Paix
[à Neslon Mandela]
Quel est donc ce cri de révolte
Qui annonce ma bravoure?
Les cendres de nos morts laissées aux vents,
Aux pluies, aux sables et aux boues
Témoignent de notre désarroi.
Sacrilèges et sacrifices, nous avons connu
La profanation d'ultimes séjours
Qui marquent l'effacement de nos mémoires.
Oeuvre poétique, p. 25
Maintenant, nous avons nos doutes pour pleurer.
Quand les identités et les années
Se perdent dans le sable,
Nos villes moroses
Se parfument de roses
Déposées sur les tombes.
Nos maisons hantées
Par de longues solitudes
S'ouvrent aux vagues de l'amour,
Aussi abondantes qu'une mer des adieux.
Les offrandes amères
Peuplent les sphères de nos ambitions.
Nous cherchons nos racines
Comme d’autres des vérités cachées.
Maisons hantées
L'astre au-dessus des nuits narcissiques
Qui marche sous l'herbe du temps des rêves
Précédé de tes ombres en rivages du destin
Tu brilles, curieux, au rythme de nos voluptés
Résolu à clarifier les origines
De la pudeur dorée de nos regards envieux.
L'abri que l'agonie prédestine aux émois
Est fleuve d'éclairs sur les lieux de nos solitudes.
Aux creux de l'âme
Je désire t’inspirer l‘amour, ma tendre amie,
Car nos rêves s’enlisent dans l’angoisse.
Nos regards se croisent dans une même espérance !
La peur de la solitude rapproche nos destinées
Que mes mots, telle une étincelle
Au fond de la braise,
Rallument en ton coeur
Qui doute la flamme du renouveau.
La vie coule en toi, loin de ses sources premières !
Impatient de l’emporter dans le futur.
Je m’apprête a unir ton sang au mien
Pour alimenter d’innombrables rivières et chutes !
Ma pensée partout t’accompagne !
Je t‘offre en présents mon temps à venir,
Ma tendresse et ma confiance.
Qu’importe si tu es riche et adulée,
Et moi, pauvre et poète ?
Seule la beauté intérieure apporte la félicité
Et les vrais sentiments anoblissent les jours.
Que la lumière de vérité apaise ton âme !
Je me fais un devoir de dissoudre
Tous tes tourments dans mon sang !
Rien que nous sous la brise
Qui s’éloigne accompagnée de nos parfums
Échangeant nos promesses de plénitude.
Nous encadrons l’éclat des origines.
La liberté d’aimer exalte la transe,
À cerner la montagne de nos voluptés.
Il y a sous l‘écorce de l‘étreinte
Le sel des mots qui nous enivre.
Rien que nous, matin et soir,
Comme les arbres en habits de satin,
Renaissant à la lumière des astres,
Le feu intérieur recouvrant
Toutes nos racines d’être.
Nos entrailles avides s‘illumineront
De la transparence de notre foi,
Jusqu’au fond noir des caves de notre destinée.
Les souterrains obscurs de nos secrets
Ont assombri la vue du sort sur nos demeures.
Nos voix vibrent dans le silence des cœurs,
Dévorent la pureté vierge de la nature.
Rien que nous,
Sans le bruit de fauves ni d’oiseaux.
l’invite ton corps aux élans du vent,
A l’agonie de nos vieux souvenirs.
Mes gestes t’apportent, ô amante hypocrite,
La jouissance à laquelle tu refuses de croire.
Je m’avance en toi pour renaître aux soleils
De l’éternité qui s’annonce.
Poésie - Nuit africaine - Kama Sywor KAMANDA