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sur 940 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir beaucoup aimé Réparer les vivants et Un monde à portée de main, j'avais très envie de remonter le temps pour découvrir un roman qui compte dans la bibliographie de Maylis de Kerangal : Naissance d'un pont, livre paru en 2010 et couronné de deux prix, le Médicis et le prix Franz-Hessel qui lui assurait aussitôt d'être traduit en allemand.

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été déçu car j'ai retrouvé tout ce qui fait la valeur du style de l'auteure, un verbe riche, un phrasé abondant avec des phrases souvent un peu longues mais tellement prenantes et informatives que le plaisir est complet.
Naissance d'un pont est une histoire complexe avec plusieurs destins et des personnages qui se croisent, s'évitent, s'aiment, se détestent, s'agressent… Maylis de Kerangal démontre une maîtrise impressionnante de son sujet, comme elle l'a fait pour les deux autres romans cités plus haut. Elle relie chacun à son passé, à ses traumatismes, à ses souvenirs bons ou mauvais. Elle m'a fait vivre dans ce chantier aux proportions extraordinaires, chantier voulu par un élu mégalomane.
Dans ce roman, elle ne cache rien des problèmes, des dégâts causés sur la nature, sur les peuples vivant là depuis longtemps, ces Indiens qu'on a tant massacrés, niant toute leur culture. Elle lance beaucoup de pistes, ne va pas au bout de toutes mais cela donne un roman qui m'a captivé de bout en bout grâce à une tension réelle devant les menaces qui pèsent sur le déroulement du chantier. Même si parfois j'ai trouvé qu'elle en faisait un peu trop, je me suis gorgé de vocabulaire, de descriptions infiniment détaillées et d'aventures humaines étonnantes.
Ayant choisi un lieu imaginaire en Californie, une ville qu'elle appelle Coca…, il n'y a pas à chercher où cela peut bien se passer. de tels chantiers gigantesques se déroulent ou se sont déroulés un peu partout dans le monde, causant des dégâts irrémédiables à l'environnement au nom d'un progrès de plus en plus contesté.
J'ajoute enfin deux petits reproches : tout d'abord à l'éditeur qui place en couverture la photo d'un pont en chantier mais ce n'est pas un pont suspendu comme dans le livre – par contre, pour l'édition poche, rectification, on a mis un gros plan d'un ouvrier en plein travail, travail si bien décrit par l'auteure dans son roman.


Enfin, je regrette que, dans son érudition, Maylis de Kerangal ait oublié de parler de l'inventeur du pont suspendu, l'Ardéchois Marc Seguin, né à Annonay en 1786 et mort dans cette même ville en 1875, à 88 ans. Il était le petit-neveu de Joseph de Montgolfier. En 1822, il a réalisé le premier pont suspendu sur la Cance et, trois ans après, c'est à Tournon-sur-Rhône qu'il a fait construire le premier grand pont suspendu. Dommage, ces rappels auraient donné encore plus d'allure aux précisions techniques très intéressantes présentes dans le livre.

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Avec cette visite d'un chantier titanesque Maylis de Kerangal nous donne l'occasion de découvrir un monde concentré sur des éléments techniques et humains, un univers fermé régi par ses propres lois et codes, une entité qui cesse d'exister à l'achèvement des travaux.

Un sujet qui peut sembler austère mais rendu attrayant par cette fille, petite-fille et épouse de capitaines au long cours, qui a été élevée à l'ombre du pont du Havre et entend faire la critique d'une société qui laisse libre cours à la mégalomanie de quelques-uns pour leur seul profit.

Un roman esthétique où l'auteur met en avant la symbolique d'un chantier, une entreprise humaine qui mobilise toute la force de celui ou ceux qui y travaillent pour aboutir à une réalisation aux conséquences parfois aléatoires.

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Visite de chantier.
Dans une ville fictive de Californie, un pont.
Projet mégalomane ou défi titanesque pour certains, eldorado économique providentiel pour beaucoup d'autres, sous la plume ardente de Maylis de Kerangal, l'ouvrage colossal devient un monde à part entière.

Même si le thème diffère, le principe narratif est déjà celui de « Réparer les vivants », où fusionnent odyssée scientifique et fiction romanesque, plus précisément ici documentaire urbanistique et chronique sociale d'une humanité disparate venue des quatre coins de la planète pour travailler de concert à l'érection du dit pont.

Assemblage d'intimités humaines et assemblage d'éléments techniques peu à peu se rejoignent en un seul et authentique ouvrage... « Naissance d'un pont », dont le simple titre symbolise et conjugue ces deux approches complémentaires.

Plus que dans son dernier – et superbe – roman évoqué ci-dessus (pour ceux qui suivent), l'on pourrait reprocher à l'auteure de noyer l'action dans l'exercice de style. Mais justement il est ici question de style, car là où d'aucuns pourraient ne percevoir que de lassantes digressions oiseuses, d'autres (genre moi) retiendront avant tout l'esthétique singulière et le formidable lyrisme que Maylis de Kerangal a le don d'insuffler à chacune de ses descriptions, si concrètes ou analytiques soient-elles.

Et même si la vie en général et l'écriture en particulier ressemblent bien souvent à un chantier (constat entendu dans l'une de ses interviews), Madame de Kerangal confirme une fois de plus qu'elle peut aussi en faire un poème.


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Alors que ce roman peut sembler, de prime abord, partir dans tous les sens, il permet en réalité à Maylis de Kerangal de faire briller, une fois encore, toutes les facettes de son talent.
La première impression vient du fait que l'on suit de multiples personnages, tous impliqués dans la "naissance d'un pont" : ouvriers, cadres, dirigeants, opposants. Sans suivre les milliers d'opérateurs engagés pour la construction, l'autrice en sélectionne quelques-uns, de profil variés, et leur donne vie en retraçant pour chacun et chacune, le parcours qui a mené jusqu'au chantier du pont. On part alors dans de multiples recoins de la planète et dans des milieux sociaux disparates.
Cette manière de tisser plusieurs fils en parallèle peut faire tiquer les lecteurs habitués à une cohérence d'horloge suisse. Mais l'autrice parvient tout d'abord à dessiner des personnalités hautement réalistes et qui offrent chacune une manière différente d'appréhender le projet de ce pont titanesque. Par ailleurs, elle dévide chacune de ces existences jusqu'à leur point de rencontre et les agence les unes par rapport aux autres avec précision et finesse. Pas de caricatures, pas de facilités, juste des humains réunis face à la matière qu'ils doivent dompter pour produire un ouvrage d'art.
Il est d'ailleurs inévitable de remarquer à quel point l'autrice a intégré tous les éléments liés à son sujet, qu'il s'agisse de la technique ou des rôles de chacun. Ce n'est pas étonnant, quand je me souviens de sa maîtrise du monde médical dans Réparer les vivants ou des méthodes picturales dans Un Monde à portée de main. le plus étonnant est sa façon d'intégrer ces données techniques dans son texte sans qu'aucun passage ne semble artificiel.
Une fois exposées toutes ces qualités de l'autrice, il me faut pourtant évoquer ce qui, à mon sens, constitue sa force la plus remarquable : son éloquence.
Outre la structure de ses phrases, souvent très longues, images parfaites de l'agitation des esprits, des corps, des engins de chantier, elle a une manière unique de dompter le langage : images inattendues et si parlantes, vocabulaire atypique, bigarré, puisant à de multiples registres, transcription précise et vivante des idées, des angoisses, des désirs, représentation puissante et convaincante des décors et des actions.
Cette maitrise de toutes les possibilités de l'écriture fait de Maylis de Kerangal une autrice réellement inimitable. Et cette nouvelle lecture ne fait que me le confirmer.
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"C'est le premier jour du pont, le premier matin."

Maylis de Kerangal propose au lecteur à travers son livre de vivre une aventure formidable : la construction d'un pont dans une ville fictive des Etats-Unis, du premier jour jusqu'à son inauguration.
C'est aussi l'occasion de croiser tout un melting pot de personnages qui vont graviter autour de ce chantier, du plus simple ouvrier à l'ingénieur spécialiste du béton et au responsable des opérations tout en croisant les indiens plutôt hostiles à ce chantier.

Plutôt que de laisser tous ces personnages venant de pays ou de cultures différentes noyés dans la masse, l'auteur a choisi de s'intéresser à certains personnages en particulier et à les faire apparaître et interagir dans son histoire à intervalles réguliers.
Il y a ainsi une française, Summer Diamentis, ingénieur spécialiste en béton, qui se sent seule et est incomprise dans cet univers essentiellement masculin; Katherine Thoreau, une américaine qui tire le diable par la queue pour finir les fins de mois; Diderot qui coordonne tout le chantier et veille à faire respecter les délais; ou encore Sanche Cameron suivant le chantier du haut de sa grue.
J'ai particulièrement aimé le choix de ces personnages et le travail de l'auteur sur eux, l'alternance ne m'a d'ailleurs absolument pas gênée car le livre est construit de façon intelligente.

Il n'y a pas de chapitre à proprement parler, mais plus des parties qui coïncident avec l'état d'avancement du chantier.
Le parallèle est intéressant à faire entre la construction du livre et la construction du pont.
J'ai eu l'impression au fil de ma lecture que l'auteur avait pensé son livre comme un projet industriel, c'est en tout cas ce qui en ressort.
De plus, je trouve qu'il y a un côté très réaliste à ce récit, avec les aléas de chantier, les retards, la pression du siège ou du maire de la ville, les revendications salariales, les accidents.
C'est concret et bien ancré dans la réalité, et puis ce n'est pas un hasard si le maire de Coca se fait appeler le Boa, car ce pont va finir par engloutir Coca et Edgefront.
J'ai d'ailleurs trouvé une critique quelque peu sous-jacente des Etats-Unis dans ce livre, déjà le nom de la ville est l'un des produits emblématiques de ce pays, et puis cette ville n'est pas sans rappeler San Franciso.
L'auteur y montre quelques travers de ce pays qui n'est pas l'Eldorado comme il nous est si souvent présenté.

Ce qui peut dérouter pendant les premières pages, c'est le style narratif de l'auteur qui emploie un vocabulaire très riche et fait souvent de très grandes phrases.
Certains signes de ponctuation sont volontairement oubliés, sans doute pour renforcer la côté grandiose et foisonnant de ce chantier; tout comme certains dialogues ne sont pas écrits de façon traditionnelle, mais là aussi, c'est sans doute pour appuyer la déshumanisation d'un tel chantier où personne ne peut connaître tout le monde et où chacun s'attelle à sa tâche quotidienne.
L'auteur dissèque l'histoire plus qu'elle ne la raconte, je n'ai pas l'habitude de ce style narratif mais j'ai été conquise.

J'ai apprécié l'originalité du sujet, la précision avec laquelle l'auteur le traite, son style narratif, d'autant qu'il n'y a aucun temps mort même si parfois la lecture peut paraître lente.
Si je n'avais qu'un reproche à lui faire, cela concernerait la fin que je trouve bâclée et qui ne termine pas vraiment une histoire qui avait pourtant si bien commencé.
Le pont est achevé mais pas l'histoire de Maylis de Kerangal, c'est un peu dommage et cela vient quelque peu ternir ma bonne impression générale sur ce roman.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard - Folio (maison d'édition d'origine : Verticales Phase Deux) pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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L'énorme chantier comme si on y était, avec les avancées, les reculs, les riverains mécontents, les problèmes de personnel, les conflits. La principale qualité de l'auteure est de nous faire vivre une expérience qu'elle n'a elle-même pas vécue. le style est direct, dynamique, il entretien le suspens et nous fait partager les doutes, les coups de blues ou les victoires du responsable de chantier. Une réussite.
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On peut se demander ce qu'il y a de littéraire dans la construction d'un pont suspendu, c'est sans compter sur le talent de Maylis de Kerangal, qui place son roman non pas sur le plan technique, qui serait fastidieux, mais sur le plan humain de cette activité en entraînant le lecteur à suivre le destin d'une dizaine d'hommes et de femmes impliqués dans cette aventure. Elle nous montre le parcours, les espoirs, les attentes de l'homme politique, mégalo , le maire de la ville, du chef de chantier, du grutier, de l'ouvrière prisonnière de sa famille, de la jeune responsable de la production du béton, des écologistes contrariés, des truands dérangés, des indiens voltigeurs. Elle décrit bien l'importance de ces travaux pour des milliers de personnes, sans occulter les enjeux des multinationales du BTP, les oppositions à ce type de réalisation, les conditions de travail, les risques en termes de sécurité, accident du travail, attentat, ainsi que les histoires d'amour qui peuvent se nouer sur le lieu de travail. On ne peut pas dire qu'il y a du suspense, on sait bien que le chantier ira à son terme, mais on est pris par l'histoire de ces individus. Une écriture terriblement efficace, concise, parfaitement adapté au sujet, avec juste ce qu'il faut de technique pour montrer que l'auteur, ne s'est pas lancé en aveugle dans cette narration, rend ce roman captivant. Grâce à Maylis de Kerangal la construction d'un ouvrage d'art rencontre l'art littéraire et c'est très réussi.
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Séduit par 'Réparer les vivants', je me suis lancé dans la lecture de cet autre roman de Maylis de Kerangal. Pas une découverte donc, mais une confirmation. Celle d'une virtuosité de l'écriture. J'ai retrouvé ces longues phrases – à la cadence parfois déroutante – qui ont leurs détracteurs mais que pour ma part j'apprécie. L'auteur prend la langue à bras le corps et veut lui faire dire tout (et il y a beaucoup à dire sur un tel sujet, dense et original !). C'est peut-être pour cela qu'on sent l'application d'une bonne élève (... que dis-je, une brillante élève). La crasse des quartiers populaires est décrite proprement, l'effervescence d'un chantier avec méthode, à la virgule près. Maylis de Kerangal travaille son roman comme Georges Diderot bâtit son pont : avec la passion des matériaux (les mots pour l'écrivain) et l'exigence dans leur choix. On sent tout de même que la chère Maylis veut quelquefois jouer l'impertinente, provoquer des turbulences, avec un phrasé plus heurté que fluide, du discours direct qui s'invite dans la narration, sans guillemet – c'est plus moderne, pas vrai ? – mais cela épouse bien l'édification progressive et chaotique de l'ouvrage (je parle du pont) avec ses contretemps saisonniers, incidents techniques, tensions sociales, heurts psychologiques… Dans les enchaînements et les articulations d'une phrase, il peut y avoir du « trop » : l'adjectif de trop, la métaphore de trop, la périphrase de trop… Mais on ne peut pas reprocher à cette plume d'être abondante et de chercher à édifier l'ouvrage (je parle du roman) en y ajoutant et ajustant tous les boulons possibles, même ceux qui ne servent à rien. du coup, l'ensemble tient bon. C'est costaud, charpenté. de la belle ouvrage, comme on dit. Et la vue est belle, les phrases s'envolent parfois, il y a du lyrisme dans le béton.
La ville imaginée s'appelle Coca : difficile de trouver mieux pour en faire l'emblème de la mondialisation. Avec ses airs californiens elle est surtout la synthèse des grandes métropoles contemporaines en expansion. On pourrait tout aussi bien être au Brésil, en Afrique occidentale, en Asie du sud ou de l'est. Peu importe, c'est le récit d'une époque. Les personnages viennent de partout et se côtoient dans un univers cosmopolite. Toute une humanité grouille autour de ces milliers de tonnes d'acier et de béton. L'auteur chasse-croise les vies de plusieurs protagonistes reliés – si l'on peut dire – par ce pont gigantesque : des ouvriers, des grutiers, des ingénieurs, des politicards qui sont aussi des mères, des ambitieuses, des amants, des voyous, des migrants… Sur le pont de Coca, on y danse ses ambitions, on y tourbillonne, au risque de se prendre les pieds dans le tablier. La symbolique des êtres liés entre eux, passant d'une rive à une autre, est un peu facile, mais il y a de ça. le pont, c'est une opportunité balancée pardessus les obstacles – sociaux, psychologiques, ethniques, familiaux, etc. -, qui permet d'atteindre l'autre berge. le voile se lève peu à peu sur chaque personnage, avec ce qu'il faut de fêlures, désirs et rêves. Même le bridgeman Diderot est plus philosophe qu'il en a l'air. C'est toujours captivant, très enlevé, donnant un récit global qui brasse beaucoup d'idées, de sentiments. Frénétique et nerveux comme l'est le monde, bouffé par une sur-urbanisation violente. Un monde de construction et de destruction. Ce qui naît, tue et enterre ce qui a été. Un livre véritablement dans l'air surchargé du temps qui pourrait même servir de piste à des profs en quête de projets pluridisciplinaires : langue française, géographie urbaine, technologie, sciences de la vie et de la terre, lois physiques… Tiens, encore un pont.
C'est là que pointe mon (petit) regret : le pont réconcilie justement un peu trop facilement. le roman devient celui des passerelles entre les improbables, et ça aussi c'est assez californien – hollywoodien, si vous préférez -, avec happy end envisageable. Tout le pont il est beau tout le pont il est gentil. Ou presque. L'histoire passe un peu vite à mon goût par-dessus le pognon sale, la corruption, les revendications syndicales, le désastre écologique et humain… le roman échappe certes au politiquement correct, mais il aborde ces thèmes sans les approfondir. La grande fresque sociale me semble incomplète. Un pont pas assez loin, peut-être…
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"Naissance d'un pont" est l'un des plus ambitieux opus de Maylis de Kerangal. Pour ce livre, elle s'est fixé un but très original. En effet, le principal personnage du roman est un grand pont en train de "naître". Les acteurs - surtout des hommes - qui le construisent trouvent évidemment leur place dans ce livre, mais uniquement dans la perspective de ces travaux gigantesques, et en parallèle avec bien d'autres considérations, notamment techniques.
On retrouve ici le style si caractéristique de l'auteure qui, comme d'habitude, écrit par longues phrases somptueuses qui s'emboitent comme des poupées russes. Malgré le sujet choisi, en apparence austère, il y a beaucoup de lyrisme dans l'écriture du livre. Justement, l'écrivain(e) aurait pu profiter de cette occasion pour renouveler un peu sa manière d'écrire; mais elle a choisi de ne pas le faire.
Je considère que "Naissance d'un pont" est un très bel exercice de style, écrit par une romancière particulièrement douée. A mon avis, il aurait peut-être gagné à être plus concis (car je l'ai trouvé un peu long).
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Quel bonheur de retrouver l'écriture sublime de Maylis de Kerangal découverte dans Réparer les vivants avec de nouveaux espaces et la petite ville de Coca.
Son maire surnommé le Boa veut qu'elle soit connue tous et accessible enfin désenclavée de ce coin de Californie où elle jouxte la forêt. Et un projet fou par sa mesure, ambitieux par sa technicité : un pont suspendu qui surplombe le fleuve. "Il veut une oeuvre unique. (..) le Boa se vit Médicis, prince mécène en cape de velours, s'en aima davantage, et loin d'en prendre ombrage, accepta qu'une gloire étrangère vienne prendre appui sur ses terres pour faire monter la sienne".

Un chantier titanesque qui avant de débuter propulse son écho, ses promesses de travail pour des hommes et des femmes. "Câbleurs, ferrailleurs, soudeurs, coffreurs, maçons, goudronneurs, grutiers,(...)" et d'autres professions variées qui suivent dans le flux “rôtisseurs de poulets, dentistes, psychologues, coiffeurs, pizzaiolos, prêteurs sur gages, prostituées, écrivains publics, (...)” et le chef de chantier Diderot. Homme à qui la rumeur a inventé des passés multiples, homme "pluriel" mais toujours "prêt à tout pour remporter la prime".

la suite sur : http://claraetlesmots.blogspot.fr/2014/08/maylis-de-kerangal-naissance-dun-pont.html
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