennent des muscles eux-mêmes, et de leur envoyer des messages permettant aux tensions de se dissoudre et de se relâcher. Ceci peut se faire pendant que les tensions s'accumulent, si vous êtes assez conscient pour les sentir. Il n'est pas necessaire d'attendre qu'elles soient devenues telles que votre corps se sente comme un bloc de bois. Si vous les laissez perdurer aussi longtemps, les tensions se seront tellement incrustees que vous aurez sans doute oublié comment on se sent quand on est detendu, et que vous aurez peut être perdu l'espoir de vous sentir à nouveau detendu un jour.
Tout ce que votre corps fait normalement est tout à fait merveilleux et extraordinaire, même si vous n'y pensez peut-être jamais de cette façon. Marcher est un aussi bon exemple. Si vous avez été un jour incapable de marcher, vous savez à quel point marcher est précieux et tient du miracle.
Lâcher prise n'est pas une expérience si inconnue. Nous le faisons chaque soir en allant dormir. Nous sommes allongés sur une surface matelassée, lumières éteintes, dans un endroit calme, et nous nous abandonnons, corps et esprit. Si vous ne pouvez lâcher prise, vous ne vous endormez pas.
La plupart d'entre nous avons l'expérience de périodes où notre esprit ne s'arrête tout simplement pas quand nous allons nous coucher. C'est un des premiers signes d'augmentation du stress. A ces moments-là, il nous arrive de ne pouvoir nous libérer de certaines pensées dans lesquelles nous sommes en fait trop puissamment impliqués. Si nous essayons de nous forcer à dormir, les choses empirent.
En plus d'une anxiété généralisée, certaines personnes souffrent de ce qu'on appelle des attaques de panique. Au cours de ces épisodes, la personne connaît une période délimitée d'inconfort et de peurs intenses sans raison apparente. Souvent les gens qui souffrent d'attaques de panique ne savent pas d'où elles viennent ni quand elles vont survenir. La première fois que cela arrive, vous risquez de penser que vous avez une crise cardiaque puisqu'une attaque de panique est souvent accompagnée de symptômes physiques aigus comprenant des douleurs thoraciques, des vertiges, une courtesse d'haleine et une transpiration profuse. Vous pouvez avoir l'impression de faire un cauchemar, penser que vous êtes en train de mourir, de devenir fou ou encore que vous allez perdre le contrôle de vous-même. Si votre médecin vous dit que vous n'avez pas de crise cardiaque et que vous ne devenez pas fou, cela peut être plus déconcertant que rassurant car il est évident que quelque chose ne va pas. Si le médecin qui vous soigne repère que ce sont des attaques de panique,vous serez peut-être bien aidé pour les mettre sous contrôle. Malheureusement, beaucoup de personnes sujettes aux attaques de panique continuent à se rendre aux urgences, pour s'entendre dire en conclusion que "tout va bien" et être renvoyées chez elles sans assistance ni ordonnance de tranquillisants.
Extrait du livre audio "Où tu vas, tu es" de Jon Kabat-Zinn lu par François Montagut. Parution numérique le 15 décembre 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/ou-tu-vas-tu-es-9791035407728/