Ayant commencé par lire
Les Revenants (avec le recul, très bon livre pour commencer à lire cette auteure), puis
Rêves de Garçons (que je n'ai pas aimé),
A moi pour toujours (sublime) et
A Suspicious River (qui au lieu de raconter une histoire, raconte une atmosphère, une ambiance, je dirais), j'ai donc entamé
La vie devant ses yeux sans vraiment savoir comment ça allait se passer.
Et bien je n'ai pas été déçue ! Il faut, je pense, connaître le style, l'écriture de l'auteure pour réellement apprécier ce roman. C'est tout en image, les images que les mots peuvent produire, les sensations, les détails sensoriels; tout ce que ressens le personnage, des métaphores, des précisions, nous le font ressentir, et il faut être très sensible à cela pour vraiment comprendre et participer au désespoir et à la vie de Diana ici. Chaque métaphore, chaque mot il faut le vivre, le vent, les fleurs, l'odeur des fleurs, les bruits, les sensations, il faut tout ressentir et on se laisse happer par l'écriture de
Laura Kasischke.
Le roman commence par une scène dans les toilettes d'un lycée, deux filles parties se recoiffer puis un garçon qui entre pour tuer l'une des deux "Alors, laquelle je dois tuer, les filles?", une des filles se dévoue, et l'autre dit de tuer son amie, et pas elle. Tout le roman est ensuite fait de la vie de Diana, donc celle qui aurait dit de tuer son amie. Nous la suivons pendant quelques jours, elle a maintenant 40 ans, une petite Emma et un mari sexy, malgré tout; son passé la rattrape, elle est traumatisée par l'évènement qui est survenu pendant son adolescence et a un comportement plus qu'inquiétant...
Quant à la fin, si des gens qui ont lu le livre et qui passent par ici pour regarder les critiques comme moi j'aime le faire, j'ai un petit avis sur la question.
(SPOILER) c'est une fin plutôt ouverte, mais suite à tous les avis des lecteurs de ce livre que j'ai pu lire, je me suis fait ma propre idée de tout ce méli-mélo de passé/présent, retours en arrière, chat qui réapparait, etc. Je pense que dans les toilettes du lycée, pendant que Michael Patrick menace de tuer les filles, Diana imagine la vie qu'elle pourrait avoir à quarante ans, la "vie parfaite" qu'elle aurait, la vie qu'elle dit elle même pendant le récit, "qu'elle rêvait", je pense que c'est comme un rappel pour signifier que c'est justement imaginé, que c'est ce qu'elle aurait voulu et qu'elle a encore à vivre, que c'est pour ça qu'il ne faut pas qu'elle meure. Plusieurs faits sont là pour prouver cette idée, le professeur McFee, nous voyons quand l'auteur décrit l'adolescence de Diana et Maureen qu'elles sont allées à sa conférence, Diana l'a bien aimé et trouvé séduisant donc elle imagine sa vie plus tard avec lui, elle s'imagine étant sa propre femme pendant qu'il est sélectionné pour faire la conférence. de plus, quand les filles arrivent, elles voient une bouteille d'eau posée, et "un unique verre", ce serait le verre que Diana a offert à son mari au moment de l'annonce de sa conférence, quand elle veut le faire graver mais que le magasin est fermé. de la même manière, quand Emma et Maureen passent devant les tombes des enfants, que les enfants de l'école privée ont posées, elle voit le prénom Emma sur l'une d'elle, et c'est donc pour ça que sa fille s'appelle Emma dans sa vie imaginée, en faisant référence à son avortement...
Quant aux moments au zoo, juste avant l'épilogue, je pense que comme ce n'est seulement que la vie imaginée de Diana et non sa vraie vie, le loup qui lui saute dessus signifie la mort, et qu'elle meure avec Maureen ou alors que Michael Patrick choisit de la tuer elle, parce que justement elle a été lâche; dans l'épilogue "L'hôpital tout entier bourdonnait comme une longue robe blanche", la mort... Même si je pense que nous pouvons imaginer pas mal de fins... L'éléphant Ella serait également comme un rappel de son adolescence, car il était au zoo puis a été tué, le fait qu'il y soit mais qu'il ne bouge pas est encore une fois comme un mélange chronologique. Il y a également le fait que quand le roman commence, après la scène dans les toilettes, quand elle a quarante ans, Diana s'étonne et est contente d'être en vie, comme si elle était passée à deux doigts de la mort, ou encore une fois, allait mourir tout en imaginant sa vie avec cet évènement de mort proche pendant son adolescence. (FIN SPOILER)
Donc, si je devais dire un seul mot (ou deux), lisez-le ! sauf si c'est votre premier roman de
Laura Kasischke, dans ce cas; attendez un peu, lisez d'abord
A moi pour toujours ou
Les revenants, et revenez ;)