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EAN : 9782383610328
208 pages
Globe (09/02/2022)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Éternel étudiant, Jonathan Fabrizius mène une vie tranquille à Hambourg quand la firme automobile Santubara lui propose de rédiger une brochure bien payée (5000 marks plus les frais) sur les richesses culturelles de la Pologne, afin de préparer le rallye promotionnel d’une nouvelle huit-cylindres de luxe. Il commence à se documenter : Dantzig ! Les Borusses ! L’ordre des Chevaliers teutoniques ! Le Jugement dernier de Memling ! La presqu’île de la Vistule !
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Alors que l'Allemagne est notre voisin, sa littérature m'est presque inconnue. En lisant Complètement à l'est de Walter Kempowski, je me suis rendue compte que c'était vraiment un manque. Il y a tout un pan de l'histoire récente de l'Allemagne que j'ignore, celle qui s'est déroulée à l'est. Dans ce roman puissant et parfois acide, l'auteur nous invite à suivre les pas d'un jeune homme qui retourne là où ses parents sont morts, en Prusse-orientale.

Jonathan vit à Hambourg. Étudiant, passionné d'art et apprenti journaliste, il partage son appartement avec Ulla. Entre eux une relation amoureuse-amicale ambiguë s'est installée. Jonathan évolue dans son ombre et se plie à ses choix de vie. Il se laisse porter par cette vie routinière. Un jour, il reçoit une proposition grassement payée par la firme Santubara qui produit des huit-cylindres. Sa mission serait d'effectuer un voyage en Prusse-Orientale, territoire longtemps interdit, pour rédiger une brochure touristique en vue d'un rallye promotionnel. Nous sommes en 1988, le rideau de fer commence à laisser passer les touristes et Jonathan entrevoit la possibilité de marcher sur la terre où sont morts ses parents. Sa mère est décédée en 1945 en couches sur le chemin de l'exil et son père sous un obus sur la presqu'île de la Vistule. Il accepte donc et part avec l'ancien pilote Hansi Strohtmeyer qui a conduit des véhicules au quatre coins du globe et la pétillante Anita Winkelvoss.

Jonathan entreprend un voyage dans un pays qui s'ouvre juste au tourisme. Ce passage à l'est est terriblement déstabilisant pour lui. Il sort de sa routine et de son quotidien étriqué pour découvrir une autre réalité. Tout le renvoie à son pays mais tout semble différent. Lui et ses deux accompagnateurs ne cessent de croiser un groupe de voyageurs allemands, d'anciens réfugiés venus revoir les lieux de leur enfance. Ce groupe place constamment le jeune homme face à la mort de ses parents, face à ce qu'ils auraient pu devenir. Il visite avec eux un château de chevaliers teutoniques mais aussi le bunker d'Hitler. Il entend la nostalgie des anciens réfugiés, leurs souvenirs mais aussi l'écho des souffrances des polonais en contrepoint. Chacun appréhende ces traces de l'Histoire en fonction de sa propre histoire. Les passages dans le château sont grinçants. Les Allemands se réjouissent que la guide n'aborde pas certains épisodes historiques mettant à mal leur pays et sortent vite d'une exposition sur les camps de concentration. Walter Kempowski explore une question cruciale, oublier le passé ou au contraire entretenir sa mémoire ? Anita a fait son choix et, avec une jovialité à toute épreuve, elle plaide pour une déculpabilisation de son peuple. Ses remarques enjouées dissimulent néanmoins une forme de condescendance pour les moeurs polonaises. Elle pose un regard plein de jugement sur ce peuple qui vit désormais sur des terres mainte fois disputées car il lui rappelle une réalité qu'elle ne veut plus voir.
Férue d'art et de culture, Jonathan force Anita et le pilote à sortir le nez de leur carnet de route et à regarder autour d'eux. Une forme de nostalgie s'empare de lui. Sur les terres où sont morts ses parents, il comprend qu'il lui faut accepter cette identité déchirée. Réfugié dans son propre pays, l'histoire des déplacés de la fin de la guerre est aussi la sienne. Son regard sur l'est change au fil de la route. Lui qui rêvait de voyages en Espagne ou en Italie prend conscience que la Prusse-orientale, bien que moins séduisante, contient les réponses qui lui manquaient.

Ce roman traite de la mémoire, de ce qu'on en fait et de la nécessité ou non de porter sur soi les erreurs de nos ancêtres. Ce tiraillement entre le remord et le la nécessité impérieuse d'aller de l'avant traverse le roman. Dans un pays longtemps divisé, le regard sur l'est est encore plein d'appréhension. L'auteur nous montre avec subtilité le difficile dialogue entre les deux côtés de l'Europe. J'ai trouvé ce roman passionnant et d'une grande sensibilité. le style est teinté d'une ironie mordante vraiment savoureuse envers ce tourisme balbutiant. Ce roman m'a complètement dépaysée en m'entrainant dans des contrées que j'explore trop peu en littérature.
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Publié en 1992, ce roman raconte la virée d'un groupe d'allemands de la RFA en ex Prusse Orientale (devenue Pologne à l'ouest du territoire) juste avant la chute du mur de Berlin.
Il s'agit de préparer un voyage destiné à présenter une nouvelle voiture sous la forme d'une espèce de rallye. Un ancien pilote, attachée de presse et un journaliste sont confrontés à des situations improbables tout au long de leur parcours.

Humour et gravité alternent sous la plume de l'auteur pour évoquer l'histoire chargée de cette région, entre occupation russe, allemande, indépendance ou encore éclatement après la 2e guerre mondiale.
Les non-dits et le regard porté par ces allemands - de vrais personnages pittoresques - sur la culture des habitants, le système politique et économique polonais, le passé guère reluisant, est particulièrement intéressant.

Le journaliste retrouve les traces de sa famille et notamment l'endroit où ses parents sont morts en 1945. Il représente le brassage des populations, la manière d'appréhender le passé sans manichéisme. le présent compliqué dans un monde qui débute son craquèlement.

J'ai beaucoup aimé ce qu' apporte ce roman à mon insatiabilité sur l'histoire de l'Europe Centrale et de plus, j'ai découvert une écriture tout en subtilité, celle d'un auteur qui a lui-même vécu des événements difficiles (8 ans d'emprisonnement en RDA).

Merci @editions_globe d'éditer ce genre d'ouvrages. J'adore faire ce genre de découverte et je recommande cette lecture à tous les lecteurs qui souhaitent sortir des sentiers battus de l'actualité littéraire. C'est ainsi que l'on enrichit sa connaissance et son sens de la littérature.
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Jonathan est né en Prusse Orientale en février 1945, alors que sa famille était sur les routes de l'exil pour fuir l'avancée des troupes russes. Sa mère est morte en lui donnant la vie, tandis que son père, lieutenant dans la Wehrmacht, périssait non loin de là lors d'une opération militaire. Jonathan se retrouve donc orphelin de naissance et sera élevé par son oncle. En 1988, il a 43 ans et a toujours habité à Hambourg lorsqu'une marque de voiture de sport lui propose une mission bien rémunérée près du village où il est né et où il n'a jamais remis les pieds.
Ce roman, paru juste avant la chute du mur de Berlin, raconte le road trip de Jonathan et de deux autres Allemands de l'Ouest dans un pays où les traces de l'Histoire sont omniprésentes. Ce voyage est aussi l'occasion d'une confrontation entre la culture de l'Occident capitaliste et celle des anciens pays communistes de l'est de l'Europe. Cela donne lieu à des situations déroutantes et hautes en couleur, alors que Jonathan découvre peu à peu la terre de ses origines. Pour le lecteur, c'est aussi un voyage atypique dans une ancienne région allemande un peu oubliée et partagée entre la Pologne et la Russie. L'occasion de s'interroger sur ce qui fonde réellement l'identité d'un paysage, d'une région et de ses habitants.
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critiques presse (1)
RevueTransfuge
15 février 2022
Aussi acide qu’intelligent, Complètement à l’Est exhume les traumas de l’ancienne Prusse-Orientale, en Pologne. Un chef-d’œuvre de lucidité grinçante.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Danzig, d’abord polonaise, puis allemande, puis libre, puis de nouveau allemande et de nouveau polonaise. L’aéroport de Danzig était une baraque sur laquelle on avait apposé le mot « Gdansk », sans qu’il y ait le moindre jet roulant sur le tarmac ni le moindre véhicule comprimé dans des dimensions grotesques.
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Elle s’extasia d’avoir pu prendre un douche sans difficulté dans cet hôtel, et s’étonna que tous les Polonais fussent aussi aimables. Avec nous, les Allemands ! Après ce que nous leur avons fait ! Un tiers de la population éliminée et des villes détruites ?
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