1958... 1963... octobre 2013. Lampedusa. Une île, une terre, un nom, un livre, un film, une voix . Quel lien entre le roman de Tomasi di Lampedusa, le film de
Luchino Visconti, et une nuit terrible d'octobre les 2013. Un lieu de mémoire, un paysage. Un entrechoquement de la mémoire, le chevauchement des émotions, le poids d 'un monde qui fait chavirer « l'espace où nous vivons ». « J'ai réalisé que Visconti avait filmé le bal du Guépard exactement comme un naufrage. » Les noms sont des paysages, ils portent et transportent des mémoires, une histoire, des légendes , et annoncent parfois d'autres tragiques possibles.
« Étrangement, le toponyme insulaire n'avait encore jamais recouvert le nom de fiction qui avait fini par sédimenter en moi – ce nom de légende, ce nom de cinéma -, mais ce matin, matin du 03 octobre 2013, il s'est retourné comme un gant, Lampedusa concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant désormais un état du monde, un tout autre récit. »
Le 3 octobre 2013, une embarcation transportant environ 500 migrants clandestins africains fait naufrage près de Lampedusa, île italienne proche de la Sicile. La catastrophe a fait 366 morts, ce qui en fait la deuxième plus grande tragédie en Méditerranée depuis le début du XXIe siècle.
Astrid Shriqui Garain